[Crôa!][Défizz][Little Big Fish]
Vous connaissez le Fou Volant ? Non ? dommage, ça rigole bien pourtant ! Et les jeux volants, alors ? Non plus ! Bon, là, c’est peut-être un poil plus normal. D’un part parce que, en vrai, c’est en anglais : The Flying Games et que d’autre part, l’aventure a commencé il y a de cela 4 ans avec Egomaster, revenu il y a quelques mois sous une autre forme avec Defizz (l’auteur/éditeur vous en parlait ici). Et puis, les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, elles-même se jetant dans la mer comme les bancs de poisson dans les dents des requins, David Pérez nous présente, de fait, son troisième jeu. Après le partenariat avec Stephan Dubosq (non, rien à voir avec Patrick), c’est avec Igor Polouchine que Petit Poisson deviendra grand, ce qui est presque le but de :
Little Big Fish est un jeu d'affrontement à deux joueurs aux parties courtes (15 minutes environ). Illustré par Damien Colboc, on trouve, en partant à la pêche dans la boite, 24 figurines de poissons avec lesquelles, immanquablement, on va commencer à jouer, tourner en rond, en faisant des bruits de bulles avec une tête aussi intelligente qu'un merlan. Celui qui réussit à becter 5 poissons adverses gagnera la partie. Ceci étant, réduisez la population adverse à un seul être (et tout est dépeuplé) et vous aurez également votre suprématie sur le récif. Eh oui, la nature est belle... mais cruelle ! Alors pas de pitié pour le petit gros cornu... ah non, ça, c'était un autre champ de bataille !
Eau, eau, eau... eau, H2O !
Dans Little Big Fish, le champ de bataille se trouve sous le niveau de la mer, dans ce qu'on appelle le grand bleu, représenté ici par 4 plateau en 3x3 qui s'assemblent en 6x6 pour différentes configurations. Peuplés d'épaves, de plancton et de femelles accueillantes, 3 petits poissons à votre couleur viendront s'installer sur trois cases vides de votre choix dans la ligne la plus proche de vous, votre adversaire en face faisant de même.
Oui, vous avez noté le "petit"... et d'ailleurs, il faut le mettre en relation avec le "big" du titre. Ici, des tailles de poisson, il y en a trois, de petit à gros en passant donc par moyen... Et là encore, mère Nature est stricte, les gros mangent les petits... et pas l'inverse (oui, certes, il y a des "petits" qui, en étant tout plein tout plein peuvent manger les "gros"... commencez pas avec les contres-exemples d'enthomologistes ou j'vous mords !)... à la rigueur, à taille équivalente, on peut donner un coup d'dents d'dans, comme l'indiquait le titre.
Par la suite, à votre tour, vous devez déplacer un poisson de deux cases ou deux poissons d'une case. Voilà, vous savez jouer. Après, il suffit d'ajouter que s'arrêter sur le plancton fait grossir votre poisson mais que vous défausserez le jeton Plancton de la couleur idoine... faudra aller grignoter ailleurs pour grossir ; Que les épaves bloquent les poissons, sauf les petits qui, eux, s'y "toboggantent" (ils ne s'arrêtent pas dessus et continuent leur route) ; Que les cases Naissance (oui parce que Case "Femelle accueillante", c'est sexiste, d'abord !) permettent de placer un petit poisson supplémentaire sur une case non-occupée du plateau concerné et que les cases Surprise, comme leur nom l'indique, vous réserve une surprise ("plancton", "naissance" en connues et "pêcheur" et "tourbillon" en plutôt "Oups, gloups, flûte !")
Nemo où le syndrome de la nageoire
Étonnant comme ce "petit" jeu, finalement presque abstrait, de placements et de déplacements, amuse autant qu'il fait réfléchir. Une certaine parenté avec Croâ!, également d'Igor Polouchine, vient à l'esprit de qui connaît les deux jeux : figurines, déplacements, naissances et prises, surprises en retournant ou en piochant. Pourtant la comparaison s'arrête assez vite au sens où ce duel reste plus réflexif.
L'amusement tient, bien sûr, aux mignons petits poissons auxquels on s'attache bien vite et grâce auxquels on se sent fort lorsqu'ils grandissent... à croire que notre gros poissons est un requin ! D'ailleurs, si ce n'était pas une inspiration réelle du jeu, il fait immanquablement penser à Shark Shark sur Intellivision (rhô les vieux souvenirs...)... ouf, dans le papotache de la TTTV, c'est effectivement une inspiration !
Cet amusement tient également à deux éléments qui ajoutent autant du chaos que du fun (ou de l'un parce que de l'autre) : Premièrement les éléments surprises qui viennent casser l'effet purement "réflexif". Il y a des bonus à aller chercher et la tentation est grande. Mais le pêcheur pêchant un poisson de chaque couleur sur le plateau concerné fait peser un lourd danger (il y a deux surprises de chaque type dans le paquet), surtout pour ceux qui tentent leur chance alors qu'ils sont en infériorité numérique et risquent la mort subite. Même le tourbillon, qui fait pivoter le plateau, permet autant de belles petites chafouineries que de se mettre en danger. Après, il faut aussi avouer que ces éléments "cachés", les surprises, pourraient être une gène pour les "puristes" de "l'information totale et visible" pour tout prévoir et limiter le duel à celui de "l'intelligence pure"... à la rigueur, qu'ils jouent sans... mais c'est se priver d'un élément fun (... "oui, mais on n'est pas là pour rigoler... le jeu, c'est sérieux !"...)
L'autre élément tient à l'interaction entre les épaves et le mouvement rapide qu'elles permettent aux petits poissons. Presque naturellement, on a envie de faire grossir ses poissons pour se sentir "à l'abri" et nos mouvements se trouvent "gênés" par ces dernières. Pourtant, elles peuvent aussi se faire oublier et permettre des mouvements rapides et donc des retournements de situations... Et puis, il faut avouer que les deux conditions de fin de parties font parfois oublier toute prudence... pour se retrouver bien seul dans son corail !
Retrouvez donc Little Big Fish dans la TTTV d'ici quelques jours et voyez-en peu comment sous l'océan... finalement ça peut être très bruyant !