Critique de Yangtze

[Yangtze]

La chine féodale, un jeu de Knizia, voilà de quoi éveiller pas mal de curiosité d’entrée de jeu. Si vous avez l’âme d’un négociateur avisé dans la l’achat et la vente de denrées, Yangtze saura se mettre en adéquation avec ces atouts commerciaux. Regardons à travers une pièce trouée la valeur de ce jeu.

Au fil de l’eau

Le but est on ne peut plus simple pour des marchands : être le plus riche possible à la fin de la partie. Chaque joueur va donc débuter le jeu avec un pécule de base, qu’il va dissimuler derrière son paravent. Tandis qu’au centre du plateau on va disposer des jetons de denrées qui seront départagés grâce à leur nature ou leur couleur. Il existe deux types de jetons, des clairs et des plus foncés, l’un proposant des objets qui valent plus de pièces que l’autre. À votre tour vous pourrez acheter un jeton sur la rivière, dont le prix ira decrescendo selon sa position sur la piste ou bien vendre vos jetons. En sachant que plus vous en avez de même nature et plus vous gagnez d’argent. Vous aurez aussi à votre disposition des cartes à jouer à tout moment, mais une seule fois, pour bénéficier de petits coups de pouce. Une fois votre tour terminé il ne vous reste plus qu’à tirer un jeton du sac. Si c’est une denrée, elle rejoint la rivière tout en bas. Si c’est un comptoir, des enchères ouvertes ont alors lieu entre les joueurs, en sachant que des séries de comptoirs rapporteront pas mal de points en fin de partie. Enfin si c’est un empereur, on applique son effet puis l’on retire un jeton. Dès que 12 empereurs sont sortis, on finit le tour et la partie prend fin. On passe aux décomptes, le joueur avec le plus de richesse remporte la partie.

Un jeu qui te file les j’tons

Des jetons il en a dans le jeu, tous rassemblés dans un sac en tissu pour les denrées, les constructions et les empereurs, tandis que les pièces resteront à côté du plateau. Vous trouverez aussi des paravents bien épais, des cartes, des plateaux personnels, et un grand plateau où poser les jetons. Graphiquement c’est pas très joli, mais ça fait le travail, sans être fan du design, je trouve que ça colle au jeu même si ça reste assez Allemand dans le style. Il n’y a pas de défauts d’édition au niveau des pièces ou des icônes, donc non Yangtze propose un travail correct et parfaitement jouable.

C’est l’empereur qui a toujours le dernier mot

Les jetons défilent tandis que vous réfléchissez encore quelles denrées prendre ou bien s’il faut vendre avant d’être banqueroute. Rassembler les bons jetons ne sera pas toujours aisé, surtout que les enchères pour les comptoirs viendront ponctuer la partie à maintes reprises, lorsqu’on s’y attend le moins. Et les empereurs ne seront pas les derniers à venir chambouler tout ça. D'ailleurs, mettre les dynasties historiques sur le plateau est une bonne idée, ça n’apporte rien au jeu, mais c’est sympa. Votre pièce trouée va alors faire que ça de monter et de descendre le long de votre piste de richesse. Ça restera tendu de bout en bout et seule la fin de la partie déterminera vraiment un gagnant. D’ailleurs pour ce type de jeu, assez léger dans le fond, on vend, on achète et on fait des enchères, les parties pourront durer un peu trop, surtout avec 3 et 4 joueurs. Car il y a malgré tout un peu de réflexion à chaque tour pour ne pas faire n’importe quoi. Je ne serais d’ailleurs que vous conseillez d’y jouer à 4, ne serai-ce que pour donner un peu de sel aux phases d’enchères. À 2 ça se joue, mais c’est un peu trop mécanique, et les retournements de situations ne seront pas nombreux. Les 8 ans annoncés me semblent un jeu justes pour véritablement profiter du jeu et bien le comprendre. Car l’opportunisme entoure vraiment la mécanique de jeu, prévoir ses coups sur plusieurs tours demandera de l’attention. Surtout que le thème bien que collant aux mécaniques du jeu, et qui assez bien intégré, ne vendra pas forcément du rêve à des enfants.

Au niveau de l’accessibilité, il pourra se jouer en famille, seul le décompte avec les comptoirs pourra sembler un peu obscur pour les joueurs non initiés. D'ailleurs, c’est la partie un peu prise de tête du jeu, car tout le reste tourne sans mal, même si le hasard est énormément présent, compensé malgré tout par les choix des joueurs.

Juste au dessus des remous

Yangtze est un jeu qui tourne bien, il n’y a rien à lui reprocher sur ce point. Par contre, les parties pourront sembler parfois un peu longues pour le style du jeu, rien de bien méchant si vous êtes plongé dedans, mais ça ne colle pas à la perfection avec ce type de jeu qui reste assez léger surtout à cause de son hasard. On ressent bien la patte de Knizia, si vous n’êtes pas fan de ses jeux celui-ci aura surement du mal à vous faire changer d’avis, ça reste assez classique pour le monsieur avec un thème qui sied au jeu, mais qui ne ressort pas vraiment. Par contre si vous aimez les jeux de commerces et d’enchères, penchez-vous sérieusement sur Yangtze car il répond parfaitement à ces critères et trouvera sans mal des adeptes dans cette catégorie.