Le jeu n'existe pas

La définition est dans le mot (voir le langage des oiseaux) :

JE ...

Merci Doc.

Songeons qu'à l'inverse nous pourrions nous mêmes (Terriens) être les acteurs inconscients (les meeples) d'un vaste jeu à une échelle spatiale ou temporelle bien plus grande que celle de notre conception actuelle de la vie... D'où l'importance de rappeler le concept des référentiels comme le préalable de ce bel article (notion que tout prof de Physique ou de Math qui se respecte devrait rappeler en préambule de chaque rentrée scolaire).

D'ailleurs je cherchais récemment à retrouver quel film (pourtant connu) se terminait en zoom arrière style Google Earth par la vision de deux géants jouant à une sorte de bowling avec notre système solaire... ?

@kiwizz

indice chez vous :ça commence par M et ça se finit par "en In Black"

Article vraiment très intéressant, il me semble que cette réflexion est plus ou moins issue d'un sujet sur le forum Tric Trac si me souviens bien. L'humain aspire au bonheur et le jeu c'est un peu comme une petite tranche de bonheur qui peux passer par le plaisir social, physique, intellectuel, etc...suivant le jeu. Cet article me fait penser que Confucius avait déjà tout compris : "Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie". Pour autant cela revient-il alors à jouer ? Je pense que les 2 catégories ici sont le plaisir et le labeur (doit y avoir un meilleur mot mais il ne me vient pas). Bien entendu le jouer est un plaisir.

Maintenant si je joue à une partie de Trivial Pursuit avec des amis, je vais jouer à un jeu de société. Mais si au cours de la partie pour ne pas dire presque au début , je m'ennuie et la suite de la partie ressemble plus à un calvaire où je dois produire des efforts plutôt qu'à un jeu où je prend du plaisir, dans ce cas là je ne joue plus ? Donc si on prend en compte que mes amis, eux s'amusent toujours et y prennent du plaisir, dans ce cas là notre expérience du "jeu" ou du "jouer" est individuelle pourtant je continuerais à appeler jeu le trivial pursuit car la société le catégorise comme tel. N'y-a-t-il donc pas ici une double définition du jeu, celle que nous propose le Docteur Mops et celle que la société catégorise autour du plus grand nombre d'individus ?

De plus dans un jeu ou dans un effort, il peut y avoir des moments d'effort ou de frustration dans l'un (les jets de dés du risk ou des petits chevaux) et du plaisir dans le second. Dans ce cas là c'est donc le ratio plaisir/effort qui définit ce qu'est un jeu ou alors d'autres données entre-t-elle en compte ?

Petite réflexion : J'ai eu un rapport de stage sur mon asso de jeu à produire (Ligue des Vannetais Ludiques, vous êtes tous les bienvenus) J'ai donc essayé de définir le jeu de société, car naïf que je suis, je pensais qu'il en existait une mais non, enfin pas une qui fait l'unanimité.

Je me suis donc interrogé, dans un jeu de société, il y a société donc il y a un aspect social ce qui implique la rencontre de 2 personnes. Or un certain nombre de jeu que nous appellerons jeux de plateaux ou jeux de cartes peuvent désormais se jouer seul, je pense notamment à Onirim, à Lewis and Clark, ou le 7th continent en préparation, etc...

Dans ce cas là ce genre de jeu ce joue généralement de 1 à X+1 joueurs (X étant un nombre de joueurs égal ou supérieur à 1). Il est communément admis que ce genre de jeu reste des jeux de société car ils permettent de réunir 2 joueurs ou plus. En revanche si on se réfère à l'article, un joueur jouant seul joue-t-il à un jeu de société ou simplement à un jeu ? De même un jeu se jouant à minimum et maximum 1 joueur, serait-il encore un jeu de société malgré qu'il puisse avoir tous les autres éléments du jeu de société ? Et finalement si les boutiques commercialisent le jeu 1 joueur sous l'appellation jeu de société est-ce que cela à un impact assez fort pour le faire admettre en tant que tel ou non ?

Ce qui m'amène à me demander s'il n'y a pas deux visions du "jeu", le jeu tel que décrit dans l'article qui est en fait l'acte de s'amuser et de prendre du plaisir. Et également le fait évoqué en début d'article, à savoir que la société prend une chose pour "jeu" autour d'un consensus de la grande majorité ou sous l'impulsion d'acteurs divers en plus petit nombre.

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la conjonction de coordination "or" , c'est O.R. ...pas h.o.r.s ! ...je vois cette faute tous les jours dans les mails que je reçois ...

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@ozark Oups j'ai déconné là...c'est corrigé ! Espérons que la remarque puisse servir à d'autres internautes, merci.

Pour moi la définition du jeu est une interaction avec une interface, un (ou plusieurs) être animé/inanimé, dans un environnement/contexte qui s'y prête (ou pas pour le contre-pied) procurant de l'intérêt du plaisir et de la joie, partagée ou non. Par contre je ne vous rejoins pas entièrement quant à cette classification d'improductivité. Terminer un jeu procure des émotions (joie, sentiment de supériorité ou d'accomplissement, envie de meurtre, impulsions pyromanes, frustration....). Certes peu de jeux n'apportent rien visuellement parlant. Par opposition, de rares jeux comme Taluva, le puzzle ou Lego, laissent un résultat d'une création collective ou individuelle, tout comme une peinture. Il "paraîtrait" même que ce genre d'activité a donné lieu à des naissances...

@jmguiche Ma citation merdoie, et ma vanne à plat... toujours vérifier ses (re)source. toujours...

Cher Docteur Mobs,

je suis presque entièrement d'accord avec vous et votre réflexion, néanmoins je trouve dommageable de réduire la pensée de Johann Huizinga en 3 lignes qui ne correspondent qu'imparfaitement à ce qu'il dit véritablement du jeu.

Et finalement je pense qu'il aurait accepté sans détour la conclusion auquel vous arrivez en fin de cheminement intellectuel lui qui énonce assez clairement le concept d'Homo Ludens en remplacement (ou plutôt en descendant) de l'Homo Sapiens et le dépassement de l'idée d'Homo Faber ; selon lui ce qui caractérise l'homme moderne (au sens historique du terme) c'est bien son rapport au jeu et l'idée que "le jeu est une affaire sérieuse" ; alors certes le jeu n'existe pas en tant que tel et c'est parce que nous sommes des "Homines Ludentes" (désolé pour le non-sens de ce pluriel) qu'il se crée. Sur ce point vous avez raison cher Docteur sans joueur point de jeu.

En tout cas, jouez,... jouons,... pour que vive le jeu !

Merci Docteur pour cette réflexion,

en effet, les recherches sur le Jeu et sa conceptualisation sont encore frustres, et les éléments utilisés pour le définir résistent généralement mal aux contradictions.

Jesse Schell, dans "L'Art du Game Design" aboutit sur cette définition :

Un jeu est une activité de résolution de problèmes, approchée avec une attitude joueuse.

Personnellement, j'y ai pas mal réfléchi et continue de le faire, en m'arrêtant, comme vous et comme lui, sur l'attitude, sur la disposition d'esprit qu'est le Ludisme, constitutif de notre humanité (comme le Langage, l'Art, la Société...)

Les notions de loisir, d'amusement, d'improductivité excluent le jeu professionnel/de gain d'argent (sports, compétitions, loteries...), alors que le ludisme entre bien "en jeu". Cette attitude a bien à voir avec l'exploit et le défi, le dépassement de soi et des règles consenties, même dans le jeu de société, même dans les jeux type LIDJA.

En exemple de ludisme au quotidien, prenons l'exemple de "Je fais la vaisselle" :

1. Je fais la vaisselle après manger, puisqu'il faut la faire. Pas de ludisme, c'est plus ou moins laborieux suivant le plaisir que j'y prend (certains aiment ça...)

2. J'ai 5 minutes pour faire la vaisselle, parce que ma série préférée va commencer. Pas de ludisme, même s'il y a une forme de défi, car pas vraiment de liberté et de dépassement (l'attitude n'y est pas).

3. Hier, j'ai fais la vaisselle en 7 min. 30, en m'obligeant à suivre un certain rituel et un niveau d'exigence de propreté. Au jourd'hui je dois être plus rapide, avec les mêmes règles que je me suis imposées. L'attitude est ludique (et un brin obsessionnelle), puisque c'est un défi, un dépassement, avec des règles librement consenties.

Voilà de l'eau à la moulinette, puisque je suis aussi là dedans depuis quelques temps.

Merci pour Jacques Henriot, je m'en vais le lire de ce pas.

Heureux de lire un tel article sur Tric Trac,

L'intellectualisation est nécessaire tant le mot JEU est galvaudé ou instrumentalisé. Le connaître c'est aussi mieux le préserver de toute récupération.

La ludologie est une science jeune et Henriot fut l'un des plus grands contributeurs ; j'apporte néanmoins un bémol au Mops en affirmant qu'Henriot est largement reconnu par cette niche qui s'intéresse philosophiquement au jeu (ludothécaires, psychologues, éducateurs de tous types...). Le jeu est un livre de référence dans le domaine mais je préfère sa version revisitée "Sous couleur de jouer". Maintenant il reste à diffuser sa pensée sur les games studies (ludologie universelle). Malheureusement ces ouvrages sont difficiles à obtenir (très chers), heureusement quelques bibliothèques universitaires disposent de quelques exemplaires pour qui sait être patient.

Pour allez plus loin, baladez-vous sur le site, plus que roboratif, sciencesdujeu.org tenu entre par Gilles Brougère pour ne citer que lui.

P.S : Je cherche également Jouer et philosopher, à bon entendeur :). Pour ceux intéressés je connais de nombreux ouvrages sur la question, je peux donc en transmettre les références.

Très bon article Doc Mops !

Il faut prendre le temps de le lire, de comprendre chaque phrase ... car dans tout l'article, dans toutes les phrases, chaque mot est choisi avec soin et est important.

Du coup très belle réflexion qui chatouille de très près la profondeur du sujet.... donnant un goût de "j'veux en savoir plus!"

Merci !

@Myssee Oui visiblement Jesse Schell se dirige vers la même direction que Henriot. Disons juste que l'expression "attitude joueuse" se mord un peu la queue mais l'idée est là.

C'est en effet en identifiant que nous pouvions aborder de manière ludique une activité qui ne semble l'être que l'on s'est posé la question de savoir si finalement tout ne risquait pas d'être jeu ou à l'inverse rien du tout. Ce qui réduit un peu à néant la réflexion. Henriot sort de l'impasse avec brio en définissant le Jouer et non le jeu qui n'est au final que la trace du fait de jouer.

J'utilisais pour ma part l'exemple suivant : on rentre à la maison après le boulot en traversant le jardin par une allée. En soit pas de trace de ce que l'on connait comme du jeu dans le fait d'avoir à traverser son jardin pour accéder à la maison.

Imaginons maintenant que nous décidions de marcher sur les dalles sont poser le pied sur un joint. Le jeu arrive sans qu'aucun élément extérieur à l'individu ne soit ajouté. Partant de là, on peut se poser la question du pourquoi un tel agissement ? Pourquoi le ludisme est-il déclenché à certains moments de notre vie et qu'elle en est la raison ? Cette approche de l'étude du ludisme par l'attitude permet de comprendre comment le jeu ne s'oppose plus forcément au travail. Si le jeu est la plupart du temps un loisir, c'est cette fonction de loisir qui s'oppose au travail pas le jeu. (on pourrait d'ailleurs parler de divertissement plus que loisir. Dans le divertissement c'est la notion de rupture et de renouvellement qui est au premier plan. On sort de l'aliénation du quotidien. On retrouve ici la notion de liberté, une composante importante du jeu qui pourrait pourtant passer pour contradictoire et opposé au contrat des règles qu'impose le jeu).

@alexreims Loin de moi l'idée de vouloir réduire l'importance des recherches de Huizinga qui furent primordiales. Je voulais juste dire qu'il recherchait (logiquement) la nature du jeu dans ses objets et moins dans ses sujets. C'est encore une époque où l'étude du jeu a besoin de se justifier. Schiller commence lui-même son ouvrage en se justifiant sur le sérieux du jeu. Le souci du jeu est qu'il est victime de son image de puérilité qu'il a fallut contrer. À moins de ne pas connaître vraiment le sujet, personne ne se souciera du sérieux du jeu et du fait qu'il soit un élément culturel aujourd'hui. Du moins j'espère ^^

Henriot s'appuie sur Huizinga mais pour aller un peu plus loin et surtout pour changer l'angle d'attaque.

@Doj L'improductivité n'est pas un critère que je fais mien. C'est un des critères qui était hypothétiquement possible de caractériser le jeu. Je dis (peut-être maladroitement) que son estimation est compliqué. D'où l'exemple du professeur. Je me méfie d'ailleurs d'autant plus que cette notion est fortement attaché à la morale et peut fluctuer selon le moment. C'est une autre manière de pratiquer l'opposition jeu/travail.

@Ary Le Rouge

Le jeu dit de société c'est un champ particulier. Nous sommes déjà dans la classification. Le jeu est souvent emprunt d'interactions sociales. C'est pour cela sans aucun doute que l'on a commencé à classer certains jeux comme dits de société. Initialement je pense que l'on nommait ainsi des jeux de groupes comme colin-maillard où l'incidence de cohésion du groupe, de rencontre et l'interaction avec l'autre sont essentielles et encouragées.

Je pense néanmoins qu'on peut avoir un petit paradoxe à nous mettre sous la dent ^^ Notamment avec les jeux multijoueurs online. En fait je pense qu'on joue ensemble mais avec une dimension sociale souvent minorée.

Concernant les jeux de presse par exemple, remplir une grille de sudoku n'est clairement pas un jeu de société. Mais... ne jouons nous pas à ce jeu parce que c'est socialement ancré comme activité ? Le fait qu'on y joue seul est clair mais combien de personnes jouent finalement à la même grille que nous sommes en train de jouer ? En fait le social est bien là mais de manière secondaire.

Intéressant, mais pas convaincu. C’est nier la réalité des pratiques ou de la technique, non ?