[Les Cités de Splendor][Splendor Marvel]
La réunion de Rédaction touche à sa fin. Après une nuit blanche à peaufiner le planning des parutions du mois, les yeux sont fatigués d’avoir été trop exposés à la lumière froide des néons impersonnels dans une salle emplie d’un mélange de tabac froid et des relents de bière éventée. Alors que tout le monde s’apprête à se lever pour quitter la grande table de conférence parsemée de dossiers et de restes de nourriture, Monsieur Guillaume, la cravate desserrée sur une chemise froissée de la veille contrastant avec sa traditionnelle élégance britannique, lâche dans un souffle rauque “il reste la chronique sur Splendor Marvel qui sort le 18 septembre”.
Consternation, le sujet m'est bien entendu échu puisqu'il s'agit d'une nouvelle édition d'un jeu devenu un classique, associé à une licence de Comics bien connue. Et tout ça parce qu'on sait que j'ai la collection complète des albums de Gaston et qu'un jour j'ai raconté qu'il m'arrivait de lire les mangas de mon petit neveu, du coup je suis devenu le "spécialiste BD".
Qu'est-ce que vous voulez que je dise sur Splendor Marvel ? Je vais quand même pas expliquer la mécanique d'un des jeux les plus populaires dès sa sortie en 2014, multi sélectionné dans les récompenses de l'année (nommé au Spiel des Jahres 2014, nommé aux As d'Or en 2015 pour ne citer que ceux-là), devenu un classique du jeu en famille !
À la rigueur, je pourrais signaler que Splendor fait figure de précurseur dans les jeux "à moteur" : on récupère des jetons pour acheter une carte qui nous donnera une ressource permanente pour acheter de nouvelles cartes qui elles-mêmes apporteront des ressources, et cetera, etc., jusqu'à ce qu'un joueur arrive à 15 points et déclenche la fin de partie.
Mais dire que ça a le goût du Splendor, l'odeur du Splendor et presque la couleur du Splendor vu que c'est du Splendor, c'est de l'info ça ?
Alors oui, effectivement, la mécanique de ce Splendor Marvel est un poil différente au niveau des conditions de victoire. Pour gagner la partie, il faut récupérer le Gant de l'Infini, uniquement accessible en obtenant 16 points, 1 jeton vert et au moins 1 bonus de chacune des cinq couleurs.
Cette nouveauté, variante d'une des extensions des Citées de Splendor, complique sensiblement la stratégie de certains gros joueurs de Splendor habitués à se spécialiser sur certaines couleurs, réservant à tour de bras les cartes de niveau II et III.
Cette méthode n'en reste toutefois pas moins efficace, la nouvelle obligation de posséder chaque bonus ne fait que légèrement ralentir les meilleurs joueurs qui cumulent une impressionnante quantité de points alors que de leur côté les moins aguerris essaient péniblement de faire quelques points en construisant un petit moteur méthodique. Ne dites pas que j'exagère, c'est mon calvaire !
Et puis il y aussi cette nouvelle tuile Avengers Rassemblement qui rapporte 3 points à son propriétaire. Pour l'obtenir, il suffit d'avoir 3 symboles Avengers ("A"), la tuile pouvant ensuite être récupérée par un adversaire cumulant plus de A que le détenteur actuel. Un objectif moins compliqué à atteindre, mais plus risqué à conserver.
Qu'est-ce que je pourrais bien dire comme vacherie sur les Space Cowboys pour être dans le vent ? Parce que sans polémique, pas de buzz ! Tout le monde a déjà à peu près tout écrit sur le jeu, comment voulez-vous qu'un papier de Tric Trac (dont les accointances avec l'éditeur sont bien connues) puisse émerger du lot ? Je ne vais quand même pas me mettre à diffuser des fausses rumeurs ?! Remarquez d'habitude ça marche, et pour une raison que j'ai du mal à cerner, les Space Cowboys sont considérés comme des bons clients pour les amateurs du genre ! La dernière en date - et diffusée dans les commentaires de mon dernier article - n'était pas mal non plus, mais après il faut corriger son papier en argumentant sur la liberté d'expression et le devoir d'indépendance... ça donne du boulot en plus, moi j'ai pas le temps.
Je n'écrirais donc pas, comme on a pu le lire ailleurs, que les jetons en plastique de type Poker ne sont pas dans cette édition parce qu'il faut bien payer la licence. Parce que si, y'en a, en même quantité et d'aussi bonne qualité. Comment voulez-vous jouer à Splendor si vous ne pouvez pas manipuler vos jetons avec leur petit bruit de claquement ?!?
Non, si je devais dire du mal, ce serait l'esthète qui s'exprimerait pour regretter le choix graphique de la construction des cartes. Évidemment on ne pouvait pas avoir une homogénéité dans les illustrations des personnages, tout cela est tiré d'une base d'images fournies par Marvel et les styles choisis sont très corrects. Mais par contre, on ne peut pas dire que les éléments graphiques ajoutés pour le jeu soient esthétiques. Les couleurs criardes des bandeaux jurent avec les illustrations, et l'ensemble coût des cartes, points et bonus rapportés, sans compter les symboles Avengers et le jeton vert rendent l'ensemble parfois illisibles.
Et si je voulais être taquin, je pourrais ajouter que recruter dans une même équipe des Héros et des Supers Vilains de l'univers Marvel pour assembler le Gant de l'Infini, c'est une idée qui provoquerait une crise d'apoplexie chez quelques-unes de mes relations.
Donc c'est dit, pas de chronique sur Splendor Marvel ! Je ne vais quand même pas me taper 3000 signes pour dire qu'il plaira aux inconditionnels de Splendor mais que ceux qui n'aimaient pas l'édition originale n'apprécieront pas plus cette nouvelle version ?! Tant pis pour Monsieur Guillaume...
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