[Clacks : A Discworld Board Games][Disque-Monde : Ankh-Morpork][The Witches - limited collector’s edition]
Connaissez-vous le système de communication des Clacks, ou Clic-Clac en français ? Les Clic-Clacs, c’est toute une machinerie d’échanges d’informations révolutionnaire ! Une invention merveilleuse qui a su imposer son succès à la vitesse de la lumière, se répandant en un claquement de doigt dans toutes les plaines de Sto en quelques mois à peine. Et si les sémaphores ne font pas encore partie de votre paysage, nul doute qu’ils éclaireront bientôt vos nuits. Sous peu, on pourra parler instantanément avec n’importe qui sur tout le Disque-Monde.
Clacksogramme
Il est bon parfois de traîner sur les réseaux sociaux. Tenez, c'est au détour d'un flash d'information de lumière, sur celui bien connu des visages-livres, que j'ai découvert l'existence de Clacks. Clacks, c'est un jeu adapté de l'univers du Disque-Monde, comme Ankh-Morpork et Les Sorcières. Sauf que là, ça n'a rien à voir. C'est un jeu de Leonard Boyd et David Brashaw (au noir, Martin Wallace !), mettant en jeu un aspect à la fois fort, très présent, et pourtant mystérieux de l'univers de Terry Pratchett, à savoir le système de télécommunication le plus célèbre de l'héroïc-fantasy-steampunk.
Mais un clac, c'est quoi ? Ben... On sait pas trop.
Les clic-clac tels que vu par le jeu Ankh-Morpork.
C'est vous dire.
C'est-à-dire que les romans sont à la fois très clair et volontairement flou sur l'aspect technique de la chose. De quoi laisser l'imaginaire du lecteur travailler, pour donner forme aux lumières dans la nuit comme il l'entend. Ajoutez à cette image photonique impalpable le fait que la technologie des clic-clac a évolué au cours des romans, passant d'une mécanique balbutiante à un ersatz de pré-internet. De ce que l'on peut comprendre, les clic-clac sont un mix entre du télégramme et du morse par lumière. Les messages voyagent d'une tour sémaphorique à l'autre, chaque tour comprenant des panneaux constitués de lampes de plus en plus nombreuses et précises (de quoi envoyer même, en fin de saga, des photos noir et blanc pixelisées).
Jour / Nuit / Jour / Nuit / ...
De cette idée de morse lumière, David Brashaw et Leonard Boyd imaginent une interface de 4 par 4 lampes, chacune représentée par un jeton, pouvant être éteintes ou allumées, soit noir ou blanc. Les lettres des messages, quand à elles, s'imprisment en formes de points en 2 par 3. Un usage, en fait, de l'alphabet braille, que je trouve personnellement délicat. À partir de cette idée de créer des paternes de braille en morse, l'idée lumineuse jaillit par la magie mécanique. Et par n'importe quelle mécanique, celle du jeu abstrait. Chaque joueur voit le plateau depuis un bord, SON bord. De cet angle de vu individuel sur la situation de jeu, il tente de retourner les bons jetons sur les bonnes faces pour créer des paternes précis dans SON sens de lecture.Bien entendu, comme chacun partage le même plateau mais ni les mêmes lettres ni les mêmes angles de vue, allumer une ampoule qui vous sied va potentiellement les autres faire cier. Le plaisir d'illuminer délicieusement un jeton pour bien monter votre Q risque d'assombrir l'humeur de ceux qui voulait l'éteindre pour sortir le H de guerre.Entre autres forfanteries, vous pourrez aussi piocher des cartes qui enverront quelques missives méphitiques à vos adversaires, comme par exemple dépenser moins de points d'action au prochain tour (pardon, de points de stress, parce qu'un ingénieur des clic-clacs, ça bosse plus pressurisé qu'une bière du Tambour Rafistolé). De plus, lorsque que le joueur qui vous précède pense avoir fini d'envoyer son message, il vous est possible de tenter de saboter sa dernière lettre. Un plaisir chic de faire tchak pour voler une victoire sur le fil de l'ampoule, à condition de bien réussir votre coup !
À ce mode compétitif pour 2 à 4 joueurs (et je suis assez épaté de voir comme il s'équilibre quelques soient les configurations de jeu), s'ajoute un mode coopératif qui peut même faire office de jeu solo.
Courrier Longue Distance
Ce mode coop fait le choix malin d'adapter un passage du roman Timbré, dans lequel l'iconique Moite Von Lipwig se lance dans la course contre les compagnie clic-clac pour livrer en premier un courrier à l'autre bout du Disque-Monde. Sans dévoiler la finalité de ce pari insensé "lettre contre light-mail" dans le roman, sachez que vous aurez ici à coopérer pour faire perdre le héros (et gagner la compagnie qui vous exploite, flûte !). Le défi consiste à envoyer un message de 2 mots, soit 5 lettres, 1 espace, 5 lettres et 1 point avant que le pion de Moite n'atteigne la destination. Ça n'a l'air de rien, là, mais vu comme il est suant de lâcher un simple P, on comprend pourquoi on appelle les points d'action des points de stress.
Une mécanique vile et plutôt bien faite, dans laquelle le sir scellant votre fin se déplace d'autant de cases que de points de stress que vous dépensez. Au groupe (ou au joueur en mode solitaire, c'est encore mieux) de bien gérer pour résoudre le plus de lettres en le moins de coups possibles. A noter qu'il existe deux parcours, un facile et un difficile, ainsi que pléthore de cartes événements que vous pouvez déclencher contre des coups forts, de quoi bien renouveler le défi.Sans être incroyable, Clacks est un bon petit jeu de 20-30 minutes, avec du matos simple mais joli et travaillé, entre abstrait (pourtant thématisé, et plutôt bien) et casse-tête. Il est réalisé par deux vrais amateurs du Disque-Monde (et même dédié à son défunt auteur) et de jeu de plateau. Hélas ! Il n'est trouvable que dans le pays d'origine de Pratchett, en la lointaine Angleterre.Il vous reste néanmoins deux possibles pour mettre la main dessus. D'abord, en vous rendant dans la boutique officielle du Disque-Monde, L'Emporium. Si si, si vous êtes perdus au Sud de Bristol, on sait jamais. La seconde, c'est via l'internet, souvent d'occasion, car la boîte date tout de même de 2015. J'ai moi-même acquis mon exemplaire via le système de vente d'occaz' du maestre américain Board Game Geek (les réseaux de communication-lumière par fibre d'optique, c'est vraiment magique).Une version française pourra-t-elle voir le jour ? Cela me semble tendu pour un jeu qui a déjà 5 ans. Toutefois, je ne désespère pas qu'un éditeur voit la lumière de ces lignes. Que l'ampoule s'allume au-dessus de sa tête au de se dire qu'un jeu à la fois joli et bon, à la fois adaptation sympa et accessible aux néophytes, à la fois coop et compèt (et avec même un mode enfant !), c'est peut-être une idée brillante.Message in a bottle...