[Fun Farm]
« Ce qu’il y a de plus inquiétant dans la censure des écrits en Angleterre, c’est qu’elle est pour une bonne part volontaire. … Quiconque a vécu quelque temps dans un pays étranger a pu constater comment certaines informations, qui normalement auraient dû faire les gros titres, étaient ignorées par la presse anglaise, non à la suite d’une intervention du gouvernement, mais parce qu’il y avait eu un accord tacite pour considérer qu’il « ne fallait pas » publier de tels faits. »
- George Orwell. Préface censurée de la première édition de Animal Farm.
Curieuse introduction, me direz-vous, pour un jeu d’observation-rapidité. Pardonnez donc cette digression bien qu’honnêtement, filou que je suis, je pense qu’un peu d’Orwell ne fait jamais de mal en ces temps relativistes ou chacun se vante de se prémunir d’un Grand Frère imaginaire alors que nous sommes si prompte à devenir nous-mêmes de terribles et nombreux Petits Frères.
Si donc animaux de la ferme il y a, ceux-ci sont loin, très loin de Napoléon, Boule de Neige et Brille-Babil. La preuve ? Ils sont mous et rigolos. Un peu comme moi en fait…
« Fun Farm » est un jeu de Luca Bellini paru en Italie l’année passée et qui apparaît sur le marché francophone via l’éditeur Iello.
Voyons voir de quoi il est question. Laissons de côté le matériel trop choupinou de kawai trognon pour voir un peu ce que nous allons en faire.
Nous commençons par placer en rond, les zanimos : le mouton bleu, la chèvre verte, le cochon rose, le cheval rouge, la vache blanche et noire sur laquelle tombe la pluie et le poulet jaune.
Il y a des cartes alors commençons par en retourner une : Dessus apparaît l’image d’un des animaux et deux faces de dés (des couleurs).
Prenons donc ces deux dés et lançons les.
Est-ce qu’un dé fait apparaître la même couleur que sur la carte ? Oui ? Vite tout le monde essaye de saisir l’animal choupimou en question.
Non ? Houlà ! Garde ton doigt dans ton nez, il ne faut rien attraper !
On retourne une autre carte ?
Attention ! Si une ou des cartes n’ont pas donné lieu à un « attrapage », elles restent en jeu et il faut les prendre en compte. Il faut donc parfois avoir l’œil sur plusieurs cartes à la fois et c’est plus compliqué mais rigolo de poilade.
Comme à l’habitude (oui on peut commencer à parler d’habitude), le joueur bon observateur-saisisseur gagne la carte correspondante en trophée, ce qui permettra, quand on s’arrête, de savoir qui a gagné.
Rien de très nouveau du côté du moteur alors il est temps de regarder un peu la carrosserie.
N’ayant pas eu le plaisir de plonger mes doigts gourmands dans cette boîte, je ne peux que, tout comme vous, y plonger les yeux et c’est assez clair : nous sommes au pays tout doux de choupikromignons ce qui peux justifier en soi un achat de 25€ vu que le jeu est certain de plaire aux enfants tellement le mécanisme est désormais éprouvé et qu’à part peut-être quelques tristes, je ne vois pas qui pourrait résister au plaisir de tripoter nerveusement un cochon pour se détendre. Et je ne vous cause pas de l’écrabouillage de poule qui déstresse très efficacement.
À défaut d’être dans l’innovation, nous sommes ici dans le redoutablement efficace type plaisir régressif pour les vieux et discrimination visuelle-concentration-rapidité qui fait rigoler pour les enfants.
Nous pourrons donc nous tripoter le cochon (mais pas que) dès le 14 février prochain.
Ha et j’oubliais…
« Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres. » Oui c’est dans la ferme des animaux.
« Fun Farm »
Un jeu de Luca Bellini
Illustré par Paolo Vallerga, Erika Signini
Publié chez Iello, Post Scriptum
2 à 10 joueurs
à partir de 6 ans
Langue des règles: France
Durée: 15 minutes
Prix: 25 €