Vous savez, bien sûr, quelle est la différence entre un jeu qui est une bonne adaptation de licence et un jeu qui est une mauvaise adaptation de licence ? Et bien le jeu qui est une mauvaise adaptation de licence, il y a un jeu, déjà, et puis, s’y adapte une licence… Mais c’est une mauvaise adaptation de la licence… Bon, des fois, c’est le jeu aussi qui est mauvais… Alors que le jeu qui est une bonne adaptation de licence, et bien, il y a un jeu et une licence et ils s’adaptent bien, tu vois ? Et là, tu peux pas les confondre !
Je me dois de vous avouer qu'au-delà du salut "incognito" de cette libre adaptation d'un sketch, il y a, comme toujours dés lors qu'on parle d'une licence adapté en jeu de société, une espèce de crainte ancestral d'un gâchis probable... Ce serait pourtant oublié la flopée de bons jeux, voir très bons jeux, autours des Star Wars, des nouvelles de Lovecraft ou de Tolkien sans écarter Sherlock Holmes, Dracula, Aliens ou le Capitaine Nemo, ou les boites de Battlestar Galactica, qui revient prochainement et assez étonnamment avec l'Insondable, en passant par Dune Imperium chez les Canards Chanceux... Bref, j'en passe et des meilleurs !
Pions du Risk Astérix Collector's Edition
Une licence qui, à mon sens, n'a jamais été très très gâtée dans ses adaptations ludiques est à regarder du côté des gaulois. Astérix & Obélix, s'ils survivent à peu près, en BD, aux passages à d'autres mains qu'aux mythiques Goscinny et Uderzo, ont généralement eu le ciel qui leur tombait sur la tête lors d'un passage sur plateau. Allez, il y a bien le Risk dans sa version Collector en 2020 ou la version polonaise de Cache Tomate ! mais ce ne sont ni "Paf ! Le romain" ni "le défi de l'arène" qui remonteraient cette cote !
Tout ça pour écraser de la pauvre pâte à modeler...
Et qui n'avait rien demandé !
Et ne voilà-t-y pas que se pointe "L'empire de César", comme ça, tranquille, pour tenter de résister encore et toujours à l'envahisseur. Et deux noms, jusque là jamais apposer du côté de l'édition : Synapses Games (Crazy tower, Coatl) et Holy Grail Games (Rallyman GT, Museum).
Après, en recherchant un peu, l'auteur de l'Empire de César, Matthieu Podevin, n'est nul autre que l'auteur de Titan, un autre KS d'Holy Grail Games. Et Matthieu avait sorti, chez Granna, Drogi do Rzymu qui est le jeu sans la licence. La boucle est bouclée ! Le jeu était bon sans la licence, la licence colle bien avec le jeu, le jeu avec la licence devrait donc être bon ! Voyons ce que l'empereur SPQR propose.
Dans cet élégant jeu de construction de réseaux, simple à comprendre, vos troupes romaines vont se déployer depuis Rome sur le plateau illustré par Joëlle Drans et Alexandre Bonvalot.
Pour ce faire, rien de plus simple : Lors de votre tour, vous devez connecter une nouvelle ville à Rome. Au départ, directement, puis ensuite via le réseau des villes déjà connectées par vous et vos petits co-légionnaires, et ce, en fonction de la route, en plaçant une ou deux de vos troupes. Ce faisant, vous prenez possession du blason de la ville (8 types de blasons différents pour des valeurs allant de 1 à 5 PV) mais également de la richesse (blé, olive, etc.) fournie par cette ville (8 types différents à raison de 4 jetons par type... Et les sesterces, un peu différentes)...Lorsqu'une ville est relié à Rome, elle participe alors du célèbre dicton : "Tous les chemins mènent à Rome" et vous allez donc prendre le chemin (le plus court) du retour. Chaque légion, sur ce chemin rapporte un point à son propriétaire (et le double lorsque justement, c'était une sesterce qui fût récolté).
Et votre tour est terminé ! Simple, j'avais dit !
Comme c'est un jeu à point de victoire, vous marquerez des points de victoire, les inénarrables PV en fin de partie, ce qui arrive lorsque toutes les villes sont sous l'égide de César, à raison de :
- Pour chaque famille de blason, celui qui vous rapporte le plus de PV (vous forçant ainsi à tenter d'aller dans toutes les régions de l'Empire) ;
- Pour chaque collection de richesses différentes et chaque collection de richesses identiques, vous marquerez les PVs indiqués ;
- Les sesterces ont, quant à elles, une répartition de PV particulière ;
- Enfin, celui à qui il reste le plus de troupes en réserve, marque un bonus de 10 points
L'ensemble se trouve (presque) tout bien indiqué sur votre plateau personnelle.
Et paf, le plus victorieux l'emporte ! Easy !
Commençons par les éléments qui font râler :
- Mais quelle idée d'avoir appelé les troupes à notre couleur des "Routes" qui, elle-même, vont se poser sur des "Routes" ? La règle en devient confusante et, puisqu'en revenant vers Rome, on ne sait pas s'il faut compter 1 point par Route (le terrain) ou par Route (les troupes)... Et bien on tranche et on continue mais en râlant. Il suffisait d'être clair (et les jolies figurines sont là pour ça en plus) en appelant ça des troupes qui marchent sur des routes... Et hop, le tour était joué. Bref !
- Pourquoi la piste de score des sesterces n'est pas décalée ? Il suffisait de mettre le gain en décalant d'un cercle et il n'y avait plus besoin de soulever sa dernière sesterce pour savoir combien on gagnait mais simplement de regarder dans le cercle de la piste juste après... Et hop, le tour était joué. Bref derechef !
Mais à côté de ces deux éléments, il faut avouer que, véritablement, ce jeu est une très agréable surprise et le mot qui vient en premier lieu est : "élégance".
Le tour est véritablement rapide et simple mais non dénué d'un intérêt réel : "Vais-je ouvrir une nouvelle région pour un gain de blason à des adversaires ? Vais-je prendre ce blason ou cette richesse alors que derrière, j'ouvre vers une ville aux sesterces ? Puis-je tenter de prendre une ville en faisant un chemin plus court avec mes troupes pour limiter les points données aux adversaires lors du retour ? Qui a déjà plusieurs ressources identiques ?..."
Et si, en plus, vous jouez avec les bonnes personnes, le bal des pleureurs et blablateurs bi-classés influenceurs peut commencer... Et c'est drôle !
Vous voilà donc avec un jeu tout public, encore plus avec sa licence sous le pied, agréable à pratiquer (le plateau recto-verso et les variantes 2 et 3 joueurs lui conservent un intérêt réel dans toutes les configurations) et au durées de parties parfaites (15 minutes par joueur environ) pour le genre !
Il n'est pas sans rappeler Les Aventuriers du Rail mais avec, d'un côté, l'aspect plus simple pour la prise des routes, puisque la gestion de carte en est absente ; et avec, d'un autre côté, un aspect collections, qui, par sa simplicité (au départ : "je prends ce qui me tombe sous la main et basta" jusqu'à "attends, je vais pas lui laisser sa troisième olive" crescendo) ne donne à personne l'impression d'être à la ramasse.
Un vrai petit plaisir de jeu familial et bien pensé qui arrive tout pile poil pour Noël !
Pourquoi se priver, par Toutatis et par Bélénos ?
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