Il est de ces choses qui sont une évidence. Des créations si simples que l’on se demande pourquoi on y avait pas pensé avant. Ce ne sont pas toujours des révolutions, parfois de simples petites idées. Mais elles fonctionnent. Parce que l’on comprend tout de suite de quoi il s’agit et l’on se dit bon sang mais oui hahaha. C’est en tout cas à peu près ce que l’on a pensé lorsque l’on a découvert Speed Colors à Cannes dernier.
United Colors of Blackrock
Speed Colors est un jeu de Erwan Morin (son tout premier édité, par l'entremise de Forgenext) sorti aux environs de Essen 2017 dernier chez les russes de Lifestyle Boardgames. Découvert à cette occasion par nos amis de chez Blackrock, le jeu français mais russe et néanmoins japonais nous arrive donc véritablement en francophonie cette semaine, directement localisé par les rochers noirs.
Si le visuel de la boîte ne semble pas attrayant de prime abord, la mécanique interne qui fait frémir l'horlogerie intrinsèque du jeu s'avère diablement sympathique. Concrètement, nous sommes dans un jeu de rapidité de coloriage, qui utilise un poil de mémoire (mais rien de très compliqué, et c'est justement le fait de se tromper qui rend tout ça rigolo). Speed Colors n'est pas un grand jeu, loin de là, mais il propose une petite mécanique toute simple et sympathique qu'on s'étonne de ne pas avoir vu apparaître avant.La version japolonaise contient même une TROUSSE !
Décomposition prismatique
Dans la boîte de Speed Colors, on trouve principalement 6 feutres type veleda (rouge-orange-jaune-vert-bleu-violet) et un set de 55 cartes Dessin. Chaque joueur se saisit de l'une de ces cartes Dessin (au graphisme simple mais sympathique) face noir et blanc. Au top, tout le monde retourne sa carte face couleur.
Chaque Dessin est composé de 6 zones utilisant les 6 couleurs. Lorsque l'on pense avoir bien mémorisé la position de chaque couleur, on retourne sa carte face noir et blanc et l'on s'élance dans le coloriage le plus vite fait-bien fait possible. On ne peut se saisir que d'un seul feutre à la fois, pour ne colorier qu'une seule case. Le forfait illustratif finit, on rebouche le feutre, le repose sur la table, et l'on se saisit d'un autre. Si l'on retombe sur un feutre que l'on avait déjà pris auparavant, on peut prendre le risque de colorier une seconde zone avec cette couleur, ou reposer le feutre pour bondir sur un autre.Le premier joueur à avoir colorié totalement sa carte pose son feutre et crie "Staline" "Stop". On marque alors 2 points par zone bien coloriée, 1 point par zone coloriée au mauvais endroit, et rien du tout par zone incomplètement coloriée ou dont on a dépassé du trait (et oui, on colorie sans déborder, les enfants). Si plusieurs cases sont coloriées avec la même couleur, seule celle rapportant le plus de points compte. On marque ses scores en coloriant des petites cases d'une carte décompte de points plutôt jolie, on efface les gribouillages et on lance la manche suivante.
Celle-ci va se dérouler de la même manière, au détail près que le joueur ayant le moins de points échange vilement les bouchons de deux feutres, histoire de se confusionner l'esprit et de coloriser en vert avec le feutre jaune la zone rouge. Après 4 manches, celui qui a marqué le plus de points l'emporte.
Force arc-en-ciel
Tout simple, très bon, Speed Colors est un petit jeu de rapidité plutôt addictif. L'embrouillamini issu des couleurs inter-changées donne une saveur de fébrilité bazardesque toute particulière et agréable. Certes, une bonne mémoire ou une habileté aux manipulations physiques vous donneront un petit avantage sur vos camarades frappés d'Alzheimer et Parkinson. De plus, fonction de vos capacités visuelles propres, il est fort possible que Speed Colors ne soit pas Daltonien-Friendly. Et si ce n'est pas votre cam, mais que la mouvance toujours actuelle du cahier de coloriage zen ou mandala vous parle, vous pouvez toujours trouver, dans un autre style, les tactiques CAPColor de chez Ilinx (aussi distribué par Blackrock, tiens tiens).
Speed Colors réjouira les amateurs de couleurs stressantes, de mémoire visuelle, de feutres mal bouchonnés, et de coloriages excités.