[Cartaventura : Lhassa][Cartaventura : Oklahoma][Cartaventura: Tintagel][Cartaventura : Vinland]
C’est en 2021 qu’a commencé l’aventure Cartaventura pour la maison d’édition Blam !… et avec un beau succès à l’implantation et une nomination à l’as d’or quelques mois plus tard, il va sans dire que le nouvel opus de la gamme était attendu d’un part, et même serait scruté d’autre part.
Repartons donc dans une nouvelle histoire le long des dunes de sables chauds de l'Orient aux milles et un parfums épicés :
Nous voici maintenant au 14ème siècle et si votre point de départ est Tanger, vous allez partir bien plus loin que vous ne le supposiez lorsque vous vous êtes spontanément proposé pour rendre un peu d'espoir à votre oncle. Il ne s'agit pas ici de vous en divulguer davantage pour ne pas vous gâcher le plaisir d'une découverte, ce qui explique l'existence de la micro-aventure Tintagel pour ne pas se spoiler une boite de jeu tout en découvrant ce dernier.
Pourtant, sachez qu'après le duo Dupont - Ladagnous des trois premières boites, c'est ici Pierre Buty qui est à l'oeuvre de l'histoire. Pour les pinceaux, Jeanne Landart et Guillaume Bernon continuent de nous régaler les yeux quand on aime le style !
Mais alors que vous en dire ?
Et bien déjà, retraçons un peu la gamme. Les trois premières boites, sorties en 2021, avaient déjà annoncé un peu le programme, et même le ton dirons-nous, de cette collection.
Entre Vinland qui démarre en 998 pour découvrir l'explorateur viking Erik le Rouge et choisir entre partir vers l'ouest ou s'installer au Groenland, choisir entre votre fidélité aux dieux nordiques ou embrasser une nouvelle foi ;
Oklahoma qui se passe en 1854 et qui suit le destin de Bass Reeves, un esclave afro-américain qui passe d'un champ de coton à une possible étoile mais où la liberté est encore plus belle ;Et enfin, Lhasa qui se situe en 1916 et qui vous fait prend le chemin des Indes jusqu'au Tibet sur les traces d'Alexandra-David Neel, entre tigres et cauchemars ; nous pouvons comprendre que le propos est dans une forme de jeu à la limite du livre dont vous êtes le héros mais surtout dans le fait de lire une histoire, d'explorer des endroits et des paysages surprenants, de rencontrer des personnages et ressentir une époque !
Pour ce faire donc, un paquet de carte, carrées, recto-verso (mais attention à ne pas retourner les cartes sans qu'on ne vous le dise), et quelques symboles assez simples à retenir et à comprendre :
- L'inénarrable "éclair" qui demande à ce qu'on s'occupe de lui immédiatement (comprendre "lire la carte"), faire ce qu'il demande et hop, terminé ;
- La "roue crantée', comme une option, une action à choisir... Mais qui peut en enlever d'autres une fois lancée ;
- La "main", pour les objets que vous transportez ;
- Et enfin, clés et cadenas qui, amovibles pour les premières et statiques pour les secondes, permettent une rejouabilité qui, marié aux différentes fins possibles à résoudre et vivre ainsi qu'aux cartes où deux choix sont proposés, permet de refaire l'histoire, au moins en partie, autrement qu'en un simple "one shot" pour continuer de découvrir les différentes facettes de l'histoire.
Très souvent, sur ces cartes, des illustrations, de forts belles à magnifiques, de paysages et de personnages, ceux-là même que vous traversez et rencontrez, et qui, ensemble et mise bout-à-bout en cartes, forment la trame de votre voyage.
Oh rassurez-vous... il n'y a pas, ici, de spoil... Non, non !
Pour cette dernière sortie, et avec un titre comme Caravanes, vous vous doutez bien que les chiens peuvent aboyer, vous allez passer... Et dans un voyage qui pourrait là encore être initiatique, tenter de retrouver Ibn Battuta en 1331 et au milieu des différentes cultures arabes, perses, ottomanes et indiennes. Si les voyages forment la jeunesse, en voici un, nous raconte le petit livret historique écrit en partenariat avec l'Institut du Monde Arabe, qui en écrira les récits (rhila en arable) qui traverseront les âges... Et c'est un peu ce que vous allez vivre avec Caravanes.
Et ben moi, des fois, je joue à me raconter des histoires
Cartaventura peut étonner voir même décevoir : Oui, nous sommes presque davantage dans une histoire que l'on peut se raconter seul ou à plusieurs, avec quelques décisions type "livre dont vous êtes le héros" et, dans chaque aventure, quelques twists pour raccrocher encore plus à la thèmatique historique, que dans un jeu narratif à proprement parler, en tout cas au sens où on l'entend ludiquement parlant, même si ce jeu a des saveurs en "familial" d'un 7ème Continent et consort.
Oui, le plaisir de découvrir les cartes et d'optimiser son chemin pour, si on le souhaite, vivre les différentes fins alternatives comme un "objectif" du jeu, ne sera pas forcément du goût de tout le monde avec les manipulations et "rembobinements" pour repasser par les mêmes passages tout en les optimisants avec un brin de mémoire... Mais finalement en ne lisant plus le texte mais juste ne pas se perdre !
Mais pour les autres, pour les joueuses et joueurs qui aiment découvrir, ressentir le parfum d'un autre temps, d'autres lieux et d'autres gens, que ce soit en solo ou à deux, trois ou quatre en mode "Père Castor, raconte-nous une histoire où nous pourrons décider d'aller à droite ou à gauche !", il y a un vrai petit plaisir de découverte dans les Cartaventura.
Et même, en rôliste que je suis, de l'intérêt à lire et ressentir les éléments d'époques, les parfums, les quelques données géopolitiques, les aliments, us et coutumes de tel ou tel endroit, autant d'éléments qu'il est ensuite très facile de replacer dans des descriptions de jeu de rôle ou même des synopsis d'aventures à créer.
Voilà peut-être où Cartaventura est le plus fort : Lier une belle histoire en étant plus actif qu'une "simple" lecture tout en titillant la fibre de son imaginaire pour s'évader !
Et un beau voyage à ce prix, ça l'fait, n'est-ce pas Docteur Jones ?
P.S : D'ailleurs, si le prix ne vous fait pas peur mais que la douce sensation d'un tapis (dont l'usage pourra se retrouver pour d'autres jeux bien sûr) aux couleurs de Cartaventura, celui de chez Wogamat est effectivement bien agréable pour poser le jeu et ainsi installer une ambiance supplémentaire et propice au dépaysement... Après, il faut aimer parce qu'il est vrai que cela représente pratiquement le prix de trois boites de Cartaventura...Mais quand on aime, n'est-ce pas ?