C’est une de mes anciennes professeurs qui, à propos d’un ami, disait : “celui-là, il a une langue… une langue… un vrai caméléon !” Alors certes, il était plutôt question de bavardages que de gobages de mouches à distance, mais en regardant la boite de Sticky Chameleons qui nous arrive de chez Iello, cette résurgence d’une bulle du passé se marie parfaitement avec l’actualité ludique autour de ce qui parait bien être un OLNI (L pour ludique, bien sûr).
Théo Rivière, sur une idée originale de Cédric Barbé, nous délivre là un de ces jeux complètement déjantés, qu'on aurait pu pensé complètement inéditables et qui se retrouve par force de volonté chez l'éditeur Iello (même s'il est vrai que l'idée originale vient d'un des deux patrons de Iello, il fallait le vouloir et y croire pour aller jusqu'au bout) sur les étals de nos marchands de bonheur ludique à la place de la machine à gadgets où nous glissions 1 ou 2 francs (à l'époque) pour, dans les fêtes foraines, récupérer une main collante.
Pourquoi "la main collante", ce truc coloré collant qui s'étirait à loisir et qu'on se balançait, gamins, dans les jambes ou la figure en ricanant comme des gros bossus et qui finissait quelques minutes plus tard tellement bourrée de poils, poussières et autres petits graviers que ça ne collait plus du tout ? Et bien parce que c'est le principe ludique de Sticky Chameleons, justement !... mais non, pas le principe du "bourrée de poils", rhô... la main collante comme instrument de jeu ! Rentrez-moi cette langue pendante et ouvrons ensemble la boite.
Tu les aimes comment, tes langues ?... Collantes !
Un partie de ce party-game à partir de 6 ans commence par la récupération pour chacun des 2 à 6 joueursd'une langue collante, bien rosâsse et bien collante puisque vous incarnez un caméléon pétri par la faim et n'attendant que de se régaler avec les 30 insectes répartis à la fois sur la table mais aussi en 6 insectes différents à raison de 5 couleurs par type. Par la suite et à chaque tour, le dé Insecte et le dé Couleur seront lancés indiquant ainsi le charivari qui en découlera lorsqu'il faudra attraper l'insecte du bon type et de la bonne couleur avec sa langue collante, et avant les autres, tout en évitant les 6 guêpes au milieu de ce boxon. Mais attention, l'attraper ne suffit pas, il faut ensuite réussir à la décrocher avec votre main pour la placer sur la table... et pendant ce temps-là, les autres peuvent user de leur langue pour vous la piquer. Si vous avez le bon insecte, pas de guêpe, hop, un jeton Miam-Miam est gagné et le premier joueur à obtenir 5 jetons l'emporte. Compréhension immédiate... fastoche... hum, pas tant qu'ça !
Des insectes plein la langue ! Beuark !
Il y a un réel coup de folie à jouer à ce jeu... entre les moments où les pions insecte giclent partout sous la violence des coups d'langues, surtout si c'est l'insecte cible, le plus dodu, entraînant une course folle et des langues qui giclent pour l'attraper par terre ou à n'importe quel autre endroit où il aura atterrit... entre les moments où les langues s'emmêlent et les joueurs concernés, entre mort de rire et énervé, ne peuvent plus faire un geste pendant que deux autres joueurs se battent à coup de langue sous la table... c'est souvent du grand moment de grand "Port'nawak" ! D'ailleurs, n'ayez pas peur de filmer vos parties, vous allez vous rendre compte que c'est presque aussi jubilatoire à regarder qu'à pratiquer, comme ici dans les bureaux de IELLO :
Que le jeu fasse son chemin auprès des joueurs ou non, il est surprenant et c'est une bonne chose qu'il existe. Bien joué, monsieur Théo Rivière !
Enfin, heureusement, au milieu de toutes ces péripéties, il y a deux langues supplémentaires dans la boite et ils ont pris le temps chez Iello de trouver la langue collante qui, lavée à l'eau froide, retrouve en partie son collant, sinon, bonjour le SAV.
Les insectes illustrés par Rémy Tornior sont rigolos et les pièces suffisamment grandes pour être, en même temps, facile à repérer, facile à chopper... mais pas tant que ça avec une langue élastique ! Et si nous n'enchaînerons pas forcément des dizaines de parties de ce Party-Game étonnant, il n'en demeure pas moins que le vent de folie linguale qui s'empare des joueurs en jouant à Sticky Chameleons vaut son pesant d'insectes, foi d'entomophage !