C’est l’été. Tout tourne au ralenti. Les uns préparent la Gen Con quand d’autres focalisent sur Essen. Les gros salons de l’étranger pas en France. Du coup, nous aussi, chez Tric Trac, on se dit que regarder ce qui se passe en pas français cela peut-être intéressant. Et en ce milieu d’été, j’ai envie de vous parler de « Joking Hazard ». Un petit party game qui vient d’arriver en import dans quelques rares boutiques françaises.
Du Comic Strip
Tout commence sur Internet. En 2005. Une bande de joyeux drilles décident de mettre en ligne une petite bande dessinée nommée « Cyanide and Happiness ». L’idée est de faire des trucs courts. Quelques cases. Le tout pas forcément très bien dessiné. Juste des bonshommes. Genre Toto. Ce qui met encore plus en avant le propos. Souvent sale. Souvent méchant. Souvent bête. Mais souvent excellent. Juste. Fort. À mourir de rire du type MDR. Succès. Immédiat. En 2010 sort un recueil en librairie. Enfin, en librairie de l’Amérique. Parce que Kris Wilson, Rob DenBleyker, Matt Melvin et Dave McElfatrick sont tous américains. Et que ce n’est donc qu’en anglais.
Forts du succès, les voilà sur YouTube. Avec de petits dessins animés faisant des millions de vues. De quoi augmenter la base des fans et autres accros.
Et puis arrive le générateur en ligne. Un petit site qui permet aléatoirement de composer des Strips en 3 cases. Un truc qui touche au sublime. Si on a un peu d’humour noir. Un peu d’humour décalé. De second degré. La cible n’est clairement pas le « RedNeck » de base.
Vous voyez le truc arriver. Oui. Nous sommes sur un site causant de jeux de société. Donc, l’étape suivante a été le jeu de société. Eh oui. La bande a lancé un Kickstarter l’année dernière. Il leur fallait 10 000$. Ils en ont récolté 3 246 588€ ! Trois millions de dollars ! Vous avez bien lu. 63 758 personnes ont voulu du jeu. Directement. Paf. Cette histoire ressemble fort au phénomène « Exploding Kitten ». Un petit party game, un design banché de hype underground, une communauté de fans et paf ! Hit garanti.
Joking Hazard
Tout est quasi dit dans le nom du jeu. « Joking Hazard ». Blague hasardeuse. Un truc du genre. Donc, c’est fait pour se marrer. Cela contient beaucoup de hasard. « Joking Hazard » est un jeu simple, rapide et interdit au moins de 18 ans. Parce qu’il y a des allusions au sexe. Rhooooooo. La petite boite contient des cartes. Et uniquement des cartes. 370 exactement. Et toutes unique puisqu’elles comportent un dessin puisque chaque carte est une case potentielle d’un Strip.
Principe.
Jouer à « Joking Hazard » est simple. On s’installe, tranquille. On mélange les cartes. Chaque joueur en reçoit 7. Le reste des cartes forme une pioche, faces cachées. On désigne un « Juge » et la partie commence. Une partie se déroule en manche. À chaque manche le « juge » changera. Donc, chaque joueur deviendra « juge ». C’est lui qui entame la manche.
Au début de la manche, chaque joueur doit avoir 7 cartes en main. Si on a moins, on pioche. Une fois fait, le « juge » retourne la première de la pioche. Elle va lui servir de base à son inspiration.
Le « juge » choisit alors l’une de ses cartes en main et la place à côté de la première. Soit avant. Soit après. Ce sera donc le début de l'histoire ou la seconde case du Strip. A ce stade, il nous manque la fin.
Les autres joueurs vont proposer une fin. La meilleure possible. Sachant que la notion de « meilleure » est toute relative. Surtout relative aux goûts du « juge ». Donc, chaque joueur va sélectionner l’une de ses cartes et la placer face cachée en lieu et place de la troisième case. Une fois fait, le « Juge » mélange ces propositions afin de ne pas savoir qui propose quoi. Une fois fait, le « juge » retourne les cartes, en prends connaissance. Il se marre ou pas. Mais quoi qu’il en soit, il doit choisir celle qui, pour lui, complète le mieux son histoire en 3 cases. Une fois qu’il a choisi, le joueur qui a joué cette carte dit avec le sourire « houaiiiiiis, c’est moi ! ». Il récupère la carte et la pose devant lui, c’est son point de victoire.
Cartes rouges.
Certaines cartes ont un bord rouge. Ces cartes sont « sales ». Du sexe. Des morts. Du caca et du pipi. Elles sont adaptées uniquement aux fins d’histoire. En position 3. Quand elles sont piochées, on les place donc en place 3. De plus, chaque joueur a le droit de renouveler autant de cartes qu’il veut de sa main. Cette manche rapportera alors le double de points puisque chaque joueur proposera 2 cartes. L'une en place 1 et l'autre en place 2.
Oui, mais comment je gagne ?
On enchaine ainsi les manches. Les unes après les autres. La partie prendra fin quand un joueur aura atteint 3 points. Ou plus si vous avez envie de joueur plus longtemps. Car avec ce type de jeux, la victoire n’est pas vraiment le but recherché…
Analyse.
Je n’ai pas joué. Forcément. Je n’ai pas participé au KS. Et le jeu vient juste d’arriver dans les boutiques qui font de l’importation et qui sont très au fait de ce qui se passe dans le monde ludique. Autant dire très peu. De plus, le jeu n’est disponible qu’en anglais. Et il ne doit pas y en avoir des centaines d’exemplaires. Mais j’ai très envie de jouer. En tout cas de l’avoir. Parce que c’est exactement mon type d’humour. Sale. Méchant. Pipi caca.
Bien sûr, nous sommes très loin du jeu de gestion. Il n’y a aucun contrôle. On pioche des cartes. Et c’est un « Juge » qui va décider de ce qui le fait rire. Autant dire que si on veut jouer pour gagner, il vaut mieux jouer à autre chose.
Le truc intéressant dans cette histoire, c’est de voir que ce type de jeu peut exister et marcher très fort. C’est intéressant à plus d’un titre. D’une part parce que des gens qui ne sont pas du secteur se mettent à créer de vrais jeux. Des trucs qui marchent. Pas du marchandising de bas étage. Qu’ils peuvent le financer grâce à leur public. Directement. Et pas qu’un peu. 63 000 exemplaires pour un 1er tirage dans une seule langue, c’est beau. Que les party game peuvent soulever des millions de $ sur Kickstarter. Que KS est vraiment un phénomène incroyable. Quel que soit le bout par lequel on le prend. Et qu’il est formidable de voir cet esprit transgressif toucher autant de monde et permettre à des auteurs de vivre. Je ne vois pas quel éditeur, ici, ailleurs, aurait pris un tel risque. Aurait cru à un tel projet. C’est la magie d’internet. C’est la magie du jeu.
Humour.
Attention, je n’ai pas résisté au générateur. Voici quelques propositions que je vous déconseille d’aller voir. Je vous préviens. Moi, ça me fait rire. Moi, je trouve ça excellent. Vous risquez d’être déçu. Je vous aurais prévenu.
► Strip aléaPhal 1 : cliquez ici !
► Strip aléaPhal 2 : cliquez là !
► Strip aléaPhal 3 : cliquez ici !
► Strip aléaPhal 4 : cliquez là !
► Strip aléaPhal 5 : cliquez ici !
Le jeu se pratique de 3 à 10 joueurs, agé de + de 18 ans, pour des parties de 30 minutes environ. Il n'est disponible qu'en anglais au prix en import de 35€ environ et pas partout du coup...
► Le site officiel avec la règle complète mais en anglais, c'est par là !