On continue d’explorer un thème proche de l’histoie des Etats-Unis (même si cela se passe dans un pays imaginaire) et la période d’exploration des grands espaces avec The River, un pays qui décidément inspire beaucoup à Days of Wonder. De quoi est-il question cette fois-ci ? De colons qui vont s’installer et construire leurs premiers villages, d’un jeu d’ouvrier qui va à l’envers pour ainsi dire. Étrange concept sur le papier, que je m’en vais vous détailler dans les lignes qui suivent.
Concis
On place le plateau commun au centre (du bon côté selon le nombre de joueurs), puis chaque joueur se saisit d’un bateau, d’un plateau personnel et de ses colons (4 vont dessus et le dernier sur la case dédiée du plateau perso). On place sur le plateau commun les ressources en fonction du nombre de joueurs, ainsi que les jetons points, les tuiles Terrain et les cartes Bâtiment. Chaque joueur, avant de commencer réellement la partie, choisi une tuile Terrain parmi celles disponibles. Le premier joueur commence en ayant ces choix : il peut commencer par échanger 3 ressources contre un dindon (comme à Thanksgiving), ensuite, il pourra placer des pionniers sur l’un des emplacements du plateau en suivant les restrictions qui les accompagnent pour effectuer l’action. Ainsi, il pourra récupérer une tuile Terrain et la poser sur la première case vide de son fleuve, produire des ressources (autant qu’il a de cette ressource visible sur son plateau personnel), réserver un bâtiment pour le construire plus tard pour une ressource de moins, construire justement un bâtiment soit parmi ceux qu’il a réservé (jusqu’à 2 cartes) soit parmi ceux présentés, il pourra aussi prendre le pion premier joueur et enfin, il pourra permuter ses tuiles Terrain sur son plateau. En sachant qu’en arrivant sur certaines places de son fleuve vous serez obligé de poser définitivement un de vos pionniers. De même que vous recevrez des points bonus en construisant des bâtiments. La partie prenant fin lorsqu’un joueur pose sur son fleuve le 5ème jeton bonus ou sa 12ème tuile Terrain, on procède alors aux décomptes de chacun. On compte les mêmes tuiles Terrain dans la même colonne, les points gagnés grâce aux médailles et ceux des tuiles bonus, le joueur avec le plus de points l’emporte.
La beauté de la nature avant l’industrie
Quelle jolie boite colorée ! Et puis quel joli matériel à l’intérieur avec son plateau central, ceux des joueurs, les tuiles, les pions en bois et les petites cartes. C’est coloré, lisible, clair et tout ceci se range dans un thermoformage où il n’est pas possible de trier les ressources dommage. Une excellente édition comme quasiment toujours avec Days of Wonder. Une édition qui met en avant une Amérique idéalisée, encore vierge et à explorer où la nature est belle et verdoyante. C’est nostalgique, bucolique et surtout ça creuse un fossé encore plus grand avec la période historique suivante avec son ère industrielle grise et noire. Certes, cela ne s’applique pas qu’à The River, même si j’y ai pensé en rédigeant cet article et j’avais envie de vous en parler de cette façon, d’illustrer cette période qui arrive avant des périodes plus sombres et qui est ici présentée d’une manière colorée et un peu mélancolique dans le fond. Mais bref revenons à The River, où je n’ai plus grand-chose à vous dire sur le matériel si ce n’est que celui-ci est vraiment de qualité.
Le poisson remonte la rivière
Chaque joueur va donc gérer son petit domaine en ajoutant des tuiles pour obtenir des matières premières et des lieux où les entreposer, tout en gagnant des bonus mais surtout en perdant de ses ouvriers qui s’installeront au fur et à mesure. Bien entendues, les places seront limitées donc chaque action devra être pesée avant d’être jouée. Un jeu où la progression est inversée, où plus l’on avance dans le jeu et plus les actions sont limitées. Un concept intéressant qui permet de mettre une pichenette dans la fourmilière de la pose d’ouvrier. Contrepartie de cette idée, c’est assez redondant. Certes on aura toujours pas mal de choix à son tour et il faudra vraiment bien se placer sous peine de ne ramasser que des miettes, mais le sentiment de frustration pourra (selon les joueurs) être encore plus fort qu’à l’accoutumée, puisque plus on avance et moins on peut faire de chose alors que la fin de partie arrive à grands pas. Mais The River reste un très bon jeu, un très bon familial et gateway, un jeu qui entre parfaitement dans les critères actuels de rapidité et de facilité, tout en proposant des jeux originaux. Il est parfaitement calibré, mais à mes yeux, il lui manque un petit quelque chose, un peu moins mécanique peut être, quelque chose que moi-même, j’ai du mal à définir. Car oui il se joue très bien, mais voilà un jeu ne se mesure pas qu’à ça, il se mesure aussi au plaisir, hyper personnel, que l’on prend en jouant. Et sur mes parties de The River, je n’ai pas vibré, j’ai apprécié le jeu pour ses idées, son équilibre, bref l’ensemble de celui-ci, mais je ne me suis pas fondu en lui, j’ai joué, c’est tout. Difficile de vraiment définir ce sentiment, et j’espère que ces lignes seront assez claires.
Pour en revenir au public, vous pourrez y jouer de 2 à 4 joueurs, en famille bien sûr, mais aussi entre amis, même avec des joueurs aguerris, à partir de 8 ans et pour des parties allant de 30 à 45 minutes (voir moins à 2). Je suis en accord avec cette nomenclature. Pour les configurations, à 2 ça reste assez mécanique, à 4, c’est assez vite le bazar et chaque place est hyper chère, du coup, je dirais que ma préférence va à celle à 3 joueurs équilibrée et intéressante. En ce qui concerne le thème, celui-ci ressort assez bien via son matériel et les actions, aucun doute la dessus, mais dans le fond il n’est pas si original, mais il colle bien aux règles du jeu, donc pourquoi s’en plaindre ? Enfin, la durée de vie sera bonne, très bonne même, car il y a du hasard dans la pioche des tuiles, mais il y aura aussi votre façon de jouer qui viendra modifier les parties tout comme vos choix. Pas d’inquiétudes à avoir à ce sujet !
Bateau sur l’eau, la rivière, la rivière
The River est très bon jeu, je ne dirais pas le contraire et il conviendra à la plupart des personnes, surtout pour un public familial ou des personnes qui recherchent un jeu de pose d’ouvriers rapide et simple. Cependant, comme je le disais au-dessus, il ne m’a pas fait vibrer, il lui manqué cette petite étincelle, cet éclat pour entrer parfaitement dans les parties, me sentir happé par le jeu. Mais attention ça n’en fait pas un mauvais jeu, pas du tout, et j’y rejouerai sans souci, mais voilà j’avais envie de préciser mon ressenti tout en soulignant l’excellent travail d’édition et l’originalité de cette mécanique pas inversée mais presque. À découvrir.