“Final Fright”
Double Rumble est la prochaine "cartouche" (ou extension) pour 8 Bit Box, un jeu de société de Frank Crittin et Grégoire Largey, paru chez Iello en novembre 2018. J'avais illustré toute la boîte de base et ses 3 jeux, et en avais déjà parlé ici, là, et là. Ou encore là et là :)
La gamme 8 Bit Box est donc un hommage direct aux jeux vidéos des années 80/90, et, après le jeu de poursuite minimaliste (Pixoid), le jeu de courses futuristes (Outspeed) et le jeu d'épreuves sportives (Stadium), voici enfin Double Rumble, un jeu de combat coopératif jouable en duo (mais aussi en solo !). Cette "cartouche" devrait sortir début octobre dans toutes les bonnes crémeries. Et il est signé par la fameuse "Dream Team" Kaedama, qui comprend Antoine Bauza, Corentin Lebrat, Ludovic Maublanc et Théo Rivière ! Après Ninja Academy, il s'agit donc du 2ème de leurs jeux que j'illustre cette année ; ce qui est franchement cool, j'avoue :)
La réalisation de cette extension m'a occupé une bonne partie de l'hiver, et, sans langue de bois, ça a été un réel plaisir ! Pensez donc : un jeu de société s'inspirant des bons vieux jeux vidéos 2D comme Double Dragon ou Streets of rage... J'étais Joie !
Que je vous explique (Vous avez un peu de temps devant vous ?!) : tout a commencé vers la fin des 80's. J"étais un pré-ado comme tant d'autres... Et c'était le début du genre "Beat'em up" ; ces jeux au scrolling principalement horizontal, où l'on dirigeait des combattants affrontant, de niveau en niveau, des vagues d'ennemis de plus en plus coriaces !
Je n'ai jamais réussi à avoir une console de salon, mais dès que je pouvais, chez un pote, pendant les fêtes foraines, dans de louches bars enfumés, ou sur mon vieux PC 1512, je m'adonnais au joyeux exercice de la tatane dans ta tronche pixelisée... Parmi ces jeux qui m'ont le plus marqué :
Double Dragon 1 (Technos-1987) et 2 (Technos-1988)
Vigilante (Irem-1988)
Dragon Ninja (Data East-1988)
Wild Streets (Titus-1989)
(Puuu...naise, que cette jaquette était kitsch...Le jeu était assez nul et mou, mais chez moi, à l'époque, le combo "un mec balèze qui tabasse des méchants, armé d'une panthère noire et d'un 357 magnum, en plein de coeur de Bervely Hills", et bien, ça marchait à fond. Allez comprendre...)
The Revenge of the Shinobi (Sega-1989)
Streets of rage (Sega-1991)
Final Fight (Capcom-1989)
Et pour finir :
Aliens versus Predator (Capcom-1994)
, soit l'une des plus belles réunions de ces 2 monstres sacrés, 10 ans avant le tristement célèbre film... Fan de ces 2 univers, j'avais alors pris à l'époque une grosse claque visuelle et vidéo-ludique.
Mais, bref, revenons à Double Rumble. J'étais donc Joie lorsque Iello m'a proposé d'illustrer ce titre.
Dans un premier temps, il devait s'agir de coller au plus près aux univers "pseudo-réalistes" à la Double Dragon. Mais je trouvais dommage de ne faire qu'un décalque graphique et thématique d'un Double Dragon ou d'un Street of Rage. 8 Bit Box est certes un jeu de société qui s'appuie sur une nostalgie des jeux vidéos des années 80-90, mais je pense toujours qu'il est possible de proposer des histoires et univers "originaux" pour cette gamme.
Le genre Beat-em up a commencé à naître vers la fin des années 70 avec la vague des films de Bruce Lee, et a connu son âge d'or en même temps que celui de films/œuvres fantastiques qui sont nées dans les années 80 : Alien, Predator, Terminator, Mad Max, Akira, the Thing, les classiques de Stephen King, les Tortues Ninja, etc...
J'ai donc proposé à Iello d'ouvrir un peu le spectre et d'aller à fond dans le côté "méta", en proposant un univers "mash-up", une hybridation entre "jeux vidéos de baston" et films de "genre" des années 80 chers à mon coeur (Ce qu'avait très bien fait Revenge of the Shinobi d'ailleurs : où notre personnage de ninja affrontait des ersatz de Terminator, Spiderman, etc...)
La (maigre) histoire raconterait donc celle de jeunes gens fréquentant un dojo un peu particulier et luttant la nuit contre des menaces paranormales. L'idée serait de glisser petit à petit vers le Fantastique, que ce soit au niveau des ennemis à affronter mais aussi des décors/niveaux que les personnages traverseront.
Comme souvent, je suis parti de l'étude des personnages jouables pour appuyer mon propos narratif et graphique ; et comme souvent, je n'ai pas pu m'empêcher de leur donner un petit nom, d'imaginer leur personnalité, leur spécialité de combattant, etc...
Je souhaitais que chaque personnage incarne une facette de 'l'Entertainment des 80's" (tel que je le conçois en tous cas...), quitte à taper dans les gros clichés ; voici leur première version. Il s'agissait ici de seulement poser des silhouettes générales, afin d'éprouver l'efficacité de chaque code couleurs, poser quelques idées d'accessoires, de comparer les différents gabarits et de créer de la diversité,... :
- Val : c'est la grande soeur protectrice du groupe. Une sportive de haut niveau, solide et glamour. Je voulais qu'elle incarne le côté "aérobic" de cette époque, son petit côté "FlashDance" :) Son code couleur est basé sur le violet, et fait référence à un personnage de fiction. Saurez-vous trouver lequel ? :)
- Tina : se partage le leadership du groupe avec Djet, après le Sensei. Elle fait évidemment référence à la musique Pop des 80's ; c'est la plus "Retour vers le futur" de tous ces personnages.(Les quads sont un petit clin d'oeil à une discipline que j'adore, et à DJ Boy sur Megadrive) . Elle aurait un style de combat très aérien, rapide, basé sur les coups de pieds, etc...
- Liz : c'est pour moi la plus "destroy", "cyberpunk" du groupe. Elle a probablement des origines britanniques. Son prénom fait référence à Lisbeth Salander, qui n'est pas, certes, un personnage de fiction de cette époque, mais que j'affectionne particulièrement.
-Loki Senseï : Là, je voulais créer mon "Splinter" à moi (Splinter, un homme-rat, est le chef spirituel des Tortues Ninjas ; leur père adoptif.) Et le "private joke" de base était de réutiliser la mascotte Loki. Avec, au passage, une petite référence à Tortue géniale de Dragon Ball, pour le code couleur du kimono...
- Djet : C'est un peu le Cody de Final Fight, ou l'Axel de Streets of rage, ou encore le Ryu de Street Fighter. Le bon gars "lambda", "propre" sous tous rapports, un peu lisse. Le choix de base, quoi :) Il est aux couleurs de la 8 Bit Box et de Iello, et fait référence aux films/jeux de "tatane" des années 70/80.
- Et enfin Buddy : Le pendant masculin de Val ; le "quaterback" bien brutasse, mais gentil.
Et puis, il y eut une deuxième version, pour certaines et certains d'entre elles/eux. La remarque, pertinente, de Xavier, mon chef de projet, était qu'elles/ils manquaient d'attributs de combattants, qu'elles/ils étaient encore un peu trop "girls/boys next door"...
A ce stade, Val n'a pas changé graphiquement, mais je l'ai doté d'un prénom plus fun : Scarrie, contraction de "scars" (les cicatrices), "scary" ( effrayant) et de Carrie (l’héroïne rouquine et psionique du roman du même nom de Stephen King).
Tina a reçu quelques protections et bandages en plus ; idem pour Liz, avec des bottes et jambières "d'assaut" (Son code couleur Bleu a aussi été renforcé).
Loki est devenu Salem Senseï : clin d'oeil à cette célèbre ville du Maine (état américain dans lequel se déroulent bon nombre d'histoires de Stephen King)
Buddy est devenu plus agressif, et plus "référencé Films de genre des années 80" dans ses accessoires, motifs, etc...
Je me suis ensuite attaqué au rendu final de Scarrie ; c'était le personnage que j'avais eu en tête dès le départ. Mon idée était d'avoir un résultat final très "2D", proche d'un rendu de séries animées telle que Batman : the Animated Series (designée par le génialissime Bruce Timm) Bref, quelque chose de différent des 3 premières "cartouches" de la boîte de base, qui simulaient davantage un rendu "low 3D".
C'est à ce stade que j'ai rendu Scarrie plus "Combattante des rues" avec des protège-bras dignes de Kickboxer (Ah, les films 90's de JCVD...) et des cicatrices un peu partout sur sa peau. On commence à voir, ici sur le short et les jambes, le travail sur le cerné colorisé...(Et j'ai aussi dû l'habiller un peu plus.)Et donc, pour finir :
Une fois ce rendu validé, j'ai travaillé sur les croquis des 5 autres personnages...
Buddy a gagné des traits un peu plus bestiaux ( Certains l'auraient vu pousser des hurlements les soirs de pleine lune...)
Et avant de produire les versions définitives des 5 autres personnages, j'ai dressé rapidement une "photo de groupe", pour vérifier qu'ils fonctionnaient bien ensemble... :
Djet est devenu Ken, au passage...
Et Liz a confirmé ses origines britanniques, et fait tourner en boucle "Never mind the bollocks" sur son walkman Sony...
Bon, au final, les noms et backgrounds de ces 6 personnages n'ont pas pu être intégré au livret ni dans le matériel du jeu, faute de place. Mais je tenais à développer ici leur petite histoire.
Merci à toutes et tous d'avoir lu jusqu'au bout ce trèèès long article.
La prochaine fois, je vous parlerai du processus de réalisation des hordes de mécréantes/mécréants qui hantent les niveaux de Double Rumble !
D'ici là : bons jeux !!
(En bonus, je vous propose une vidéo qui m'a pas mal accompagné pendant la réalisation de ce projet. Il s'agit d'un concert/clip de Carpenter Brut, basé sur son dernier album Leather Teeth, et capté par/pour ARTE. Un p'tit régal !)
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