Martin Parr, ou comment être le meilleur photographe du monde en faisant
des photos de famille avec un jetable !
Si mes souvenirs sont bons, j’en étais arrivé à décrire M. Phal, semi-hilare, je vous le rappelle, et à m’engager dans l’enregistrement de la première vidéo. J’estimais qu’il s’agissait de la plus importante des quatre ou cinq vidéos que nous avons enregistrées ce jour-là… mais du coup, j’aurais vraiment dû demander à la réaliser en dernier. Petit scarabée aux ailes naissantes que j’étais, je n’avais aucune idée de la pression à laquelle j’allais être confronté.
Là où j’ai failli, à deux doigts de la syncope, c’est quand j’ai essayé de mieux faire, plutôt que de juste bien faire. Comme je l’ai écrit précédemment, j’ai essayé de ne pas me reposer sur mes connaissances de la langue japonaise pour les traductions des noms des cartes, ou de leurs effets. J’avais donc, posées devant moi, la règle japonaise, celle que je connaissais le mieux, et la traduction de Sathimon, que j’avais découverte la veille. Alors que la vidéo s’apprêtait à commencer, mes yeux, comme pris d’une folie tourbillonnante, passaient de l’une à l’autre, essayant de rendre tout cela cohérent.
Trump cards, d’un côté, cartes de triomphe de l’autre, tel personnage ainsi appelé d’un côté, renommé ainsi de l’autre. Et je pense que la vidéo parvient assez bien à retranscrire la difficulté que j’ai eue à essayer de mieux faire. Le mieux, l’ennemi du bien, cette expression semblait trotter dans ma tête en permanence, passant d’une partie à l’autre de mon cerveau sans que mon sang-froid ne parvienne à aucun moment à la rattraper pour l’expurger. C’est en partie pour cette raison qu’à mon grand regret, j’ai commis une erreur de règle assez importante… et je m’en veux terriblement.
Lesson learned, comme diraient les Anglophones qui m’entourent, auréolés de leurs années d’expérience à enseigner. Le Docteur a été très sérieux et m’écoutait dans cette vidéo, ce qui m’a aidé à reprendre pied à partir de la moitié de la vidéo. Mais pour parler vrai, ce n’est qu’à partir de la seconde que tout a commencé à marcher comme sur des roulettes (à patiner, en somme… oui mais non, parce que patiner, ça veut dire le contraire, c’est comme ramer mais sans les efforts physiques, c’est fou comme le français peut créer des paradoxes étonnants. Et puis, qui marche à roulettes ? Non, mais sérieusement. Pourquoi pas glisser comme dans la boue, ou encore, surfer comme sur une mer de béton !).
Bref… Patronize, un jeu que j’aime beaucoup, aura perdu un peu de sa splendeur en raison de cette erreur de règle. Takako s’en est rendue compte assez rapidement mais n’a pas osé m’interrompre. Elle restait très silencieuse dans son coin, à se demander quoi dire et, souvent, comment le dire. Et pendant ce temps-là, Florian en profitait pour prendre une longueur d’avance, quand bien même cette longueur était en réalité faussée. J’espère malgré tout avoir donné bonne impression lors de cette première vidéo. Je comprends désormais pourquoi certains commentaires critiques sur les vidéos peuvent paraître déplacés pour ceux qui présentent des jeux en vidéo, surtout sur leur temps libre… parce que oui, être devant les caméras, c’est loin d’être facile.
Plusieurs raisons à cela. Il faut savoir être concis, clair mais suffisamment intéressant pour capter l’attention du spectateur, savoir esquiver les blagounettes cendrées du Mops, être capable de remplir l’espace face à cette grande table blanche (fracture de l’œil gauche) où se traînent à peine quelques cartes et surtout, être conscient d’une réalité souvent oubliée : il n’y a pas de montage. Pas question de rater la vidéo. Tout se fait en une prise, et puis c’est tout.
Ce jour-là, j’ai aussi décidé, après le semi échec de la vidéo de Patronize, de ne pas réaliser de vidéo sur The Age of Assassins. Le jeu me paraissait trop alambiqué, et ses règles trop complexes à expliquer sans pédaler dans la choucroute orléanaise, d’autant plus que les cartes et leurs effets n’étaient pas traduits. J’ai préféré me reposer sur des jeux plus simples à appréhender : Candy Chaser (là aussi, petite erreur de règle, mais qui, je pense, n’a pas influé réellement le cours du jeu ou sa conclusion en tout cas), La Couronne de Lombardie et Lost Legacy (bien moins intéressant que Love Letter, disons-le, même si son côté collection de sets de cartes me plaît, à mon grand regret).
La dernière vidéo, sur la situation du jeu de société au Japon, a été la plus facile à réaliser. Et oui, c’est une réalité que je vis au quotidien et même si un peu de distance par rapport à ces réalités peut parfois apporter du bon, au final, je pense avoir évité les poncifs. Bon, en même temps, il ne faut pas se mentir, la vie, c’est aussi tout un ramassis de poncifs, quoiqu’en disent les chanteurs des années 80 (what?).
Oh, mais j’oubliais. Comment ai-je pu ! Comment puis-je ne pas vous conter le passage au Tex-Mex, ce lieu désormais inséparable de la vie à Tric Trac ? On est arrivés vers 9h30 le matin, à la bourre mais les gars de Tric Trac, naturellement sympas, ne nous ont pas fait de remarque sur ce retard. Après un café bien serré, quelques minutes de plics plocs séchés, et une grande discussion qui partait dans toutes les directions avec Mops, nous avons enregistré une seule vidéo le matin. Du coup, vers midi quelque chose, il était grand temps d’aller déjeuner.
Le Tex-Mex est un lieu de restauration comme on en voit des centaines en France mais l’arrivée de la troupe TT apporte une nouvelle ambiance aux déjeuners de travail de la plupart des clients présents. A gauche, à droite, ça parle collègues, boulot en trop, salaire en moins et l’éternelle grande injustice de la vie française (ça fait des décennies que l’INA nous en parle, comme si les Français, dans leur grande tendance avouée au changement ne faisait en fait que radoter (c’est pour le style, alors, ne me tapez pas en lisant ces quelques mots. Et puis, ici, on a Fukush’, alors arrêtez de vous plaindre !).
Tex-Mex, donc, où tout le monde sait déjà quoi prendre sauf Takako et moi. On a tenté le burger, moi bacon, Takako, aussi (ah, cet effet de surprise) ! Face à Phal, à deux pas du Mops, les discussions vont bon train et comme je suis naturellement lent pour manger, j’en étais pas à ma première gorgée de Cola que la moitié de l’équipe avait déjà terminé… En même temps, je me suis retrouvé en pleine AP pour comprendre comment manger le burger proprement.
Aussi bête que cela puisse résonner à l’écrit, j’ai galéré, mais quelque chose de bien, pour comprendre comment intégrer tous les ingrédients au burger sans avoir peur de me déchirer les coins de la bouche en le mangeant ensuite. Merci à M. Phal pour le repas !, d’ailleurs. La suite de l’après-midi est passée très vite. Nous devions enregistrer les dernières vidéos avant de libérer Node vers 16h30.
Le live, les caméras, les lumières, le micro, tout me semblait désormais plus facile. C’est fou comme on s’habitue vite à ce genre de situations. Le 20h, c’est pour demain, je vous dis !
La suite, c’est pour bientôt !
Izobretenik