Princesse Jing ou comment se faire la belle...

[Princess Jing]

Rarement l’on avait vu une princesse aussi pugnace et un prince aussi patient. Parlons d’ailleurs ici de princesses et de princes puisque symétrie ludique oblige.

Je ne vous conterais pas l'histoire incroyable de ce projet, car son auteur, Roberto Fraga, l'a déjà fait ici même et si vous n'avez pas encore lu sa série d'article, je vous en conseille la lecture. Vous les retrouverez dans l'onglet "article" de la fiche du jeu.

Une des bonnes nouvelles de cette "enfin-édition" c'est qu'elle s'est faite chez Matagot, un éditeur que l'on sait soucieux de la qualité du matériel à tel point que d'autres éditeurs pros se demandent régulièrement comment ils font pour sortir des jeux "à ce prix là" avec un "matos comme ça".

Pour un de ses premiers projets, l'auteur malouin comme un singe avait déjà vu grand. Des éléments en relief mobile, des miroirs, ... Et ce qui paraissait évident ludiquement n'a vu le jour que récemment.

Nous sommes donc dans la Cité Interdite, revisitée façon frageste. Pour ce qui est de la vue, c'est un peu encombré mais pour ce qui est des cachettes c'est le paradis. Et ça tombe bien parce que de chaque côté, une pauvre princesse cloîtrée désire rejoindre son prince sans se faire gauler. Notre mission est donc de permettre à notre petite beauté de rejoindre le prince de Jules-de-chez-Smith-en-face tout en évitant que la mocheté d'en face n'en face autant avec notre beau prince qui mérite mieux que ça.

Le plateau de jeu est donc rempli de paravents qui font pas mal penser à des confessionnaux. Ceux-ci disposent d'une petite fente destinée à accueillir notre princesse et autres animaux mais je vous en reparle plus tard. Avec la princesse, un porteur de miroir. Non pas pour regarder sur les jupes des dames mais pour essayer de coincer l'autre vilaine princesse.

À notre tour, nous allons pouvoir échanger de place un paravent avec un autre adjacent. Ce paravent peut donc être vide, avoir le porteur du miroir la princesse planquée derrière. Vous avez compris : la princesse doit traverser le plateau sans se faire prendre et rejoindre la case de son chéri d'amour.

Le porteur de miroir permet de voir l'arrière du paravent où il se trouve. Comme les paravents ont un petit trou aussi, on peut donc aller lorgner pour voir ce qui s'y cache. Oui mais prudemment parce que si nous le faisons trop ostensiblement notre adversaire saura où se trouve notre porteur de miroir.

Princesse Jing est donc un pur jeu de bluff où chacun essaye de tromper la vigilance de l'autre. Le côté je regarde par le trou de la serrure rendant une belle atmosphère de complot. Les paravents en carton sont lestés et le plaisir de la manipulation vient renforcer cette belle ambiance.

Le jeu est simple. Il est donc destiné à un public jeunesse et familial. Pour les amateurs de challenges plus corsés, vous trouverez également un . Dans celui-ci, voilà que la princesse est amoureuse d'un capitaine qui ne l'aurait pas appelé vilaine. Le souci c'est que des capitaines, il y en a trois et cette (gre)nouille de princesse a oublié de vous dire quel était l'élu de son coeur ! Chaque capitaine ayant des qualités propres, il est temps de faire un peu magie asiatique pour déterminer le bon capitaine. Chacun possède deux qualités parmi l'honnêteté, la sagesse et la clairvoyance. Chacune de ces qualités est représentées par un animal légendaire : la grue, le renard et la chouette. Ainsi si dans votre fuite vers l'amour vous rencontrez un renard et une chouette, vous saurez quel capitaine est l'être aimé. Comment ? Mais en les trouvant avec notre célèbre miroir !

Forcément les parties sont un peu plus longues et plus corsées. Vous aurez donc le choix entre l'amour facile et l'amour enquête.

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Beau jeu de belle qualité. l’une des plus belles réussites de Cannes 2018