[Arboretum][Calico][Cascadia][Viticulture - Edition Essentielle][Wingspan]
Il faut de belles histoires pour continuer d’entretenir les envies de vivre les mêmes… Et sans préjuger de ce que sera l’avenir de Flatout Games, il y a là une belle histoire :
En octobre 2019, leur premier jeu par financement participatif, Calico, était financé et terminait avec 6 724 contributeurs, rassemblant plus de 200 000 $. En septembre 2020, c’est Cascadia qui est proposé et qui aboutit avec plus de 270 000 $ engrangé mais surtout grâce à 9 153 contributeurs, soit une belle progression de 36%. Jamais deux sans trois ? Et bien en septembre 2021, Verdant s’est vu récolter le soutien de 11 753 contributeurs (et plus de 340 000 $ par la même occasion) et cette fois, une progression de 28%. Que ce soit une confiance gagnée autour des conditions de leurs jeux (prix, livraisons, etc…) ou des jeux eux-même, avoir le soutien grandissant de ceux à qui s’adressent le jeu est en soi une belle récompense.
Dans cette belle histoire, la localisation des jeux (et donc la confiance dans le jeu lui-même) par chez nous a effectivement permis de trouver son public. Grâce à Lucky Duck Games, en effet, Calico et ses chats se sont bien installés au port, et les premiers retours de Cascadia semble indiquer que les animaux plus sauvages n'en trouveront pas moins leur havre de paix ludique.
Puisque c'est de Cascadia dont nous parlons aujourd'hui, son auteur, Randy Flynn, signe son premier jeu, là où l'illustratrice, Beth Sobel continue d'imprimer sa marque puisque c'est elle qui a magnifié des jeux comme Wingspan ou encore Calico dont nous parlions plus haut mais a également été remarquée pour ses participations à la nouvelle version d'Arboretum ou de Viticulture.
Vous voici transportés, coincés entre la côte pacifique à l'ouest et les montagnes Rocheuses à l'est, et à cheval sur de nombreuses régions entre Canada et Etats-Unis. Dans la diversité de ses paysages tout autant que celle de ses animaux sauvages, à vous de créer au moyen de tuiles hexagonales un écosystème à même d'accueillir les animaux qui y vivront.
Concrètement, c'est un jeu de placements :
Devant vous, à votre tour, se proposent quatre lots constitués chacun :
- 1 tuile Habitat (représentant 1 ou 2 types de terrain parmi 5 et de 1 à 3 animaux parmi 5 également),
- 1 jeton Faune (l'animal en question),
tirés pour l'une d'une réserve de tuile constituée pour l'occasion et fonction du nombre de joueurs permettant de jouer 20 tours ; Et pour l'autre, d'un sac contenant au départ 20 représentants de chaque animal.
Votre tour sera facile (à première vue) puisqu'il s'agit simplement de choisir un lot, puis d'ajouter l'une à votre paysage, au départ constitué d'un site de départ correspondant à 3 tuiles, et l'autre, l'animal, sur une tuile vide indiquant l'animal en question.
Vous allez chercher à placer correctement votre tuile Habitat pour que les types de terrain s'agrandissent, vous permettant en fin de partie, de gagner 3/1 points pour le terrain le plus grand/deuxième terrain le plus grand pour chaque type.... Mais pas que !
Vous allez également placer correctement votre tuile Habitat pour y placer, de façon optimisée, les animaux. Ces derniers marqueront des points suivant leur placement (isolé, en duo, en triplet, en ligne, en harde, en cercle...), en eux-même ou les uns par rapport aux autres comme indiquées par les cartes Décompte, à raison d'une carte par type d'animal.
Pour ajouter un peu de contrôle à tout ça, s'ajoute les jetons Nature à la forme de Cônes du Douglas de Menzies (ça ne s'invente pas) que vous pouvez gagner si vous placez un animal dans son habitat préféré, une tuile au la faune et au type de terrain unique. Chaque jeton Nature, qui vaut 1 PV en fin de partie, peut être dépensé pour gagner en souplesse dans la sélection de votre lot ou pour renouveler les jetons Faune proposés.
Boris, descends de cet ours !
Si vous aimez les jeux de placement de tuiles à optimiser, plutôt familial et plaisant, avec un petit côté casse-tête dans le placement des deux types, tuiles et jetons, pour marier tout comme il faut, Cascadia pourrait bien être fait pour vous. Le renouvellement, assuré par la vingtaine de cartes Décompte, bien que restant de l'ordre du positionnement, sans changer fondamentalement le jeu en lui-même, reste présent, d'autant que chacune essaye d'être en lien, peu ou prou, avec l'animal ou la situation proposée : La maman ourse et ses deux oursons, les hardes de wapitis, le renard et ses proies...
Maintenant, il faut également bien dire qu'il n'y a pas vraiment de l'innovation dans cette boite mais plutôt du déjà vu, maitrisé et qui fonctionne bien. Non pas que l'innovation doive être un critère exclusif de qualité, au contraire, mais si vous avez déjà le fort bon Isle of Skye, Tiny Town, Arboretum, Bärenpark, Quadropolis ou encore Calico (et j'en passe en terme de placement de tuiles sous contraintes), vous pourriez avoir ce qu'il faut...
Ceci étant, et en regardant cette liste de jeu, il faut avouer que Cascadia, par son thème agréablement illustré et une accessibilité de bon aloi peut également faire office d'ouverture, de passerelle, ou simplement de jeu facile à partager avec le plus grand nombre pour changer de Carcassonne... Le plaisir de jouer est bien là, comme le plaisir au moment du décompte pour voir qui a fait quoi tant nous aurions tendance à jouer chacun dans notre coin avant de lever la tête en fin de partie. D'ailleurs, ne faites pas ça. Au contraire, il faut bien surveiller ses adversaires, la taille de leurs types de territoire et les "animaux" qu'ils leur faudraient absolument pour ne pas le leur laisser. En effet, le jeu étant bien équilibré, si tout le monde optimise bien ses animaux, la différence se fera sur les majorité de territoires.
Terminons enfin par mentionner la variante Solo (avec un joueur fantôme qui se contente de défausser des lots) et les variantes Familiale et Intermédiaire qui permettent d'encore simplifier l'accès au jeu pour démarrer une courbe d'apprentissage du jeu encore plus "smoothie". Enfin, histoire d'enchainer un peu plus les jusquauboutistes, il est proposé une liste assez conséquentes de pas moins de 50 défis à réussir pour arriver au bout d'une piste vous déclarant alors "biologiste cascadien". Avouons humblement qu'il faut vraiment être fondu du jeu et des casses-têtes pour mener les (minimum) 50 parties en y ajoutant une contrainte supplémentaires, un peu mécanique juste pour le plaisir de l'avoir fait... Pas d'histoires à se raconter, juste le... Succès ! D'un autre côté, en soirée, ça doit quand même bien permettre de se la péter de dire : "D'un autre côté, moi, j'avoue être fier car, à Cascadia, j'ai réussi, lors de ma première tentative, à ne placer aucun wapiti à côté d'un ours... Et ce n'est pas si simple qu'on le croit..." :D
N'entendez-vous pas, sous les frondaisons aux essences odoriférantes, les saumons frétiller dans les remous tumultueux d'un torrent glacé ? Il est l'heure de retourner, après avoir téléchargé la carte corrigée D du renard roux, à une petite partie de Cascadia.