Arboria : ça pousse fort dans mon boelinger

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Un jardin, un matin ensoleillé. Le jardinier, un peu poète, a semé il y a quelques jours plusieurs essences de fleurs, les dispersant aux 4 vents. Il a plu. Il a fait beau. Encore, et encore. Et la journée qui s’annonce voit déjà poindre quelques nuages vivifiants parsemés de promesses d’éclaircir. Les jeunes pousses qui, déjà, ont commencé à poindre aiment ça : elles vont pouvoir donner toute le mesure de leur beauté pétalienne. Oh oui, le soleil et la pluie, les plantes adorent ça. Mais il y a tout de même une choses qu’elles haïssent plus que tout : ce sont les autres plantes.

Rempotage

L'éditeur Lumberjacks était apparu dans nos radars fin 2015 avec pour premier jeu un kickstarter à base de figurines répondant au doux nom de Gob'z Heroes. Vils que nous sommes, nous pensions donc avoir affaire à un nouvel éditeur réjouissant les amateurs de jeu d'affrontements et de peinturlurage avec de la fig dedans, se démarquant du lot par le travail graphique cartoonesque de ses créatures et de son univers. Quelle ne fut donc pas notre surprise de voir revenir le studio des bûcherons costauds avec un jeu de plateau sur le thème du jardinage ! De quoi casser les pots en terre mal cuite de nos idées reçues (que nous avons donc déracinées, brulées, puis utilisées comme compost pour faire pousser des rêves meilleurs de lendemains qui chantent).

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Ooooooh ! Le lendemain qui chante !

Et les Lumberjacks ne reviennent pas ce mois-ci avec n'importe qui dans leur panier de course Jardiworld pour ce deuxième jeu, puisqu'ils marchent main dans la main (verte, de toute évidence) avec l'incroyable Christophe Boelinger. C'est en effet suite à une rencontre, lors d'un festival, entre Lumberjacks et notre musicien-chercheur ludique de Christophe, que le prototype d'Arboria a pu enfin prendre la direction de vos bacs à fleurs jeux. Il faut dire que l'ami Boelinger portait déjà le prototype d'un coin du gazon ludique à l'autre depuis plusieurs années, sans trouver le soleil qui le verrait fleurir sur les tables des joueurs.

Avec cette nouvelle exploration ludique, Christophe Boelinger a cherché à traduire en jeu l'émerveillant travail quotidien de la photosynthèse. Tenez, je n'invente rien, il le dit lui-même, là, paf, pris la main dans le sac d'engrais :

Un grand merci à Mère Nature pour m'avoir inspiré ce jeu, un jour de printemps où j'observais mon jardin dans lequel tout avait poussé à grande vitesse, suite à un échange journalier quasi synchronisé entre soleil et pluie. La nature fait trop bien les choses et quand on respecte ses règles, le jeu n'en est que mieux. ;)

Christophe Boelinger

Mais ne vous fiez pas à l'apparente douceur poétique du thème. Nous sommes dans un jeu sans pitié qui vous demandera de mettre en marche toutes vos capacités de réflexion et d'analyse ! Un contrepoint que met en avant les illustrations cartoonesque de Shaun Ivie. Si la thématique semble mignonne comme tout, nous sommes bien dans une guerre impitoyable de placement de la nature cruelle, et il vous faudra bien les bras d'un bûcheron solide et sauvage pour faire pousser vos petites fleurs plutôt que celles des autres dans votre petit lopin de terre !


Du jardinier qui fait grrrr.

Greenwar

Au début de la partie, chaque joueur reçoit son petit plateau individuel, avec ses 24 pions fleurs (4 couleurs de 6 pions chacune). On place, autour du plateau, le pion soleil sur son emplacement de départ.

Au début de chaque tour, les joueurs reçoivent des cartes face cachées qu'ils placent devant eux (le nombre de cartes reçues varient en fonction du nombre de joueurs). Le premier joueur révèle ses cartes et va pouvoir en jouer jusqu'à 3. Il sera possible de faire pousser ou faner une fleur, faire se mouvoir le vilain nuage noir ou en faire tomber une souveraine pluie, ou encore déplacer le soleil (car vous êtes juste trop fort ET ignifugé). Une fois les cartes jouées, le premier joueur passe ses cartes inutilisées au second joueur. Ce dernier a donc, pour son tour, le choix entre les cartes devant lui (reçues en début de tour), ainsi que les cartes reçues du joueur précédent, etc jusqu'à la fin du tour de table.


Repérez votre essence : voici quelle couleur de pion peut pousser à ce tour.

Mais que fabrique-t-on avec ces cartes ? Dans Arboria, tout est question d'ombre et de soleil. Lorsque vous voulez faire pousser un pion fleur à votre couleur, il faut pour cela disposer d'une case ensoleillée. Celle-ci doit être dans l'une des deux colonnes du plateau de jeu éclairées par le soleil (ailleurs, c'est tout noir), et ne surtout pas être dans l'ombre d'une autre fleur (c'est-à-dire sur la case juste derrière).


Lette ve seun chaïne !

Comment pallier cette spoliation de rayonnement solaire me direz-vous (allez, dites-le) ? Vous pouvez bien sûr vous éloigner, mais il sera plus malin de se débrouiller au fil des tours pour avoir la plus grosse plante. Il en effet possible (et même nécessaire) de faire grandir ses fleurs, et de créer des piles de plusieurs pions de haut. Une grande pile de fleur de même essence et même couleur vous assure d'être protégé de l'ombre des fleurs environnantes, tout en les jetant dans le noir.

Ajouter à cela l'apparition d'un nuage qui provoque une ombre inéclairable sur les 9 cases qu'il recouvre, histoire d'emmerder engraisser vos petits camarades, ainsi qu'une carte pluie, revigorante, provoquant la pousse de TOUT ce qui se trouve sous le nuage. Le soleil, quant à lui, avancera inéluctablement, puisque pour chaque carte soleil non-jouées dans le tour, l'astre du jour avance d'une case autour du plateau.


Move your cloud !

La partie s'arrête lorsque le soleil a fait le tour du plateau, et que tous les joueurs ont joué le même nombre de tours. Mais alors, fatidique métaphysique question de toute ludo-existance, c'est qui qui gagne ?

Dans chaque couleur, vous allez multiplier la hauteur de la pile de vos fleurs la plus haute par la longueur de la ligne (orthogonale ou diagonale) de fleurs qui la contient. Ça vous parait grec ? En gros, si votre meilleur pile de fleurs bleues est de 4 pions, et que cette pile est présente dans une ligne de 5 cases de long (ligne continue de plantes composée par les fleurs de tous les joueurs quelque soit leur couleur ou essence), vous marquez alors 4x5 soit 20 points pour vos fleurs bleues. Il s'agit maintenant de répéter le calcul avec toutes vos couleurs, de cumuler le tout, et de voir qui a poussé le plus haut dans les plus beaux bosquets.

La pluie et le beau temps et tout les autres

Vous l'aurez sans doute compris, Arboria est une sorte de casse-tête en 3D, de morpion en hauteur, longueur et largeur. Un challenge cérébral où il faudrait user de tout votre cortex, pour vous placer au mieux, en tirant parti des lignes de fleurs composées par vos adversaires, tout en occupant les plus hautes hauteurs. A vous de ne pas trop les effrayer, car s'ils dépotent et vous abandonnent, vous ne marquerez que peu de points. Arboria propose sous ses dehors champêtres un jeu fourbe de placement et blocage, ou vilenie, coups bas et ruses batifolent ensembles dans les herbes hautes.

Arboria propose quelques variantes pour les joueurs expérimentés qui voudraient ajouter encore plus de sales coups explosifs. La boîte contient en effet, dans son splendidement illustré cartoformage, quelques cartes spéciales (avec jetons associés) pour faire pousser plantes carnivores, gros rochers, provoquer des pollinisations ou rempotages, ou encore des coups de foudre funestes.


Méfiez-vous car l'abeille coule !

Entre jeu de territoire et casse-tête digne d'un Puissance 4 en volume, Arboriaréjouira les amateurs de nœuds de cerveau et de fourberie campagnarde. Et comme une image vaut mieux qu'un long discours, vous trouverez ici une explication et là une partie, où s'affrontent le Docteur Mops et Monsieur Guillaume.

3 « J'aime »

Il fait bien envie ce jeu, et en plus si “L’abeille coule” ^^
Merci !