[Looping Louis][Tic Tac Boum][Toutou Rista]
Pour cette 5ème saison des interviews Jeux Viens à Vous, nous nous intéressons à Alain Mirhanyan sosie de Monsieur Propre, au crâne luisant et au regard noir.
Mais derrière cette apparence presque inquiétante se cache le responsable du développement de chez Goliath.
Plutôt l’ancien responsable puisqu’il vient de quitter son poste il y a très peu de temps, ce qui n’était pas le cas lors de cet entretien.
Alain contrairement à son apparence est quelqu’un de très sympathique, aimable et drôle mais qui n’a pourtant pas que des idées politiquement correctes dans le monde ludique actuel.
Avec Alain, nous évoquons son parcours, ses origines arméniennes, son idée du jeu de société et du développement qui en découle, Toutourista et la polémique des jeux de “merde”, de Tic Tac Boum et des corses, ainsi que Roberto Fraga et Mathieu d’Epenoux…
1) Alain Mihranyan, bonjour ! Aurais-tu la gentillesse de te présenter?
Bonjour,
Ça peut être long, je suis presque un dinosaure ! :-)
Pour moi, la partie a commencé vers le début des années 90. Je suis alors entré au sein d’une association qui s’appelait Stratégos, installée au centre culturel de Boulogne-Billancourt.
Le but de cette association était de parcourir le territoire avec un objectif : promouvoir le jeu de société auprès du public en « sortant les jeux de leurs boîtes », transmettre les règles oralement et faire jouer les gens sur des espaces incongrus : dans la rue, sur la plage, à la montagne…, partout où on ne s’y attendait pas.
Un concept qui, aujourd’hui, s’est banalisé et n’étonne plus personne, mais qui à l’époque nous faisait véritablement passer pour des illuminés ! Convaincre les éditeurs de nous donner 6 boîtes de jeux, que nous promettions d’utiliser non pas à des fins personnelles, mais pour de la démonstration, était un vrai challenge. Il a fallu prouver que nous étions sérieux.
Le succès aidant, il était temps de créer une société plus à même de répondre aux attentes des éditeurs : Destination Jeux. C’était alors les débuts du jeu de société moderne. De petites sociétés naissantes (avec souvent 1 seul jeu) comme Asmodée, Gigamic, Abalone, Goliath, Ludodélire, Descartes, etc., nous ont utilisés pour faire connaître leurs jeux « bizarres », qui tranchaient avec les classiques auxquels était habitué le consommateur.
Une belle expérience, très riche en enseignements, qui a duré 15 ans, jusqu’à ce que Goliath propose de me débaucher.
Aujourd’hui, je suis responsable du développement de la gamme jeux de société à l’international pour Goliath. Je rencontre les auteurs, sélectionne les jeux, puis travaille sur le développement du produit jusqu’à ce qu’il arrive en magasin.
Note du rédacteur : Alain vient de quitter Goliath quelques jours avant la publication de cet interview
2) Que représente le jeu pour toi : le fait de jouer, et également le fait de faire jouer ?
Je crois que la réponse à la question précédente répond également un peu à celle-ci. C’est avant tout une grande histoire d’amour, un engagement de longue date.
Pour moi, le jeu est un « outil » extraordinaire qui rapproche les gens, qui transmet des valeurs, qui tire les personnes vers le haut, qui rend fier le/la timide qui manquait de confiance en lui/elle-même, …
Le jeu est générateur de plaisir, de curiosité, pousse l’individu vers les autres et donc, en ce sens, rend le monde moins individualiste et meilleur.
Attrapez des gens qui ne se connaissent pas à la volée sur un salon, installez-les autour d’un jeu et lancez une partie, organisez un tournoi ! C’est magique ! Des relations se créent, les joueurs discutent et souvent le jeu passe légèrement au second plan. Les participants en sortent incroyablement heureux et enrichis.
Ça fait du bien, non ?
Je vais me faire l'avocat du diable.
Mais n'est-ce pas une relation superficielle et éphémère qui se crée entre les gens ?
La compétition que l'on rencontre autour d'une table afin de remporter un jeu ne reflète-t-elle pas après tout celle des plus puissants, "prêts à tout pour gagner"?
On n’est pas chez Adopte Un Mec ! Oui, parfois la rencontre va durer 30 minutes et puis c’est fini. Ce qui est très bien ! L’important, c’est ce qu’on aura vécu sur le moment. Et on sait bien que ça peut marquer.
Prenons comme exemple le jeu Esquissé ?. Je retombe souvent d’une année sur l’autre, au détour d’un salon, sur des joueurs qui se rappellent et me parlent de dessins ou définitions qui les avaient tant fait rire à l’époque, au cours de parties animées.
Compétition, victoire, réflexion, simple plaisir de jouer, il existe autant de raisons de jouer qu’il y a de joueurs.
Tous les jeux publiés par Alain lors de son passage chez Goliath
3) Avant de parler concrètement de ton travail chez Goliath, pourrais-tu nous en dire plus sur ton nom, à la consonnance un peu particulière. Souhaites-tu nous en dire un peu plus sur tes origines ?
Ah tiens… tu as remarqué ?
C’est très simple : comme 99% des noms qui finissent en « ian » ou « yan », c’est un nom d’origine arménienne. Que dire, sinon que la cuisine est aussi bonne que riche en huile d’olive !
Pour le reste, se référer aux livres d’histoire, qui nous apprennent que l’on n‘apprend, hélas, rien.
Un plat à nous conseiller ? :-)
Pourquoi précises-tu justement que les livres d'histoire ne nous apprennent rien sur l'Arménie ?
Feuilles de vignes, houmous, moules farcies... tous les charmes de l’Orient !
Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de parler de ça ici...
Sinon, je parlais de façon générale. En 1915 l’Arménie a subi de plein fouet un génocide qui a vu disparaitre 50% de sa population totale. Hélas l’histoire a prouvé, et prouve encore, que nous réitérons régulièrement les mêmes erreurs.
4) Alors parlons de jeu.
Pourrais-tu nous expliquer comment tu sélectionnes les jeux qui te semblent avoir un potentiel ?
C’est là le cœur de mon métier, et certainement la partie la plus complexe. Il faut parvenir à trouver la bonne formule…
Tout d’abord, il faut évidemment savoir se mettre à la place de son/ses public(s), réfléchir comme un jeune adulte, un enfant de 4 ans, un senior…, en fonction de la catégorie que l’on souhaite toucher. Sinon, le risque est de considérer un jeu au travers du prisme de ses propres goûts et de faire un hors-sujet.
Les critères qui font pencher la balance sont multiples, mais il s’agit de trouver un juste équilibre entre des notions qui parfois s’opposent : l’originalité, le plaisir à jouer une partie, la rejouabilité, le marché concurrentiel, la valeur perçue, les tendances, et parfois, hélas, le coût de fabrication…
Cela reste tout de même un choix assez instinctif. C’est pourquoi il est important de tester sa sélection auprès de joueurs novices et d’être attentif à leurs réactions.
5) Ta réponse est intéressante, vu que j'ai commencé à m'intéresser à toi quand j'ai lu ta réponse à propos de l'un des jeux que tu édites ayant trait au caca. Nombre d' adultes s'offusquaient de ce type de jeu et tu as répondu très sereinement que le caca était un besoin dans le développement de l'enfant, et qu'il était normal que cela les intéresse.
Souhaiterais-tu nous en dire plus à ce propos et éventuellement nous donner d'autres exemples concrets sur lesquels tu as travaillé ?
Haha ! Oui, il s’agit de Médor Pète-fort (AKA Toutou Rista) un chien qu’il faut emmener faire sa promenade pour lui permettre de faire sa petite crotte.
Et bien sûr, un peu de civisme ! Il faut ramasser la crotte avec une pelle. Le chien émet des bruits pétaradants… on peut penser ce que l’on veut, pour un enfant de 4 ou 5 ans, c’est drôle ! Très drôle même ! Bien plus drôle que Pierre Desproges.
Ce que j’essaye de faire comprendre, c’est qu’un jeu doit être adapté à une cible. Sans rentrer dans des considérations de pédopsychiatres, on sait que le jeune enfant passe par une phase où le caca est une chose importante et suscite de nombreux questionnements.
Donc, un chien qui pète, oui, c’est drôle à cet âge. Et pas que, d’ailleurs… La vidéo de Croc expliquant Toutou Rista sur Tric Trac est la plus vue de toutes.
L’intelligentsia bobo, la presse, nous en ont mis plein la tête à l’époque… et le pire, c’est que quand tu creusais, tu te rendais compte que les plus féroces étaient ceux qui n’avaient même pas testé le jeu !
C’était avant la grande vague de jeux « édu-caca-tifs » que l’on connaît.
De même, des jeux comme Mots Mêlés, Sequence, Triominos rencontrent un formidable succès auprès du grand public. Des jeux très souvent jugés avec mépris par certains gamers.
A titre personnel, cela me gêne. Même si ce n’est pas ce à quoi je vais jouer le week-end, il en faut pour tout le monde. Je ne crois pas que l’on ait le droit de décider de Qui doit jouer à Quoi.
Nous n’avons pas tous eu la chance d’avoir la même éducation, le même temps à accorder aux jeux ou les mêmes problématiques quotidiennes.
Et pour conclure, il faut bien une porte d’entrée au jeu pour les non-initiés.
Je vois le jeu comme l’outil qui permet aux gens de se rapprocher, de passer un bon moment entourés d’amis ou de la famille. Le petit shoot de plaisir sans arrière-pensée. La source de « wow !», de « oh ! », de « chouette !», de « je l’avais pas vu venir ! »… un concentré d’émotions qui fait qu’à plusieurs, c’est quand même mieux que tout seul.
Je suis entièrement d'accord ! J‘ajouterais que nous n'avons pas non plus tous les mêmes envies.
Le génocide arménien
6) Justement les jeux Goliath sont "grand public" et parfois, comme tu le disais, mal vus par les gamers.
C’est vrai en partie seulement… Les jeux d’action du type Cuisto Dingo, Filou Chiptou, Dragon Glouton etc. sont par nature des produits TRES fortement marketés, car la cible (4-6 ans) n’est accessible qu’à travers les écrans TV.
Beaucoup s’arrêtent là et pensent que Goliath n’édite que du jeu d’action.
Mais nous avons également dans notre collection des jeux tels que Fold It, Esquissé ?, Tayu, etc…
Mais pour répondre à ta question, il faudrait d’abord définir ce qu’est un jeu « gamer » ? Où se place le curseur, sachant que la majorité des jeux qui se vendent aujourd’hui sont des Party Games accessibles à tous ?
6 A) Avez-vous décidé en interne de lutter contre cette image, si oui comment? Si non, pourquoi?
Oui, notamment en ne présentant plus les jeux d’action sur des salons comme Cannes, afin de ne pas éclipser le reste de nos jeux.
Nous travaillons également notre relation avec les ultra-spés au travers d’offres dédiées, de différenciation de gamme et cherchons à améliorer notre image auprès d’eux.
6 B) Avez-vous également l'envie de créer une gamme pour joueurs chevronnés ou bien votre positionnement te semble le plus adéquat ?
On va penser que tu as préparé cette question !
Les chanceux qui pourront se déplacer à Cannes pour le Festival des jeux auront la possibilité de tester en avant-première Carcata, un jeu de Roberto Fraga à la mécanique plus poussée, tout en restant accessible à notre public traditionnel.
D’autres jeux gamer, voire expert, sont dans les tuyaux.
Eh bien souhaites-tu me les faire essayer à Cannes ? :-)
Oui avec plaisir.
A propos d'Esquissé, es-tu le vil responsable de la baisse du nombre de joueurs de 12 (dans la version US) à 8, puis 6 joueurs ?
D'ailleurs peux-tu nous expliquer ce choix ?
Pour info, la version 12 joueurs US n’est pas la version originale, mais une édition « limitée ». La boîte de base est la version 8 joueurs.
En France, nous avons commencé avec la version 8 joueurs. Des débuts difficiles. Le jeu n’a vraiment décollé qu’à partir de la sortie du 6 joueurs.
Le problème pour le client final, c’est le coût. Hors…. un peu de maths : 8 joueurs signifient 10 pages par carnet X 8 carnets, soit 80 pages effaçables et 8 marqueurs type Velleda ! Aïe…
Pour 6 joueurs on est sur 8 pages par carnet X 6 carnets, soit 48 pages et 6 marqueurs… Ce qui est plus abordable.
Par ailleurs, on nous reproche très souvent que « 8 carnets c’est trop, car on ne rassemble pas autant d’amis ».
Je ne comprendrai jamais… à 20 ou 30 euros, le grand public a toujours l’impression de payer les jeux trop chers. Que le prix est surévalué. Pourtant, malgré tout le travail impliqué - auteur, illustrateur, développement, coût de production, distribution, promotion, risque… - on reste bien moins cher qu’un T-shirt avec une virgule dessus ! Pour un objet qu’on peut garder à vie, qui demande bien plus de travail, et dont le prix de revient est incroyablement supérieur !
7) Pourrais-tu nous parler d'une anecdote marquante, drôle ou émouvante que tu as vécue en festival ?
A propos de l’anecdote, difficile de choisir… il y en a tellement…
Faire jouer le maire d’Ajaccio et ses adjoints à Tic Tac Boum face à la presse… il y a une vingtaine d’année, période où le tempérament corse étaient bien plus explosif !
Développe nous cette histoire! :-)
A l’époque, je travaillais pour Destination Jeux et nous sillonnions donc la France pour monter des festivals de jeu commandés par les municipalités.
Parthenay, Cannes, la présentation des As d’Or au public, Bayeux, Anthony, Avoine, Blanquefort, Martigues, La Tranche-sur-Mer… et bien d’autres.
C’était en quelque sorte l’âge d’or. Les villes avaient du budget qu’elles allouaient à des événements culturels atypiques et gratuits. Et cela a grandement aidé à la démocratisation du jeu de société dans les années 90 et 2000.
En Corse, plus précisément à Mezzavia – Ajaccio, le maire était venu nous rendre visite lors du FLIP et était tombé amoureux de l’idée.
Par la suite, Ajaccio a eu droit à son mini-FLIP pendant quelques années, aidé également par la ville de Parthenay, qui prêtait ses jeux géants.
Lors de la 1ère édition, photo officielle d’ouverture du festival avec le maire, les adjoints et la presse… j’ai eu besoin d’un jeu simple qui s’explique en moins de 5 secondes pour nos amis élus… Mon choix se porte non sans malice sur Tic Tac Boum… qui correspond bien au tempérament explosif corse…
Le tempérament corse? Explosif ? Si peu! ;-)
Le fou volant
8) D'après toi, pourquoi le jeu de société ne s'intéresse-t-il pas (sauf exception) à des sujets graves comme l'exploitation des animaux, la censure gouvernementale, l'exploitation du capitalisme, l'homophobie, etc ?
Les acteurs du monde ludique se disent bien souvent "éclairés", mais le jeu semble ignorer les problèmes du monde, et se complaît bien souvent dans des sujets faciles.
Dans le cadre du développement d’un jeu, il est courant de sélectionner, d’abord, une mécanique. C’est dans un deuxième temps que l’on recherche le thème qui se prête le mieux à ce gameplay.
Le thème étant souvent un des principaux déclencheurs d’achat, il convient de ne pas se tromper.
Le jeu est catalyseur d’imaginaire… On se projette dans le roleplay… Cuisiner des sushis, construire des merveilles, affronter des cauchemars, monter une mosaïque d’azulejos…
Mais il est essentiel de garder à l’esprit qu’une partie, c’est avant tout une quête de plaisir. A mon sens, les sujets difficiles auront un effet contre-productif.
Mais le cinéma aussi est catalyseur d'imaginaire et source de plaisir, pourtant, il évoque des sujets graves.
Considères-tu que le jeu, contrairement à ce qui se dit actuellement, n'est pas un art, mais autre chose, ou l'un n'empêche pas l'autre selon toi ?
Un art ? Non… Un produit culturel ? Oui.
La différence est que dans le cinéma, on reste passif, observateur. Dans le jeu, on est « acteur ».
9) Tu sembles avoir une vision différente de l'objet jeu, contrairement à la tendance actuelle, qui est de "sublimer" la création ludique comme un objet artistique à part entière.
T'en rends-tu compte lorsque tu en discutes avec d'autres professionnels ? Cela impacte-t-il le choix de certains jeux ? Tu penses avant tout à la réaction de tes clients ? Et d'où penses-tu tenir cette vision peut-être plus pragmatique, moins „élitiste“ ?
Non, non… dans le cadre du développement d’un jeu, j’essaye d’en faire le meilleur et le plus beau produit possible.
Je dirais simplement, restons humbles et ne versons pas dans le snobisme… C’est assez courant dans notre milieu !
Pour avoir déjà eu cette conversation sur les réseaux, je ne suis clairement pas le seul à être de cette opinion. Attention, je ne dénigrerai jamais le jeu, c’est ma passion, mon grand amour, mais gardons les pieds sur terre.
Je vais peut-être dire ? une évidence, mais… je ne pense pas qu’il soit possible de trouver des tableaux de maître à 2 euros sur les brocantes… ou que, lassé de poser les yeux dessus, on jette un Picasso à la poubelle.
On ne peut pas dire la même chose d’un JDS.
En parlant d'art...
10) Pourrais-tu nous parler d'un auteur ou d'une œuvre importante à tes yeux, que ce soit en littérature, théâtre, cinéma, jeu etc... que tu souhaiterais faire découvrir ou redécouvrir à mes lecteurs ?
Alors… question pas facile car il y a tellement de choses à voir et découvrir !
Je profite du confinement pour revoir (et faire découvrir à ma chérie) toute l’œuvre d’Hayao Miyazaki sur Netflix… J’en ai les yeux qui pétillent à chaque fois.
Il a su représenter avec tant de justesse l’enfance, la vieillesse… la gestuelle corporelle… les petits riens. De la poésie vous dis-je !
Je relis également mes BD…. Notamment Frank Miller (Sin City, Dark Knight, Ronin).
Ne ratez à aucun prix Il faut flinguer Ramirez de Nicolas Petrimaux, ni Les ogres-dieux de Hubert et Bertrand Gatignol.
Bon j’vous laisse, j’ai lecture…
11) Pourrais-tu nous parler de deux personnes du monde ludique : l'une pour ses qualités professionnelles et l'autre pour ses qualités humaines, l'un n'enlevant rien à l'autre et vice versa ?
Je choisirais donc Matthieu d‘Epenoux, car c’est la dernière personne que j’ai eu au téléphone . ;-)
Un éditeur franchement passionné, qui a su construire une collection de jeux magnifiques, sans compromis et véritablement aboutis. Il a également su s’entourer d’une équipe de talent, et le vrai talent, c’est ça !
Il reste aujourd’hui l’un des derniers « petits » éditeurs indépendants.
J’adore ses fulgurances déglinguées sur Facebook ! Oui, on ne s’ennuie jamais ! Heureusement, c’est assez facile de le chauffer…
Mon second choix se portera sur Roberto Fraga.
Un auteur de jeu complétement déjanté qui a su fédérer toute une équipe de Corsaires autour de lui. Une grande famille ludique… qui partage sa générosité et sa passion du jeu auprès de novices lors de salons et festivals.
Et surtout, un personnage qui garde la tête froide et reste accessible à tous malgré son succès.
Alain en compagnie de Roberto Fraga et du sosie officiel d'Arsène Wenger lors de l'As d'or
12) Tu me cites deux vieux briscards du monde ludique.
Comment-vois tu justement le monde ludique de demain, celui qui est déjà présent d'ailleurs?
Une multinationale rachetant Gigamic et Blackrock, Asmodée rachetant Tric Trac... n'y a t-il pas des problèmes d'influence qui se posent ?
Nous demandons à nos députés d'être indépendants des grandes multinationales, mais le monde du jeu ne prend-il pas le même virage ?
Oui c’est vrai. Dans tous les domaines d’ailleurs.
Lobbys, influenceurs, think tank, manipulation des médias, saturation de l’information… il faut se battre pour réussir à conserver sa liberté de penser et se faire son propre avis sur les choses.
Pour en revenir à notre secteur, c’est plus une question de modèle économique.
Les investissements sont de plus en plus importants. Le risque plus grand également. Au vu de la richesse de l’offre, un jeu peut passer inaperçu malgré sa qualité.
Un petit éditeur a plus de mal à accéder à un marché saturé et n’a pas forcément les moyens de promotion. Et les groupes cherchent de nouveaux vecteurs de croissance.
13) Avant les deux dernières questions de mon interview, y a-t-il un sujet que je n'ai pas évoqué et dont tu souhaiterais nous parler?
Pourquoi pas des auteurs de jeu ?
Mon métier m’oblige à voyager de salon en salon pour rencontrer les auteurs de jeux. C’est drôle de voir comme les différences culturelles transpirent dans leurs œuvres.
France, US, Allemagne, UK, Asie,… c’est un peu comme goûter des cuisines différentes.
Les auteurs français sont, depuis quelques années déjà, extrêmement populaires et depuis peu de manière internationale. Ils ont fini par damer le pion aux auteurs allemands qui ont trusté les hits pendant des années.
Je vois beaucoup de bienveillance de la part des anciens, qui partagent avec facilité leur savoir et leurs trucs avec les plus jeunes.
C’est beau. Surtout qu’en France, plus qu’à l’étranger, les auteurs ont fait le choix de l’indépendance et sont plus rarement réunis en « studios » ou « agences ». L’expérience est donc inestimable.
Voilà… En conclusion, si vous avez une idée originale, n’hésitez pas à aller voir les éditeurs pour peut-être lui donner vie. Mais renseignez-vous, et prenez le temps de voir ce qui a déjà été fait en termes de jeu ou mécanique.
14) Le jour où tu quitteras le monde du jeu, d'une manière ou d'une autre, que souhaiterais-tu que l'on retienne de toi, en tant que professionnel , mais surtout en tant qu'être humain ?
Ah ben super ! On finit en éloge funèbre ?
Ne t’inquiète pas, j’organiserai un apéro-barbecue tellement énorme qu’on en parlera encore dans 100 ans !
J'ai dit le monde du jeu !
15) C'est malheureusement la fin de cet entretien… en prenant en compte ta vie professionnelle mais également personnelle, es-tu heureux?
J’ai la chance de faire un métier qui me passionne, et qui se réinvente constamment.
Un métier qui m’oblige à côtoyer des auteurs, des illustrateurs, des graphistes, des commerciaux, des acheteurs, la compétition, ainsi que monsieur et madame Toutlemonde… et j’en tire beaucoup de plaisir.
Pas le temps de s’ennuyer ni de se laisser prendre par la routine !
Le jeu est un univers à part, avec cette magie qui nous empêche de vieillir !
A chaque fois qu’on pose une boîte de jeu, un proto sur la table, c’est un peu comme le 25 décembre au matin. Notre âme d’enfant fait toc toc à la porte et se demande bien ce qui est caché dedans.
En cette période un peu compliquée de confinement, je vous souhaite à tous le meilleur et une santé de fer !
Nous ne l'avons pas évoqué mais nous sommes le 22 avril 2020 quand nous terminons cette interview.
Je me permets donc une ultime question en tant qu'infirmier.
Que penses-tu de la politique actuelle qui est celle de demander aux soignants de s'occuper de patients sans matériel, et donc avec le risque fort probable de les contaminer?
C’est donc toi le vrai héros de cette interview.
Niveau médical, mon expertise s’arrête à Docteur Pilule.
Je sais qu’en ce moment, au travers de notre marque Crayola, nous mettons en place 2 initiatives solidaires à destination des personnes qui sont sur le front #merciauxvraisheros et #onpensefortavous et sans lesquelles notre quotidien serait beaucoup plus compliqué.
Nous ne sommes pas des héros, ni des soldats.
Je te remercie Alain pour cet entretien.
Je remercie Fabienne ma nouvelle correctrice pour son aide précieuse!
Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee, même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) :
Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, et Ludikam!
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook :
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Saison 1
Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2 ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud
Véronique Claude
Shadi Torbey
Saison 2
Fabien Bleuze
Serge Laget
Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
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Natacha Deshayes
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Tony Rochon
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Igor Polouchine 2ème partie
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Marcus 1ère partie
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Michel Lalet 1ère partie
Michel Lalet 2 ème partie
Michel Lalet 3ème partie
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Gaelle Larvor / Nam-Gwang Kim
Stefan Feld
Saison 3
Catherine Watine
Jean-François Feith
Nadine Seul 1ère partie
Nadine Seul 2 ème partie
Guillaume Lemery 1 ère partie
Guillaume Lemery 2 è me partie
Jérémie Fleury Tome 1
Aurore Matthey
Richard Garfield
Rémi Amy
Eric Jumel
Hadi Barkat
Roméo Hennion
Clément Leclercq
Blaise Muller
Claude Leroy 1ère partie
Claude Leroy 2 ème partie
Marie Cardouat 1ère partie
Marie Cardouat 2ème partie
Gabriel Nassif 1 ère partie
Gabriel Nassif 2 ème partie
Grégoire Sivan
Saison 4
Julien Sentis
Bertrand Arpino 1 ère partie
Bertrand Arpino 2 ème partie
Olivier Ruel 1 ère partie
Olivier 2 ème partie
Léonidas Vesperini 1 ère partie
Léonidas Vesperini 2 ème partie
Arnaud Demaegd
COMER
Guilhem Gallart alias Pone