Qui ne connaît pas ce célèbre film de Steven Spielberg, qui a fait passer les grands requins blancs pour des tueurs sanguinaires alors qu’ils n’avaient rien demandé, heureusement que Bruce du dessin animé Nemo est passé par là entre-temps. Comment ça, je m’égare ? Bref dans Les dents de la mer, vous allez jouer le requin et ceux qui le combattent et ça, c’est déjà un bon début !
Tin daaaaa, tin daaaa, tintintin …. (oui c’est la musique du film, pfff)
Dans Les dents de la mer, 1 joueur va incarner le requin et le ou les autres incarneront les humains, dans un jeu semi-coopératif asymétrique. Avouez que dès le départ ça intrigue pas mal, non ? En plus, le jeu propose 2 actes vraiment distincts, le rendant encore plus original, ligne que va suivre cette critique en n’étant pas comme celle que je vous propose habituellement.
Pour l’acte 1, vous allez utiliser la phase plage du plateau, ainsi que les 3 tuiles Personnage et celle du requin dédié à cet acte. On va poser les nageurs à proximité avec les balises. Le joueur Requin va prendre avec lui le carnet et la tuile cache, tandis que les autres vont prendre leurs personnages, les pions étant mis comme indiqué sur le plateau. À chaque tour on va tirer une carte du paquet Événement, pour ajouter des nageurs sur les plages indiquées et on appliquer son effet. Puis c’est au tour du Requin qui va alors pouvoir faire 3 actions, plus utiliser s’il le souhaite, une tuile Pouvoir sans révéler son effet aux joueurs. Parmi ces actions, il sera possible d’avancer d’une case ou de dévorer un nageur. Une fois, ses actions faites, il les note sur son carnet et indique aux autres ce qu’il a fait. Puis vient le tour des joueurs, que vous pourrez activer dans l’ordre que vous désirez, il faudra juste aller jusqu’aux 4 actions d’un personnage avant de passer à un autre. Chacun dispose de ses actions qu’il pourra faire plusieurs sauf son pouvoir qu’il ne pourra faire qu’une seule fois. Brody pourra se déplacer d’une case sur terre, sauver 1 baigneur, récupérer 1 baril et utiliser ses jumelles pour repérer le requin (1 fois). Quint pourra se déplacer d’une case sur la mer, sauver 1 baigneur, récupérer des barils et les lancer (1 fois). Enfin Hooper pourra se déplacer de 2 cases sur la mer, sauver 1 baigneur, récupérer des barils et les donner à Quint et utiliser le détecteur de poissons pour définir si le requin est sur la même case que lui ou à côté (1 fois). Une fois, cela fait on recommence. Si le requin arrive à dévorer 9 nageurs, il remporte la partie et pour les autres il faudra parvenir à lui coller 2 balises.
La menace invisible
Ah quelle immersion dans ce jeu de chat et de la souris ! Le joueur Requin va se faire un malin plaisir de perdre les autres sur de fausses pistes. Mais voilà au fil des tours l’étau se resserre sur le requin à cause des balises qui jonchent la mer, mais pour les sauveteurs ce n’est pas forcément mieux, car les baigneurs seront de plus en plus nombreux. Un jeu hyper tendu, au gameplay asymétrique vraiment prenant. Les sauveteurs font se faire des cheveux blancs. J’ai beaucoup aimé l’ambiance qui se crée autour de la table, on sent la tension et entendre les autres élaborer des plans et des théories est jouissif pour le requin. Les deux versants sont vraiment différents mais tout aussi intéressant, en plus le respect du matériel de base, le fameux film est total, un vrai plaisir. Et avec le second acte, on continue d’enfoncer le clou ! Une réussite, un tour de force dont devrait s’inspirer d’autres auteurs et éditeurs, tant le travail fournit ici impose le respect. Sans oublier le petit flyer qui indique que le requin n’est pas si dangereux, mais que l’homme massacre ses pairs par millions, un peu plus appréciable. Vous pourrez y jouer de 2 à 4 joueurs sans que la configuration ne gêne, à partir de 12 ans pour des parties de 60 minutes environ, et avec un public assez large car les règles ne sont pas hyper complexes et les aides de jeu vraiment bien faites. Quant à la durée de vie, elle sera assez bonne, car chaque partie est différente et là encore le fait d’avoir un acte 2 totalement différent et dissociable si on le souhaite, gonfle agréablement cet aspect.
Acte 2
On change de plateau et on pose dessus les 8 tuiles qui composent l’Orca, avec à côté les cartes Équipement (chaque personnage en reçoit 2 à son nom) et Surface, accompagné des jetons et des dés. Chacun reçoit en plus un certain nombre de cartes Équipement de la pile commune selon le nombre de joueurs. Les fiches personnages sont retournées face 2, et chacun pose son pion sur le plateau. Chaque tour est décomposé en plusieurs phases. La première concerne les zones d’apparition où la carte indique 3 endroits où le requin est susceptible de surgir. Ensuite, le requin fait son choix grâce aux jetons, puis le trio se prépare. Chacun peut se déplacer de 1 ou 2 cases, et choisir 1 arme, puis chacun place son jeton Cible sur la case mer de leur choix. Il sera possible de jouer en plus du matériel. Vient ensuite l’apparition du requin, suivi des attaques du trio si les personnages ont bien ciblé la bonne zone, enfin le requin attaque le bateau ou un personnage. Puis on recommence. La partie prend fin si les 3 personnages ont été éliminés, le requin gagne, si l’Orca est détruit, il gagne aussi et si le compteur de points de vie du requin arrive à 0, ce sont les personnages qui gagnent.
Face à face
On retrouve la même tension dans ce second acte qui finalise l’expérience en suivant à la lettre l’intrigue du film, c’est vraiment bien vu et pensé. Ici, on sera dans la confrontation directe avec de la programmation, mais aussi une part de hasard. Il sera donc intéressant de choisir votre acte préféré, surtout que le jeu propose 2 jeux complémentaires mais aussi parfaitement dissociables. On est dans un jeu de survie où chaque camp doit bluffer l’autre, tandis que le guessing viendra saupoudrer tout ça pour parfaire l’ensemble.
Retour au port
Les dents de la mer est vraiment un excellent jeu ! Ce semi-coopératif propose deux expériences très riches et complémentaires pour le plus grand bonheur des joueurs, mais aussi des amoureux du film, car celui-ci est respecté à la lettre. Et l’habillage vraiment réussi vient appuyer le tout en nous faisant voyager dans le passé. Une vraie réussite de bout en bout qui sera dommage de bouder ou de laisser passer, car elle n’a pas forcément fait parler d’elle et c’est une erreur à réparer d’urgence !