La grande aventure du participatif

J’achète des jeux parce que j’aime jouer. Toi tu fais des jeux pour les vendre. Tu le dis toi même, tu ne possèdes pas de jeu et tu ne joues pas à part le Scrabble et le Jarnac. Dans le podcast que j’ai écouté tu ne parles que business et tu dis ne faire un jeu que pour qu’il se vende à plusieurs milliers d’exemplaires sinon cela ne t’intéresse pas. Nous n’avons forcément pas la même vision du jeu: je suis un passionné, tu es un marchand. Ceci dit sans aucun jugement, chacun son truc.

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  1. Il est erroné de penser que les jeux sur KS seraient plus traités en simple “produits” que dans le commerce classique. Me concernant je n’avais jamais mis autant “d’ame” et de sueur dans un jeu avant Conan. Je le considère vraiment comme mon bébé et je l’aime. Je suis loin d’être sûr que ce soit le cas des 30 jeux par an publiés par tel ou tel éditeur du circuit classique.

je ne suis pas d’accord. Je fais des jeux parce que j’aime me triturer la tête à trouver des mécaniques. Je ne suis pas joueur c’est clair. Mais j’adore créer des jeux et je ne fait que ça depuis mon réveil jusqu’à mon couché. C’est totalement obsessionnel et je ne suis pas capable de penser à autre chose lorsque je suis sur un nouveau projet. et puisqu’on en est aux confidences, c’en est tellement obsessionnel que je suis suivi médicalement pour cela. Ensuite il se trouve que je les vends. Je pourrais être beaucoup beaucoup plus productif, par exemple en regardant ce que fond les autres. Je gagnerais bien mieux ma vie ainsi. Mais ce n’est pas ma conception du métier et je préfère passer ma journée à remplir mes calepins en réfléchissant.

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Je lis ici ou là souvent des gens qui prédisent la fin du participatif parce que “ça ne peut pas continuer”. A mon avis, on va plutôt assisté à ce qui s’est passé dans le JV dans les années 80.
On a une surproduction de titres moyens qui vont couler leurs auteurs/éditeurs qui pensaient que KS leur feraient gagner des millions. Mais en parallèle, on va voir une professionnalisation forte du secteur participatif et une énorme monté en puissance sur les 5-10 ans à venir.
Toutefois, je pense aussi qu’à terme les achats seront moins impulsifs au fur et à mesure que le participatif se développera.

En tant que pledgeur occasionnel, j’ai commencé par des achats compulsifs et maintenant, je vais uniquement sur les projets sérieux et vraiment innovants. Je prends du temps pour regarder le jeu, voir les reviews et faire un tri. C’est à mon avis le circuit classique du pledgeur. Mais c’est également le circuit classique de l’acheteur en boutique. Au début, il achète un peu à la beauté de la couv’ ou à l’envie du moment, puis plus sa ludothèque se remplie et plus ses goûts s’affinent, plus il se renseigne.

En cela, je pense que KS n’est pas bien différent du secteur classique dans l’approche des acheteurs. J’ai souvent vu des jeux être plus emballant dans leur pub que quand on y joue sur KS aussi bien que dans les boutiques.

Un bon jeu reste un bon jeu sur KS ou en boutique. Mais certains jeux ne sont pas viables uniquement dans le secteur tradi (exemple de Conan ou à mon échelle d’Outlive). Sans l’apport de KS, il n’y a pas de jeu. Et quand on me dit “vu la pub vous auriez pu investir dans le secteur classique”, c’est vraiment méconnaitre les échelles de coût. Entre une pub à 1000 euros et un investissement à 50 000 euros, c’est de l’ordre de 1 pour 50 donc ça n’a rien de comparable. D’autant que le secteur classique nécessite aussi de faire de la pub :slight_smile:

On peut apprécier ou non le participatif, mais je pense qu’il y a de la place pour les deux modèles dans le secteur. Je ne pense pas qu’il faut les mettre en opposition. Ils sont tout à fait complémentaires et je maintiens qu’ils ne visent pas tout à fait le même public, ni les mêmes types de jeux. Pour ma part, je continue d’essayer de proposer des jeux pour les deux modèles. Le prochain jeu de La boite de jeu sera d’ailleurs uniquement dans le circuit classique et ne passera pas par KS. Je ne fais du financement participatif que si c’est nécessaire, selon moi, à la viabilité du jeu.

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Cher Monsieur Thierry,

Pour que vous puissiez acheter vos jeux, il faut bien quelqu’un veille en vendre… car j’imagine que vous achetez vos jeux…

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Concernant le fait de vendre à plusieurs millier d’exemplaires je tiens à m’expliquer :

je ne fais jamais de jeu sans y investir moi même de l’argent. C’est un principe qui dernièrement m’a fermé les porte de Space Cowboys. Sur un Bâtisseurs, si j’investis 12 000 Euros en illustrations et que j’en vends moins de 20 000 je perds objectivement mon argent. Donc évidemment que cela est important, puisque c’est mon métier. Mais je fais ce que j’aime. Ca me responsabilise notamment vis à vis de l’éditeur, car si je lui vends un jeu invendable je perdrai mes revenus.

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Donc pour te répondre : je ne suis pas joueur, mais créer c’est TOUTE ma vie et même ma vie affective ne vient pas interférer avec cette compulsion. Donc je suis peut être un Marchand, mais je suis au moins aussi Passionné que toi (et en vérité je pense même l’être plus dans la mesure ou je ne laisse rien d’autre interférer avec ma passion pour la création ludique).

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Je vais aussi dire quelque chose qu’on dit trop peu souvent. On reproche à KS de tuer les boutiques. Je peux comprendre que les boutiques voient d’un mauvais oeil KS et c’est aussi pour ça que j’ai essayé de les intégrer avec Outlive. Toutefois, beaucoup de petits (et même de moyens) éditeurs français ne tirent aucun salaire de leur travail d’éditeur. Et je pense que beaucoup seraient surpris de connaitre certains noms qui font ça pour pas un rond.

Or, il est paradoxale de défendre les boutiques et de ne pas prendre en compte que le premier maillon de la chaîne, sans qui pas de jeux en boutique, ne puisse pas en vivre.

Tout ça n’est pas manichéen, chacun essaye de faire au mieux pour la survie de son entreprise. Mais bien sur, les boutiques sont très importantes et il faut essayer de les aider. C’est ce que nous faisons au quotidien aussi (en plus d’essayer de déjà survivre de notre côté ^^).

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Je comprends. C’est vrai que je trouve “curieux” d’inventer des jeux sans aimer jouer. Tu devrais faire de la recherche fondamentale. Mais est-ce que, par exemple, tu vas jouer à Conan une fois le jeu fini ou bien est-ce que cela ne t’intéressera plus une fois le jeu totalement terminé ? Je remplis moi aussi des carnets d’idées car je créé des tours de magie (je suis magicien professionnel). Mais cela ne m’intéresse que parce qu’ensuite je fais ces tours lors de mes prestations. Si je ne devais plus me produire en public, je n’inventerais plus de tours.

Alors tu vas me trouver terriblement nombriliste (ce que je peux te jurer que je ne suis pas) mais je ne joue qu’à mes jeux. Non pas qu’ils soient bons, mais parce qu’ils correspondent précisément à mes goûts propres. Je fais ce que j’aime et juste ce que j’aime. Et lorsque j’ai fais des conneries (Cardline Marvel) je le reconnais bien volontier. Sur ce coup j’ai cédé aux sirènes de l’argent facile et ce fût une terrible erreur car le “truc” est effectivement une immonde bouse. Après je joue beaucoup au jdr. Je pense qu’on peut considérer ça comme un jeu de société aussi.

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Je suis un peu surpris que Monolith envisage (à terme) de ne pas passer par le circuit boutique car dans le dernier numéro de Ravage un des créateurs de Zombicide explique que ‘l’écrasante majorité des boites’ du jeu a été vendue en boutiques. Ce qui à mon avis a permis d’élargir le public et la gamme.

Si la diffusion de Conan se limite à KS, avec son public restreint de spécialistes, je vois mal comment développer le jeu (et la société) plus avant.
Sauf à considérer que le marché évoluant tellement vite, un jeu chassant l’autre, un KS chassant l’autre, il faut s’inscrire dans une démarche de court terme et procéder par ‘coups uniques’. Ce qui me semble très risqué car pour continuer à créer il faut une aisance financière minimale qui ne peut être fournie que par des produits qui durent (Timeline, Zombicide…).

Pour Conan nous continuerons à faire vivre la gamme en boutique. Mais, pour la suite, à moins que toute la filière accepte de revoir ses marges c’est juste impossible. Le cas le plus emblématique est les US où il y a un double système de distribution. Sur une boite qui sera vendu 100$ nous ne gagnons que…3$ soit 2€50 !!! Ca n’a aucun sens. Or, parce que je veux que Monolith fasse des jeux d’exception, je ne me résoudrai pas à baisser mes coûts de fab. Sur un Conan Boutique, le distributeur gagne 15$, la boutique 50$ et nous 3$. On peut retourner les chiffres dans tous les sens la conclusion demeure celle qui était la mienne dès le KS : en l’état (c’est à dire avec un système de marges lié à un multiple) le système intermédié n’est pas viable pour ce type de jeu. Il faut bien voir qu’un Zombicide coûte beaucoup moins cher à produire qu’un Conan.

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Je comprends d’autant plus que je suis pareil. Je préfère nettement faire mes créations que les tours des autres. Et pour le jeu de rôle, c’est la Rolls des jeux de société.

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Et bien Thierry. Je ne pensais pas que l’on serait un jour d’accord sur un truc :). Permet que j’aille brûler un cierge ;).

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Et pourquoi pas une figurine de Conan?

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Tiens, je me faisais une réflexion…
Conan et Mythic proposent tout un panel de figurines réalistes…
Conan et Mythic ne pourraient-ils pas être le point de départ d’une gamme de jeux : au lieu de toujours (futurs?) surfer sur la vague des figurines à foison, plutot développer des produits utilisant le matériel de base de Conan et Mythic ? Vous pourriez inventer des nouveaux jeux qui n’auraient rien à voir avec vos jeux actuels; mais en terme de figuration Medfan/fantaisay, les gens auraient la base.

Conan, Mythic et les extensions de bases seraient alors le début d’une série de jeux qui couteraient bien moins dans l’avenir (donc sans le matos plastoc à produire) pour tous.

Ce serait nouveau dans le secteur non ?

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Ca semble compliqué, ça veut dire que sur une population déjà restreinte (les clients de JDS) tu appliquerais la restriction supplémentaire de ne t’adresser qu’à ceux à qui tu as déjà vendu un jeu qui est en plus un jeu assez onéreux.

A quoi bon ??

Économiquement rien c’est sûr, vous arrivez à bien nous le démontrer. Mais culturellement c’est à mon avis l’inverse : atteindre un nouveau public de “core-gamer qui s’ignore”, même si cela concerne 2-5% des nouveaux joueurs, le jeu en vaut la chandelle et ce n’est pas vain.

Quand vous avez commencé à jouer et quand tous les “core gamer” de la première heure ont commencé à jouer, c’est grâce à des gens qui prenaient le risque d’éditer même si c’était un peu casse-gueule des jeux qui n’étaient pas forcément pour des casuals.

Du coup, cette vision élitiste du public et des produits KS (“produit de luxe”) m’attriste beaucoup. Votre vision des choses condamne un peu le public lambda de non initié à rester dans leur situation.

J’ai du mal à voir l’intérêt de dissocier les deux marchés. Vous allez me dire que c’est une hérésie économique et que je n’y connais rien mais pourquoi ne pas concilier les deux :

    1. je lance un kickstarter avec un nombre de pledge limité (on va dire 10000 mais celà peut varier selon la complexité de fabrication et le retour sur investissement) et tout ceci avec des SG limités.

-2) Lorsque j’atteins la somme. Je bloque. j’ai emmagasiné assez d’argent pour produire 20000 unités (10000 deluxe pour les pledgeurs et 10000 boîtes de base destinées aux boutiques) et tout ceci dans les temps (puisque je me suis fixé une limité).

-3) J’envoie mes 10000 boîtes aux pledgeurs et en même temps (dans le mois qui suit), je rends le jeu de base disponible en boutique.

Conséquences : les pledgeurs ont leurs boîtes dans les temps sans être frustrés, il joue, le jeu est bon, le bouche à oreille marche et la vente en boutique démarre et la machine s’emballe si le jeu fonctionne auprès du public.

Voilà une solution (sans doute un peu caricaturale et un peu facile à pondre sur le papier, j’en conviens), qui rassurerait les pledgeurs sur les délais, qui permettrait une distribution du jeu élargie et un KS un peu plus éthique.

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J’ai pas mal de pelage sur KS que se soit dans pour des jeux ou d’autre produit. Mes pledge se sont dans l’ensemble tous se sont bien passé. J’ai toujours reçu ce que j’avais pledgé dans un délai plus ou moins raisonnable, les divers produits correspondait à la description, la qualité était au rendez-vous. Bref pas de problème. Mais j’avoue avoir de moins en moins recours à ce canal de distribution. Je ne dirais pas que je n’ai pas eu de déception mais ça n’a rien à voir avec KS j’ai également été déçu par des achats en boutiques. Donc KS ne serai en fait qu’une boutique en ligne comme les autres ? pas si simple… Beaucoup de produit sur KS sont “sur-produit” pour permettre de récompenser le pledgeur. Dans le jeu ça se traduit par :figurines spéciales, plateau sur dimensionnée, matériel supplémentaire, mini extension, etc. Ces ajouts font souvent monter la facture au dela du prix boutique pour des éléments qui n’ajoute en fait pas grand chose au jeu lui même (vive les 3 cartes perso supplémentaire spécial KS…). Au bout de quelques achats, je me rend compte que très souvent mon jeu est aussi cher qu’en boutique (ou un peu plus à cause de la super figurine), je l’ai reçu en même temps que la boutique et in fine je n’en tire pas grand avantage. LE gros avantage de ce system c’est la réduction du risque pour l’éditeur puisque le principe du financement participatif c’est surtout de faire porter les risque sur l’acheteur et non sur le vendeur. Certains diront que sans KS certain projet n’aurait pas vu le jour. C’est peut être vrai mais je pense qu’il s’agit d’une très faible minorité. Surtout lorsque je vois des éditeurs classique utiliser ce canal. Par contre, ma petite boutique de jeux a vendu un jeu de moins. Alors oui on peut parler des marges des boutiques et des distributeurs. Ce débat fait rage depuis le début d’internet. On l’a entendu pour l’industrie du disque, on l’entend aujourd’hui pour l’édition et on va l’entendre encore longtemps (Uber, Airbnb). Les canaux traditionnel sont trop cher avec des trop grandes margesmasi aussi avec beaucoup de charges que les canaux “2.0” n’ont pas. Une surface commerciale au centre ville ça coute cher, les charges salariales en europe coutent cher, les charges sociales et autre aussi. Les marges sont peu être la aussi… Attention je ne dis pas que tout dois rester comme avant parce que c’était mieux avant mais il faut toutefois réfléchir de manière globale surtout lorsque l’on parle d’économie en ligne. In fine, une production en asie ou en europe de l’est, une centrale de distribution en Irlande, un site de type KS ou amazon au état unis et il n’y a plus besoin d’emplois en France, en Suisse ou en Allemagne. Les boutiques et la distribution de proximité se sont des emplois. Il ne faut pas l’oublier. Et le conseil du boutiquier a également un prix.

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Ok là j’ai compris… Je voyais pas où tu voulais en venir avec la comm. Mais effectivement je partage ton avis. Je suis néanmoins curieux de voir comment ces deux modèles vont évoluer et coexister à l’avenir. Le temps nous le dira.

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