Kang-a-Roo, tout sur cook, les concombres de mer et les MGDK dans l'univers

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Kang-a-Roo, tout sur cook, les concombres de mer et les MGDK dans l'univers

Nous sommes le 14 juillet 1770. Personne parmi les hommes ne pense à faire la fête ou à se rendre au feu d’artifice. La première raison c’est que les hommes présents ici sont britanniques. L’autre c’est que personne n’a encore pris la bastille. Non le truc vraiment chouette de la journée c’est qu’un des hommes du capitaine James Cook, dont le trois mâts « Endeavour » baigne une crique de « Nouvelle-Hollande », vient de trucider un rat géant.

Ce lapin gigantesque a longtemps été l’objet des spéculations de l’équipage. Les « indiens » locaux nomment cette bête « Kanguroo ».

Des années plus tard, on ne sait trop comment naitra la légende. Une histoire racontera que « Kanguroo » voulait dire « Je ne comprends pas » à la réponse « Mais qu’elle est cette bête dégoutante ! Oh my god ! » ou quelque chose du genre.

C’est une histoire amusante que j’ai raconté à mes enfants.

Sans savoir qu’en 1972, l’ethnolinguiste John B. Haviland, étudie le guugu Yimidhirr, une des 200 langues aborigènes d’Australie. Et donc gangurru veut dire… Kangourou gris…

Et voilà… Pardonnez-moi enfants ! Votre papa a cru faire son malin ! Pardonne moi ô Skippy ! Pourvu que Flipper et Sheeta ne m’en tiennent pas rigueur. C’était pourtant évident comme le Noé au milieu de la figure… Je fus bien abusé. On ne m’y reprendra plus avant la prochaine fois.

Pour rattraper cette déficience éducationnelle, j’ai donc décidé de vous présenter un hymne à la gloire des macropodidés mais avec des cartes. Commençons avant d’ouvrir cette boîte par admirer cette couverture dans laquelle on reconnaît la patte de l’éditeur autrichien Piatnik qui, s’il est vénérable sur bien des points, se cantonne irrémédiablement dans un style autrichienchien à sa mèmère qui pique un peu les yeux de ceux qui n’ont pas dû subir l’imagerie ludique des années 70. Remarquez qu’ils ne mettent même pas le nom de l’illustrateur… Et malgré une tentative de bonne foi mais assurément vaine, la branche française a ravalé un peu la chose alors qu’il aurait juste fallu tout jeter à la poubelle et recommencer. Par contre ça coûte plus cher.

Mon premier conseil donc est de couper ses neurones esthétiques (pourtant la Secession c’est pas pour les cochons ? Elle existe la culture autrichienne) pour avoir à éviter de passer devant cette boîte surannée au risque de rater un splendide MGDK ! Un MGDK ? Ne cherchez pas ça date d’il y a 5 secondes ! C’est un Minimal Game Design à la Knizia. Vous savez combien je goûte et aime tartiner ces petits jeux faits de règles très simples pour des effets plus grands et qui, en général se jouent rapidement. Et tous de rivaliser d’excellence dans l’épure pour nous entrainer dans des micro univers ludiques fait de quelques piliers astucieusement disposés dont on n’imaginerait pas qu’ils puissent supporter à eux seuls l’existence d’un jeu complet. Et dans ce registre, j’avoue avoir pris part avec quelques complices parfois involontaires à populariser dans la francophonie quelques perles parfois obscures de la culture ludique asiatique. De là à croire que le minimalisme ludique vient de là, il n’y a qu’une tong et ce serait une erreur que de le croire.

C’est tout petit, c’est moche et il n’y a pas de zombies ?

- Bill Doulchard 2014

En réalité ce mouvement existe depuis longtemps et il est un exercice que beaucoup d’auteurs ont éprouvé avec plus ou moins de bonheur. Sachant qu’en plus d’un chalenge esthète, se trouvait derrière des éditeurs, enthousiastes à l’idée de fabriquer des jeux qui ne coûtent rien et se vendent beaucoup.

Pour tout vous avouer, mon premier émoi minimaliste me vient d’Allemagne. Et plus particulièrement d’une petite boîte Amigo. Haaaaa ! Les petites boîtes Amigo ! Un vrai pan souvent négligé de la culture ludique ! Trop en avance ? Petite boîte à cette époque voulait dire petit jeu ou jeu de voyage. Rien de suffisamment consistant pour attirer l’œil et l’esprit du critique. Une époque rude ou la taille primait encore sur l’habileté et l’élégance. Un monde bien cruel assurément.

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En fait le jeu qui m’a fait prendre conscience de l’intérêt de ce minimalisme se nomme « Flinke Pinke » et date de 1996 (oui j’ai une longue expérience des boîtes moches). Des cartes et des pièces et c’est tout. Un minimum de matériel, pas de blablas et un effet terrible. Vous pourrez regarder les quelques avis donnés sur Tric trac pour voir que les sentiments sont très contrastés. Je vous parle de celui-ci mais j’aurais pu tout aussi bien vous parler de « Stupide Vautour » ou des « Loups-garous de Thiercelieux » ou de « Jungle Speed ».

Aujourd’hui nous retrouvons ce bon vieux Reiner Knizia qui se cache derrière cette bande de kangourous colorés. On aurait pu avoir des pièces mais on a des kangourous. Au final c’est assez égal sauf que les kangourous c’est un peu plus fun. Les concombres de mer aussi mais visiblement ils sont moins inspirants auprès des éditeurs. Encore un mystère de la vie que je tenterais de résoudre mais une autre fois.

Posons donc nos 11 kangourous au centre de la table. Chacun possède sa propre couleur et forcément je connais des daltoniens qui vont peiner un peu.

Chacun pioche 5 cartes qui représentent juste la couleur d’un des kangourous arc-en-ciel. On cache 5 autres cartes sans les regarder pour rendre les parties différentes.

Le but du jeu est de capturer le plus de bestiaux.

Votre tour arrive. Vous êtes fébrile. Vous jouez une carte rouge : vous capturez le marsupial rouge. Vous repiochez pour avoir à nouveau 5 cartes en main.

C’est simple mais c’est barbant non ?

Reiner ? Ah ! Oui ! Ce n’est pas tout ! Le joueur suivant joue lui aussi une carte rouge. Oh ! Misère malheur et injustice : l’animal écarlate a déjà été pris par un joueur dont la seule qualité à été de commencer à jouer avant lui ! Jeu de crotte !

Mais non ! Avec cette carte rouge, ce joueur va chafouinement piquer le kangourou rouge CHEZ le proprio précédent. Celui-ci fait les gros yeux et là c’est déjà plus amusant.

Attendez ! Ce n’est pas fini ! Le proprio initial se rebiffe. En plus de faire ses gros sourcils, lui aussi joue une nouvelle carte rouge et dit : non ! Ho ! Le voleur est tout surpris ! Le Kangourou rouge reste en place.

Maintenant que vous connaissez les règles, et sachant qu’il existe 5 cartes de chaque couleur dont 5 sont absentes de chaque manche, à quel moment pensez-vous que jouer une carte plutôt qu’une autre est plus rentable en fonction du nombre de celles déjà jouées ? Je vous laisse méditer là dessus.

Rien qu’avec le principe de « je joue une carte rouge, je prend un machin rouge », l’astucieux Knizia nous offre une ambiance de coups fourrés dont la simplicité donne un jeu dynamique et rapide où le hasard ne joue pas un rôle aussi prépondérant qu’on pourrait l’imaginer de prime abord.

Idéalement, pour modérer encore plus ce hasard, on jouera plusieurs manches.

Si la boîte est moche, on est désormais habitué, voici un jeu qui plaira aux amateurs de MGDK qui pourront le placer dans toutes sortes de circonstances ludiques avec des publics très variés (donné dès 4 ans mais les petiots ne s’encombreront pas des finesses perverses des plus grands). Les nouveaux venus seront surpris de voir ce qu’on peut faire à partir de presque rien et ça c’est un vrai talent.

Si vous êtes du genre à soupeser les boîtes et à avoir les poils qui se dressent en dépunchant 24 planches de pions et de tuiles… Fuyez pauvres fous !

Cette nouvelle version francisée sera dispo vers fin juin 2014.

► Télécharger les règles en français : hop !

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Kang-A-Roo
Un jeu de Reiner Knizia
Illustré par on s’en fout
Publié par Piatnik
3 à 6 joueurs
A partir de 4 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 10 minutes
Prix: 15,00 €


4 « J'aime »

Cet auteur est vraiment excellent !!! J'adore !!! Que dire... C'est un mentor ^^

Par contre, oui la boite est moche et le thème fait vraiment trop gamin dans les traits et les pions en forme de Kanguroo !!! Dommage !!!