Merci de participer à la discussion, c’est vraiement chouette de pouvoir échanger
Est-ce que tu peux préciser ce point que je ne comprends pas très bien : “la communication est devenu une protection face à la concurrence enragée des éditeurs “traditionnels””. Que veux-tu dire ?
Pour ma part, je suis partagé sur la surabondance de titres. Les effets sont parfois dévastateurs (d’un point de vue des professionnels) mais quelle decouverte face à tout ce panel de diversité (d’un point de vue des acheteurs). Est-ce incompatible ?
(mon sujet avait uniquement pour but d’échanger sur la façon dont les uns et les autres abordent le participatif mais si on peut aller plus loin dans la discussion c’est top ! ;))
Toute une partie des core-gamers de la première heure ne se retrouvent plus dans les produits casuals proposés en boutique. C’est eux que l’on va retrouver sur les gros KS très chers ou sur les petits projets très conceptuels. Pour les gros KS, il s’agit de “produits de luxe” du jds. Je prône depuis longtemps une dissociation des marchés boutiques et KS. Pour ma part je ne veux plus que Monolith vende en boutique (mais je ne suis pas seul décisionnaire). Parce que c 'est un non sens économique. Aujourd’hui, en boutique, Asmodee marge plus sur un Timeline que Monolith sur un Conan!!! A quoi bon ???
Salut Alloleo. J’avais écrit un article très long précisément sur ce point dans le pc qui m’a été volé. En substance on assiste à deux modèles qui s’affrontent et qui ont chacun leur raison d’exister. D’un côté un modèle de concentration des ressources intellectuelles et matérielles sur un petit nombre de sortie et de l’autre un modèle “dilutif”. Evidemment, à ressource égale, le premier permet de mettre beaucoup plus de moyens sur la communication à propos de ses quelques sortie. Il s’agit d’“exister dans les têtes”, là où le modèle “dilutif” cherche à “exister dans les rayons”.
Pour ma part, je me suis lancé dans cette “aventure”, il y a peu.
J’ai participé au financement de D&D5 de BBE (Je débute en JDR et le prix était vraiment intéressant, This War Of Mine sur KS (Le jeu vidéo est un immense coup de coeur) et Le Cri de Rose Marie sur Ulule.
Je pense que mes participations futures seront plutôt limitées, par manque de temps, mais aussi pour éviter les achats impulsifs.
De plus, la majorité des jeux sont en anglais, et même si je maîtrise la langue, je ne conçois pas de faire jouer mon petit groupe ou ma famille avec des jeux en anglais.
En contre partie, un des avantages de KS c’est que ton jeu ne perd pas en valeur avec le temps en général.
Tu achètes Arcadia quest 150€ fdp inclus tu le revendra mini 150€.
Mais c’est vrai que si tu commences à rationaliser un peu tout ça, beaucoup d’achats se font sous la pulsion de la bonne affaire.
J’achète des jeux parce que j’aime jouer. Toi tu fais des jeux pour les vendre. Tu le dis toi même, tu ne possèdes pas de jeu et tu ne joues pas à part le Scrabble et le Jarnac. Dans le podcast que j’ai écouté tu ne parles que business et tu dis ne faire un jeu que pour qu’il se vende à plusieurs milliers d’exemplaires sinon cela ne t’intéresse pas. Nous n’avons forcément pas la même vision du jeu: je suis un passionné, tu es un marchand. Ceci dit sans aucun jugement, chacun son truc.
Il est erroné de penser que les jeux sur KS seraient plus traités en simple “produits” que dans le commerce classique. Me concernant je n’avais jamais mis autant “d’ame” et de sueur dans un jeu avant Conan. Je le considère vraiment comme mon bébé et je l’aime. Je suis loin d’être sûr que ce soit le cas des 30 jeux par an publiés par tel ou tel éditeur du circuit classique.
je ne suis pas d’accord. Je fais des jeux parce que j’aime me triturer la tête à trouver des mécaniques. Je ne suis pas joueur c’est clair. Mais j’adore créer des jeux et je ne fait que ça depuis mon réveil jusqu’à mon couché. C’est totalement obsessionnel et je ne suis pas capable de penser à autre chose lorsque je suis sur un nouveau projet. et puisqu’on en est aux confidences, c’en est tellement obsessionnel que je suis suivi médicalement pour cela. Ensuite il se trouve que je les vends. Je pourrais être beaucoup beaucoup plus productif, par exemple en regardant ce que fond les autres. Je gagnerais bien mieux ma vie ainsi. Mais ce n’est pas ma conception du métier et je préfère passer ma journée à remplir mes calepins en réfléchissant.
Je lis ici ou là souvent des gens qui prédisent la fin du participatif parce que “ça ne peut pas continuer”. A mon avis, on va plutôt assisté à ce qui s’est passé dans le JV dans les années 80.
On a une surproduction de titres moyens qui vont couler leurs auteurs/éditeurs qui pensaient que KS leur feraient gagner des millions. Mais en parallèle, on va voir une professionnalisation forte du secteur participatif et une énorme monté en puissance sur les 5-10 ans à venir.
Toutefois, je pense aussi qu’à terme les achats seront moins impulsifs au fur et à mesure que le participatif se développera.
En tant que pledgeur occasionnel, j’ai commencé par des achats compulsifs et maintenant, je vais uniquement sur les projets sérieux et vraiment innovants. Je prends du temps pour regarder le jeu, voir les reviews et faire un tri. C’est à mon avis le circuit classique du pledgeur. Mais c’est également le circuit classique de l’acheteur en boutique. Au début, il achète un peu à la beauté de la couv’ ou à l’envie du moment, puis plus sa ludothèque se remplie et plus ses goûts s’affinent, plus il se renseigne.
En cela, je pense que KS n’est pas bien différent du secteur classique dans l’approche des acheteurs. J’ai souvent vu des jeux être plus emballant dans leur pub que quand on y joue sur KS aussi bien que dans les boutiques.
Un bon jeu reste un bon jeu sur KS ou en boutique. Mais certains jeux ne sont pas viables uniquement dans le secteur tradi (exemple de Conan ou à mon échelle d’Outlive). Sans l’apport de KS, il n’y a pas de jeu. Et quand on me dit “vu la pub vous auriez pu investir dans le secteur classique”, c’est vraiment méconnaitre les échelles de coût. Entre une pub à 1000 euros et un investissement à 50 000 euros, c’est de l’ordre de 1 pour 50 donc ça n’a rien de comparable. D’autant que le secteur classique nécessite aussi de faire de la pub
On peut apprécier ou non le participatif, mais je pense qu’il y a de la place pour les deux modèles dans le secteur. Je ne pense pas qu’il faut les mettre en opposition. Ils sont tout à fait complémentaires et je maintiens qu’ils ne visent pas tout à fait le même public, ni les mêmes types de jeux. Pour ma part, je continue d’essayer de proposer des jeux pour les deux modèles. Le prochain jeu de La boite de jeu sera d’ailleurs uniquement dans le circuit classique et ne passera pas par KS. Je ne fais du financement participatif que si c’est nécessaire, selon moi, à la viabilité du jeu.
Concernant le fait de vendre à plusieurs millier d’exemplaires je tiens à m’expliquer :
je ne fais jamais de jeu sans y investir moi même de l’argent. C’est un principe qui dernièrement m’a fermé les porte de Space Cowboys. Sur un Bâtisseurs, si j’investis 12 000 Euros en illustrations et que j’en vends moins de 20 000 je perds objectivement mon argent. Donc évidemment que cela est important, puisque c’est mon métier. Mais je fais ce que j’aime. Ca me responsabilise notamment vis à vis de l’éditeur, car si je lui vends un jeu invendable je perdrai mes revenus.
Donc pour te répondre : je ne suis pas joueur, mais créer c’est TOUTE ma vie et même ma vie affective ne vient pas interférer avec cette compulsion. Donc je suis peut être un Marchand, mais je suis au moins aussi Passionné que toi (et en vérité je pense même l’être plus dans la mesure ou je ne laisse rien d’autre interférer avec ma passion pour la création ludique).
Je vais aussi dire quelque chose qu’on dit trop peu souvent. On reproche à KS de tuer les boutiques. Je peux comprendre que les boutiques voient d’un mauvais oeil KS et c’est aussi pour ça que j’ai essayé de les intégrer avec Outlive. Toutefois, beaucoup de petits (et même de moyens) éditeurs français ne tirent aucun salaire de leur travail d’éditeur. Et je pense que beaucoup seraient surpris de connaitre certains noms qui font ça pour pas un rond.
Or, il est paradoxale de défendre les boutiques et de ne pas prendre en compte que le premier maillon de la chaîne, sans qui pas de jeux en boutique, ne puisse pas en vivre.
Tout ça n’est pas manichéen, chacun essaye de faire au mieux pour la survie de son entreprise. Mais bien sur, les boutiques sont très importantes et il faut essayer de les aider. C’est ce que nous faisons au quotidien aussi (en plus d’essayer de déjà survivre de notre côté ^^).
Je comprends. C’est vrai que je trouve “curieux” d’inventer des jeux sans aimer jouer. Tu devrais faire de la recherche fondamentale. Mais est-ce que, par exemple, tu vas jouer à Conan une fois le jeu fini ou bien est-ce que cela ne t’intéressera plus une fois le jeu totalement terminé ? Je remplis moi aussi des carnets d’idées car je créé des tours de magie (je suis magicien professionnel). Mais cela ne m’intéresse que parce qu’ensuite je fais ces tours lors de mes prestations. Si je ne devais plus me produire en public, je n’inventerais plus de tours.
Alors tu vas me trouver terriblement nombriliste (ce que je peux te jurer que je ne suis pas) mais je ne joue qu’à mes jeux. Non pas qu’ils soient bons, mais parce qu’ils correspondent précisément à mes goûts propres. Je fais ce que j’aime et juste ce que j’aime. Et lorsque j’ai fais des conneries (Cardline Marvel) je le reconnais bien volontier. Sur ce coup j’ai cédé aux sirènes de l’argent facile et ce fût une terrible erreur car le “truc” est effectivement une immonde bouse. Après je joue beaucoup au jdr. Je pense qu’on peut considérer ça comme un jeu de société aussi.
Je suis un peu surpris que Monolith envisage (à terme) de ne pas passer par le circuit boutique car dans le dernier numéro de Ravage un des créateurs de Zombicide explique que ‘l’écrasante majorité des boites’ du jeu a été vendue en boutiques. Ce qui à mon avis a permis d’élargir le public et la gamme.
Si la diffusion de Conan se limite à KS, avec son public restreint de spécialistes, je vois mal comment développer le jeu (et la société) plus avant.
Sauf à considérer que le marché évoluant tellement vite, un jeu chassant l’autre, un KS chassant l’autre, il faut s’inscrire dans une démarche de court terme et procéder par ‘coups uniques’. Ce qui me semble très risqué car pour continuer à créer il faut une aisance financière minimale qui ne peut être fournie que par des produits qui durent (Timeline, Zombicide…).
Pour Conan nous continuerons à faire vivre la gamme en boutique. Mais, pour la suite, à moins que toute la filière accepte de revoir ses marges c’est juste impossible. Le cas le plus emblématique est les US où il y a un double système de distribution. Sur une boite qui sera vendu 100$ nous ne gagnons que…3$ soit 2€50 !!! Ca n’a aucun sens. Or, parce que je veux que Monolith fasse des jeux d’exception, je ne me résoudrai pas à baisser mes coûts de fab. Sur un Conan Boutique, le distributeur gagne 15$, la boutique 50$ et nous 3$. On peut retourner les chiffres dans tous les sens la conclusion demeure celle qui était la mienne dès le KS : en l’état (c’est à dire avec un système de marges lié à un multiple) le système intermédié n’est pas viable pour ce type de jeu. Il faut bien voir qu’un Zombicide coûte beaucoup moins cher à produire qu’un Conan.
Je comprends d’autant plus que je suis pareil. Je préfère nettement faire mes créations que les tours des autres. Et pour le jeu de rôle, c’est la Rolls des jeux de société.