Reigns : le Royaume aux 100 cartes (virtuelles)

[Reigns]

" Une longue lignée de rois. Une longue lignée qui, au fil des âges, avait mené jusqu’à moi. Une longue lignée de rois déchus, maudits. Certains étaient parvenus à passer entre les pièges, avaient régné une trentaine, une quarantaine, une cinquantaine d’années, victorieux de faits mémorables. D’autres n’étaient à peine qu’une ligne de l’Histoire. Mais tous, tous avait dû affronter la terrible malédiction qui pèse sur le Royaume. Le Démon ! Je le reconnais, il est dans leurs yeux à tous ! C’est lui qui les guide, tous, de l’archevêque au bourreau, du peintre au docteur, de la reine aux mineurs ! Le Démon les pousse à me piéger, il veut voir la lignée périr, encore et encore et encore ! Je dois l’en empêcher, je ne peux pas leur faire confiance. Seul mon chien me comprend, il me donne de bons conseils ! Ha ! Ha ! Ils me croient fou, moi aussi, mais je sais faire la différence entre wif et ouaf ! Seul mon chien me comprend, et seul moi le comprend ! Et ce ne sont pas les flammes qui dansent dans ses yeux canins qui me feront penser le contraire ! Un chien avec des yeux de flammes, c’est suffisamment rare, non ? Un chien rare est forcément savant ! Gnihihihi ! "

On retrouva le roi rongeant des os dans sa chambre et aboyant ses serviteurs. Par la suite, on préféra effacer Jest le Sauvage des livres d'Histoire.

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Le Trône des Fiers

Une fois de plus, nous allons parler Jeux Vidéos chez TricTrac. Mais attendez, amateur de carton bois et papier ! Ne partez pas tout de suite ! Reigns peut potentiellement éveillé vos amours de boardgamer/cardgamer. Si je vous disais que Reigns a tout d'un jeu de société ? Mais que, compte tenu de certaines contraintes techniques et choix artistiques, la version numérique s'avère plus pertinente. Si je vous dis que Reigns est un jeu de deckbuilding narratif avec de la gestion de ressource cachée pour joueur solitaire... alors, intrigué ?

Sir Adémar, (presque toujours) loyal sujet

Dans Reigns, nous incarnons une série de roi devant répondre aux exigences du royaume. Chaque exigence est représentée par un set de cartes, à l'effigie des principaux conseillers/empêcheurs de tourner en rond/comploteurs/membres de la cour/résidents du Royaume (rayez les mentions inutiles). Chaque personnage se compose d'environ 5 cartes standardes, et une foule de cartes annexes évoluant au fur et à mesure de la partie.

A droite Oui, à gauche Non...

La mécanique principale de Reigns est on ne peut plus simple : Chaque carte sera une requête d'un personnage nous demandant de choisir entre deux possibilités. Pour cela, il suffit de faire glisser la carte du côté de la réponse souhaitée (donc droite ou gauche, comme un Tinder en plus fatal). Chacun de nos choix agira sur les 4 ressources du jeu : Religion, Popularité, Armée, Trésor Royal. Pour chaque choix, un indice nous est donné : nous savons sur quelles ressources nos choix vont peser, de façon minime ou forte. Mais nous n'avons pas la connaissance véritable de nos actions. Notre choix va-t-il diminuer ou augmenter une ressource ? De combien précisément ? Seul le bon sens nous permet de nous en sortir ! De plus, nous n'avons qu'une vague connaissance de la quantité nos ressources : une jauge sans annotation numérique, allant de 0 à 100, pour chacune d'entre elles. C'est donc à vu de nez, et à force de connaître nos sujets, ou encore par ruse, que nous maintiendrons l'équilibre du Royaume.

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Ce choix affectera beaucoup la Religion et un peu la Popularité.
En bien ? En Mal ? De combien ? Pour ça, il vous faut réfléchir un brin avant d'agir.

Car c'est là que réside la difficulté de notre règne. Si nous voulons tenir le plus longtemps possible, il faudra maintenir en équilibre les 4 ressources du Royaume. Une jauge tombé à 0% provoquera toujours une révolte et une fin assurée. A l'inverse, une jauge à 100% assure trop de pouvoir, et causera fatalement un coup d'état. Notre but premier sera donc de régner le plus longtemps possible en évitant de mourir, et en équilibrant ressources.

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Ce qui attend un roi fêtard et trop riche !

Mais au fil des parties (ou tout simplement parce que la corde narrative vibre plus fort que celle de la gestion dans notre petit coeur royal) l'équilibre du Royaume peut passer au second plan de l'aventure. Reigns ne propose pas que de la gestion. Chaque choix, chaque rencontre, aura pour conséquence d'amener de nouvelles cartes. Vous laissez votre conseiller gouverner une région ? Il risque alors de vous déclarer la guerre, vos loyaux sujets pourront alors se retourner contre vous. Vous voulez autoriser le docteur à remplacer le bourreau qui souhaite devenir jardinier ? La science des poisons pourraient bien alors vous menacer, et que pensera l'Eglise de votre esprit scientifique ? Pourquoi ne pas partir en croisade pour la calmer ? Vous rencontrerez sans doute de nouveaux peuples, mais il est possible que vous ne surviviez pas au voyage...

De toutes ces possibilités, une foule d'histoires découlent. Et autant de mésaventures et fins possibles ! Mourir de notre belle mort est extrêmement compliqué, mais par défi (ou soif de complétiste fou), il sera intéressant de débloquer toutes les fins de règne possibles, ou de remplir les nombreux objectifs du jeu. Ces derniers traversent autant des faits héroïques (ouvrir la route de la soie, trouver le Graal, engendré un héritier) que des trivialités absurdes (se faire faire un "portrait fluide", régner à peine 3 ans, ou avoir une liaison amoureuse avec un pigeon).

Le Roi est mort, vive le Roi !

2c3c454e71c6527378d692733242b1b2312d.pngJe vous disais plus haut que dans Reigns, nous incarnons une série de rois. Il est en effet fréquent de mourir (disons qu'une partie -un roi- dure en moyenne 20 ans, soit 20 choix, soit environ 15 minutes de jeu), et vous pourrez alors revenir avec un roi tout neuf. Enfin tout neuf, pas tout à fait.

Chaque choix fait par le roi prédécesseur sera susceptible soit de revenir (à vous de jouer intelligemment pour éviter les problèmes du passé) soit d'influencer encore le jeune remplaçant. Les futures cartes qui composeront notre deck pourront être en lien direct avec les choix d'un roi précédent, parfois distant de plusieurs années. Parmi les plus événements les plus marquants, citons les départs en croisade, la fondation de colonies, ou encore les nouveaux personnages débloqués, avec leurs nouvelles cartes, mais aussi la mort de certains, qui ne viendront plus vous embêter.

Rien ne vaut une bonne croisade de temps en temps !

Tous ces règnes, résumés sur une large frise chronologique, traversant 2 millénaires, seront autant d'expériences effectuées et accumulées influençant les parties suivantes. A travers ces courtes parties, se dessine alors une plus large intrigue : celle d'une malédiction frappant la Royaume. Au-delà des objectifs de survie ou spéciaux de chaque partie, un objectif plus large nous attend, représenté sur l'ensemble des parties successives : trouver le point faible du Démon qui ruine la santé mentale du Royaume, et le vaincre.

Là, ça se passe mal

Un château de cartes synthétiques

Mélange de deckbuilding et de Livre Dont Vous Etes Le Héros avec de la gestion de ressources dedans, Reigns procure de nombreuses sensations de jeu non vidéal. Mais il tire parti du virtuel pour proposer des éléments difficilement transposables en réalité (je pense par exemple à la mécanique de ressources cachées, mais aussi au fait que Reigns est un jeu pour un joueur de 750 cartes uniques).

De nombreuses surprises attendent les rois aventureux, notamment une mécanique d'exploration de Donjon (faite en stress, car chaque seconde vos jauges de ressources perdent 1%), de combat (simple et efficace, toujours à base de choix), et des artefacts divers et variés nous affectant sur plusieurs années voir plusieurs règnes.

Et puis, une version papier serait se priver du travail sonore toujours enchanteur de Disasterpeace. Si la B.O. médiévale de Reigns n'est pas le travail le plus original et mémorable du compositeur (je vous invite à écouter/jouer à Fez, The Floor Is Jelly ou Hyper Light Drifter, ou à mater le film It Follows pour en avoir plein les oreilles, mais aussi plein les yeux), je mets en avant la recherche fort appréciable sur les voix des personnages. Sorte de mélange entre les adultes de Snoopy et un patois polonais, le design sonore souligne la folie douce de l'univers de Reigns.

Pour juste 3€ sur Steam et sur application mobile, le jeu de Nerial développé par Devolver et illustré avec un charme minimaliste par Meiko Murakami vous fera traverser 750 cartes uniques de petites intrigues parfois injustes, parfois malignes à résoudre, et souvent loufoques. Reigns devient rapidement addictif si le deckbuilding et le narratif sont vos credos.

Pour le site officiel de Reigns, c'est par là !

Le site officiel de Disasterpeace où l'on peut
découvrir gratuitement toute sa musique, c'est par ici !

5 « J'aime »

j’hesite, j’hesite, ca a l’air pas mal pour 3euros

Je voulais l’essayer depuis longtemps et en moins d’une semaine il a déjà absorbé pas mal de pauses café et autres “tiens j’ai 5 minutes à perdre” qui deviennent “ça fait déjà une heure ??” ^^
Après, ça ne plaira pas à tout le monde, mais c’est assurément très sympathique, et pas si hasardeux foireux malgré le fort hasard qu’il parait contenir.

Très sympathique et addictif à souhait, ne pas hésiter !!

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graphiquement c’est à la fois élégant et original…

3 « J'aime »

Je ne vais pas le prendre car je risque d’adorer et d’y passer trop de temps :frowning:

La même pensée me traverse l’esprit; Pour l’instant je résiste même si c’est la seconde fois que j’en entends parler → Silence on joue ! «No Man's Sky», «Abzû», «Reigns», «Pokémon Go», etc. – Libération

Vous pouvez y aller, Reigns n’est pas un de ces jeux qui rendent addict et/ou incitent à passer un max de temps. J’y ai joué il y a 2 mois, j’ai fait 2 parties bien sympa, en quelques heures on en a fait un peu le tour. Ca vaut bien ses 3€.

Excellent, je le récupère de suite

Dans les excellent jeux de cartes numériques, je conseille fortement aussi Card Crawl (une exploration de donjon basée sur les 54 cartes d’un jeu classique)

belle utilisation du flat. c’est moi ou certaines illustrations ne s’affichent pas ?

c est moi…

1 « J'aime »

A noter que les combats font fortement penser à ceux de Monkey Island, et c’est bien cool :slight_smile:

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Vendu !

Enfin, acheté quoi.

Il est à 0.99€ alors voilà, c’est pris !