Il est deux approches en ce qui concerne les extensions de jeux de société. Il y a ceux qui hurlent de colère parce qu’ils considèrent qu’on leur a vendu un jeu pas complet, pas terminé, et ceux qui hurlent de joie parce qu’ils sont heureux d’avoir un petit plus qui va renouveler l’expérience, changer les ressorts d’un jeu qu’ils aiment. Le premier n’ont pas forcément tort, mais bien souvent, c’est le succès d’un jeu, le fait que des milliers de parties sont joués et les retours d’envies qui pousse un éditeur à faire une extension. L’appât du gain pur est extrêmement rare. Et puis, il faut être rudement fort pour doser mécaniquement un jeu en retirant un truc qui le rend mieux pour le vendre après. D’expérience, un auteur va mettre tout ce qu’il peut dans son jeu, et ce qui est retiré, ou qui n’est pas mis, l’est pour des raisons économiques, parce que le jeu couterait trop cher à fabriquer et que du coup personne n’irait l’acheter. Bref, croire que tous les éditeurs calculent les extensions juste pour pigeonner les joueurs, c’est un peu comme penser que Georges Lucas aurait du faire un seul Star Wars de 90 minutes ou que Tolkien aurait du écrire un seul livre de 150 pages sur les Terres du Milieu, c’est juste un peu… Idiot.
Cyclades.
Il est des jeux qui se prêtent plus ou moins bien aux extensions. « Cyclades », de Bruno Cathala et Ludovic Maublanc, est de ces jeux qui, dès la fin de la première partie, vous font lâcher un « ha oui, je verrais bien des cartes différentes, j’aimerais bien ceci, ou cela… ». Le jeu édité par Matagot en 2009 se prête aux extensions. C’est indéniable. Alors forcément, toute l’équipe, éditeur, auteurs, illustrateur, c’est mis au travail et voilà qu’ils nous proposent « Titans », une grosse extension avec un paquet de trucs qui va chambouler vos habitudes, si tant est que vous en eussiez sur ce jeu.
Forcément, pour jouer à « Cyclades Titans », vous allez avoir besoin d’une boite du jeu de base, même si la boite de l’extension vous paraîtra grosse et bien remplie.
Jouer à plus pour jouer plus.
Cette extension permet déjà de jouer à 6 là où l’on ne pouvait que jouer qu’à 5 max. Et, le truc le plus amusant, c’est qu’il y a un mode par équipe. Une façon de jouer qui change considérablement l’approche. Ce n’est rien de le dire.
Bon, là, tous ceux qui ne connaissent pas le jeu de base ne se rendent pas compte, ne captent pas la finesse. Alors le mieux est d’aller déjà voir la fiche de « Cyclades », de lire les articles et de regarder les vidéos pour comprendre que nous sommes face à un jeu que l’on peut classer dans l’Eurotrash. C’est à dire ces jeux de gestion à l’Européenne, mais avec cette petite touche de « fight » à l’américaine, le tout relevé à la sauce figurine. Vous allez évoluer sur une carte, avec de la mer et des iles, vous allez levez des troupes, et construire des villes, des temples… Le tout avec des ressources… Mais vous allez aussi taper sur les voisins. Oui. Pas seulement parce que c’est rigolo, mais parce que pour gagner, ou éviter qu’un joueur ne gagne avant vous, il va vous falloir livrer combat. Pif Paf.
Les Maps.
Dans « Cyclades », l’un des points importants, c’est que l’on joue sur une carte (plateau). L’idée, c’est qu’au bout d’un moment, on a des repères, des certitudes. Genre « quand on attaque par le Nord, on gagne tout le temps ». Déjà, là, si vous changiez d’amis, vous pourriez vous apercevoir rapidement que ce n’est pas le jeu qui induit cela, mais la pratique de vos amis. Mais soit. Là, avec « Titan », vous allez avoir la joie de pouvoir réapprendre des stratégies puisque vous allez pouvoir jouer, en fonction du nombre de joueurs, sur 2 nouvelles cartes. Un territoire désormais plus grand. Forcément, quand on joue à 6, on a besoin de plus d’espace… Et comme il y a un grand terrain, les déplacements terrestres donneront lieu à plus de « frictions ». Vous voilà prévenu.
Les Dieux.
Dans « Titans », vous allez découvrir un nouveau Dieu, « Kronos », qui impliquera l’apparition des fameux « Titans ». La première caractéristique de Kronos est de permettre au joueur qui a remporté « l’enchère » et qui, donc, bénéficie de son pouvoir, est de proposer l’obtention gratuite d’un bâtiment de n’importe quel Dieu placé au-dessus. Pour ceux qui ne connaissent pas le jeu de base, cela ne veut pas dire grand-chose, mais pour les autres, cela veut dire beaucoup. Et vu que la mise en place n’est jamais la même –Kronos peut être après 1, 2, 3 ou 4 autres Dieux, ou rien. Vous imaginez donc bien que son choix risque d’être important. Surtout que le second pouvoir est de faire apparaître les Titans. Des figurines qui compteront comme une troupe normale, mais qui auront la capacité de faire déplacer des troupes sans avoir à se positionner sur le Dieu Arès. Encore une fois, ceux qui ne connaissent pas le jeu de base ne vont pas se rendre compte. Pour les autres, les amateurs du jeu, c’est un point d’une importance capitale dans la façon d’aborder le jeu.
Gagner en équipe.
Dans « Cyclades », pour gagner, il faut avoir des métropoles. Le premier qui en possède 2 est instantanément déclaré « Grand Vainqueur ». En mode par équipe, il suffit qu’une équipe arrive au total de 3 et paf, elle est déclarée « Grand Vainqueur ». Net. Paf. Qui que ce soit qui contrôle les métropoles dans l’équipe. L’un peu en avoir 0 et un autre 3, tous les deux seront gagnants. Du coup, vous imaginez, si vous connaissez un peu le jeu, ce qu’il est possible de faire comme fourberie d’embrouille…
Les artefacts.
Vous trouverez dans la boite des cartes « Artefact », mais pas n’importe quoi comme Artefacts. Non. Des Artéfacts Divins. Oui. Ce sont des cartes qui seront mélangées aux cartes Créatures Mythologiques et qui donc apparaitrons de temps en temps dans la file « créatures ». Ces cartes pourront donc être achetées et utilisées par les joueurs. Leurs capacités sont uniques et puissantes. Petite surprise, ces « objets » sont attachés à des troupes et donc… elles peuvent changer de propriétaire puisqu’il peut arriver des trucs sales à vos troupes…
Les Métropoles.
5 cartes Métropoles Spécialisées font leur apparition. En début de partie, on en pioche 2, aléatoirement, que l’on place face visible près du plateau. Le premier joueur qui réalise une métropole récupère la carte de son choix, et donc le pouvoir spécial qui va avec. Le second joueur à construire une métropole prendra la seconde carte Métropoles Spécialisées et aura lui aussi le pouvoir spécialisé. Attention, comme on peut perdre une métropole suite à une attaque, on peut aussi, du coup, perdre le pouvoir puisqu’il est attaché à la métropole… Ruse, fourberie, tapage sur la tronche à base d’envie en perspective.
Et alors ?
Tout cela change beaucoup de choses. Voire carrément tout. Ceux qui ne connaissent pas le jeu de base ne se rendront pas forcément compte. Ceux qui aiment « Cyclades » pour de vrai vont tout de suite voir le potentiel. Le jeu est un poil plus fourbe, encore plus tendu, et, peut-être plus « vif ». Il faut dire qu’on se tape sans doute plus dessus. Les combinaisons, les tactiques sont plus nombreuses. Bref, si vous aimez le jeu de base, je ne vois pas comment on peut résister. Pour les autres, ceux qui doutent, qui ne connaissent pas, il y a des vidéos pour vous faire une idée, et notamment une partie avec cette extension. Si avec ça vous n’arrivez pas à vous faire votre propre avis…
Sortie
Les boites ont un peu d’avance, elles arriveront en boutique autour du 5 septembre pour un prix de 45€. Cela fait cher pour une extension, mais je peux vous assurer que la boite est vraiment pleine, avec des figurines et tout un tas de choses…
► La Tric Trac TV de l’explication de Titan, c’est par ici !
► La Tric Trac Tv de la partie de Titan, c’est par là !
► Le 5 minutes après du débrief de la partie, c’est par ici (pour abonnés vidéo uniquement) !
Cycladess : Titans
Une extension de Cycladess
Par Bruno Cathala, Ludovic Maublanc
Illustré par
Publié par Matagot
2 à 6 joueurs
A partir de 12 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 75 minutes
Prix: Non renseigné