Des licences en veux-tu en voilà !

"Toys Games international incorporation mondial ltd", ils pèsent combien ?
Le Salon « Univers d’enfants » est le salon des professionnels de l’objet de loisir à destination de l’enfance, un terme généraliste qui englobe un panel d’objet de la poupée en tissu, en passant par la console de jeu jusqu’aux jeux de société.
Pour la part qui nous concerne (les jeux de société), il faut savoir qu’il existe deux salons en France : « Univers d’enfants » et « Maisons et Objets ». Vous vous direz avec justesse que ni l’un ni l’autre ne semble vraiment adapté spécifiquement aux jeux, le premier orienté enfance, l’autre décoration.
C’est bien pourtant au sein de ses deux salons que l’on peut rencontrer les maisons d’éditions.
Un salon professionnel est réservé aux professionnels dirait monsieur de la Palice. Il n’est pas opposable aux salons amateurs, mais destiné à ce que tous les acteurs du marché puissent se rencontrer.
Les éditeurs, fabriquants et distributeurs viennent y exposer leurs produits et présenter les nouveautés, les détaillants viennent y faire des repérages et négocier les achats, les auteurs viennent présenter leurs futurs projets.
On y croise donc pas de regards ébahis d’enfants se croyant dans l’atelier du père Noël, mais beaucoup de commerciaux en uniformes cravatés de rigueur négociant d’arrache-pied et devisant de l’état du marché passé ou à venir. Vous l’aurez compris, on n'est pas ici pour s’amuser mais pour bosser et parler Euros.
Sauf Trictrac bien sûr, parce qu’on était là pour fouiner partout !
Quelques Chiffres à la volée.
Si l’intitulé du salon vous semble amalgamer indélicatement votre passion ludique avec les jouets et les friandises, il faut ici raisonner en terme de marché.
Le jeu n’est qu’une des composantes qui constitue le marché des jouets et jeux. Ce sont les gros volumes qui servent de références et l’on ne parle plus de «jeux de société » mais de produits de loisir ludique et c’est bien le public des enfants qui constitue le cœur de cible en terme d’importance financière.
Le secteur se porte plutôt bien avec une évolution de 5,5% sur l’ensemble du marché. Pour vous donner un petit aperçu, il faut savoir que ce secteur représente en France 10,67 milliards d’Euros.
Les variations d’évolution par secteur se situent ainsi :
Ceux qui se portent bien :
Premier âge : +8,4 %
Jeux et Puzzles : + 6,8 %
Véhicules et porteurs (skate, rollers,…) : +5,4% respectivement
Poupées : +4,7%
Ceux qui vont moins bien :
Jeux d’actions : -13,1 %
Peluches : -25,5% (sale coup pour nounours)
Mais où ça se passe tout ca ?
Voici quelques chiffres assez éloquents sur les habitudes de consommations qui fait que tout le monde ne joue pas dans la même cours. Voici la répartition des habitudes de fréquentation des consommateurs qui désirent acheter des jouets ou des jeux :
Supermarchés : 83%
Grandes surfaces spécialisées : 65%
Grands magasins : 32 %
Détaillants spécialistes : 27%
Correspondance : 25%
Solderies : 15%
Autres : 1%
L’achat habituel se déroule donc entre les boites de conserves et les produits ménagés. La frange des magasins spécialisés est encore peu marquante dans les habitudes de consommation. Le jouet ou le jeu ne sont donc pas des objets culturels mais bien des objets de grande consommation.
Il est à noter que si la distinction était faite entre jeux et jouets, le résultat serait un peu différent et les chiffres un peu plus élevés pour les surfaces spécialisées. Mais la grande distribution resterait loin en tête.
Les choix du lieu d’achat sont déterminés par un tableau des attentes des consommateurs par rapport à ce type d’achat que voici par ordre d’importance :
C’est d’abord le choix des produits et le prix qui sont largement décisif pour le lieu d’achat.
Pour les prix, il est simple de voir pourquoi les hyper et les super sont en tête, mais la question du choix reste un paradoxe vu ceux proposés. Là encore, une distinction Jeux/Jouets modérerait les résultats.
Mais il est évident qu’il existe un déficit d’information sur les produits ludiques et notamment sur la diversité des jeux disponibles. Le marché du jeu adulte représentant encore une partie infime du marché, celui-ci est simplement ignoré.
L’agencement en magasin vient ensuite en troisième position significative.
La proximité et les catalogues ne semblent pas compter beaucoup. Les catalogues de fin d’année sont essentiellement utilisés comme comparatifs de prix.
En queue de peloton, la qualité des conseils, les services et la communication ne semblent avoir que très peu d’importance. Preuve encore que seuls les produits largement médiatisés ou les produits connus semblent être l’objet de référence en terme d’achats.
Et oui ! La part la plus importante du secteur d’activité qui nous intéresse se trouve bien au supermarché et les produits phares (en terme d’importance financière) sont toujours les Trivial, Monopoly, Docteur Maboul et autres Star Academy.
Toute cette analyse nous permet de mieux relativiser le contexte de notre passion ludique.
Si le jeu de société est en progression, si le public est en train de changer doucement en découvrant que le marché ludique n’est pas seulement un produit pour enfant, nous sommes encore loin du compte face à la réalité.
Mais la stratégie des grands tient compte de ses modifications en axant de plus en plus leur image vers un jeu plus familial. Les valeurs de convivialité sont mises plus en avant mais les consommateurs identifient toujours dans leur ensemble les produits ludiques comme enfantins et la valeur éducative reste toujours au premier rang des revendications.
Les choses semblent pourtant aller dans le bon sens, mais doucement.
Les triviaux se portent bien merci ! Mais trictrac n’était pas là pour ça...