Parmi les petites friandises ludiques d’Essen18, quelques festivaliers ont ramenés à leur ceinture Tönton, un jeu de Tori Hasegawa édité chez les coréens Happy Baobab.
À la ceinture ??? Oui. Tönton est un mini jeu de carte au format allongé qui peut s’accrocher à la ceinture. Ou ailleurs… Vous pouvez bien accrocher ce que vous voulez à ce que vous voulez… C’est votre vie.
Toujours est-il que la petite boîte est drôlement choupinou dis donc ! Rien que ça, ça donne envie ! Dedans de petites cartes longues aux graphismes ethnicovikingesques qui le font bien. Tout ceci est dû au talent de monsieur Ian Parovel qui n’est pourtant ni coréen, ni japonais, ni viking. Et comme nous nous demandions où il allait chercher tout ça, il nous l’a gentiment expliqué dans le gros encart au sein de cet article.
Et qu’en est-il du jeu ? Tönton est un jeu de plis. Son ramage mis de côté nous retournons en terres connues dès le début de la partie.
Je joue une carte de ma main, les autres doivent jouer à la couleur ou pisser et la carte la plus forte remporte le pli. Plus classique tu meurs ! Seulement voilà, ce qui fait la personnalité de ton Tönton c’est dans le comptage !
Imaginez que vous ayez ramassé le pli. Plutôt que de vous le mettre dans un coin comme dans un jeu classique, vous allez trier les cartes par couleurs (si des joueurs ont pissés) et vous allez mettre la plus petite carte sur le dessus de chaque couleur.
En fin de partie, notre score sera donc constitué des petites (ou pas) cartes qui n’ont pas été recouvertes. Une pour chaque couleur.
Pour connaître son score on additionne et… on regarde l’objectif de la manche. En fait, il vaut mieux en prendre connaissance en début de manche ^^
Cet objectif se présente ainsi : faire plus que… ou faire moins que…
Ainsi si l’objectif est 12+ les joueurs qui dépassent 12 marquent 0 points, celui que est le plus près de 12 marquera 10 points, le suivant 6, puis 4 et enfin 2.
De plus certaines cartes ont un petit pouvoir sympa : les 6 font marquer 1 point, les 4 permettent de devenir premier joueur.
Une partie se joue en trois manches. Il existe une variante avec des objectifs avancés et des règles pour jouer en équipe de deux.
C’est simple, c’est rapide, c’est élégant, ça s’accroche, et… c’est bientôt épuisé.
Nul doute que nous verrons une édition francophone dans les mois qui viennent mais pour le moment rien n’est encore définitif.
La ballade de Ian
En balladant des amis aux musée des Invalides, je suis tombé, au détour de reliques de la guerre d'Indochine, sur un jeu de cartes dont la description sommaire annonçait seulement : "Jeu de Cartes à jouer, 19ème siècle, carton. Pris aux Pavillons noirs en 1885.
Je suis resté devant pendant une dizaine de minutes, fasciné par ses visuels ésotériques et sa singularité esthétique épurée. Imprimée en noir et blanc, un seul coup de pinceau rouge venant accentuer certaines cartes à différents endroits. Extrêmement compact (les cartes mesurant environ 7cmx1.5cm), le jeu est à la fois beau et fascinant. Mais la légende en dis trop peu.
N'ayant pas le temps sur l'instant de m'attarder, j'avais cependant noté son emplacement afin de revenir plus tard prendre des photos et plus de renseignements.
Quelques mois plus tard je reviens sur place et le jeu n'étais plus en vitrine. J'ai cherché une bonne partie de l'après-midi en pensant que j'avais rêvé à son existence, me maudissant chaque minute de ne pas avoir fait de photos sur le moment. Le musée étant en travaux, les collections changeaient d'emplacement et certaines pièces n'étaient plus accessibles pour le moment.
N'étant revenu que dans ce but, je fini par demander à un vigile à quel endroit je pourrais avoir des informations sur les collections.
Il me redirige alors vers le centre de documentation, lequel m'a reçu très aimablement tout en m'aidant à faire des recherches plus approfondies sur le sujet..
Ils m'ont gentiment dirigé vers le service de reproduction afin de me fournir en visuels plus détaillés.
En sortant, j'en discute avec Anaïs qui avait de son côté trouvé qu'il s'agissait probablement d'un jeu de Tam Cuc Vietnamien.
Bingo !
Je remonte l'information au musée qui met à jour le cartouche.
En Corée quelques semaines plus tard, on me présente les jeux à réaliser : Parmi eux, un titre nommé "Ninja Trick". Un jeu de pli super malin avec un twist intéressant qui allait finir dans les limbes des petits jeux sympas, si il ne se démarquait pas un peu de la concurrence.
Les seules informations nécessaire sur le jeu étant la couleur et un chiffre, et cette compacité étant totalement appropriée au format allongé des cartes précédemment découvertes, il n'en fallait pas plus pour commencer à travailler en ce sens. Le nom a été trouvé presque immédiatement dans le sens où nous voulions quelque chose qui sonne sympathiquement dans toutes les langues sans forcément avoir une signification. TonTon nous faisait beaucoup rire à cause d'une boutade en interne. Le nom était choisis, il ne restait plus qu'à l'assumer.
Si au départ, il me semblait logique de tenter une approche des visuels antiques en mimant ceux trouvés au musée, cet exotisme n'était pas forcément adapté aux marchés asiatiques : Ce qui me plaisait visuellement était trop proche de leur histoire visuelle, un peu comme faire un jeu avec des peintures de Fra Angelico pour le marché Français.
Il fallait donc trouver une variation un peu moins marquée historiquement. Les visuels découlent de la fonte typographique trouvée à force de tests : anguleuse et très lisible, c'est son aspect scandinave qui a donné le ton général des cartes.
En conservant l'aspect original, un fond papier jaunis, des visuels proches de la mythologie nordique, redessinés de façon très anguleux imitant un style runique fantaisiste, et une inversion verticale en espace positif / espace négatif afin de satisfaire tous les besoins de lecture selon l'orientation et la luminosité.
Les 5 couleurs soutenues de symboles afin de satisfaire les daltoniens, la touche de peinture du format original remise au goût du jour, le jeu était presque prêt.
Le titre TonTon se prêtait très bien aux deux indicateurs de missions dans le jeu, qui sont des flèches stylisées, intégrées en même temps au titre afin de finir la liaison intégrale du thème graphique et du jeu.
Restait la boîte. J'aime les jeux compacts. C'est anti-marketing parce que cela rend le jeu peu visible mais il me paraissait intéressant de lier l'histoire du jeu d'origine et de celle-ci.
Il se trouve que le jeu ayant servi d'inspiration graphique tenait à l'époque dans une petite pochette en cuir tenue par des ficelles, à la ceinture ou dans le paquetage, dans une sorte de fourreau. Les militaires manquent de place et cela permettait d'emporter le jeu partout. C'est cette même idée qui a guidé la réalisation de la boite de TonTon : faire tenir le jeu de la façon la plus compacte possible.
Il fallait donc créer un nouveau format, adapté à celui des cartes que nous avions déjà largement agrandies suite aux remarques de nos testeurs aux gros doigts. Pour que le jeu ne perde rien de son charme, les cartes furent allongées au même ratio, afin de conserver cette finesse distinctive, jusqu'à atteindre une taille satisfaisante.
La boîte épouse donc les contours du jeu de cartes, un emplacement supplémentaire pour les marqueurs de score permet d'allonger encore son format et le tout est protégé dans une mousse pour que les cartes soient toujours bien calées.
A cette taille, impossible de faire un couvercle adapté, il est donc décidé de créer un clapet et d'utiliser un aimant afin de clore correctement et facilement la boîte.
Le trou ajouté permet de mettre le jeu en rayon de différentes façons, mais aussi d'y adjoindre comme à l'époque, une ficelle ou un mousqueton, afin de le transporter partout.
Les cartes sont imprimées sur un format super rigide afin de leur assurer une belle longévité.
Et voilà tout ;)
Merci monsieur Ian !
Quant à vous : vous en savez déjà bien trop sur ce sujet...