[Battlestar Galactica][Dead of Winter - A la croisée des chemins][Dead of Winter - La Nuit la plus Longue][Raxxon]
Dead of Winter, chez Plaid Hat Game, est une petite merveille ludique, surtout dans l'ambiance qu'il installe. Les jeux avec moult suspicions et traître potentiel ne sont pas toujours évident à jouer... pour les traîtres ! En effet, agir de façon à nuire à tout les autres joueur en essayant de paraître collaborer est toujours plus difficile que de simplement collaborer parce que le joueur est sûr de la portée de ses actions. Battlestar Galactica proposait une première façon de résoudre cette donnée en brouillant les pistes sur les identités. Dans la première partie du jeu, il n'était pas conseillé de jouer complètement à fond les humains, des fois que vous vous révéliez Cylons dans la deuxième moitié... ce serait dommage de se tirer une balle dans le pied en aidant ceux que vous essayerez de faire tomber ensuite. Dead of Winter, en plus d'avoir un potentiel traître à table, donnait à chacun un objectif personnel... et comme très souvent, objectifs personnels et objectifs communs ne vont pas forcément de pair. Et puisque survivre mais finir à la botte des voisins n'est pas forcément le meilleur avenir, chacun se mettait à avoir des comportements suspects aux yeux des autres, lançant l'ambiance de la partie.
En plus de cela, et pendant la vague de succès autour de la série "The Walking Dead", l'univers de Dead of Winter se développait avec La Nuit la plus longue, la première extension, amenant à essayer de comprendre ce qu'il s'était passé (y compris dans la vraie vie) autour des laboratoires RaXXon... avec toujours plus d'histoires à se raconter avec les cartes Croisée des chemins.
Enfin, Colonies en guerre étendait encore le jeu et cette atmosphère en permettant jusqu'à 11 joueurs de se retrouver dans des colonies différentes, soeurs ennemies dans le climat hostile que représentent les zombies, pis-aller finalement à la menace du loup qu'est l'homme pour lui-même.
Quel étonnement alors de voir arriver en français RaXXon, presque en catimini, comme un retour au début de l'histoire, sorte de préquel à Dead of Winter. Nous voici dans cette ville où tout a commencé... ou plutôt... où tout commence : Le laboratoire pharmaceutique se défend avec véhémence (qui a dit autorité brutale) d'être à l'origine de l'épidémie et les médias enquêtent sur les corrélations entre le Zomoxtrin et les infectés... mais de votre côté, en tant que membre du conseil municipal, vous avez bien plus urgent que ça à faire : la crise est là, les infectés sont un problème réel mais presque mineur face à la tension qui monte en ville alors même que vous gérez les survivants, les évacuations, tout ça dans un climat d'hostilité frôlant l'explosion.
... Et y'a que des zombies qui y répond...
1 à 4 joueurs vont donc récupérer leur fiche personnage récapitulant l'ensemble des actions disponibles pour ce dernier. Sur le plateau de jeu et en fonction de la difficulté choisie, un certain nombre de cartes Civil Hostile, Famille, Célébrité, Chaotique, Porteur et Instable sera mélangé en une pile "Pioche Civil". Quelques cartes infectées supplémentaires viendront attendre patiemment leur tour dans la réserve Infection.
Votre objectif est simple : retrouver toutes les personnes saines parmi la foule de civils et les évacuer. Pour se faire, un tour de jeu commence toujours par l'installation de la foule, plus ou moins étendu en fonction du nombre de joueurs, et constituée de cartes de la Pioche Civil, faces cachées. Par la première action possible des joueurs appelée "Enquêter", il est possible de retourner les cartes de la Foule pour connaître leur identité... et ça, c'est bien ! Seulement, certaines cartes ont des effets "à la révélation" en fonction du nombre de cartes de la même famille déjà révélée. Par exemple, au deuxième instable révélé, l'infection se répand et une carte de la réserve Infection vient s'ajouter à la pioche civile... et ça, c'est moins bien !
De fait, enquêter deviendra vite insuffisant et à son tour, un joueur voudra réaliser une action plus "performante" : mettre en quarantaine, supprimer des infectés... et évacuer des personnes saines. Seulement voilà, à son prochain tour, il faudra assumer les conséquences sur la foule de ces actions. Ayant marqué l'action choisie d'un jeton, avant sa prochaine action, il déclenchera les conséquences de toutes ses actions précédemment activées : ajout de personnages dans la foule, révélation en chaîne de civils aux conséquences potentiellement désastreuses... voir pioche d'une carte RaXXon qui, comme les cartes Croisée des chemins, ajoute de l'histoire, en différentes parties potentiellement, avec des choix à effectuer aux conséquences diverses et parfois conditionnées à la présence de tel ou tel personnage en jeu.
Lorsque l'icône Nuit s'active, le tour s'arrête immédiatement, et si cela permet de réinitialiser les plateaux des joueurs (et ça, c'est bien !) la foule rentre chez elle, à nouveau anonyme (faces cachées et mélangées dans la pioche Civil) et comme le temps passe, l'infection se répand à nouveau sans compter tous ceux qui s'échappent du confinement (et tout ça, c'est vraiment pas bien !)
Vous comprendrez aisément qu'il est donc préférable de passer avant que les conséquences de vos actions ne vous échappent, histoire de toujours maîtriser en partie qui passe où et quand.
Si vous ne réussissez pas à évacuer les 20 cartes saines (en introduction) ou les 30 cartes en parties Normale à Expert, généralement, c'est que le temps a passé trop vite et qu'il n'y a plus de cartes dans la réserve Infecté... l'invasion a eu raison de vous et il est temps de jouer à Dead of Winter. Mais si l'échelle de contrôle RaXXon monte à 8 (conséquences ou cartes RaXXon), le laboratoire prend le contrôle de la ville... et il n'est pas certain que ce soit mieux pour votre santé et celle de vos concitoyens.
C'est un peu l'boxons à RaXXon !
Un jeu coopératif étonnant que ce RaXXon : classique dans sa première approche avec action des joueurs et monté du "mal" en conséquence avec des capacités différentes pour "spécialiser" les joueurs, il prend ensuite les allures d'une sorte de "réussite" ou de "patience" quant à l'aspect "cartes de la Foule" à gérer, retourner, placer correctement pour une évacuation bien synchroniser ou une intervention groupée de l'armée. C'est d'ailleurs dans la version Solo ou à deux que le jeu reste le plus intéressant. Assez vite, on se retrouve à discuter pour prendre des décisions comme à prioriser nos actions et faire face à des urgences représentées par des personnes saines mais hostiles à l'autorité municipale qui ne nous facilitent pas le travail ou une horde de zombies déchaînée et non-prévue qui débarque à l'opportun mettant fin au tour dans une fuite de la foule alors que le plan, complètement à recommencer, semblait parfait.
De plus, le tempo du jeu et des évacuations est primordial. En effet, se retrouver, pour l'emporter in fine, avec deux ou trois personnes saines à retrouver et sauver parmi une foule de 16 "zombards"... autant vous dire que ce n'est pas gagné d'avance et le risque de perdre à chaque carte retournée vous fera bien sentir comme cette histoire pue la fin tragique... Il vaut mieux parfois remettre une évacuation pour conserver plus de chance de sauver un groupe qu'une opération commando !
Pourtant, au final, la boite intrigante toute de noire vêtue qui est sortie sans tambour ni trompette (peut-être pour ne pas alerter les morts-vivants ?) garde un peu de cette froideur d'un cadavre, éventuellement réanimé. Le jeu de J. Arthur Ellis tente bien de remettre la couche d'histoire avec les cartes RaXXon mais l'intérêt central n'est pas là et reste trop dilué. Et la répétition des cartes à re-mélanger, re-découvrir, re-arranger, permet un casse-tête à résoudre relativement agréable pour ceux qui aiment le genre mais peinera à entraîner dans l'histoire de la gamme alors même que c'était là un point fort de Dead of Winter.
A jouer donc avant pour confirmer que vous êtes amateur du genre... ou alors, si vous êtes complétiste, prendre la boite pour trouver les deux personnages Dead of Winter qui s'y trouvent...