Alexandre droit est l’auteur de “Visual Panic” édité il y a peu par Cocktail Games. Il nous a fait parvenir ce texte qui nous raconte comment il est arrivé dans le monde des auteurs de jeux édités.
Par où commencer ?
Peut-être par là ! En 1994, je fais des études en communication visuelle et publicité. Le thème de cette fin d’année (représentant 50% de la note globale pour passer en classe supérieure, donc en gros, il va falloir assurer !) : créer un jeu de société ! Whaooouu ! Quelle drôle d’idée ! Et… pourquoi pas ? Quelques règles à ce défi : Nous avons environ un mois et demi pour rendre “un produit” le plus finalisé possible et devons travailler en binôme.
C’est là ma première collaboration avec l’ami Laurent Ruptier. Nous créons un jeu en bois, un jeu de stratégie qui se nomme “Taktik”. Nous finissons premiers de la promo et passons en dernière année. C’est ce même jeu qui nous réunira dix ans plus tard !
Savignac devant l’une de ses “affiches”. |
2005, chômage et… Créations !
J’ai eu mon diplôme ! J’ai travaillé, le temps a passé. Je suis au chômage mais, je ne suis pas le seul, Laurent aussi ! “Et si nous essayions de créer des jeux en attendant de retrouver du boulot !” Pendant 8 mois, nous n’allons faire plus que ça !
Pierre-Marie Jaillet, un de mes anciens collègues, se joint à nous pour illustrer deux des six jeux que nous créons durant ce temps.
Nous sommes plutôt contents du résultat mais : sommes-nous crédibles, nos jeux existent-ils déjà, sont-ils suffisamment intéressants, pouvons-nous faire mieux…?
Pour le savoir, nous commençons à rencontrer plusieurs personnes de cet univers, testons nos jeux entre amis, dans les bars, les cafés jeux… Testons encore et encore, modifions…
…testons nos jeux entre amis, dans les bars, les cafés jeux… Testons encore et encore, modifions…
Matthieu d’Epenoux e(s)t Foutrak !
Puis, un beau jour de 2010 (oui, il faut être patient !), un de nos jeux arrive tout droit dans les mains de Matthieu d’Epenoux, (dirigeant de la société Cocktail games), qui me contacte et m’annonce qu’il veut éditer “Foutrak”.
“Mes camarades de jeux” et moi-même sommes ravis. Le jeu sort en juin 2011. Une bien belle aventure commence et nous amène à aujourd’hui !
Aujourd’hui où je suis tout seul ! Le reste de l’équipe a “lâché l’affaire”, comme on dit ! Moi non, j’ai continué, persisté et crée seul de nouveaux jeux, dont Visual panic !
Ma “méthode” et… Visual panic
A mon avis, il n’y a pas de règle, mais généralement c’est l’une de ces deux façons qui s’impose à moi :
• la première : une idée me vient comme ça - ça peut-être une phrase, une image, une discussion, une envie, un film, bref, les hasards de la vie. Elle m’obsède un peu, beaucoup, j’y pense pendant un moment, puis je viens y greffer des petites choses : une mécanique, un univers etc…
• la deuxième : j’aime la mécanique ou le ressenti d’un jeu existant (ou plusieurs), et j’essaie de me le réapproprier, le transformer, le “bidouiller”, évidemment de façon à ce qu’il ne ressemble plus au jeu d’origine. La plupart du temps, je m’en éloigne même beaucoup. Je crois d’ailleurs que c’est le cas pour Visual panic. Mon inspiration de départ était le jeu Dobble. Je souhaitais créer un jeu avec plus ou moins ces critères : simple, rapide, efficace, malin et accessible à tous. J’espère y être arrivé. Hormis le fait que ce sont deux jeux d’observation, d’acuité visuelle, pour moi, ils ne se ressemblent pas.
Visual panic, la base…Au tout début, les quatre premières cartes que j’avais dessinées faisaient un peu penser à un “Où est Charlie ?”. Graphiquement c’était intéressant, mais il y avait trop de choses, trop d’informations. Des silhouettes de couleur ou sur des fonds noir ou blanc ou entourées de noir ou de blanc apparaissaient. Il n’était pas encore question de poser la main sur la carte, il fallait être le plus rapide à prendre la pose de la silhouette de la couleur annoncée, puis énoncer les objets de cette même couleur “noyés” dans la carte. L’ensemble était chaotique. Assez rapidement, j’ai construit des cartes plus “symétriques”, plus logiques les unes avec les autres. Mais là encore, les silhouettes étaient de trop et puis le jeu, bien que différent, rappelait un peu Foutrak, de par ses enchaînements. Du coup, j’ai supprimé les silhouettes et après ça, tout a été très vite. Je crois qu’il m’a fallu environ neuf mois entre l’idée de base, les premières recherches et le prototype envoyé à Cocktail games, sachant que je travaillais les cartes quand j’en avais le temps et le courage ! Alors qu’en ne faisant que ça, je pense qu’il m’aurait fallu seulement deux à trois semaines maximum ! (sans compter les parties de tests évidemment). Un, deux, trois, “Cocktail” !Après une quinzaine de parties tests plutôt encourageantes (ce qui est peu pour moi !), j’ai décidé naturellement de l’envoyer à Cocktail games. Il fut très vite testé et plutôt apprécié par l’équipe. Matthieu d’Epenoux me fit rapidement une proposition de contrat. La Cocktail dimensionUne fois dans les mains de la team Cocktail, nous discutons un peu du projet par téléphone (ou par mail), échangeons nos idées, donnons chacun nos avis… C’est une période où tout devient un peu “étrange” pour moi. Comment décrire cela ? Tout se met en place petit à petit. Il y a une “sorte de travail d’équipe”, mais l’ensemble reste un peu flou pour moi. Le jeu ne m’appartient plus vraiment. Les premiers crayonnés de la boîte arrivent, je donne de nouveau mon avis (étant graphiste, je pense que je peux aider) mais, est-ce vraiment le cas ? Je ne sais pas trop. | Il y a un mélange d’excitation et d’inquiétude, j’ai souvent peur d’être un peu envahissant et en même temps, qui connaît le jeu mieux que moi ? Travailler sur un jeu comme celui-ci demande de la concentration, du calme. Chaque carte est réfléchie, même si on ne s’en rend pas forcément compte une fois le jeu en main. De plus, je me dis que nous n’avons pas trop le droit à l’erreur. Puis, vient le moment où je découvre les cartes finalisées. C’est à la fois proche et en même temps différent ! Nous faisons encore quelques corrections… Certaines de mes remarques sont prises en compte, d’autres non. Puis les jours passent et tout doucement, je me réapproprie le jeu. C’est aussi pour toutes ces raisons que je profite de cet espace pour remercier une fois de plus la team Cocktail, et plus particulièrement Pascaline, et l’illustrateur, Olivier Fagnère. Tous les deux se sont approprié mon jeu, l’ont retravaillé, peaufiné, embelli… Il est d’ailleurs toujours important à mon avis de garder ces choses en tête à tout moment de la création : Les modificationsIl y a eu quelques changements sur le jeu d’origine : - Avant, il y avait 9 familles de 6 cartes ; maintenant il y a 6 familles de 9 cartes. - Quand on se trompait, on donnait sa carte à son voisin de gauche ou de droite. Ça marchait aussi, mais je ne sais pas pourquoi j’étais parti là-dessus. Ça me paraît vraiment stupide aujourd’hui ! Maintenant, nous donnons la carte au joueur de notre choix et c’est très bien ainsi. - Pour finir, à la place des caméléons, il y avait “des yeux” ! Au début, sans que ça me dérange vraiment, je trouvais la représentation du caméléon un peu trop évidente pour un jeu comme celui-ci. Maintenant, je n’y pense même plus ! |
Un troisième jeu verra le jour, chez Gigamic cette fois (nom actuel Bidul’Z, sortie prévue fin 2014).
Et après… le futur !
J’espère évidemment que Visual panic sera apprécié par le plus grand nombre, que tout comme pour Foutrak, on me racontera de nouveau de belles anecdotes.
Puis après Visual panic, un troisième jeu verra le jour, chez Gigamic cette fois (nom actuel Bidul’Z, sortie prévue fin 2014). Une autre belle aventure en perspective.
Plusieurs projets personnels se bousculent dans ma tête. J’espère aussi travailler avec mes amis CALyonnais (Nicolas “Mimtoo” Bourgoin, Florent “Pom pom, Migrato, Hop la bille !” Toscano…), et faire plein d’autres belles rencontres, je suis ouvert à tout !
Je suis de plus en plus heureux de découvrir ce milieu, il y a tellement de créativité, de jeux surprenants, de rires, de sourires, de fous-rires…
Je ne suis pas dupe, ça ne peut pas continuer comme ça tout le temps ! Mais bon, pour l’instant, je ne fais que de belles rencontres et ne vis que de bons moments, alors, j’en profites !
Toutes ces énergies positives me nourrissent et me font un bien fou !
Je crois bien avoir attrapé définitivement ce chouette virus qu’est “LE JEU” !
► Un article qui explique "Visual Panic sur Tric Trac, cliquez ici !
► Une vidéo dans la Tric Trac TV sur Visual Panik, cliquez là !
► Une vidéo dans la Tric Trac TV sur “Foutrak”, cliquez ici !
« Visual Panic »
Un jeu d’Alexandre Droit
Illustré par Olivier Fagnère
pour 3 à 7 joueurs
à partir de 8 ans
pour des parties de 15 à 20 minutes
édité par Cocktail Games
Distribué par Asmodee
Prix public conseillé : 10€
Sortie prévue : courant septembre
⇒ NdlR : Un article écrit par Alexandre Droit et mise en page par Monsieur Phal