Du danger de la photographie...

[Danger]

Monsieur François-Marie B. est un artiste qui excelle dans bien des domaines, dont notamment la photographie. Madame Liliane B. en a bien conscience, au point d’en être un mécène généreux qui lui a confié, paraît-il, jusqu’à un milliard d’euros pour lui donner un petit coup de pouce.

Formidable me dire-vous, seulement voilà, monsieur François-Marie B. a eu quelques ennuis avec un SDF. Ce dernier n’avait pas voulu que le grand artiste-photographe le prenne en photo. Monsieur François-Marie B. s’était fait gifler par ce sujet récalcitrant, vous savez, ce genre de personne qui a eu l’idée follement originale et tellement rebelle de vivre dans la rue par mépris pour le monde moderne.

Monsieur François-Marie B. avait porté plainte.

Comprenez la déception de monsieur François-Marie B. : Il voyait déjà cette photo figurer dans une exposition, avec vernissage, petits-fours et VIP triller sur le volet. Il imaginait déjà les commentaires sur la beauté de ces prises de vues qui auraient valorisé son talent à capter la détresse dans les regards…
Résultat ? L’ingrat, que monsieur François-Marie B. voulait immortaliser comme il l’aurait fait avec un bâtiment en ruine ou un chien qui pisse contre un réverbère, n’a pas voulu que son image soit captée par l’appareil de monsieur François-Marie- B.…il le lui aurait fait comprendre en lui donnant une gifle ! Quelle horreur ! On est vraiment plus en sécurité. L’agresseur a-t-il eu la vulgarité de demander aussi de l’argent à monsieur François-Marie B. ? C’est une simple supposition et l’histoire ne le dit pas, mais gageons que cette brute en aurait bien été capable. Ça respecte rien ces gens là, et surtout pas l’Art.

Mais finalement, j’ai lu aujourd’hui que notre photographe-aventurier, miséricordieux, avait retiré sa plainte. Eberlué, notre artiste a du découvrir que même les clodos avaient un droit à l’image, et puis son agresseur devait être de toute façon insolvable. Bon, faut dire aussi que prendre en photo des SDF en prison, c’est un peu comme photographier des animaux sauvages dans un zoo : c’est moins “visuel”, et il n’y a plus le petit frison qui-va-bien lorsque les images sont prises en milieu naturel… Alors ce serait gâcher le métier que de les faire enfermer.

Il prendrait quoi en photo monsieur François-Marie B. sinon ? Le phallus en or qui trône sur une table de madame Liliane B. ?