Autant vous l'avouer de suite, ma première impression sur ce jeu était décevante, jusqu'à ce que je me rende compte, au bout de 3 parties quand même que j'avais fait une erreur de mélange, pas de couleurs, mais de règle, au niveau du placement des assistants sur le plateau inférieur.
Alors voilà, il faut rétablir la vérité, faire éclater les couleurs de ce jeu flamboyant de Nicolas De Oliveira, illustré aux pinceaux de Fabrice Weiss et Igor Polouchine, et exposé tel un tableau de maître par Super Meeple.
Un petit tour de la place Montmartre ?
Commençons par le matériel de jeu, qui est pour ma part d'une très bonne qualité comme nous habitue petit à petit cet éditeur, que ce soit avec ses rafraîchissements d'anciennes perles ludiques, que par ses jeux originaux.
Un plateau circulaire bien imaginé, solide, pratique et très clair. Des cubes de couleurs solides, nombreux, de bonne taille. Des cartes assez épaisses, des tréteaux de belle facture, et des plateaux "creusés", très pratiques et qui favorisent les manipulations.
Les pictogrammes sont claires (sauf peut être pour les cartes bonus dans un premier temps), le plateau central est aéré, et les illustrations nous plongent directement dans la thématique du jeu à savoir un atelier de peinture parisien "Le Bateau-Lavoir" où un concours est organisé !
Prenez vos pinceaux, vos tubes de gouache, votre palette, et votre sens de la compétition, c'est parti !
Un tour de jeu se découpe en trois phases :
* Pose des Assistants :
Chacun son tour en partant du premier joueur, chacun pose un assistant sur une case libre (vide et non interdite), soit sur le plateau supérieur, soit sur le plateau inférieur.
* Action des Assistants :
Le jeu est riche en couleurs mais aussi en actions, et chacune va vous permettre de peindre au plus vite vers la victoire.
- Prendre le jeton 1er joueur et un pigment blanc
- Copier une action
- Modifier la rotation normale (1 tour) du plateau en 2 tours, ou 0
- Récupérer des pigments blancs
- Récupérer de la couleur primaire
- Mélanger deux couleurs primaires pour faire de la couleur secondaire
- Mélanger les 3 couleurs secondaires, pour créer du noir
- Améliorer un outil (tube, palette et pinceau), pour améliorer la qualité des actions à venir
- Prendre une carte tableau (ou une carte bonus si vous jouez avec)
- Et enfin peindre un tableau
* Préparation du tour suivant
Ici il faudra dans l'ordre, faire une rotation de 1 case dans le sens horaire du plateau (voir plus ou pas du tout selon si l'action rotation a été prise), remplacer les cartes tableau/bonus manquantes, ajuster son nombre de pigments de couleurs (12 pour tous, sans compter les noirs), et le plus important dans la mécanique, récupérer chacun son tour ses assistants en choisissant d'en laisser un debout sur le plateau inférieur pour le tour suivant.
Cela prendra fin quand un joueur aura terminé son second tableau, ou que le dernier pigment Renoir (qui vaut quand même 6 points) a été récupéré.
Alors la peinture sur toile c'est comment ?
Ce jeu est un arc en ciel de sensations ...
On est tout d'abord dans un jeu de course, il ne faut pas perdre cela a l'esprit, vous n'êtes pas au bord de la Marne à flâner, pinceau au vent, en attendant l'inspiration, non !
Il va falloir être efficace, bien se placer, optimiser ses améliorations, prévoir quelques coups en avance, ne pas laisser passer un tableau ou une carte bonus importante, calculer au plus juste vos pigments de couleurs, ajuster votre stratégie en fonction des nombreux mouvements du plateau de jeu, et surtout regarder ce que font vos potes artistes non loin de vous.
Effectivement, n'hésitez pas à jeter un coup d'oeil régulier a leur palette et leur croûte en cours d'élaboration, car ici le blocage d'action est Monet courante !
On réfléchit, on peste, on se parle doucement à soi même, la tension monte au fur et à mesure que les peintures s'engorgent de couleurs, on ne quitte pas des yeux Cézanne de peintres concurrents, on est toujours pris dans la spirale colorée de ce plateau presque vivant.
Attention tout de même, il n'y a que trois actions par tour dans la première partie du jeu du moins, et se tromper, mal anticiper peux occasionner des Degas fâcheux, mais rassurer vous, vous aurez en moyenne le temps de vous retourner le pinceau.
Prendre son temps est une stratégie, mais l'adage "Mieux Gauguin que deux tu l'auras" n'est pas toujours vraie, et booster ses outils intelligemment est à prévoir tout le long de la partie.
Bref c'est vous qui aurez les Manet de votre réussite, et ne vous prenez pas de suite pour un Van Gogh, car le jeu n'est pas si facile à dompter.
De plus, vous aurez le choix de rajouter des cartes bonus, et d'incarner aussi les célèbres étudiants de votre atelier, pour avoir des parties asymétriques.
Et si vous passez par Toulouse-Lautrec, n'hésitez pas à passer dans mon Atelier à moi, on pourra s'amuser ensemble, avec les bonnes règles, à mélanger les couleurs !
Couleurs de Paris, un jeu de Nicolas De Oliveira, illustré par Fabrice Weiss et Igor Poulouchine, pour 2 à 4 peintres, à partir de 10 ans, pour des barbouillage de 45 mn à 1h, édité par Super Meeple.