Gugong, entrez dans la Cité Interdite !

[Gùgōng]

Quand deux personnalités ludiques majeures se rencontrent, en soi, ça ne peut pas mal se passer.

Dans la famille des auteurs de jeux eurogames je voudrais Andreas Steding (Hansa Teutonica, Firenze...) et dans la famille des illustrateurs de talent, je voudrais Andreas Resch (Istanbul, Great Western Trail...).

A partir de là, nous sommes plongés en Chine, en plein règne de la Dynastie Ming, et nous joueurs, allons participer à notre niveau, c'est à dire de façon merveilleuse et exceptionnelle, à la reconstruction du pays. Redressement d'un pays par la construction de la célèbre Grande Muraille, mais beaucoup moins connue, par l'utilisation de la coutume ancestrale d'échanges de cadeaux.

Tric Trac

Et c'est là où se situe le corps de la mécanique et des sensations du jeu, par cette manière intelligente et subtile d'exécuter les actions sur le plateau de jeu : l'échange de cartes.

Avant de rentrer dans le corps complexe mais non moins éxcitant de cette belle mécanique, évoquons un peu les choses qui fâchent, c'est à dire l'écriture des règles.

Effectivement, en étant le plus objectif possible, et même si l'iconographie ne souffre d'aucun souci, certains points de règles sont lugubres, mal détaillés, sujets à interprétations, ce qui n'est pas possible dans ce genre de jeu, où tout doit se dérouler simplement, comme une promenade paisible le long du Fleuve Jaune.

Tric Trac

Les approximations se situent au niveau de la gestion du contremaître, pion bonus comptant pour deux serviteurs classiques. Pour le contremaître, son utilisation sur les principaux lieux du jeu peut être différent, et il n'est pas récupérable parfois, si après réflexion la logique l'emporte, on regrette que les règles (anglais et français) ne soient pas plus claires sur ce point.

D'ailleurs pour en finir, c'est la clarté des termes et de certains points qui font défaut, à vouloir expliquer en profondeur, parfois on s'égare (cela aurait pu être un diction chinois, mais il n'en est rien !), un vrai labyrinthe parfois cette Cité Interdite !

Maintenant que les aiguilles d'acupuncture sont posées, détendons nous et parlons du jeu.

Je ne m'arrêterai pas plus sur le matériel, car la version jouée est un prototype de l'éditeur, donc avec un matériel non définitif. Mais le plateau central est très pratique, lisible, coloré, comme ses petits frères les plateaux individuels. Pas de faute de goût de ce côté là, tout est clair, les emplacements ne sont pas de trop et tout est bien organisé !

Maintenant que le thé a été servi selon la coutume, je vais me reposer en vous parlant de mes sensations de jeu.

Quelle douceur de jeu, j'ai l'impression d'être dans un habit de soie de Chine, fluide , léger et pourtant complexe, et sujets à réflexions. On gère sa main de cartes cadeaux avec la plus grande délicatesse, afin de pouvoir réaliser les actions de jeu, tout en essayant de ne pas en faire trop, de cadeaux, aux autres joueurs, avec les cartes que nous laissons à leur disposition au fur et à mesure.

On progresse, on construit, on se développe, on gère son équipe de serviteurs, comme un bon patron d'un restaurant asiatique où le parfum des mets occupe la ruelle entière, un midi humide à Pékin.

Certes il manque la tension entre les joueurs, mais nous sommes toujours à l'affût du meilleur coup, celui qui nous fera progresser, sur un ou deux endroits, celui qui nous paraîtra le plus logique, le mieux approprié. Certes, il est plus difficile de programmer ses coups en fonction du nombre de joueurs autour du Palais, car le plateau, et les cartes changent beaucoup. Mais le jeu n'est pas punitif, il y a toujours moyen de jouer ses cartes, de les défausser, d'aller chevaucher pour récupérer des bonus, utilisables ensuite.

Certes la partie "voyage" est faite d'aléatoire le long des 4 tours, mais ça ne me dérange pas, de flâner au grè des bonus, en sachant que cela permet aussi parfois de rester dans la course si un tour ne se passe pas bien. Les multiples religions chinoises apportent parfois leurs lots de bons et mauvais présages.

On se laisse bercer dans un rythme plutôt doux, non violent comme un entrainement de Kung Fu, utilisant notre Qi à bon escient, sans excès.

Attention, la vie n'est pas de tout repos pour les fonctionnaires chinois. Les serviteurs ne courent pas les rues, et il faudra toujours s'assurer, même si une récupération automatique en début de journée est la bienvenue, d'en avoir suffisamment à chaque journée pour pouvoir faire ses actions au mieux.

La fin de partie arrive doucement, comme une cigogne orientale, majestueusement, lentement, où l'on prendra le temps de bien détailler ses points de victoire et où comme toute société impériale, la piste des intrigues viendra départager les plus valeureux.

Un jeu aux multiples visages et stratégies, qui mérite que l'on s'y attarde, fruité comme le thé vert, flexible comme le Bambou, et complexe comme l'art de la calligraphie.

Un vrai bijou pur et précieux comme le jade, qui viendra naturellement trouver sa place dans vos trésors ancestraux ludiques.

Gugong (The Forbidden City), un jeu de Andreas Steding, illustré par Andreas Resch (Istanbul, Great Western Trail...), chez Game Brewer, actuellement encore quelques heures en KS, le vendredi 25 mai à 21h ! (Mais il y aura peut être un Late Pledge)

https://www.kickstarter.com/projects/241074871/the-forbidden-city

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Après avoir lu les règles je vois pas trop où tu as rencontrer le soucis du contremaître personnellement j’ai trouver ca Claire apres tu as fais une partie donc tu vois lus facilement les soucis :grin:

Ben au lieu d’écrire une règle qui dit que utiliser son contremaître pour le bloquer sur un décret ça n’a que peu d’intérêt mais c’est possible dans les règles et du coup on le récupère pas, en mettant des phots et exemples, ben autant pas en parler ou plus simplement, en anglais c’était imbitable et en français ensuite pas mieux…As tu bien compris que si tu utilises le contremaître depuis ta réserve pour payer un coup il retourne dans ta réserve mais si tu l’utilise sur le mur, dans un bateau ou sur un décret il disparaît de la partie?

Joli jeu. Dommage comme beaucoup de kickstarters qu’on ne puisse avoir une meilleure idée du jeu :

  • Est-il possible d’établir une stratégie ?
  • Est-ce simplement opportuniste ?
  • Quelle est l’importance du hasard ?
    Et pour les rares qui l’ont essayé : donne-t-il un goût de reviens-y immédiat ?

Oui il y a plusieurs stratégies différentes, et il vaut mieux s’y tenir ; non il y a un seul lieu sur le plateau qui en comporte en tout 7 ; 1/7 eme le reste c’est du calculatoire. Et enfin oui moi ca m’a donné très envie de rejouer pour tenter autre chose et passer de la seconde à la première place !

merci pour cet article fort bien ecrit

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