[Bunny Kingdom][King of Tokyo][Magic l’Assemblée]
Suivre le Lapin Blanc. D’un bond à l’autre, son petit pompon frétille. Ses oreilles au vent indique la voie. Son museau sent les effluves des champs de carottes éternels. Tel est le rêve de votre communauté de léporidés : celui du nouveau monde. Mais comme aucun plan ne se déroule sans accrocs, surtout quant on a des lapins à bord, vous n’êtes pas le seul à débarquer sur le Terrier Promis.
Une Bunny-dée
Pour fin Septembre 2017, Richard Garfield et nos amis de chez Iello nous invitent à créer un royaume de lapins. Bien loin d'un King of Tokyo ou d'un Magic, Bunny Kingdom est un jeu de draft et de placement, agréablement lapinustré par Paul Mafayon. Vous incarnez un clan de lapins dont le but va être de se répandre le plus intelligemment possible (les lapins ne sont pas réputés pour leur QI), en profitant, à travers moults objectifs, des ressources et formes variés qu'offrent vos prises de territoire.
Bunny Kingdom est passé par un long travail de développement, tant la direction artistique de ce jeu fut complexe pour maintenir les sensations et la lisibilité, tout en conservant une gamme de prix correcte. Le plateau ayant une violente tendance à se remplir, il a fallu trouver comment empiler les éléments pour parvenir à différencier type de terrains, ressources, tokens, pions et figurines de château. Ce pourquoi, Bunny Kingdom tourne depuis quelques années en festival, et vient enfin de trouver sa voie, grâce aux efforts de la Iello team.
Se mettre lapine
Une partie de Bunny Kingdom dure 4 tours. En début de chaque tour, chaque joueur reçoit une dizaine de cartes (variable en fonction du nombre de joueur). L'on choisit alors deux cartes de cette main, qui vont être jouées aussitôt. L'on applique alors une mécanique de draft. Le sens du draft est déterminé en début de partie, et s'inversera à chaque tour.
Les cartes jouées peuvent être de plusieurs nature. Face cachée, l'on joue des cartes parchemins, pouvant être des trésors (points de victoire carottes d'or directes en fin de partie) ou des objectifs à remplir. Ces cartes ne seront, bien évidemment, révélées qu'en toute fin de partie.
Face visible, l'on joue des cartes de coordonnées (1 lettre et 1 chiffre, et non, on ne joue pas à Lapine Navale) permettant de poser un lapin à sa couleur sur la case du plateau correspondante. Ce territoire est maintenant vôtre. L'on peut aussi jouer des cartes apportant des améliorations diverses et variées de ses territoires : bâtiments, ressources rares bonus, campements pour squatter les cases vides, ou encore ponts aériens pour raccorder deux regroupements de terrains adjacents orthogonalement : les fiefs.
En fin de chaque tour, justement, l'on marque quelques menus points pour chacun de ses fiefs. Chaque fief rapporte le nombre de tours de ses bâtiments x le nombre de ressources différentes qui y sont présentes. Il ne sert donc à rien de développer des fiefs sans ressources, sans tours, ou avec une multitude de carottes et rien d'autre (parce que 16 carottes, ça reste un type de ressource, et donc ça ne fait que 1 ressource différente). Ormi, bien sûr, qu'un objectif révélé au dernier tour ne vous permette un scoring bizarre qui déchire tout et fera crier dans les clapiers (et croyez-moi, vous ne voulez pas entendre un lapin crier. C'est arrivé à un ami qui, en stage chez un véto, a pu assister à la castration d'un lapin. L'animal s'est réveillé en pleine opération. Ça impressionne. Mais bon, on s'égare, là).
Sans les rognons, un lapin est-il toujours un lapin ?
Et ça rend aimable !
A la moitié de la partie, le choix du thème apparaît comme évident. La sensation de reproduction effrénée des lapins se ressent dans la cacophonie visuelle qui se met à régner sur le plateau. Les petits rongeurs à pompons se multiplient de plus en plus, envahissant le terrain. Le jeu est malgré tout pensé pour rester lisible (et pour ne pas, à la fin, devoir faire quelque peu slalomer l'œil, tout peut se comptabiliser grâce aux cartes que vous avez joué), ce qui est un vrai tour de force. Bonus, Bunny Kingdom est Daltonian Friendly ! Entendez par là que les couleurs ont été travaillées pour être distinguables en sus des formes et couleurs. Ainsi, l'on pourra jouer des lapins noirs (de Garenne, évidemment), jaunes (nains, sans doute), rouge (des lièvres me direz-vous ?) ou rose (tout droit sortis du magazine Playboy).
Alors ? Qui veut la peau de Roger avant de l'avoir tué ?L'univers graphique est riche sans être de trop sur le plateau, mais explose dans les illustrations des cartes de Paul Mafayon. Les yeux aguerris et cultivés sauront voir les références aussi diverses que variées disséminées dans les quelques 182 cartes du jeu. Les sensations de draft sont quant à elle très agréable, et offrent multitudes de stratégies possibles. S'il est bon de toucher à un peu de tout, la victoire est malgré tout serrée entre un jeu axé territoires et un jeu axé parchemins. Les aficionados du draft trouveront également vite leurs repères dans le questionnement du "mais qu'est-ce que je te prends pour que tu ne l'aies pas même si ça ne m'arrange pas?", bien que le jeu soit aussi intéressant et facile à prendre en main pour des novices que pour des joueurs habitués.
Bunny Kingdom réjouira les amateurs de draft de pompon, de dents en avant, de placement de carottes, d'objectif top secret et de multiplications joliment illustrées.