[Clans of Caledonia][Noria][Peak Oil][Projet Gaia][Rajas of the Ganges]
Et voilà, Essen 2017 est terminé ! 182 000 visiteurs sur plus de 70 000 m2 de jeux de société. Bientôt les regards des joueurs se tourneront à la fois sur les futures annonces de localisations (de nombreux éditeurs nous ont dit attendre des réponses suite aux rendez-vous pendant ces Internationales Spieltage) tout autant que sur les futures nouveautés… la roue du temps tourne comme le calendrier des éditeurs…
Prenons malgré tout un petit moment pour partager, suite à notre débriefing en TTTV, les boites qui, en français ou non, ont semblé titiller les joueurs sur place, nous y compris. Il y a forcément du subjectif dans ces choix mais, premier intérêt, le forum (ça se passe ici pour lire d'autres retours) et éventuellement les commentaires sont là pour discuter et compléter tout cela. Deuxième intérêt, nous verrons dans un an, quels sont les jeux qui passeront cette épreuve du temps et qui, à l'approche d'Essen l'année prochaine, seront encore dans le coeur des joueurs.
► Du débrief à l'improvisade au retour d'Essen
De façon presque arbitraire et parce qu'après tout, c'est Essen, nous avons fait deux listes : Les "à priori jeux de gestion plutôt à l'allemande" et "les jeux qui titillent pour une raison ou pour une autre". Et là... et bien ce sont plutôt des gros jeux de gestions :
Les à priori jeux de gestions semblant "à l'allemande" pour montrer qu'on a un gros cerveau
Clans of Caledonia chez Karma Games n'est pas sans rappeler, à toute première vue, Terra Mystica. Que ce soit la carte aux hexagones traversée de rivières ou les différents plateaux de clans, sans compter le bonus de voisinage. Pourtant, les 8 familles d'éléments sur votre plateau à déployer sur un plateau configurable et les 9 ressources différentes conduisent finalement à un jeu qui semble être tout autant de placement pour se développer et produire qu'à un jeu de gestion pour remplir les contrats d'exportations, le tout intriqué pour se faire des noeuds au cerveau.
Altiplano a des airs d'Orléans... et c'est bien normal puisqu'on retrouve Reiner Stockhausen au commande de ce nouveau "bag-building" assymétrique. Ceci étant, le lama n'est pas là que pour faire exotique et remplacer les moines d'Orléans en leur crachant à la figure ! Non, les mécanismes et la "personnalité" particulière du jeu parle en sa faveur. Matagot avait fait Orléans en français... seront-ils sur la piste des animaux laineux de la cordillère des Andes ?
Noria intrigue à la simple vue de son composant assez unique permettant de gérer votre potentiel d'action : Un ensemble de roues superposées et percées. Dans ces trous viendront se ficher vos disques d'actions : le "wheel building" ! Bigre, ça va tourner, comme les roues du "Dix de chute", différemment de Tzolkin... et ça a l'air de bien tourner. Et sa jeune auteure, Sophia Wagner, qui a remporté la bourse Fellowship Spiel des Jahres a fait tourner Klemens Franz et Michael Menzel aux illustrations dans son univers steampunk.
Gaia Project, c'est du bon gros, du lourd... et lui, la filiation avec Terra Mystica est clairement revendiquée. D'un part les auteurs, Ostertag et Drögemullër, en sont les mêmes. D'autre part, la façon d'y jouer se retrouve, mais dans un univers science-fiction : Nous y retrouvons les gros plateaux qui révèlent les ressources récupérées suite à vos constructions, les constructions adjacentes, les 4 pistes et le "pouvoir" évoluant d'un bol à l'autre... sans oublier la "terraformation" des planètes voisines à sa convenance pour pouvoir s'y développer. Chaque faction a ses points forts et six compétences peuvent être améliorées aboutissant à des avancées technologiques et des bonus spéciaux. L'expérience et les retours sur Terra Mystica doivent se sentir, mais est-il suffisamment différent ? Les joueurs qui feront le saut intersidéral trancheront.
Plan B a racheté Eggertspiele et c'est Eggertspiele qui proposait Heaven & Ale à Essen. Un jeu où le spirituel côtoie les spiritueux puisque vous devrez être au brassin tout autant qu'au jardin. Gestion de plateau aux hexagones de deux couleurs différentes où vous devrez équilibrer les jardins du monastères, entre récoltes et améliorations, sans oublier le tempo à bien ressentir pour que vos barils de bière se remplissent... et remplissent le porte-monnaie du monastère ! Si les illustrations font très jeux "à l'allemande à l'ancienne", il y a tout de même du Kiesling en co-auteur dans ce jeu.
Là, si ça fait pas causer... du jeu de gestion de monsieur "Scythe" mais avec du legacy dedans. Charterstone : Une boite remplie de cartes plus épaisses que d'habitude, non pas pour des raisons de qualité mais simplement parce qu'elles sont aussi des autocollants à apposer sur le plateau. Et d'autres boîtes à ouvrir au grès de vos parties... et 12 parties pour faire une campagne qui ne s'arrête pas là puisqu'à la fin, vous avez un plateau et un jeu de gestion bien à vous dont les parties peuvent être refaite, encore et encore. Il sera disponible en français chez Matagot à partir de décembre mais nous en avons ramené une boite pour en faire quelques parties devant la TTTV... allez, en dirigeable !
Lancelot est de Mario Papini... De Vulgari Eloquentia, c'est lui... alors entre cette filiation et un éditeur étonnant pour ce style de jeu : Wizkids, il y avait de quoi vouloir en savoir plus. À vous d'envoyer vos chevaliers autour de Camelot, de récupérer les bons équipements et vous placez sur les quêtes (Graal, Excalibur et autres adversaires arthuriens), à vous d'obtenir le plus de vertus chevaleresques possibles sans oublier une bonne place à la Table Ronde. Pourra-t-on se raconter autant d'histoires en même temps que d'intenses moments de réflexion comme son prédécesseur ? Merlin pourrait vous le dire...
Raja of the Ganges permet de continuer sur la lancée des jeux dont les noms d'auteurs inspirent. Ici, il s'agit du coupleBrand (Descendance et Exit) et c'est chez Huch & friends. On y retrouve tous les sempiternels ingrédients à la mode : plateau personnel à développer au moyen de tuiles, des dés de couleurs différentes à lancer, des ouvriers à placer à différents endroits pour différentes actions, une rivière à descendre pour différents bonus... voilà, voilà... pourtant, une particularité retient l'attention : le gagnant est celui qui réussit à rapprocher les deux marqueurs différents qui évoluent en sens contraire : la fortune et la renommée. Il faudra donc équilibrer correctement tout ça pour vraiment gagner... et ça parait pouvoir changer complètement la donne du jeu, dans un univers plutôt dépaysant.
Agra fait partie de ces gros jeux, de ceux qui prennent de la place sur la table... tellement que le plateau impérial se doit d'être penché pour être visible de tous autour du plateau central énorme. En même temps, pouvait-on attendre autre chose de l'auteur de la Granja Michael Keller ? C'est du Quined Gamesédition luxueuse, et de quatre ressources de base, vous tirerez huit produits manufacturés, eux-même pouvant amener quatre marchandises de luxe. Pour ça, vos fermiers ne seront pas de trop, ni vos ouvriers pour construire des beaux bâtiments... sans oublier le commerce, la méditation et les voyages sur la rivière et ses notables qui vous attendent sur le ponton ! Vous voulez montrer que vous avez un plus gros cerveau que vos amis joueurs habituels ?
Et allez, un Kiesling de plus... Bigre, si ce n'est pas de la productivité ça... Ici, nous voici chez Lookout et au bord du Mississippi. Et de votre terre, à la sueur de vos travailleurs et leurs surveillants (à placer judicieusement sur votre plateau individuel suivant un code couleur) il faudra récolter navet, mais, pomme de terre, citrouille et du blé sous forme de mono, double ou triple tuiles hexagonales (qui rejoindront ainsi vos champs labourés) afin d'en charger les bateaux à aubes. Si vous avez envoyé quelques représentants à la Nouvelle-Orléans, vous pourriez profiter d'opportunités avant vos adversaires ! Tout ça pour obtenir plus de points de victoire que les autres, bien sûr !
Peak Oil, en plus d'une patte graphique marquée et attirante, attire également par le cynisme de son propos. Parler (et jouer) de la transition énergétique des énergies fossiles aux énergies vertes, c'est bien... mais ça coûte !... et ce n'est pas forcément ce qui vous rapportera les "sous" de la victoire... du coup, c'est bien gentil les énergies vertes, mais à quoi serez-vous prêt pour gagner ?... ou pas ! Est-ce qu'il y aura un éditeur français pour aller voir du côté de 2 Tomatoes ?
Dinosaur Island : Pandasaurus a fait parler de ce jeu, et pas uniquement par son pitch : Construire son parc de dinosaure à la "Jurassic Park". Un temps de partie conséquent (au moins sur les premières) semble trancher avec des illustrations plus funkies (ah, Kwanchai Moriya). Enfin, les plateaux annexes aux multiples échelles confirment que les auteurs ont "dépensé sans compter" pour ce "Park"
The Sanctuary : Endangered Species semble être un classique jeu de pose d'ouvriers où l'énigmatique et jolie couverture n'est finalement pas en totale adéquation avec le contenu. Ce qui explique sa présence ici est une façon plutôt original de traiter cette pose d'ouvrier : Les actions disponibles à vos infatigables travailleurs de bois sont les actions qu'ils peuvent "voir". Une utilisation de la "ligne de vue" plutôt propre aux jeux d'escarmouches et de figurines qui intrigue.
Terminons cette première liste avec Wendake qui demande une régularité sur les scores des 4 pistes du jeu (Masques, Militaires, Économie et Rituels assemblées deux à deux), puisque seul le score le plus faible sera pertinent pour déterminer le vainqueur. Mais ce n'est pas encore là l'ultime particularité du jeu : Vos trois actions seront choisies sur un plateau de 3 x 3 tuiles en formant un alignement au moyen de vos trois pions. Contraintes fortes et décisions de tous les instants au programme. Et entre chaque manche, vos tuiles d'actions évolueront, s'amélioreront... pour se concrétiser sur le plateau central, générant quelques conflits avec les tribus adverses... À surveiller chez Placentia Games (Bretagne et Florenza)