La très longue marche….
Roberto s'est prêté au jeu du carnet d'auteur, il nous raconte l'histoire de Princess Jing, son nouveau jeu chez Matagot. Retrouvez-le sur notre stand à Cannes ou en boutique spécialisée dès le 23 février !
Janvier 1997, je suis en train de regarder le clip vidéo de « Do you remember the time » à la TV. Dans ce clip, Michael Jackson, magicien flamboyant à la cour de Pharaon, séduit son épouse (la Reine) par son déhanché incroyable. Le souverain s’en rend compte et ordonne à ses gardes d’éliminer Michael le magicien. Une course poursuite commence alors, et Michael tente d’échapper aux gardes de Pharaon en se cachant derrière les colonnes de la salle du trône.
A cet instant un déclic se produit et j’ai l’idée de créer un jeu où 2 princesses doivent s’échapper d’un temple en se cachant derrière les colonnes. Au début je voulais déplacer un pion princesse de colonne en colonne, mais très vite je me suis rendu compte que la solution était que princesses soient dessinées au dos des colonnes, et que ce soient ces colonnes que l’on déplacerait. Comme j’avais déjà réalisé plusieurs jeux utilisant des miroirs, l’idée des colonnes miroirs est venue très rapidement.
AKHENATON était né !
Le jeu a très vite fonctionné et c’est imposé comme un jeu de bluff simple pour 2 joueurs, rapide et fait de coup d’oeils discrets. Mes maquettes du jeu avec les belles colonnes du temple d’AKHENATON en 3D ont tout de suite remporté un grand succès sur tous les festivals où je le montrais. J’était certain de trouver un éditeur très rapidement (à cette époque je n’avais encore publié aucun jeu !).
Octobre 1997, au salon d’Essen, je présente AKHENATON à HASBRO. Ils sont emballés et pensent en faire une version Star Wars, car le système de jeu correspond très bien à la scène de l’évasion du palais de Naboo dans LA MENACE FANTÔME.
Du coup, le prototype est présenté par HASBRO aux studios LUCAS FILMS qui refusent le projet sous prétexte que le jeu est visuellement trop proche du STRATEGO Star Wars à paraître prochainement. J’ai failli appeler mon idole, Georges Lucas, pour tenter de le convaincre… mais je ne l’ai pas fait. J’aurai dû en fait ! ;o)
Et vous, pensez-vous que c’était ressemblant ?
Première grande déception…
Mai 1999, AKHENATON est primé au concours de créateurs organisé par l’HIPPODICE SPIELECLUB (l’équivalent Allemand du concours de créateurs de Boulogne-Billancourt).
Le moral remonte…
Mai 2000, AKHENATON remporte le GOBELET D’OR JUNIOR au Concours de créateurs de jeux de Boulogne-Billancourt. Pour la petite histoire, j’avais gagné le GOBELET d’OR en 1998 avec GNAMA GNAMA (qui deviendra plus tard MARE POLARE publié chez Selecta et nominé au Kinderspiele en 2004), en 1999 je ne remporte aucun prix, mais Bruno FAIDUTTI en remporte deux (GOBELET D’OR et GOBELET D’ARGENT) et c’est la première fois de toute l’histoire du concours qu’un auteur fait le doublé.
Je suis présent à la remise des prix et en félicitant Bruno je lui dis en plaisantant « Maintenant tu m’obliges à gagner trois prix l’année prochaine ! ».
Et en 2000, l’incroyable ce produit, je remporte trois prix, le GOBELET D’OR pour LES DRAGONS DU MEKONG qui deviendra plus tard RIVER DRAGONS publié par MATAGOT, le DÉ D’OR pour MOAÏ, un magnifique jeu de stratégie à deux, co-crée avec mon ami Odet L’HOMER et qui sera publié par Twilight Creations sous le nom de EASTER ISLAND.
Et enfin je remporte le GOBELET D’OR JUNIOR pour AKHENATON.
J’étais donc à cette époque sur un immense petit nuage, et je n’imaginais pas toutes les déceptions que j’allais avoir en tentant de faire publier AKHENATON.
Le jeu continue d’être joué non stop sur les festivals, mais petit à petit les personnes que je revois d’une année sur l’autre (et qui me demandent toujours où l’acheter) commencent à se demander pourquoi je en suis pas capable de trouver un éditeur pour ce jeu. Il y a vraiment un contraste énorme entre le succès remporté auprès du public, les récompenses obtenues et les échecs successifs auprès des éditeurs.
Mais je suis têtu et persévérant comme un bon hispano-breton, et je continue à montrer le jeu à tous les éditeurs année après année, comme Ravensburger, amigo, Gigamic, Asmodee, Djeco, Haba, Kosmos, etc…
La réponse qui revenait très souvent était le fait que le jeu soit cher (avec ces colonnes en 3d) pour un jeu à deux.
En 2004, je montre le jeu à JUMBO en version PAPYRUS (inspiré de la BD PAPYRUS), mais l’éditeur trouve que la tranche d’âge de la BD n’est pas la même que celle du jeu…
En 2005, je présente AKHENATON à MATTEL avec une version BARBIE, où Barbie doit rejoindre KEN qui l’attend à la sortie du temple rose… oui, j’ai osé !
En 2006, je présente à nouveau le jeu à MATTEL thématisé HARRY POTTER ET LA CHAMBRE DES SECRETS où Harry doit traverser la crypte dans les sous sols de Poudlar en évitant le terrifiant Basilic…. Nouvel échec !
En 2007, pour tenter de plaire aux éditeurs j’en fait une version à quatre joueurs, mais je me rends très vite à l’évidence, AKHENATON est un jeu de bluff à deux joueurs. Il a parfaitement fonctionné et plu, dès la première minute de sa création, et c’est un signe fort !
En 2008, j’en fait même une version jeu de cartes en boîte métal pour la présenter à COCKTAILGAMES. C’est une catastrophe !
En 2009, lors d’une escale à VEVEY, les deux « horlogers » de la création ludique Suisse, Sébastien PAUCHON et Malcolm BRAFF me donnent un sérieux coup de pouce pour développer une règle avancée pour AKHENATON. La règle des animaux légendaires dans Princess Jing en sera grandement inspirée. Un grand merci à eux !
De 2009 à 2014, je continue à montrer le jeu sur tous les salons, NUREMBERG, ESSEN, NEW YORK, HONK KONG et même à la Toy Fair de SAO PAULO… sans succès !
Plusieurs nouveaux éditeurs sont intéressés puis changent d’avis, THINK FUN, GROW, FOXMIND, SCHMIDT, etc… Mais cela m’est égal car je sais que le jeu est bon et qu’un jour il trouvera sa voie.
[...] La suite au prochain épisode