Soyons vigilant

Cela fait des années que nous avons fait cause commune avec cette idée : Le nom des auteurs doit apparaître sur les boîtes de jeu.
Une règle qui a par exemple été versée au règlement du concours du Jeu de L’année et qui exclue tout jeu ne présentant pas cette caractéristique.
Pourquoi ? Le goût du showbiz ? Un flattage d’ego en bonne et due forme ?
Que nenni ! Quitte à ce que cela prenne la tournure d’un certain rabâchage, cette demande est faite à la fois pour ancrer le jeu comme un produit culturel et pour protéger les droits de l’auteur.
Vous qui venez ici régulièrement, vous avez appris qu’il existe des jeux d’auteur et des jeux commerciaux. Vous savez que pour prendre un exemple parlant, “Les Aventuriers du Rails” est l’aboutissement du travail de Alan R. Moon qui a développé cette problématique au cours de plusieurs jeux précédents. Vous savez que Bruno Faidutti aime introduire des événements chaotiques dans ses jeux, qu’Alex Randolph avait un rapport au design prononcé, que Dominique Ehrhard aime parler de trinité, que Roberto Fraga aime jouer avec les objets, … Cette liste est sans fin.
Si les médias généralistes n’ont pas encore bien saisi la diversité culturelle du monde ludique et se cantonnent à quelques recommandations d’achats de fin d’année, il est un phénomène plus grave; celui des éditeurs qui ne respectent pas cette règle qui est la moindre des choses. Je vous parle des auteurs mais cela est aussi valable pour les illustrateurs qui sont encore plus mal traités.
C’est à se sujet que la SAZ (Spiele-Autoren-Zunft) ou association des auteurs vient d’annoncer une action de communication visant à ce que le nom des auteurs apparaissent non seulement sur les boîtes mais sur le devant de celle-ci.
Une proclamation dite de Coaster a été signée par Alex Randolph et plusieurs auteurs de jeux qui s’engageaient à ne pas publier chez un éditeur produisant des jeux anonymes. C’était sur un dessous de verre et en 1988 mais ça compte…
À noter que la SAZ épingle la notion de “Idée du Jeu”. Une mention qu’on trouve sur certains jeux. Il faut en effet savoir que les idées ne sont pas protégées en Europe. Ce qui n’est pas plus mal d’ailleurs.
C’est Antoine Bauza qui se charge de la traduction du texte en français. Un de nos grands auteurs qui prête sa langue pour répandre la bonne parole et à qui nous emboîtons le pas.
Depuis juin de cette année, une campagne de distribution de documents auprès des éditeurs et des joueurs a été entrepris par la SAZ. Sûr que la SAZ ne fait pas dans le très rock’n roll en général… Il n’empêche que l’idée mérite et que vous aussi vous pouvez influencer ce qui se passe aujourd’hui dans l’édition.
Le blog d’Antoine Bauza
Le site de la SAZ (english)
* L’image utilisée pour cette annonce est un détournement purement TricTraquien non utilisée par la SAZ.