Le jeu avait pas mal buzzé lors de sa sortie en VO, nous avons la chance de le voir arriver dans notre contrée en VF cette fois-ci. Mais au fond qu’en est-il vraiment de ce jeu somptueux ? Cette critique est justement là pour répondre à cette question, et déterminer si le fond égale la forme.
Histoire de fouilleurs
Chaque joueur reçoit un jeu de dés à sa couleur, une carte Ruine et 2 cartes Prospection. Au centre, on place 5 cartes ruines (4 à 2 joueurs), et en dessous autant de cartes Merveilles Renommées + 2 qu’il y a de joueurs, accompagnés des Merveilles Mineures et Majeures. Au début de chaque tour, vous pouvez jouer une carte ou des cartes Prospection puis vous annoncez sur quelle ruine vous allez lancez un de vos dés pour le placer. Si le dé que vous posez est de valeur 1, 2 ou 3, vous pouvez alors récupérer l’une des Pierres qui s’y trouve. Si la valeur de la carte est égale ou inférieur à la somme des dés posés sur elle, on la résout. Le joueur majoritaire reçoit alors la carte, tandis que les autres piochent une carte Prospection, les Pierres restantes sont remises dans le sac et on repioche une nouvelle carte. Dès qu’un joueur est parvenu à créer un anneau avec ses Pierres, il peut prendre une merveille. Une Majeure si toutes les Pierres sont de la même couleur, une Mineur si elle est de plusieurs couleurs et enfin une Renommée si les conditions demandées par l’une d’entre elles sont remplies. Les Pierres utilisées restent en place et pourront servir pour faire d’autres Merveilles. La partie prend fin lorsque la carte Fin d’âge sort, la partie continuant jusqu’à que toutes les cartes Ruines aient été revendiquées. On procède alors aux décomptes, le joueur avec le plus de points l’emporte.
Board Game Valley
Clairement, si vous avez flashé sur Unearth c’est sûrement pour ses illustrations. Et comme moi, vous vous êtres fait avoir, hein ! Et vous avez bien raison, car elles sont magnifiques, surtout les ruines avec ses cartes au format tarot. Cette 3D isométrique, qui fait irrémédiablement penser à Monument Valley pour les jeux les plus récents, me fait aussi penser à Solstice sur NES et à Ganymère pour une référence dans les jeux de société. Les tuiles quant à elles font penser à Minecraft avec ses pixels apparents. Après au niveau des dés ils sont jolis, classiques, même si le vert et le bleu aurait gagné à être plus démarqué. Le tout tenant dans un thermo efficace, enfin les règles sont bien écrits et les exemples de partie en début est une bonne idée. Le tout bénéficie d’une direction artistique qui attire immédiatement et est véritablement réussie, magnifique, ce qui a fait le succès du jeu, après l’édition en règle générale reste classique, même si celle-ci est de qualité.
Un dé pour chaque situation
Bon, allé, on commence par ce qui fâche : le hasard. Vous commencez à me connaître, celui-ci a tendance à m’agacer, et ici en choisissant avant où poser le dé jeté, ce qui contraint le joueur à se plier au chiffre sorti, et parfois, c’est rageant, surtout avec la contrainte des couleurs pour la construction des monuments. Voilà, si le hasard vous agace, et bien Unearth ne vous réconciliera pas avec lui. Après vous pouvez comme moi vous faire totalement avoir par l’esthétisme du jeu, voir ses défauts et que ces derniers ne vous dérangent pas, car vous trouvez Unearth sympathique malgré tout. Mais il souffre aussi de parties trop courtes par rapport au système de construction de monuments, et c’est assez frustrant de ne jamais obtenir ce que l’on voudrait (surtout à cause des dés !). Mais voilà Unearth est un jeu sympa, il est simple, les tours sont courts, il y a de la tension et quelques choix. De plus, le système d’anneaux pour construire des monuments est bien trouvé et apporte un peu de profondeur, à un jeu très opportuniste et qui se joue aux dés. Les pouvoirs sont intéressants et l’ensemble s’équilibre bien, même si la courbe d’apprentissage est quasiment plate. Vous pourrez y jouer de 2 à 4 joueurs, mais j’ai une préférence pour les parties à 2 et 3 joueurs, celle a 4 étant plus chaotique et prévoir une stratégie est impossible, tout en rallongeant les parties qui peuvent aller de 30 à 60 minutes. À partir de 8 ans, ce qui me semble correct car l’ensemble est simple à prendre en main. La durée de vie sera assez courte, sauf si vous accrochez vraiment au jeu, là encore à cause de la courbe d’apprentissage. Enfin, le thème est bien rendu par ses graphismes.
Après quelques parties nous nous sommes amusés à changer un peu les règles pour voir. Au lieu de choisir avant de lancer ses dés, la carte sur laquelle on posera notre jet, celui-ci est décidé après. Certes ça change l’ADN du jeu, mais ça le rend plus tactique et moins hasardeux. Surtout à 2, où il est en plus possible de jouer avec toutes les cartes Ruine pour rallonger les parties. Le bonus de points pour avoir construit 3 monuments, pouvant dans ce cas être transformé et donné à celui qui en a construit le plus. De même que vous pouvez décider de jouer les cartes Prospection à tout moment, et non plus au début du tour.
Le délit de belle gueule
C’est ce que ma femme m’a dit alors que nous discutions du jeu « Oui mais avec Unearth, tu fais un délit de belle gueule. » J’ai réfléchi, et elle avait raison, je me suis fait avoir par ses beaux atours. Mais voilà à mes yeux il reste sympathique, et cela même si je vois clairement ces défauts que j’ai énoncé au-dessus, car il est simple, amusant et propose une construction bien huilée, un gateway accessible et original, qui pourra je suis certain, plaire à des joueurs qui découvrent ces univers géométriques et aux graphismes originaux.