[What remains of Edith Finch ?]
Commençons par une petite mise au point. Vous trouverez peut-être étonnant de lire ici une présentation d’un jeu vidéo. Même pas une adaptation. Non. Tric Trac est plutôt connu pour oeuvrer dans le domaine des jeux de société.Les trucs dans des boîtes avec du carton et du plastique. Il ne s’agit pas de renier notre belle passion sauf que, pour ma part, la passion concerne plutôt le jeu. Le jeu dans son acceptation la plus large. Vous devriez d’ailleurs pouvoir trouver la fiche d’un jeu à gratter que j’avais présenté à la fois pour provocation mais aussi pour rappel que notre intérêt ludique possède des frontières tout aussi nombreuses que poreuses. Et puis n’hésitons pas ! En fait Tric Trac a toujours eu comme objectif de vous parler de culture mais après toutes ses années nous avons souvent vu que nous avions les yeux plus gros que le ventre. Les émission Strip Trac sont d’ailleurs là pour vous le rappeler.
Alors aujourd’hui je vous pose cette curieuse question : mais que reste-t’il d’Edith Finch ? What remains of Edith Finch est un jeu vidéo développé par Giant Sparrow sorti l’année passée sous système Windows, PS4 et Xbox One.
Premier choix : droite ou gauche ?
Edith Finch, on le comprend rapidement, c’est nous. Dans ce jeu à la première personne, nous revenons sans trop savoir pourquoi (du moins au début de l’aventure) dans la maison de famille. Une maison isolée sur une île. Une maison de rêve comme une magnifique et gigantesque cabane d’enfant, chaque pièce ayant été ajoutée à la structure de base pour s’élever dans un joyeux bazar en route vers les étoiles. Ou la folie.
La famille Finch est une grand famille. Enfin « était » une grande famille puisque nous allons découvrir que nombre de membres ont aujourd’hui disparus.
Croquis préparatoire
D’un abord apparemment classique, le jeu nous propose de découvrir l’ambiance et l’histoire de cette famille pas comme les autres en explorant les différents lieux de vie de cette bâtisse abandonnée qui semblait hier encore, exploser de vie.
N’espérez pas être confronté à de malicieux casse-têtes à résoudre. Même si ceux-ci sont bien présents, leur résolution est toujours simple.
Alors où est donc l’intérêt ?
What remains of Edith Finch, est une des plus belles écritures vidéoludiques que j’ai eu l’occasion de voir. Plus qu’un jeu, il s’agit ici d’un film interactif que le joueur (oui quand même) peut parcourir soit avec empressement, soit au gré d’une lente promenade où l’on profitera des nombreux détails de cet environnement très riche. C’est d’ailleurs le seul bémol que je mettrais à ce chef-d’oeuvre, la multiplication de la même série de bouquins dans les nombreuses bibliothèques sages ou sauvages. Je pinaille.
Le texte et les sous-titres sont intégrés littéralement au récit et à l'environnement.
Là où d’autres se seraient contentés de belles animations enclenchées par quelques clics évidents, les auteurs ont fait preuve d’une créativité qui ne faiblit à aucun moment. Chaque élément du gameplay étant en relation avec le ton de la narration. Et des tons, il y en a plein !
Les inévitables flashbacks sont autant d’ouvertures sur l’extérieur de ce presque huit-clos. Chacun est dédié à un des personnages de la maisonnée avec son caractère, ses passions et son drame. Car le drame est toujours là. C’est d’ailleurs un des tours de force de ce titre que nous mettre aux commandes d’effroyables histoires sans jamais tomber dans le pathos. Mieux encore, la pire des situations s’accompagne d’une poésie qui fait que la dramaturgie devient un espace de jeu et d’émerveillement. Il faut dire que les histoires sont chacune une histoire… La vérité est bien là mais entrelacée dans les ressentis, les arrangements avec le réel, la poésie. Les amateurs du film Big Fish seront en terrain connu. Il n’est d’ailleurs pas impossible que ce film ou le roman de Daniel Wallace dont il est tiré face partie des inspirations des créateurs.
Une séquence où le game play est en parfaite adéquation avec la narration.
Comme dans certains romans de John Irving, les aspect les plus sombres de l’existence se mélangent allègrement au grotesque, à l’imagination et une forme de légèreté dont on peine à distinguer la frontière avec ses aspects les plus sombres. Je ne vous donnerais aucun exemple pour étayer mes dires car le jeu mérite qu’on le découvre une première fois immaculé.
Vous discernerez par la narration mais aussi physiquement comment notre esprit peut s’affranchir de la routine répétitive pour échafauder un monde plus à notre goût. Je n’en dis pas plus...
Un des styles que l'on peut trouver dans les histoires des membres de la famille. Changement d'ambiance mais aucune cassure narrative
Si la base du jeu, reprend une 3d réaliste, les promenades dans le passé offrent diverses atmosphères allant du comics en passant pas le kawai. Le fond et la forme sont toujours liés dans une intelligence jouissive.
L’expérience Finch durera selon votre façon de vous promener aux alentours de trois heures. le plaisir sera présent jusqu’à la fin du générique.
Annapurna Interactive qui édite le jeu est d’abord un grand producteur de cinéma fondé par Magan Ellison qui a reçut un petit cadeau de deux milliards de dollars de son popa chéri pour ses 25 ans. Produisant des films qui n’auraient sans doute pas pu voir le jour dans le secteur traditionnel, la maison de production a aussi ouvert une section jeux vidéos qui ne produit que des jeux alternatifs comme ce merveilleux Finch ou le doux Flower. Bravo les gens !