Pour certains, il est impossible que ces vestiges du passé que sont les pyramides, qu’elles soient égyptiennes ou aztèques, ne soient que des constructions humaines. Et certains bas ou hauts-reliefs énigmatiques suffisent à enflammer les esprits. Aussi vous ne serez pas surpris de vous installer au volant d’une soucoupe volante pour ériger de hautes tours dans la ville de Palenque.
C'est bien sur ce site archéologique que vous arpenterez, ou survolerez donc devrai-je dire, pour émailler le territoire de vos constructions dans Pacal's Rocket, paru chez Piatnik, un jeu de Günter Burkhardt. Petit tour dans un passé, extra-terrestre peut-être, mais réflexif, sûrement.
Sous la coupe des soucoupes !
Là où la couverture semble inviter à une aventure particulière avec le mélange des genres anciens et les machines volantes, le plateau, aux formes géométriques entrelacées des quartiers, calme les ardeurs. Et si le plastique des pyramides a remplacé le bois, il s'agit bien là d'un jeu européens par la réflexion et les placements qu'il imposera.
Après avoir réunis votre set de construction, l'aide de jeu et vos pierres divines, l'étrange tube en carton qui représente votre soucoupe volante sera placée dans le quartier central.
Les tours s'enchaîneront ensuite en commençant toujours par un lancé de dé de la part du premier joueur, lancé de dé qui détermine pour tous le potentiel de mouvement des soucoupes pour ce tour. À votre tour, vous déplacerez donc cette dernière du nombre de points indiqué, en ligne droite ou en zigzag, les diagonales étant interdites. Les soucoupes volantes de vos adversaires et les constructions bloquent le passage.
Vous placerez ensuite sur la case d'arrivée une de vos pierres divines. De plus, si vous avez choisi le déplacement en ligne droite, vous pourrez placer une seconde pierre via le tube d'une autre soucoupe.
Vient ensuite le moment de vérifier si les différents emplacements de vos pierres divines ne forment pas une constellation, c'est à dire une forme géométrique valide pour construire une pyramide. Par exemple, la pyramide de base ne demande qu'une pierre divine, la pyramide à un étage demande deux pierres divines adjacentes ; celle à deux étages demande trois pierres, adjacentes ou séparées chacune du même nombre de case ; etc. Précisons que vos constructions précédentes servent également à établir des constellations, que ce soit pour construire ou améliorer vos constructions.
Enfin, vous terminerez votre tour en marquant quelques points (indiqués dans chaque quartier) si vous avez pris la majorité dans un quartier, majorité assurée par le nombre "d'étages de pyramide" à votre couleur dans le quartier considéré.
Vous avez aussi quelques pions joker avec des valeurs décroissantes que vous pourrez dépenser à votre tour pour placer votre soucoupe où vous le souhaitez... mais c'est autant de points que vous ne marquerez pas en fin de partie.
D'ailleurs, en fin de partie, chaque quartier sera à nouveau décompté, puis les majorités le long de la rivière et du lac le seront également avant de déterminer le vainqueur au score.
Gare ta Rocket, Maya !
Pacal's Rocket peut se classer sans peine dans la catégorie des "tord-neurones" tout en restant très simple d'accès. Tout est visible, vous savez quelles sont les capacités de mouvement de vos adversaires et leurs positions. Leurs constructions, leurs pierres divines, leurs soucoupes, sont autant d'éléments que vous pouvez prendre en compte pour bien placer vos billes qui sont ici des pierres.
L'observation du plateau est primordiale pour plusieurs raisons : d'une part parce qu'au fur et à mesure de la partie, il faut repérer vos propres capacités de constructions via vos bâtiments déjà placés, sans se laisser perturber par ceux des autres ; cependant il ne faut pas que vos constructions ne servent à rien : reprendre une majorité dans un quartier disputé, prendre une majorité dans un quartier vide et facile, se placer le long du fleuve, repérer quelles hauteurs de pyramides sont encore en réserve chez vos adversaires pour construire utile... bref, il y a de quoi tergiverser !
Assez étonnamment donc, se joue une partie finalement fort réfléchie, très interactive par les actions de chacun, voir même les constructions qui dé-tricotent les constellations adverses... et le temps passe sans presque s'en rendre compte, aspirés que nous sommes dans nos déplacements (le tour est assez rapide) et nos réflexions à plus ou moins long terme.
Günter Burkhardt livre ici un jeu qui surprend et l'édition le fait tout autant. Le plastique des pyramides, l'illustration du plateau relativement "plate", les couleurs pastels... Et pourtant, le jeu en a dans la soucoupe !