C’est marrant, j’ai compris le concept en voyant les jeux indiqués.
Et puis là : Pulsar. Le meilleur jeu de l’année écoulée, l’un des meilleurs jeux geeks de ces dernières années. Totalement non soutenus par l’éditeur français, le jeu est quand même loin au-dessus de la moyenne des jeux de cette complexité : énorme profondeur, stratégie variée,… Il a gagné le prix du jeu expert de l’année pour les boutiques ludiques et le prix expert du festival Rennes en Jeux. Un jeu que je continue à soutenir et l’un des rares que je continue à soutenir et à jouer avec plaisir (plus de 20 parties cette année). Dommage de le voir là
Voilà, comme toujours, un article intéressant, qui nous permet de prendre de la distance avec notre passion du jeu.
Pour ma part, je commencerai par dire que je partage l’avis de Loïc sur Pulsar, qui n’est pas pour moi un OK game (tout est dans le “pour moi”).
Il faut dire que, si la masse critique du nombre de jeux n’est pas atteinte, il y en a quand même beaucoup… beaucoup… beaucoup.
Donc le ressenti de chacun face à un jeu dépend de son vécu ludique autant que de ses attentes ou sa manière de consommer.
Il fut une époque où il n’y avait que quelques chaînes de télé, un film était vu par de nombreuses personnes qui en parlait le lendemain. Ce film devenait une culture commune, une référence, un étalon. Aujourd’hui, des films de qualité supérieure sont diffusés et ne sont partagés que par ceux qui les regardent à un moment précis, puis on passe à un autre.
OK game est un concept intéressant mais ça ne reste qu’un concept qui décrit notre époque, les OK games des uns seront les bad games des autres.
Il n’est jamais trop tard pour se rendre compte de la qualité d’un jeu, ou du fait qu’il nous correspond : on peut regarder des vidéos anciennes de Trictrac, on peut lire la presse ludique papier (qui forcément est moins dans l’instantanéité), on peut traîner dans une ludothèque, se faire conseiller des jeux dans des boutiques, on peut redécouvrir un jeu de sa propre collection, on peut échapper à la surconsommation en décalant son achat (on met son jeu dans sa wishlist et on attend), on peut même céder au buzz du moment.
N’oubliez pas de jouer !
C’est bien pour ça que j’ai parler de la “culture ludique” des joueurs qui amène à voir un jeu comme-ci d’un côté et comme ça de l’autre. Mais les conséquences concrètes sur notre monde (écologie) et sur des personnes (économie du secteur, des éditeurs et autres) sont, elles, immédiates et concrètes
Et une fois encore, “Ok games” est moins un jugement de la valeur du jeu en lui-même qu’une mesure de sa perception par tel ou tel joueur ! Du coup, un “fort bon jeu, d’après certains complètement passé sous le radar pour des tas de raison” peut être un “ok games” comme un jeu “oublieux” de par sa qualité intrinsèque, peut l’être aussi !
Alors je me demande comment seraient perçus les Echecs s’ils sortaient aujourd’hui ? Pas un ok game quand même si ? et pourquoi bordel de merde le Monopoly se vend-il encore ?
D’accord avec Bruno, il y a beaucoup d’excellents jeux et quelques uns sortent du lot chaque année un peu au hasard. Basses Terres est un des meilleurs jeux auxquels j’ai joué cette année, personne n’en a parlé, alors j’en profite.
Dans un reportage trictrac dédié à Space Cowboys, Marc Nunes disait pour détecter un jeu qui sorte du lot :
- est ce que tu as aimé ?
- est ce que tu veux en refaire une ?
- est ce que tu te vois en faire 10 sur la durée ?
Si oui, oui, oui, alors le jeu / proto a un potentiel pour durer.
Et par extension, je dirais :
Si oui, oui, non, c’est un ok games
Si oui, non, non, pareil un ok games.
Si non, non, non, je vous laisse deviner…
Et ce supplément d’âme ne devrait-il pas être à ne pas chercher dans le développement, mais inhérent à la démarche globale de la réalisation, depuis le tout début ? C’est en tout cas ainsi que je le conçois. Et je remarque que le joueur ressent l’âme - puisqu’il est question de ce joli mot ici - mise dans l’objet, quand elle est sincère et pas juste implémentée “pour que”.
En tout cas, merci Guillaume pour cet article.
Florent.
quoi ! Classer la voie des Pandas dans les OK games … Non, pas possible ! Guillaume, c’est une hérésie ! J’adore ce jeu car il a justement pour ma sensibilité ce “truc en plus” qui fait que je l’adore, le propose à chaque fois… Sorti il y a 10ans, je suis certaine qu’il serait devenu un classique des jeux de placement/déplacements. Seule ombre au tableau, le plateau est relativement difficile à lire car bien coloré, et quand dessus on met en plus tous ses pandas de couleurs avec encore des socles de couleurs différentes, il devient très facile de faire des erreurs… mais sinon, à chaque partie, que du bonheur pour moi! Et pulsar me fait également le même effet, bien qu’un peu moins fort (il manque de pandas !).
Je plussoie ton ressenti, Loic, chez nous aussi, dans le nord de l’Angleterre, c’est un des jeux qui sort le plus (avec Brass pour rester local )
J’ai vraiment dû mal m’exprimer alors… car une fois encore « ok games » n’est pas un jugement de valeur… mais plutôt une réalité économique… La voie des Palads, c’est moins de 1000 exemplaires vendus en VF… le jeu n’a pas trouvé son public, il n’a pas rencontré les joueurs… il a juste… « été » subrepticement puis pfuit… peut-être à cause de son plateau, peut-être à cause de sa « sur-édition »… peut-être… la réalité est là, économiquement… il a, peut-être malheureusement, juste fait « ok, il a été là :/ »
Je lis, je relis, mais finalement je crois que j’ai du mal à saisir le concept : est ce que OK game veut juste dire qu’un jeu s’est mal vendu, est passé à côté de son public pour une raison qu’on n’arrive pas à exprimer, à cause d’une sortie à un mauvais moment, mais que la cause n’est pas la valeur ludique intrinsèque du jeu ?
Dans ce cas, la raison principale reste quand même la profusion de jeux, non ?
Cher Monsieur,
Je dirais qu’il faut s’extraire du concept “vente” (même si c’est une variable qui a son importance au final) et se pencher sur le concept “partie”. Combien de parties sont jouées. C’est là qu’il faut regarder. Un “Ok Game” serait alors un jeu auquel on ne rejoue tout simplement pas. Même s’il est finalement bien. Parce qu’il est juste bien. Par rapport à celui que l’on a joué la veille et à celui que l’on jouera le lendemain. Alors oui, la profusion de jeux est un peu responsable de la situation, mais pas seulement. Quelqu’un qui joue à 2 jeux par an, malgré les 1500 sorties n’aura pas ce sentiment de “Ok Games” alors que quelqu’un qui passe son temps à tout essayer oui. Donc, profusion de jeux, mais pratique du joueur aussi.
bonjour Guillaume,
non, vous ne vous êtes pas mal exprimé, mais c’est juste que moi je n’arrive pas à comprendre qu’un jeu comme la voie des pandas ne se vende qu’en 1000 exemplaire (j’ai été soufflée quand j’ai lu cela), et qu’à côté un jeu comme scythe, auquel perso je ne trouve rien de bien (j’ai bien mis perso!) cartonne… Je ne comprends pas…
C’est justement pour ça que j’essayai de concrétiser le concept… de voir qu’il y a du “subjectif” à un joueur, à un groupe de joueurs, à une “communauté de joueurs”… par pays (certains jeux cartonnent dans un pays et font un four dans un autre) et que tout ça se mêle joyeusement…
Et pour répondre à Tsinapah, le Monopoly se vend encore pour plusieurs raisons… d’une part parce que des gens, y ayant jouer plus jeunes, se disent que ça plait encore et l’achètent pour l’offrir sans se poser de questions… ou pour partager un souvenir d’enfance avec leur propre progéniture et contribuer ainsi à continuer la chaîne. D’autre part, parce que des gens, ne jouant pas à autre chose, continuent de s’y amuser vraiment… sans compter les besoins et réalités économiques de Parker, la pub et le marketing… Bref, c’est une réalité, ça se vend (et certainement ça se joue) encore ?
Il y a énormément de paramètres… communication, environnement marketo-économique, instant “i” aussi… et puis dé-corrélation possible à cet instant “i” entre ses propres attentes… et les attentes d’autres… Avec tout ces paramètres, ce genre de situation et de fortes différences entre une “minorité” et une “majorité” devient parfaitement compréhensible… à mon sens
Je me rends compte que j’ai peut-être ouvert une boite de Pandore… C’est effectivement un mélange, à différent niveau :
- Valeur ludique intrinsèque du jeu, bien sûr (mais ça ne fait pas tout… un jeu d’un pauvre intérêt ludique a pu fonctionner et un jeu ludiquement intéressant peut aussi passer sous les radars) ;
- Culture ludique des joueurs, partagée ou non (entre un joueur qui joue à 2 jeux par an comme le dit Phal ou celui qui joue toutes les semaines),
- Communication (entre un jeu dont l’éditeur même ne parle pas ou celui qui a une campagne de com’ huilée),
- Marketing (Direction Artistique choisie, voulue, réfléchie… ou pas… cherchant à rejoindre le plus grand dénominateur commun ou le plus petit multiple commun
- La date de sortie, effectivement… et ce qu’il y avait en face, avant, pendant et après…
- Et aussi, ce truc indéfinissable, ingérable et non palpable qui fait que “là, ça a marché”… et “là, ça n’a pas marché”…
Bref… pas simple mais diablement intéressant à réfléchir, à essayer de définir, conceptualiser en tentant de garder tous les paramètres… j’adore…
De quoi faire le thème d’un très bon jeu de gestion.
@Monsieur Guillaume
J’aime beaucoup, moi aussi, ces sujets qui donnent à réfléchir sans pouvoir aboutir à une certitude.
@Monsieur Phal
Cet angle d’attaque me correspond bien. C’est d’ailleurs plutôt le critère “Ai-je envie d’y rejouer ?” qui me conviendrait le mieux parce que je n’ai pas vraiment le temps de rejouer à cause de mes trop nombreux achats.
Cette question des OK games est finalement centrale dans la gestion de ma ludothèque depuis quelques temps : se séparer des jeux que l’on n’a pas aimé est facile, garder ceux auxquels on rejoue est évident, mais il y a ceux que j’aime bien et dont je n’arrive pas à me séparer parce que peut être que je vais y rejouer… ou pas. Maintenant je sais les nommer : ce sont mes OK games !