Overseers : Vice et Vertu

[Onitama][Overseers][Serengeti]

Maintenir l’équilibre subtil du monde. La balance parfaite entre le Bien et le Mal, le Yin et le Yang. Tel est le travail des Overseers, ces créatures éthérée chargées de veiller au maintient de l’univers. Les Overseers travaillent sur les vices et vertus des humains avec acharnement. Mais ce n’est pas comme si cet équilibre leur importait. Non, non, non ! Vaniteuses, elles veulent toutes être celle qui aura le plus mieux contribuer à l’architecture du monde.

Art Nouveau

Sorti fin Août en France, Overseers est un jeu de bluff soufflé par les vents d'Asie jusqu'à nous par l'entremise de la mystique maison d'édition Igiari. La belle petite boîte blanche teintée d'illustrations évoquant l'Art Nouveau, et plus particulièrement les œuvres d'Alphonse Mucha, nous transporte dans une cosmologie de la mythologie asiatique nuancée d'un certain érotisme.

une affiche de Mucha, art nouveau (plus axé sur les formes florales, rondes, et un certain érotisme),
à ne pas confondre avec l'art déco (plus tourné vers la géométrie pure, la symétrie, et une certaine droiture)

Comme toujours chez Igiari, le soin apporté à la direction artistique frappe dès le premier regard. Que cela soit par les illustrations des Overseers, ou le choix de conserver la calligraphie japonaise comme élément illustré des cartes Vice et Versa Vertus, Overseers nous invite au voyage. Une sensation qui se confirme dans la mécanique qui, bien qu'apparaissant comme fort tarabiscotée au premier abord, s'avère une synthèse efficace entre vote, bluff et minimalisme japonais (ce lapin blanc après lequel le ludique européen apprécie courir).

Art Mystique

Une partie d'Overseers dure 3 manches. Chacune démarre par une phase de draft, durant laquelle vous allez composer une main de 6 cartes. De cette sélection, seules 5 cartes seront conservées afin de formerun petit tableau de deux lignes (3 en haut, 2 en bas). Ces tableaux formées, les 6ème cartes défaussées sans être révélées, on retourne alors les 3 cartes de la ligne du haut.

C'est lors de cette phase que le jeu va prendre tout son sel. A partir des cartes face visible, il va falloir tenter de deviner quel joueur autour de la table se fait le plus de points. Avant de porter une accusation, il va falloir tâcher de vous rappeler quelles cartes vous avez laissé passer, et plus encore quelles cartes vous n'avez jamais vu arriver ! Les joueurs ont en effet une pleine conscience des cartes Vice et Vertus en jeu, de leur occurrence, ainsi que de leur technique de scoring (seule ou par famille de 2 ou 3).

Vice et Vertu : le Vol, la Piété et la Malice

Qui a su conserver quoi ? Et surtout que feindre d'avoir ou non conserver ? Car le joueur qui en apparence se gavera le plus risque à coup sûr d'être accusé de gros fayot voulant rafler le plus de points. Car se retrouver accusé à l'issu du vote en simultané des joueurs est lourd de conséquences ! Si vous êtes accusé, vous pouvez toujours confesser (et perdre 2 cartes de votre choix), ou nier votre faute.

les zoulis zetons de vote

On révèle alors toutes les cartes. Si vous avez agi comme un magret de canard avant Noël suintant la bonne graisse, vous perdez alors vos deux cartes les plus fortes. A l’inverse, se faire accuser alors que l'on est innocent permet de gagner deux cartes supplémentaires parmi les cartes précédemment défaussée, ce qui peut faire basculer la partie en votre faveur. Ajoutez à cela que chaque joueur bénéficie du pouvoir d’une Overseer qui modifie le cours de la manche.

Art Tistique

Overseers fait partie des 3 jeux de la rentrée proposés par Igiari. On reconnait en chacun cette patte de petit jeu qui en cache un grand, et d'invitation au voyage, qu'il soit par l'érotique orientalisme d'Overseers ; le classique Serengeti mystiquement ressuscité en chasse japonisante aux artéfacts de templiers, via le trait de Noboru Sugiura, avec Templari ; ou encore dans les échecs arts martialesques d'Onitama dont nous parlerons bientôt.

Overseers confirme le soin que prend Igiari à faire découvrir des jeux étrangers, ou redécouvrir des jeux presque oubliés, avec une finesse particulière apportée à l'esthétique, souvent atypique. Complétant le tableau de ce petit éditeur avec un pur jeu de bluff, Overseers réjouira les amateurs d'esprits féminins, de petits mensonges entre amis, de calculs shuntés par le double-guessing, et de fourberie enveloppé de poésie issue d'un lointain ailleurs.

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Je possède de mon coté la version originale de ce jeu faite par thundergryph et je ne vois aucune différence dans les graphismes, typo et mise en page… hormis bien évidemment la traduction des textes.

Donc sans polémique aucune je ne vois pas bien la mise en avant répéter dans l’article du travail de Igiari " dans sa direction artistique" hormis d’avoir localisé un jeu étranger deja fini ? ( ce qui est très bien :))

Bien cordialement.

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Bonne remarque !!!
Que je m’explique :

Je souhaite avant tout mettre en avant la direction artistique des jeux Igiari qui est exigeante. Que ce soit prendre un jeu et le traduire, ou en retravailler les graphismes de A à Z, il n’empêche qu’une ligne se dessine. Ainsi, si Igiari, n’a fait “que” traduire le jeu, je souligne tout de même son travail de direction artistique, et ce pour au moins deux points :

  • de manière globale, l’esthétique d’Igiari est soignée, recherche un certain atypisme.
  • Igiari n’a pas cherché à “européaniser” les graphismes, ce qui est un vrai choix de DA, alors qu’il aurait pu aller dans le sens du marché français qui ne se permet que très rarement de conserver le parfum visuel de l’exotisme des jeux coréens et japonais.

Donc oui, c’est un choix que je mets en avant. Par deux phrases seulement, notez bien, dans lesquelles il n’a jamais été précisé qu’il s’agissait d’un travail fait à 100% par Igiari. Les phrases étaient sensées être tournées pour en venir à considérer que les jeux Igiari témoignent d’un soin particulier et fin en terme de visuels et de contenu. Disons plutôt qu’Igiari choisit et/ou travaille ses jeux selon une grille exigeante, que ce soit en retravail complet ou localisation pure.

Mais je conviens que mes phrases peuvent être à double-sens. C’est le “problème” de mon écriture, où je me laisse emporter par un certain lyrisme, qui peut provoquer des double-sens. D’un autre côté, c’est ce qui me plait : que le public se fasse sa propre interprétation, surtout quand elle est contraire à ce que j’ai voulu y insuffler. C’est bien plus enrichissant, sur moi, et sur le lecteur/visionneur/autre (cochez la mention utile). =)

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