test camel up

[Camel Up]

Chroniquer ce jeu, surtout en France, n’est pas forcément chose aisée. Pourtant, je trouvais intéressant et presque normal de vous livrer un test. Il est vrai que Camel Up a damé le pion à Splendor et Concept lorsqu’ils étaient en compétition pour le Spiel 2014, et que notre sympathique chauvinisme a pu, dans les premiers instants d’incrédulité devant ce résultat, s’exprimer sans prendre le temps de consulter la raison. Cependant, il serait bête de juger un jeu sur un prix, et surtout de vouloir lui trouver des défauts pour se venger, voire de ne pas en parler et donc de passer à côté de ce qui pourrait être un excellent jeu, juste par mauvaise foi. Je ne veux pas me faire l’avocat du diable, ni même forcément entrer dans cette polémique, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai préféré parler de cette situation avant toute chose, pour ainsi s’en dégager et voir ce que valait véritablement Camel Up en tant que jeu et non comme lauréat.

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Camel Up
Un jeu de Steffen Bogen
Illustré par Denis Lohausen
Publié par Eggertspiele, Filosofia
2 à 8 joueurs
A partir de 8 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 30 minutes
Prix: 35,00 €


Préambule :

Steffen Bogen est auteur de jeux pour enfants, on lui doit par exemple le très mignon et sympathique Attrape Fantôme, ou Tipi. Quant à l’éditeur, que dis-je, aux éditeurs, ce ne sont pas des novices : Eggertspiele est habitué aux jeux plus costauds, avec notamment Gueules Noires, Qin ou encore Descendance qui avait également reçu le Spiel. Pegasus Spiele est l’éditeur d’Istanbul, autre jeu récompensé ou encore Rialto. Les deux éditeurs travaillent souvent ensemble.

Les règles :

Camel Up est un jeu de pari sportif, j’aurais bien dit chamelier, mais ce n’est pas extrêmement joli. Le joueur ayant le maximum de pièces à la fin remporte la partie.

Avant de débuter la partie, on lance les 5 dés, puis on dispose les 5 chameaux sur les cases ainsi désignées. Si deux ou plusieurs chameaux partagent la même case, on les empile, peu importe leur ordre. Puis chaque joueur choisit un personnage (cela n’aura aucune incidence sur le jeu) et prend les 5 cartes pari aux couleurs des chameaux, ainsi que la tuile désert.

Cette tuile désert est réversible. Sur le côté Oasis on trouve un bonus qui permet aux chameaux d’avancer d’une case supplémentaire lorsqu’ils tombent dessus. Et sur la face mirage les chameaux reculent d’une case. Tout chameau arrivant dessus rapporte une pièce au propriétaire de la tuile. Il est cependant interdit de placer 2 tuiles désert côte à côte sur le plateau.

À son tour de jeu, le joueur aura le choix entre 4 actions :

Prendre une tuile « pari manche ». Il y a 5 piles aux couleurs des chameaux, possédant chacune 3 tuiles ayant pour valeur 5, 3 et 2 pièces. Ces tuiles vont vous faire gagner ou perdre des pièces à chaque fin de manche. Si le chameau pour lequel vous avez parié en prenant la tuile ou les tuiles arrive premier, vous gagnez 5, 3 ou 2 pièces. Pour la seconde place ça sera 1 pièce, et pour toutes les autres vous devrez payer 1 pièce. Il est possible de prendre plusieurs tuiles, et même plusieurs de la même couleur.

Placer votre tuile désert. Vous pourrez à votre tour poser une tuile désert n’importe où sur la piste, ou bien la déplacer. Vous pouvez la placer sur la face qui vous intéresse le plus.

Prendre une tuile pyramide. Cette tuile qui rapporte 1 pièce vous permet de prendre la pyramide, de la secouer et d’en faire sortir un dé. Le chameau ainsi désigné avance du nombre de cases inscrit sur le dé. Si un ou plusieurs chameaux se trouvent sur son dos, ils sont tous emportés avec lui.

Placer une carte « pari course ». Vous pouvez placer face cachée une carte pari course sur l’une des deux cases prévues à cet effet. La première permet de parier sur la couleur du chameau qui selon vous arrivera en premier, et la seconde permet de parier sur la couleur du chameau qui arrivera en dernier. À la fin de la partie on récupère les piles et on regarde : si vous avez vu juste vous gagnez le nombre de pièces correspondant à la place de votre pari. Si vous vous êtes trompé, vous payez une pièce par carte (car il est possible de parier plusieurs cartes).

Lorsque les 5 dés sont sortis, la manche prend fin. On procède alors aux calculs, on remet les dés dans la pyramide, et chacun récupère sa tuile désert. La nouvelle manche peut commencer.

La partie prend fin immédiatement lorsqu’un ou plusieurs chameaux ont franchi la ligne.

On procède aux calculs des derniers paris de manche, puis on regarde les 2 piles de paris de course, chacun récupérant ses pièces ou payant les mauvais paris qu’il a faits. Le joueur ayant le plus de pièces remporte la partie.

Le matériel :

La principale mécanique et attrait du jeu s’articule autour de la pyramide, de laquelle va sortir un dé qui va déterminer l’avancement des chameaux. Ce petit plus ludique est une bonne trouvaille, mêlant hasard et ingéniosité. Le reste du matériel est de bonne qualité, les chameaux s’emboîtent sans problème, et ne basculent pas, les cartes et les tuiles sont sympathiquement illustrées optant pour un style caricatural. Quant au plateau, il est bien illustré avec plusieurs icônes. Ce n’est pas forcément l’édition la plus jolie qu’il m’ait été donné de voir pour un jeu, mais cela reste correct et agréable à jouer, aucun défaut majeur ne venant entacher le jeu.

Le ressenti durant les parties :

Il est amusant de voir comment de simples pions en cartons et des chameaux en bois peuvent retranscrire une ambiance, et plonger les joueurs dans le thème. Car oui Camel Up est immersif. Si les premiers tours sont assez classiques et sans risque, il n’en est pas de même pour les derniers, qui se révèlent bien plus tendus. Et si l’on avance nonchalamment ses chameaux au début, à la fin chaque retournement de pyramide est un véritable suspens.

Bien entendu la pyramide est un aspect original et amusant du jeu, mais pour ma part je trouve que tout le sel se trouve dans le fait que les chameaux s’emboîtent, donnant un caractère aléatoire et chaotique au jeu.

Derrière son thème rigolo et sa bonhomie, Camel Up n’est pas dénué d’intérêt ni même d’une certaine tactique couplée à des prises de risques osées ou modérées. Faut-il placer ses paris au début de la partie pour être sûr d’obtenir le maximum de points, ou bien faut-il être prudent et le poser vers la fin lorsque la course est déjà presque terminée ? Mais cela peut être trompeur, car le jeu n’est pas exempt de retournements de situation, et j’ai déjà vu des parties où le dernier chameau, le blanc, faisait une remontée fulgurante, en se servant de ses collègues comme moyen de transport pour remonter en seconde place. Rien n’est jamais fixe et tout peut basculer. Et c’est justement ce qui est plaisant dans Camel Up, cette montée crescendo de l’ambiance, et cette impression que rien n’est jamais gagné d’avance.

Camel Up est prévu pour être joué jusqu’à 8 joueurs, ce qui est un chiffre assez conséquent, et un paramètre à prendre en compte si vous recherchez des jeux simples d’accès pouvant être joués avec beaucoup de joueurs, dont des enfants. Car j’ai testé le jeu avec des enfants : si pour les plus petits il est judicieux de simplifier le jeu en retirant les paris de course, celui-ci passe très bien avec des enfants plus âgés, qui redoubleront de roublardise et n’auront pas peur de prendre des risques pour vous mettre la pâtée !

La durée de vie :

Camel Up se sort et se joue rapidement, l’ambiance est de la partie et il est possible de jouer jusqu’à 8 joueurs, sachant que comme le dit l’adage « plus l’on est de fous, et plus l’on rit ». Dans ce cas, comment douter de sa bonne durée de vie ? Que ce soit pour jouer avec les grands-parents, le tonton turfiste ou des amis au moment d’un apéro, Camel Up saura remplir son office : vous divertir, sans vous prendre la tête, ni même se prendre au sérieux. Un jeu que l’on ressortira facilement pour faire une partie de temps en temps, le hasard renouvelant bien le jeu.

Mon avis :

Camel Up fut une bonne surprise : sans être un hit planétaire, il est agréable à jouer. Léger, rapide, amusant, avec une pyramide bien trouvée, Camel Up propose une expérience divertissante. Parfois cela a du bon de jouer sans prévoir 10 coups à l’avance et de se laisser bercer par un hasard non castrateur mais plutôt fun.


Divertissement et imprévisibilité sont les deux termes qui définissent pour moi le mieux Camel Up. À vous maintenant de savoir si ces deux mots font partie de vos définitions ludiques, et si ces critères font pour vous partie des éléments essentiels d’un jeu.

Merci à Quilicus pour sa correction.

Plus de photos sur la page Facebook Les 1D Ludiques.

4 « J'aime »

je suis d'accord avec ton analyse, très bon jeu d'ambiance.

Par contre je suis sceptique sur la durée de vie de la pyramide... La mienne donne dèjà des signes de faiblesses, surtout quand tu joues avec des gosses!

Oui je me suis dit la même chose, et ce ne sont pas les élastiques qui me font peur, mais le carton en lui même.

Ton analyse est probablement plus objective que moi... J'ai pas du tout aime le jeu, sauf pour son esthétique! Si vous n'aimez pas les jeux de paris turfistes, s'abstenir.

Moi il ne me reste plus d'élastiques de réserve(2 ont craqué!)...croisons les doigts!

Oui il est clair que le jeu plaira aux joueurs qui aiment les jeux de course et surtout de paris.