Critique d’Exposition Universelle Chicago 1893

[Exposition universelle Chicago 1893]


Les expositions universelles du siècle dernier, et même avant, étaient d’immenses expositions, où les différents pays jouaient de leur créativité et de leur démesure pour montrer aux autres pays leur puissance. Offrant aux spectateurs des bâtiments mirobolants et des attractions scientifiques ou non des plus extraordinaires. Une représentation mirifique de ce que pouvait produire les humains lorsqu’ils travaillaient ensemble. Et ce jeu représente bien l’ambiance et la démesure de ces évènements. Plongeons ensemble au cœur de l’histoire.


La grande roue


Votre but sera d’obtenir le plus de points à la fin des 3 manches qui composent une partie. Chaque joueur va recevoir des cubes à sa couleur, et en placer 1 sur chaque bâtiment, de plus selon sa position de départ, il déposera en plus des cubes sur certains bâtiments. On place ensuite en dessous de chaque bâtiment, 2 cartes. Elles peuvent être de trois natures différentes. Le ticket, qui rapporte 1 point par carte en fin de manche et fera avancer d’une case, le pion cabine, qui lorsqu’il a fait un tour complet marque la fin de la manche. Les expositions, qui sont reliés aux bâtiments et rapportent des points. Pour les valider en fin de manche, vous devrez être majoritaire ou au moins arriver second sur le bâtiment de même couleur. Et enfin les personnages qui vous octroient des pouvoirs de pose de cubes, à jouer au tour qui suit la récupération des cartes ou à défausser. En sachant qu’il est interdit de les conserver. A son tour de jeu le joueur actif, pose un cube sur un bâtiment et récupère toutes les cartes qui se trouvent en dessous (de une à trois ou quatre cartes selon les couleurs). Il avance la cabine s’il a pioché des tickets puis il tire 3 cartes qu’il va répartir sur les bâtiments en sens horaire, en commençant par celui où il a récupéré ses cartes. S’il n’y a plus de place, il passe à l’emplacement qui suit. Puis c’est au tour du joueur suivant. La manche prend fin lorsque la cabine a fait un tour complet de la roue, on compte alors ses tickets, celui qui est majoritaire gagne 2 points en plus, puis l’on procède aux majorités sur les bâtiments afin de valider ses expositions. Chaque joueur récupère la moitié de ses cubes, arrondi à l’inférieur. Selon le nombre de joueurs, on pourra gagner un nombre variable de points et valider un certain nombre d’expositions de cette couleur. Au bout des 3 manches, on compte ses points et le joueur qui en possède le plus remporte la partie.


Couleurs et rétro


Dans un style rétro maîtrisé et habillant à merveilles le jeu, Exposition Universelle nous propose un matériel fort sympathique. Avec une grande roue qui servira de plateau, des tuiles qui s’enfichent tout autour, un très joli pion pour la cabine et de très nombreux jetons. Quant aux cartes leur design est réussi, clair et pas trop chargé. Mention spéciale aux textes de ces dernières qui nous présentent les différents centres d’intérêt de l’exposition, nous plongeant ainsi directement dans l’ambiance, tout en ajoutant une touche historique optionnelle mais très intéressante et très bien documentée. Un excellent point que je voulais vraiment souligner, tant il apporte un véritable plus au jeu. Bravo à l’auteur qui a fait de l’excellent travail à ce niveau et à l’éditeur qui a su le mettre en valeur !


Le vertige du tour de roue et des bâtiments en dessous


Les choix seront rudes dans le jeu, et les majorités bien que très importantes, pourront vite devenir des fardeaux, vous bloquant de précieux cubes sur des couleurs dont vous n’avez plus besoin. Fort heureusement, les personnages seront là pour vous aider, mais aussi pour mettre des bâtons dans les roues des autres joueurs. Sans apporter directement de points, ils sont primordiaux pour prendre l’avantage. Enfin, les expositions qui seront le cœur du jeu, ne seront pas toujours faciles à monter, car les places sont chères et l’obtention d’une majorité n’est jamais chose aisée. Fort heureusement, la récupération de la moitié des cubes à la fin de chaque manche remettra un peu les pendules à l’heure. Il y a du choix dans Exposition Universelle, beaucoup de choix même, mais le joueur n’est jamais perdu ou lésé. Il y a toujours quelque chose à faire, et la programmation sur plusieurs tours est primordiale. Nous sommes face à un jeu tendu, où chaque action compte, car une fin de manche peut arriver très vite. Tout reste parfaitement lisible puisque toutes les cartes prisent par les joueurs restent face visible, du coup vous n’aurez aucun mal à malmener les autres, et les interactions sont très fortes. Encore faut-il avoir envie de perdre un tour pour empêcher un autre joueur d’avancer, peut-être en avantageant les autres du coup. Une excellente expérience de jeu qui m’a vraiment plu, et aux joueurs qui ont joué avec moi également. C’est très fluide et ça se joue tout seul, surtout que l’attente entre les tours n’est pas trop importante.


Vous pourrez y jouer de 2 à 4 joueurs, en sachant qu’à 2 il est tout aussi plaisant, même si les retournements de situation sont moins nombreux, et qu’à 4, il sera plus difficile de prévoir ses coups et surtout de parvenir à obtenir ce que l’on souhaite. Au niveau de la durée d’une partie les 40 minutes indiquées sont un peu dépassés à 4, comptez plus 1 heure. Enfin, les 10 ans annoncés sont justes, même si le jeu reste très accessible. Une fois les premiers tours effectués tout va assez vite et les joueurs ne sont pas perdus. Le hasard de la pioche renouvèle bien les parties, qui seront toujours tendues. Un très bon gateway, où l’édition fut bien réfléchie pour rendre l’expérience très agréable et immersive. Surtout que le thème ressort très bien, en apportant de très intéressantes informations, on sent le travail d’auteur derrière, appuyés par du beau matériel de qualité.


Une exposition vraiment universelle


Exposition Universelle est un excellent jeu. Rapide, tendu, prenant, mais aussi un peu fourbe, il reste facile d’accès et cumule les qualités, tout en proposant une expérience immersive où l’histoire de l’exposition est vraiment au centre du jeu, tout en n’étant pas invasive. Un vrai plaisir ! Un très bon jeu que je vous recommande chaudement !

5 « J'aime »

On a beaucoup aimé ce jeu nous aussi.
Par contre, on a trouvé, au contraire, que le thème du jeu était vraiment accessoire.
L’ajout des textes et la véracité des expositions est sympa, mais au final, durant le jeu, ça reste calculatoire comme un Splendor ou Century (qu’on adore).

Ah lala… j’aimerais vraiment dire que du bien de ce joli joli, mais je dois être honnête : je l’ai trouvé beaucoup trop chaotique. Je me permets de reprendre ce que j’avais déjà écrit ailleurs :

  • Pour scorer, il faut être présent majoritairement (ou au moins être second et ce au bon moment) dans un palais dont vous possédez les cartes de la même couleur. Seulement voilà : tout d’abord, le système de distribution des cartes, totalement aléatoire, peut vous être favorable… ou pas du tout. Je me souviens d’une partie à 4 joueurs dans laquelle j’ai eu tellement peu de choix à pratiquement chacun de mes tours que mes adversaires en ont rigolé presque gênés. Il me fallait du jaune et du vert parce que j’étais bien dans les tuiles palais correspondantes ? Et bien il en sortait pas une, il y en avait pas sur le plateau et je devais prendre autre chose avec souvent une ou deux cartes midway, histoire de hâter un décompte pour lequel j’étais pas prêt… vous voyez, des enchaînements pénibles qui finissent par lasser. Dans une autre partie, j’ai finalement joué un peu au hasard, j’ai pas gagné mais je m’en suis mieux sorti qu’un autre joueur qui essayait d’optimiser ses choix… en pure perte.

  • Ensuite, les (jolies) cartes personnages sont très utiles, mais peuvent amener tellement de changements avant que votre tour revienne qu’il est quasi impossible de préparer quoi que ce soit. Les situations sur le plateau sont trop facilement fluctuantes et le jeu revient finalement à essayer de provoquer un décompte au bon moment avant que tout bouge.

Le système de la roue et des cartes Midway est bien pensé par contre : Ces cartes peuvent rapporter des points, mais accélèrent l’arrivée du prochain décompte, ce qui rend les choix des cartes vraiment tendus.

Bref, de cette exposition à Chicago en 1893, j’en suis un peu revenu. Je trouve le jeu amusant, bien illustré, et pas difficile à prendre en main, je serais prêt à la limite à oublier le coté aléatoire trop impactant selon moi, mais avec le chaos qui vient en plus s’y greffer… nous ne sommes pas dans un jeu d’aventure, donc ça passe moins pour moi. Alors y rejouer, ok, (par exemple pour chaque 1ier mai, date d’anniversaire du début de l’exposition) mais ce sera vraiment pour faire plaisir alors…

2 « J'aime »

Alors justement j’y ai rejoué ce matin, à 4. Et l’un des joueurs à trouvé qu’il était difficile de prévoir d’un tour à l’autre, ce qui est plutôt vrai (dans cette config), mais par contre je trouve qu’il y a toujours quelque chose à faire. Les perso sont puissants, mais il y a assez de cartes pour ne pas trop en avoir, à moins que personne ne les ai prit pendant plusieurs tours.
Après ça reste hasardeux, mais très sympa, d’ailleurs c’est pour ça que je le présente comme un bon gateway, pour des joueurs encore non confirmés pour qui le hasard gène souvent moins.

Heu…par joli joli, je voulais dire joli jeu… mince, je croyais qu’on pouvait éditer…