[Die vergessene Stadt][Forbidden Island for Ipad][L’Île interdite]
Avec le peu de recul que nous avons, les éditeurs ne savent pas vraiment si les adaptations numériques de leurs jeux, que ce soit en ligne, en application, sont un bien ou un mal. Est-ce que cela aide le jeu à le faire connaître, à le vendre ou, au contraire, est-ce que cela le tue ? Il est des éditeurs qui ont foncé des le départ sur la mise en parallèle immédiate de leur produit, créant le jeu concret et proposant quasi en même temps la possibilité de jouer en ligne. Days of Wonder, dont les fondateurs venaient de l’informatique, ont été de ceux-là, et on peut dire que la version en ligne, puis l’appli iPad sont de véritable succès. Un succès générant des ventes de jeux concrets et rapportant des $ virtuellement aussi. Mais est-ce que cela est valable pour tous les jeux ? Est-ce que la mise en ligne doit se faire avant la sortie, en même temps, après ? Chez Gamewright, ils ont choisi après, et même très après. Disons 3 ans.
Forbidden Island.
Le jeu de Matt Leacock n’est plus à présenter, « L’île Interdite » est l’un des 3 ou 4 jeux coopératifs les plus prisés dans le monde de ceux qui s’intéressent à la chose ludique. Sélectionné à droite et aussi à gauche pour des tas de prix ludique prestigieux, le jeu a tellement bien marché qu’est arrivé il y a peu sont petit frère « Le Désert Interdit ». Normalement, si vous voulez savoir de quoi il s’agit parce que vous débarquez sur Tric Trac et qu’il y a 15 minutes vous ne saviez pas qu’un secteur pareil existait, vous avez des tonnes d’avis sur les fiches, des vidéos, des articles. Bref, je ne vais pas vous refaire le pitch. « L’île Interdite » est maintenant disponible est version numérique sur les iMachines d’Apple.
Button Mash Games Inc.
C’est une entreprise canadienne qui a travaillé sur l’adaptation, et plutôt pas mal. La chose s’est faite en parfaite adéquation avec Gamewright, du coup tout est comme dans le vrai jeu, les illustrations la règle, tout… Mais vous n’avez rien à installer !
De 2 à 4 joueurs.
Oui, il faut être 2 pour jouer, ce qui est paradoxal pour un jeu coopératif qui fait que l’on peut finalement jouer seul. Sauf qu’en fait vous pouvez jouer seul. Même à 4. Je m’explique. Le truc de « L’île Interdite », c’est que ce sont des explorateurs qui vont essayer de quitter une île avec des trésors avant qu’elle ne disparaisse sous les eaux. Et pour que cela soit possible, il y a besoin des compétences de personnages. Or donc, il faut au moins 2 personnages pour que l’aventure soit possible. Donc 2 joueurs à l’écran. Mais le jeu vous propose 2 possibilités d’affichages. Soit en mode « face à face », avec les personnes réparties d’un coté et de l’autre de l’écran, soit « je joue je te passe la tablette » avec tous les persos dans le même sens. Donc, vous pouvez jouer, gérer seul tous les «aventuriers», et donc choisir jusqu’à 4 Héros et les joueurs vous, tout seul… Donc, ne pensez pas qu’il faut être au minimum 2 pour jouer. C’est une vue de l’esprit… D’ailleurs, c’est écrit dessus : Single player gameplay (by controlling multiple Adventurers).
Les difficultés.
Comme dans le vrai jeu sur table, vous allez pouvoir choisir les aventuriers, le format de l’ile et la difficulté… Et puis, comme sur toutes les applis sérieuses, on peut reprendre une partie en cours, couper les musiques, toujours excellentes au demeurant, mais très rapidement horripilante, couper les bruitages, toujours excellents au demeurant, mais très rapidement horripilant…
Les îles interdites.
Oui, LES îles, car l’appli vous propose des compositions histoire de varier les plaisirs et encore plus les difficultés. Il y a quelques configurations fournies de base, des configurations classiques, mais vous allez pouvoir en acheter d’autres. Des difficiles, des amusantes, des étonnantes, des effrayantes… Quand je dis « acheter », je veux dire contre de l’argent. Ho, pas cher, à peine quelques centimes d’€uros, ou quelques €uros si vous prenez des packs…
5€
C’est le prix. C’est moins cher que le jeu en boîte. Si vous aimez le jeu original et que vous possédez un iPad, vous allez forcément aimer cette adaptation. Parce qu’elle va vous permettre de jouer seul, vite, de tenter des choses, d’améliorer votre vision… Et de jouer sur des formats d’îles inédits et amusants. Le jeu se transforme, du coup, en casse-tête de défi.
Et le désert alors ?
Houla, rien n’est dit, rien n’est fait et ne se fera peut-être jamais. On ne sait pas. Le moteur est presque le même, mais pas du tout. Et la question du début se pose. Est-ce un bien, un mal que ces adaptations ? Gamewright va s’en doute observer.
La virtualisation des jeux ? Je dirais bien…
Non, pas bien… Heuuuu… Bien !
Mon opinion, vous voulez mon opinion ?Sur l’appli, je n’en ai pas vraiment dans la mesure où, en fait, je ne joue que très très peu, voire quasi jamais à des jeux sur écran. J’ai lancé l’appli, elle est graphiquement réussie, ergonomiquement efficace. J’aurais tendance à me dire qu’un jeu coopératif est intéressant que comme ça, sous cette forme, mais ça, c’est mon côté sale con qui n’aime pas les jeux coopératifs. Et sur les adaptations ?Mais j’ai une opinion sur les adaptations. Oui. Et elle est terriblement efficace, vous allez voir. Est-ce qu’une adaptation numérique fait du bien ou pas à un jeu ? Et bien, en fait, je pense que cela dépend du jeu. Fort non. Oui. Il est des jeux que cela va aider et d’autres que cela peut tuer. La première raison négative que je vois, c’est tuer l’intérêt. Je m’explique. Lorsque l’on achète un jeu, il faut se réunir pour pratiquer. Il faut accorder les emplois du temps. Il faut installer le jeu et le ranger. En plus, comme on est avec des gens autour d’une table, on prend du temps pour papoter, se demander comme on va, tout ça. Donc, faire une partie n’est pas si simple, et c’est long. Prenez un jeu de votre ludothèque et calculez combien de parties vous avez faites cette année… Alors qu’en appli ou en ligne, vous allez pouvoir enchainer les parties. Plein. Parce que vous allez pouvoir jouer seul, ou trouver, à n’importe quelle heure de la nuit et du jour, des partenaires. Pas d’installation, pas de rangement… | Et là où il faut 1 an pour organiser 20 parties et faire le tour de 25% des stratégies d’un jeu sur table, il vous faudra 1 mois, en ligne, pour réaliser, prendre conscience de 95% des tactiques. Une fois que vous en avez fait le tour en 50 parties « virtuelle », quel est l’intérêt d’aller acheter 5 ou 6 fois plus cher, une boîte du jeu sur table, qu’il va falloir installer, puis ranger… Surtout si vos amis, eux, ne pratiquent pas en ligne. Vous aurez une expérience beaucoup plus grande et leur laisserez peu de chance. Enfin, si vous êtes un vil qui ne pense qu’à humilier ses amis, cela vous conviendra. Mais, jouer en ligne, sur appli, peut avoir de grands avantages pour certains jeux. Cela peut mettre en lumière toutes les qualités insoupçonnées d’équilibre qui ne peuvent apparaître qu’au bout d’un très grand nombre de parties. Souvent, le joueur pense être fort et avoir découvert tous les rouages en quelques tours, avec cette fameuse phrase « Mouais, la combo or + port + carte oléoduc, c’est imbattable », alors qu’en fait non. Parce qu’il y a le contre que personne n’a vu parmi vos amis. Alors qu’en ligne, avec les dizaines et les centaines de joueurs, on a bien vu qu’il fallait avoir au moins 10 parties au compteur pour commencer à aimer, qu’en fait ce n’est pas toujours le 1er joueur qui gagne, que le dernier joueur n’est pas avantagé, que ce n’est pas un jeu de chance puisque c’est toujours les 3 mêmes qui trustent le classement des meilleurs joueurs… Bref, cela peut révéler, confirmer que la faiblesse, c’est le joueur et non le jeu. Cela peut redorer l’image d’un jeu. Je n’ai fait qu’effleurer 2 problématiques et vous voyez déjà que savoir s’il faut adapter un jeu ou pas n’est pas chose évidente. Cela va dépendre du prix de la vraie boite, de son public, de sa mécanique, de son matériel. Là, pour « L’île Interdite », on peut se dire que l’air de rien, c’est « Le Désert Interdit » que cela risque d’aider, car si on ne connaît pas le jeu de base et que l’on découvre que l’on aime, il y a fort à parier que l’achat de boîte penchera vers la nouveauté nouvelle et donc le dernier en date qui est pareil, mais totalement différent… |
L’île Interdite iPad, c’est le bien !
Monsieur Md’E - Août 1879
Et Androïd ?
Oui, on sait, c’est moche et c’est toujours le même débat avec les mêmes arguments. On ne sait pas, et oui, c’est souvent sur les machines d’Apple que l’on trouve ce genre d’adaptation. C’est comme ça. Vous aurez beau couiner, maudire le capitalisme… Il n’en demeure pas moins que c’est plus facile sans doute pour les entreprises de gagner leur vie en passant par Apple que par Androïd. Tant que ces entreprises auront ce sentiment là, il en sera ainsi.
► Pour aller voir la page officielle, c’est par ici (en anglais) !
► Pour télécharger l’appli sur l’Apple Store (en français), c’est par là !
« L’île Interdite for iPad »
Un jeu de Matt Leacock
Pour 2 à 4 joueurs (mais 1 aussi du coup)
à partir de 10 ans
Edité par Gamewright et Button Mash Games
Distribué par Apple
Prix : 5€
Sortie : là !