[First Empires]
L’éditeur Sand Castle Games a sorti son premier jeu il y a de cela 3 ans déjà, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne s’est pas loupé puisque c’était Res Arcana.
C’est donc peu dire que leur nouveau jeu est attendu au tournant. Il sort pour Cannes, s’appelle First Empires, et Monsieur François s’est déjà fendu d’un bel article descriptif ici.
J’ai eu l’occasion d’y jouer également alors j’en profite pour faire un rapide retour.
Déjà, c’est TRES différent de Res Arcana. On est clairement dans un jeu d’un standard plus léger, plus rapide, moins calculatoire et surtout à très forte interaction. C’est un pur jeu de développement / conquête, mais très ramassé et réduit à l’essentiel.
Il y a un côté Endeavor avec ces 5 pistes de progression qui représentent la montée en puissance de notre civilisation (en plus de points de victoire). Sachant qu’on ne pourra évidemment pas faire monter tous les curseurs au max (déjà un, ce serait pas mal), et qu’il va donc falloir faire des choix de direction et surtout s’adapter aux dés.
Oui, il y a pas mal d’aléatoire dans ce jeu, au niveau des dés et du tirage de cartes objectif, donc on ne peut pas tout planifier 5 tours à l’avance. D’un autre côté, ça vous rend aussi moins prévisible pour votre adversaire, puisque personne (pas même vous) ne sait ce que vous allez faire à votre tour. Personnellement, j’aime bien ce sentiment d’adaptation constante, d’autant qu’on n’a jamais l’impression d’être vraiment coincé.
Les mécanismes de jeu encouragent clairement la conquête et on est donc sur un jeu très agressif. On réalise vite que la map est vraiment très petite et qu’on est très proches les uns des autres, donc en général, ça fighte généreusement dès le tour 3. On se pique des régions, on se les repique, et à la fin du jeu on est très loin de nos positions de départ !
Évidemment, ce genre de jeu à forte interaction est enclin à susciter diplomatie et finger-pointing : “tu vois bien qu’il faut virer Machin de la région violette, sinon il risque de faire 5 points à son prochain tour, il est clairement plus dangereux que moi etc.” Il ne faut pas avoir peur de ça.
Je ne sais pas encore si le jeu tient la distance et ne lassera pas au bout de dizaines de parties. Pour l’instant, j’ai assez envie d’y rejouer, ne serait-ce que pour essayer chaque civilisation (il y a une légère asymétrie dans les plateaux et les positions de départ). En tout cas, le jeu me paraît très réussi dans son domaine : le Risk-like familial, accessible, nerveux, qui ne dure pas trois heures.
À noter cependant que les parties à 5 joueurs sont peut-être un peu trop longues (en tout cas avec 5 débutants, ça passe sûrement mieux quand tout le monde a déjà joué). Le jeu est théoriquement jouable à deux, je n’ai pas essayé, mais j’avoue que ça me laisse sceptique.
Un mot sur l’édition absolument remarquable, on sent qu’il y a du métier chez Sand Castle Games, quand même. Le jeu n’est pas sur-produit, pas de figurines en plastiques démentielles ou de plateau de 2x2 m. C’est sobre et élégant, avec de très belles illustrations (et des civilisations auxquelles on est peu habitué), mais surtout tout reste absolument fonctionnel et lisible. Le rangement de chaque civilisation dans une petite boîte origamisée est vraiment une super trouvaille. Le jeu prend 1 minute à déballer et à ranger.
Voilà. Me concernant, ce n’est pas un coup de coeur immédiat ou évident (je ne suis pas ultra-client des jeux à forte interaction, à quelques exceptions près), ça manque peut-être un peu de sentiment épique, mais je reconnais que c’est ultra efficace et c’est un style de jeu qu’il n’y a pas énormément sur le marché (le jeu de conquête familial et express).
Petit instant promo : le jeu sort le 25 février pour le Festival de Cannes, et vous pourrez l’essayer sur le stand de Forgenext en 08.11, mais aussi sur le stand de mon association Trolls de Jeux en 17.04, où le dessinateur Jérémie Fleury sera en dédicace le samedi. Je vous expliquerai peut-être le jeu si vous vous y arrêtez.