Journal d'auteur : Bubblee Pop (1/2)

Journal d’auteur : Bubblee Pop (1/2)

1992, j'ai 13 ans et deux anecdotes liées vont marquer ma jeunesse.

Premièrement : « Je savais que c'était impossible mais elle l'a fait ». Mark Twain Ma Reum.

Noël est là, je rêve d'avoir une console Megadrive mais je sais que c'est mathématiquement impossible vu les moyens financiers de ma mère. Elle me tend un unique paquet en ayant l'air plus impatiente que moi de révéler son contenu. Je me dis qu'elle a voulu me faire plaisir en achetant une console mais que c'est sûrement la Master system, peu chère mais déjà bien dépassée à l'époque. J'ouvre fébrilement en tentant de cacher ma déception à venir pour ne pas vexer ma mère. Je vois le logo SEGA apparaître, puis le « M » de Master system se transforme comme par magie en « Megadrive ». Je reste bouche-bée devant la boite pendant 45 bonnes minutes. Ma mère m'explique gênée qu'étant donné le prix de la console elle n'a pas pu acheter de jeu pour aller avec, mais ça m'est égal. Je ne peux pas encore y jouer mais je l'ai et je n'en reviens toujours pas.

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"Le précieux"

Cet événement pouvant vous paraître anodin a été très marquant pour moi. Non pas parce que j'ai eu une Megadrive. Mais surtout parce que ce jour précis j'ai réalisé que l'impossible peut-être surpassé. Je ne sais pas comment ma mère a pu faire cette dépense mais elle l'a fait, ça m'a marqué et m'a aidé à avancer par la suite en repensant fréquemment à cette anecdote lors des moments de doute.

"Moi, quand j'étais pas vieux"

Deuxièmement : L'incompréhensible attraction du match 3.

J'avais donc enfin la machine mais il manquait les jeux. Les années passant je parvins à économiser pour m'offrir :

  • Bulls vs Blazers (en bon fan de NBA)
  • Shining Force 2 (en bon fan de RPG)
  • Quackshot (à la bande son mythique)

Puis quelqu'un m'offre une compilation, Mega games 1, comprenant 2 jeux pourris et Columns, un « Match 3 » (aligner 3 symboles identiques pour les détruire) qui était sorti en 1990. Le seul jeu du genre que je connaissais était le légendaire Tetris auquel j'avais joué des centaines d'heure sur Gameboy et dont la musique est tout autant mythique (Korobeïniki de Nikolaï Nekrassov).

« une découverte inattendue »

Je jouais à Columns régulièrement et une chose me marqua cette année-là. Ma mère, totalement hermétique aux jeux vidéos, se met non seulement à essayer Columns mais surtout à beaucoup aimé, au point d'y rejouer plusieurs fois, parfois durant de longues soirées.

« THE Match3 »

Je me suis alors demandé ce qu'avait de si particulier ce jeu pour qu'une personne qui voit les jeux vidéos d'un mauvais œil, se fasse happer à ce point.

Pendant plusieurs années ensuite je me suis souvenu de Columns comme le seul jeu ayant intéressé ma mère sans vraiment comprendre pourquoi.

23 ans plus tard...

Nous faisons un grand bon dans le temps, nous sommes désormais en Janvier 2015, je m'intéresse désormais plutôt aux jeux de société qu'aux jeux vidéos et suis en pleine finalisation du développement d'Outlive. Je me rends à la salle de sport et en observant les filles gens, je m'aperçois que le gérant de la salle joue a Candy crush, que la mamie sur son vélo fait de même et qu'un ado plus loin aussi.

"Candy crush"

Je me dis que ce jeu touche un public incroyablement large et me demande pourquoi. Et je réalise que c'est un match 3, et je repense à ce bon vieux Columns...

C'est là que je réalise que la magie de Columns m'intrigue toujours et qu'un quart de siècle plus tard les ficelles du match3 parviennent encore à plaire à la plupart des personnes qui s'y essaie. Ce n’est pas banal, c'est même plutôt rare comme phénomène, tout média confondu.

Alors pourquoi ne pas essayer d'en faire un jeu de société ? Je me dis que c'est impossible, c'est l'ordinateur qui gère l'arrivée aléatoire des boules, leur destruction et les réactions en chaîne. Mais comme c'est impossible j'essaie. Il faut cependant apporter quelque chose de nouveau au genre. Je réfléchis à un éventuel défaut des match 3. En regardant les gens jouer à Candy crush je me dis que c'est une expérience solo uniquement. Il faut que je propose un jeu qui se joue à deux afin d'apporter une bonne dose d'interaction à un match3.

Et au milieu coule une rivière

J'imagine tout de suite deux zones de jeu séparées par une rivière centrale dans laquelle arriveront des tuiles double représentant des boules de différentes couleurs. Les joueurs devront choisir une tuile dans la rivière et la faire tomber dans la zone de jeu adverse... Non... dans leur propre zone de jeu, afin d'être maître de leurs choix.

Par chance, un an plus tôt j'avais mis de côté une illustration d'Alexey Rudikov représentant des boules de différentes matières, je le contacte donc et il m'autorise à l'utiliser, ce sera parfait pour le proto.

« Jolis effets de matière »

Je fabrique rapidement un premier proto sans chercher à l'équilibrer et je fais un premier test avec mon collègue auteur Frédéric Vuagnat lors des « Rencontres ludiques de la Licorne joueuse ». Je n'ai pas encore vraiment de règles, c'est juste un premier test pour voir ce qui ne marche pas. Nous voyons tout de suite que les tuiles doubles ne fonctionnent pas mais je veux absolument garder la contrainte de prendre deux boules d'un coup. Fred me propose simplement de couper les tuiles en deux. Le joueur devra alors prendre 2 boules de son choix dans la rivière avec l'obligation qu'elles soient adjacentes (comme si c'était une tuile double mais avec plus de choix).

La bonne nouvelle c'est que l'idée de base d'avoir une rivière dynamique et commune aux deux joueurs fonctionne déjà parfaitement et c’est là l’essentiel. Je vais pouvoir m'attaquer sérieusement aux règles et à l'équilibrage !

La partie 2/2 de ce journal d'auteur arrive bientôt, vous y découvrirez le développement du proto jusqu'à son édition...

Merci de m'avoir lu,

Gregory Oliver.

4 « J'aime »

Punaise, je plussoie tellement toute la première partie de cet article O_O megahugs
Et Shining Force 2. Gaaah.
On a fait un tournoi de Bubblee Pop hier soir en présence de Banquizzzz éditions, à la taverne du Gobelin Farçi, à Saint Etienne. Je crois pouvoir affirmer que tout le monde a été conquis. D’autant que le boulot d’édition, aux petits oignons, aide à s’immerger. Bravo !

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Merci !!

Article sympa :slight_smile:

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