Les Flammes d’Adlerstein : enflammez-vous pour ce jeu d’enquête sans règles !

[Les flammes d’Adlerstein]

« Vivre » l’enquête

Dans le genre du jeu d’enquêtes, l’absence de règles apparaît comme un fantasme. Peu de genres requièrent en effet à ce point une atmosphère immersive, dont un long livret de règles ne peut que sortir les joueurs. On pourrait même estimer que tout texte extra-diégétique (c’est- à-dire tout texte n’appartenant pas à l’univers du jeu – la diégèse - mais à celui du joueur) nuit à l’expérience désirée, à la proposition de se mettre « vraiment » dans la peau d’un enquêteur devant résoudre des crimes.

Le jeu vidéo peut réaliser ce fantasme, puisque l’on en découvre les règles directement en jouant, parfois même sans avoir besoin du moindre tutoriel, par exemple dans les cultes Behind Close Doors de John Wilson (1988) et surtout Crimson Room de Toshimitsu Tagaki (2004), dont l’influence sur la création des premiers escape rooms en 2007 (Real Escape Game à Kyoto) est généralement reconnue. L’immersion y est poussée encore plus loin, étant donné que l’on peut désormais laisser les joueurs interagir avec un environnement réaliste afin de dénicher par eux-mêmes (en théorie du moins) indices et secrets.
Du point de vue du jeu de société, ces créations non-socioludiques ont eu l’avantage de populariser l’idée d’enquêtes immersives, au point que présenter un titre comme « un escape
game en jeu de société » est assez éloquent. Même si cela peut recouvrir différentes réalités,
des éléments à disposer chez soi pour faire de son salon un véritable escape room à une
succession d’énigmes sur des cartes, cela crée une attente tant sur le thème (un mystère sur
lequel lever le voile) que sur la manière dont pourraient être présentées les énigmes ou sur
l’accessibilité mécanique, sur une certaine intuitivité, un désir de nous faire vivre l’enquête, et
pas seulement de nous la faire jouer.

Le village allemand aux 1000 suspects

Arrivent Les Flammes d’Adlerstein, première affaire d’une série éditée par iDventure et
localisée par Origames.
La boîte n’en comporte qu’un seul feuillet extra-diégétique, expliquant qu’il faudra se rendre
sur une page internet pour vérifier le nom du coupable (ce qui évite la présence extra-
diégétique d’une solution sur le matériel), qui donne une page où obtenir d’éventuels indices,
et qui précise le contenu exact.

Une information essentielle, étant donné que l’enquête des Flammes d’Adlerstein ne pourra
être pratiquée qu’une fois – sans aucune altération du matériel, mais quand vous connaissez le
coupable… vous connaissez le coupable, aucun élément n’aura changé si vous mener
l’enquête à nouveau. Il est donc très probable que la boîte passera de main en main, prêtée,
vendue, offerte, de sorte que s’assurer que tout y est avant de commencer à enquêter pourra
avoir son importance.

Dans le village allemand d’Adlerstein, le journaliste Carl Notebeck est tombé « par hasard » sur une maison en feu, et a décidé de mener l’enquête sur un hypothétique pyromane qui aurait pu vouloir la mort de son occupant, Joseph, jusqu’à établir une liste de suspects et à réunir un certain nombre de pièces. Un intérêt qui l’a lui-même rendu suspect aux yeux de la police, de sorte qu’il ne peut continuer son investigation, et nous confie à nous sonvolumineux dossier et la charge de découvrir la vérité, ce qu’il nous explique dans une note accompagnant ses papiers.
Enfin « papiers » au sens le plus large du terme : son dossier comporte aussi bien un journal que son carnet de notes, des photographies qu’une page de journal intime, une ordonnance que la liste des adhérents ayant cotisé à un fan club, d’un dépôt de plainte que d’une gourmette ou d’une boîte d’allumettes…

Vous êtes les enquêteurs

Sans aucune autre indication, il s’agira ainsi de trouver le sens de chacune de ces pièces, de
déterminer qui elles permettent de mieux connaître, qui elles ajoutent à la liste des suspects et
qui elles semblent en retirer. Et puis étant donné que vous êtes les enquêteurs, sentez-vous
libres d’utiliser toutes les ressources à votre disposition pour affiner votre liste des suspects et
vérifier leurs alibis, y compris en recherchant des informations sur internet ou en ayant
recours aux réseaux sociaux !


Les Flammes d’Adlerstein est ainsi une enquête solitaire ou coopérative extrêmement
immersive, sans manuel de règles, où vous devez lever le voile sur un mystérieux incendie à
partir d’un dossier criminel composé des pièces les plus variées, d’internet et de votre sens de
la déduction. Prêts pour une petite virée plus vraie que nature ? Mais attention, ne vous fiez
pas aux apparences : dans ce paisible petit village allemand, chaque habitant semble avoir ses
secrets…

S. W.

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