test de venezia 2099

[Venezia 2099]

Venise s’enfonce petit à petit dans les eaux depuis sa création. Nous sommes en 2099 et la ville a presque disparu sous l’Adriatique. Vous, petits chercheurs de trésors avides, vous allez devoir retrouver ses richesses en prenant garde à ne pas vous faire engloutir à votre tour. Les trésors sont précieux et, si vous voulez conserver le fruit de votre labeur, il ne faudra pas oublier de couler vos adversaires au passage. Un jeu sans pitié dans lequel seul le plus riche sortira vainqueur.

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Venezia 2099
Un jeu de Leo Colovini
Illustré par
Publié par Piatnik
2 à 5 joueurs
A partir de 8 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 45 minutes
Prix: 40,00 €


Préambule :

Leo Colovini est un auteur assez prolifique à qui l’on doit récemment Golden Horn ou Cartagena. Un auteur qui aime mettre l’eau au centre de ses jeux, Venezia 2099 n’échappant pas à la règle. Ses jeux sont toujours simples d’accès mais dissimulent souvent une mécanique stratégique plus profonde qu’il n’y paraît.

Piatnik est un éditeur au catalogue assez large qui propose des jeux costauds comme ceux de Colovini mais aussi des jeux pour enfants ou des party game. Piatnik était déjà l’éditeur du précédent jeu de l’auteur, Golden Horn, que j’ai chroniqué en début d’année.

Les règles :

Votre but sera d’avoir le maximum de points en fin de partie. Pour cela vous allez devoir collecter le maximum de trésors et couler le plus de tuiles de la même couleur afin de faire monter la valeur de vos trouvailles.

Une fois le plateau mis en place, on dispose la totalité des tuiles pour une partie de 3 à 5 joueurs. Dans le cas d’une partie à 2, on retire les tuiles marquées d’un 7 et 8 ainsi que toutes les tuiles d’une couleur avant de faire un carré de 6x6.
On distribue ensuite à chaque joueur entre 7 et 12 cartes et 3 ou 4 figurines en fonction du nombre de joueurs, ainsi que 2 cartes gondoles par joueur et autant de pièces que de cartes distribuées, plus une. Les joueurs placent alors leurs pions et le premier joueur peut entamer son tour. Durant celui-ci il est possible d’effectuer les actions suivantes :

Déplacer une figurine d’autant de cases qu’il le souhaite (la diagonale est autorisée), à partir du moment où il respecte certaines règles : ne pas passer par-dessus un autre pion ou une tuile retournée, et ne jamais avoir plus d’un pion par case. Par contre, il est possible de passer et de s’arrêter sur les tuiles de plate-forme flottante. Déplacer une figurine n’est pas obligatoire.

Récupérer un trésor de la couleur du chiffre de la tuile sur laquelle se trouve un de ses pions. Pour acquérir le trésor, il faut payer une pièce de plus que celle(s) déjà posée(s) sur la tuile où il se trouve. Cette action n’est pas obligatoire.

Jouer une carte prophétie, seule action obligatoire. Le joueur doit choisir une carte de sa main et retourner la tuile ainsi désignée, qui “coule”. Si une ou des pièces ainsi qu’un pion sont présents sur la tuile, on les retire du jeu. Le joueur ainsi visé peut alors faire revenir en jeu son pion en jouant une carte gondole. Il peut poser son pion sur une tuile de son choix non encore retournée. Il est également possible de jouer ses cartes gondoles durant son tour pour déplacer l’un de ses pions n’importe où sur le plateau.

On procède ainsi de tour en tour jusqu’à que tous les joueurs aient joué la totalité de leurs cartes. On procède alors au décompte des points.

Les trésors : chaque trésor récupéré vaut un certain nombre de points, déterminé en fonction du nombre de tuiles de cette couleur encore présentes sur le plateau. S’il ne reste qu’une seule tuile cela rapporte 6 points, 3 s’il en reste 2, 2 s’il en reste 3 et enfin 1 s’il en reste 4 ou plus.

Les survivants : on additionne la valeur de chaque tuile où se trouvent les figurines restantes. Pour les cases X on multiplie par 2 le nombre de tuiles de cette couleur restant sur le plateau.

Pièces de monnaie : chaque pièce vaut 1 point, les cartes gondoles ne valent rien.

On additionne le tout et le joueur ayant le plus de points remporte la partie. En cas d’égalité, c’est le joueur ayant le plus de points avec ses figurines restantes qui l’emporte.

Le matériel :

Aujourd’hui la norme graphique est le tout numérique, ou presque, il est rare de tomber sur un jeu qui ne possède pas des graphismes réalisés à l’ordinateur ou au moins un style qui y fasse penser. Les jeux à l’allemande possèdent encore ce style assez rétro, reconnaissable entre mille. Pour Venezia 2099 c’est un peu la même chose, la couverture semble avoir été croquée à la main puis colorisée avec une technique proche de l’aquarelle. Même si cela s’éloigne des canons habituels, je dois dire que pour ma part cela ne m’a pas choqué et que j’ai même trouvé ça joli. Ca change, ça dépayse et en plus ça colle plutôt bien au thème même si la couleur des tuiles peut sembler un peu fade et l’eau assez plate. Les petits robots à l’arrière du personnage principal sur la boite et sur les cartes me rappellent les anciennes BD rétro-futuristes comme Valérian. Je ne sais pas si cela était volontaire, mais j’ai trouvé cela amusant.

A l’intérieur de la boîte on trouve 4 grosses plaques noires qui, une fois assemblées, vont former le plateau ; des tuiles aux couleurs pastels dans le style du jeu qui me rappellent un peu le plateau d’intrigue à Venise ; des cartes avec différentes illustrations, des pièces, des pions en bois et enfin des tuiles trésor. L’ensemble se montre classique mais fonctionnel et lisible sans souci, bien que le choix des couleurs des pions auraient gagné à être différent, car on trouve des pions jaune, blanc et couleur bois, des couleurs assez proches visuellement (pas de rouge ou vert pour offrir une plus grande gamme de teintes). Il faut dire que le choix était limité pour ne pas reprendre les colorimétries des icônes de chiffres. Le matériel est de qualité et devrait passer l’épreuve du temps sans problème.

Une édition “à l’ancienne”, aussi bien dans la forme que dans le style et la qualité.

Le ressenti durant les parties :

Lire la règle ne vous prendra que quelques minutes, vous serez donc très vite plongé dans le jeu. Les premiers tours semblent simples, se déroulant sans mal ni heurts. On se déplace, on achète un trésor et on joue une carte qui provoque le retournement d’une tuile. Tout s’enchaîne rapidement, le seul frein étant le choix des cartes à jouer.

Puis on avance dans les tours et déjà quelques couleurs viennent à manquer. Un joueur peu scrupuleux retourne la tuile sur laquelle vous étiez et, pour sauver votre personnage, vous jouez une carte gondole. Personne n’est à l’abri, sauf sur les plateformes. La tension monte d’un cran car vous voilà maintenant bloqué dans un coin avec un autre joueur, le nombre de tuiles diminuant petit à petit au gré des mains qui s’égrainent. On commence à saisir toute l’ampleur de nos choix et à regarder d’un œil envieux les tuiles comportant les plus gros chiffres. Les réflexions s’intensifient, rien n’est joué. Le dernier tour arrive et les coups bas tombent, faut-il être gourmand et jouer avec le feu ou bien jouer la prudence en restant sur des tuiles à petits chiffres ? La dernière tuile est soudain retournée et vous êtes épargné ! Ouf !

On procède au décompte, ça s’est joué à peu, d’ailleurs pour départager les deux mieux placés on est obligé de compter leurs points de position. C’est vraiment passé à un cheveu.

Voilà en gros à quoi ressemble une partie de Venezia 2099. Ça commence doucement pour monter tranquillement et vraiment s’accélérer sur les derniers tours. On sent les eaux monter et nous mettre en danger mais, comme des vils joueurs que nous sommes, l’appât du gain l’emporte parfois sur la raison.

J’ai joué à 2 joueurs sur un plateau plus restreint qui rendu tout assez tendu en raison du peu de changements entre deux tours, ce qui permet d’être moins pris au dépourvu qu’à 3 ou 4 joueurs. Avec ces configurations le jeu est tout aussi intéressant, mais le plateau bougera très vite et votre capacité d’adaptation sera mise à rude épreuve, les dangers pouvant arriver de toute part. Ma préférence va à la version à 3, mais à deux le jeu est très tactique et offre un challenge intéressant avec des paramètres plus simples à suivre. Les parties à 4 se montrent en revanche plus complexes, et prévoir sur plusieurs coups vous demandera de l’expérience et de la concentration.

Un excellent jeu à la courbe d’apprentissage intéressante et à la manière de gagner assez large, tout en insérant une pointe de hasard et de surprise.

La durée de vie :

Les tuiles sont placées au hasard, tout comme les cartes distribuées dont une partie reste dans le talon, ce qui ajoute de l’imprévisibilité. Venezia 2099 est donc un jeu qui se renouvelle assez bien et propose des parties bien différentes. Même si quelques coups peuvent être des tactiques plus fructueuses, la capacité d’adaptation dont devront faire preuve les joueurs fait que le jeu ne se répètera pas inlassablement.

Les règles simples permettront à tous de s’y essayer, de même pour la durée de ses parties qui reste assez courte. Si vous accrochez aux mécaniques et au style de jeu, il n’y a aucune raison de ne pas revenir dessus de temps à autre.

Mon avis :

À l’heure actuelle, je n’ai encore jamais été déçu par un jeu de Leo Colovini et Venezia 2099 ne fait pas exception. Il est à mes yeux plus simple d’accès que ses précédents jeux, notamment Clans et Carolus Magnus, sans pour autant être simpliste ou sans saveur. Le matériel bien pensé permet une immersion dans le jeu sans prendre le pas sur les mécaniques, le tout étant à la portée du plus grand nombre.

Venezia 2099 est donc un excellent cru, un jeu plaisant, un jeu qui fait réfléchir, un jeu à suspens, bref un jeu à découvrir.

Merci à Chips pour sa correction.

Plus de photos sur la page Facebook Les 1D Ludiques.

Chouette présentation, comme d'hab. Ce jeu m'a bien plus lorsque j'ai vu la TTTV mais je l'avais oublié. Tu connais la date de dispo en VF. En tout cas merci encore.

Je n'ai pas la date exact, courant octobre avant Essen.
Merci pour ton commentaire ;)