Castle Crush est un jeu de monsieur Tsai Huei-Chiang qui est taïwanais même si ce dernier vit à Tokyo. C’est aussi pour cela que le jeu fut présenté au fameux salon de celle ville et sans doute remarqué par qui de droit mais aussi, avec un peu de retard, par votre humble serviteur. Il me faut aussi vous avouer qu’une étrange malédiction m’habite, qui a pour effet de me faire ressentir un plaisir quasi coupable quand je me retrouve devant un jeu d’empilement. Cela s’accompagne généralement du rictus couramment nommé « sourire imbécile » et un abaissement de l’âge mental de quelques décennies. Loin de moi l’idée de vous raconter ma vie mais certaines et certains ont inconsciemment et avec bienveillance placé en moi une confiance sur mes jugements ludiques et il est donc important qu’ils sachent combien certains sujets peuvent entrainer un trouble du comportement encore plus inquiétant qu’à l’habitude.
Je vais donc essayer de me glisser dans la tête de monsieur Huei-Chiang que je soupçonne d’être affligé du même mal que moi et qui se dit un jour de fièvre créatrice en piquant les jouets de ses enfants qu’un jeu où l’on construit des châteaux en bois serait trop cool de mortel.
Après avoir recensé les pièces disponibles, il rédige un système de construction simple où seront attribués des points suivant l’emplacement des pièces.
Oui. Mais pourquoi à part pour faire plus joli ? Le plus joli étant une notion un peu fluctuante qui risque de vite tourner à l’engueulade générale.
Normalement, une fois la phase « je construis le plus beau château du monde de nananère » s’impose immédiatement à l’esprit pur l’idée de tout foutre en l’air en faisant des bruits avec sa bouche.
Il faut que la destruction soit un peu ludique. Pas question de sauter sur la table en hurlant ni d’y mettre les doigts parce que c’est grossier. On utilisera donc un outil et quoi de mieux qu’un marteau. Bon c’est peut-être encore un peu violent. Un marteau qui tiendrait en équilibre et qui viendrait fracasser les châteaux des autres. Ouiiii !
On marquera donc des points en fonction de la hauteur parce que les pièces haut perchées c’est trop joli de cool et c’est elles qui risquent de morfler en premier.
Qui dit patatra appelle aussi le concept de petits bonhommes. Vous savez ceux qui hurlent quand la catastrophe leur tombe dessus et qu’en plus des bruits d’écroulements sinistres, on peut rajouter quelques cris d’horreur avec la bouche.
Et là (il est fébrile l’auteur, il ne peut plus s’arrêter) on marquerait en plus des points sur les pièces que nous avons réussi à bousiller (hahahaha !) et les bonhommes qu’on a ratatinés (bien fait !). On dirait que comme c’est la guerre, il y aurait un roi et un général et que le premier pourrait se planquer et vaudrait cher et l’autre serait exposé et fier mais coûterait moins.
Et puis on recommencerait ! Non attends ! En plus le jeu évoluerait car on pourrait garder des éléments d’un coup sur l’autre. Et pour être plus juste et éviter que l’autre nouille qui pleurniche tout le temps nous fasse sa crise, celui qui aurait le plus souffert de l’attaque pourrait choisir ses nouvelles pièces en premier !
Je crois que je tiens le truc là ! Je vais téléphoner à Echo Yang qui est super trop forte en design et je monte ma propre maison d’édition.
Bien. Vous êtes bien d’accord que tout ceci n’est que pure spéculation. Je n’ai aucun pouvoir secret me permettant de rentrer dans la tête des gens. N’empêche… Et puisque j’en arrive à la fin de cet article très régressif, j’en profite pour vous rappeler qu’un autre grand gosse plus proche de nous avait déjà exploré ce concept : monsieur Christophe Boelinger avec son Skyscrapers publié en 2010. Vous pensez que cela pourrait à voir aussi avec les multiples petits jeux en ligne façon bidule-crush ou crush-machin ? Oui forcément…
Sachez également que plusieurs variantes alternatives sont fournies dans les règles.
Alors désormais la question qui se pose est de savoir si un éditeur plus proche géographiquement serait intéressé parce que cette version là ne va pas être facile à trouver. Oui je sais. Il y a déjà tellement de jeux ! Il paraît qu’on ne compte pas quand on aime…
Castle Crush !
Un jeu de Tsai Huei-Chiang
Illustré par Tsai Huei-Chiang, Echo Yang
Publié par Soso Studio 艸艸
1 à 4 joueurs
A partir de 8 ans
Langue de la règle: Chinoise (traduction française disponible)
Durée: 30 minutes
Prix: Non renseigné
Disponible à l’étranger ou en import