Histoire : quoi après Waterloo ?

[Waterloo]

Bonjour a tous,

Je suis de retour sur mes jeux de strat et surtout sur Napoleon.

J'ai une question Histoire sur l après Waterloo svp.

Voilà, on a pris une grosse raclée, bon, n'y revenons pas. Ma question concerne le "que c'est il passe en suite ?" ou plus précisément "pourquoi les veinqueurs n'ont ils pas envahi la bonne France qui semblait sans défense a ce moment ???

Je sais, pas vraiment une question pour ce site, mais je ne sais pas trop ou la poser et je suis certain qu ici il y a la response ???!!!

Merci a tous,
Stef

Pour ce dont je m'en souviens, les "vainqueurs" ont occupé Paris et une partie de la France pendant un temps. Parallèlement se réglait le problème du régime qui allait être instauré en France et du nouveau découpage de l'Europe, ce qui a été fait lors du Congrès de Vienne et du Traité de Paris.
A l'époque, (au XIXe siècle), les puissances, et particulièrement l'Angleterre, voulaient une Europe stable où aucun souverain n'était plus puissant qu'un autre. Napoléon avait rompu cet équilibre.
Le but premier de la coalition qui a remporté Waterloo était de supprimer Napoléon comme pouvoir politique et de restaurer une monarchie plus traditionnelle que cet Empire issu de la détestée Révolution française.

Enfin, il y aura probablement des gens plus capables que moi pour t'expliquer ça en détail.

Jer : c'est déjà pas mal !

Sans être spécialiste, les vainqueurs étaient tous plus ou moins cousins des bourbons et il y avait encore des héritiers.

Sans être un grand spécialiste de la question, je dirais qu'à l'époque, le souci des royaumes et des nations qui commencaient à émerger (au sens où on entend aujourd'hui le mot nation) n'était pas tant d'envahir la France mais d'en finir avec la Révolution française, et donc de remettre un roi à la tête de la France. Un roi avec qui les monarchies européennes pourraient plus facilement coopérer. D'ailleurs, beaucoup de nobles s'étaient exilés à l'étranger au moment de la Révolution et du régime napoléonnien qui a suivi.

Donc, dès avril 1814, après la première abdication de Napoléon, c'est Louis XVIII, le frère de Louis XVI, émigré en Angleterre, qui est monté sur le trône. Ce qu'on a appelé la Restauration (car la monarchie avait été restaurée). Napoléon est revenu au pouvoir lors des Cent Jours mais son régime a été définitivement aboli après la défaite de Waterloo en juin 1815 et donc, la Restauration s'est imposée.

Bien sûr, ce n'était plus une monarchie absolue comme au temps de l'Ancien Régime, la France n'a pas rétabli les privilèges ni la division de la société en trois ordres. Il n'était plus question de ça mais plutôt d'une monarchie parlementaire assez fermée. Il y a eu trois rois : Louis XVIII (1814-1824) puis Charles X (1824-1830), lui-même renversé par la Révolution de juillet en 1830, qui a mis en place une monarchie plus libérale avec sur le trône Louis-Philippe d'Orléans. Ce dernier a régné jusqu'en 1848, où il a été renversé par une nouvelle révolution qui a instauré l'éphémère 2e République (1848-1851). Louis-Philippe est donc le dernier roi de France de l'histoire (ce n'est pas Louis XVI comme certains le pensent :wink: ).

Le premier président de la République, élu en décembre 1848, est Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon, qui mettra fin lui-même à la République et instaurera le Second Empire en 1851. Il se fera proclamer empereur sous le nom de Napoléon III. Son régime s'éteindra après la défaite de la France contre l'Allemagne en 1871, guerre suivie de la Commune, et c'est sur ces cendres que va naître la 3e République qui imposera définitivement un régime républicain en France.

Mais pour reprendre la question initiale, je pense qu'en 1815, le souci des puissances européennes n'était pas d'envahir la France mais plus d'en finir avec l'aventure napoléonnienne et les guerres incessantes pour bâtir une Europe plus pacifiée, formée de monarchies, car les puissants de l'époque pensaient que c'était un régime plus stable (normal : c'étaient tous des monarques ! :wink: )

Que serait-il advenu si Grouchy n'avait pas suivi aveuglément les ordres de Napoléon et poursuivi les prussiens vers la Meuse, laissant ainsi échapper les 40.000 hommes du corps de Blücher ?

et voila pourquoi j'aime ce site, je trouve toujours la reponse a mes question, memes "hors jeux" :)

Merci Messieurs, ce soir je me coucherais moins stupide et je regarderais mes petits morceaux de cartons de mes différentes unités différemment.

Allez Napo, Go go Go...

Merci à tous,
Stef

On est également au début des états nations. Depuis cette époque, il est très facile d’envahir un pays, mais très difficile de s’y maintenir. Donc les armées européennes avaient autre chose à faire que de rester en France.

Il ne faut pas non plus oublier le génie de Talleyrand, car il a réussit par sa diplomatie à conserver l’essentiel des possessions français.

Et si Berthier n’avait pas été défénestré deux jours avant, et si Murat avait été là et que ses charges avaient désorganisé les carrés anglais, et si Grouchy …

Alors Napoléon aurait gagné la bataille, mais aurait fini par perdre la guerre quelque semaines plus tard, car la France était exsangue, et ne pouvait plus continuer le conflit.

Et puis toute l'Europe était coalisée contre Napoléon du coup qui aurait eu quoi ? Ca aurait causé plus de problèmes qu'autre chose.
Sinon + 1 avec ce qui a été dit sur Talleyrand, un génie diplomatique.
+1 également sur les liens familliaux (Louis XVIII était le beau frère de Marie Antoinette)
+1 aussi sur le fait que la France était en guerre non stop (à part une brève paix en 1802-1804 mais très tendue quand même) depuis 1792 soit 23 ans de guerres ça fait beaucoup. Et puis les autres pays eux aussi voulaient un peu de stabilité.
Enfin un dernier +1 sur la question de mettre un terme à la Révolution Française (après tout Napoleon se présentait comme celui qui avait achevé la Révolution en en consolidant les acquis et il avait encouragé la création de nombreuses républiques, surtout au début de sa carrière).

Ceci dit s'ils avaient écouté les Prussiens Paris ne serait plus là, mais Davout avait réussi à maintenir une armée organisée autour de Paris prête à se défendre et le dernier coup d'éclat d'Exelmans sur la cavalerie prussienne a précipité l'armistice.
Napoléon parti, une armée encore sur pied désireuse d'en découre (pas trop les maréchaux, mais beaucoup de généraux et officiers) et suffisament nombreuse pour résister efficacement, un Louis XVIII qui voulait retrouver sa capitale dans un état potable, le jeu de la diplomatie, un Wellington qui voulait la paix...
Bref tout ça a fait que...

Petite rectification : le dernier "roi de France" c'est Charles X, le titre exacte de Louis-Philippe Ier (fils de Philippe Egalité, le cousin de Louis XVI qui a voté la mort de Louis XVI en 1793) est "roi des français" (comme Napoléon Ier qui était "Empereur des français"), cette distinction pour marquer que le pouvoir du roi ne s'étend pas sur un territoire mais sur un peuple qui le veut bien (de même que la Charte de 1814, puis 1815 est "accordé", celle de 1830 "le roi accepte de s'y soumettre", la nuance est importante).
Il faut également noter que si Charles X et Louis-Philippe ont été renversé, c'est parce qu'ils ont voulu revenir à une monarchie absolue (chaque fois en abolissant la liberté de la presse ... amis français regardez ce que votre président fait avec Le Monde).

Pour l'occupation en 1815 : il y a eu une occupation, sur fonds public français (même système qu'après la WWI en Allemagne) et comme en 1871, le gouvernement a vite payé et tout accepté pour que cela cesse; C'est de là également que vient le traumatisme allemand vis-à-vis de la Résistance civil, car de nombreux groupes de francs-tireurs (surtout en Alsace, dans les Vosges et en Franche-Comté) ont fait des ravages dans les forces d'occupation (idem en 1870-1871). Les anglais voulaient également que l'occupation cesse rapidement et que les armées prussiennes rentrent chez elle, par peur de l'annexion des petits états allemands.

Et pour terminer sur les Cents Jours : la victoire de Napoléon était impossible compte tenu des effectifs en présence (moins de 500.000 français en incluant les Gardes Nationaux et les Corps Francs et les levées en masse de conscrits inexpérimentés, moins de 200.000 hommes de l'Armée régulière, contre près d'1.000.000 de coalisés immédiatement opérationnels sur les différentes frontières et 1.000.000 prèt à intervenir dans les 3 mois).

L'Armée du Nord comptait entre 100 et 120.000 hommes au début de la Campagne de Belgique contre près de 200.000 coalisés (anglais, prussiens et hollando-belges).

L'Armée de l'Est est celle qui a réalisé le plus grans exploit de la Campagne de 1815 en bloquant avec moins de 50.000 hommes (Corps Francs compris) près de 200.000 prussiens, autrichiens, allemands divers et russes (ces forces n'ont jamais pu passer les Vosges). Il faut noter que c'est l'Alsace se distingue en étant les seuls départements à fournir leur contingent quasi complet (en 1814, s'était la première fois que les deux départements n'y arrivaient pas).

En Italie, 150.000 autrichiens étaient prêt à intervenir, alors même que des troubles royalistes éclataient dans le Midi. L'Armée du Midi et celle stationnée à Lyon totalisaient à deux moins de 80.000 hommes.

Il faut rajouter une possibilité d'intervention de l'Espagne et les troubles royalistes en Vendée et Bretagne.

Dans le Mémorial, Napoléon semble prendre conscience du caractère absurde de cette campagne. Son projet était de défaire rapidement les coalisés en Belgique (principales forces coalisées avec les "meilleurs généraux" - le prestige de Wellington est largement usurpé) pour gégouter les coalisés et les forcer à négocier au moins le maintient de l'Empire dans les frontières de 1789 + l'Alsace et Mulhouse, voir une abdication en faveur de son fils avec l'appui autrichien.

La campagne de 1815 ne compte pas parmis les plus brillantes de Napoléon (Italie en 1796-1797, Allemagne en 1805 et France en 1814 restent les modèles), tout au plus arrive-t-elle au niveau des campagnes d'Italie en 1800 et d'Egypte.

Excellent résumé, Akhela ! :pouicbravo:
Merci ! :pouicok:

pour ceux que l'Epopée Napoléonienne intéresse, il faut lire les ouvrages de Jean TULARD (le plus grand expert sur ce thème, j'ai pu assisté à une de ses conférences brillantes), évitez les ouvrages de Max GALLO (c'est de la merde truffé d'erreurs historiques et romancés).

Certaines mémoires sont intéressantes : "Le mémoires du général MARBOT" (officier de cavalerie) sont très intéressante sur la vie militaire sous la Révolution et l'Empire, "Le mémoires de Constant, 1er valet de l'Empereur" sont également intéressante (même si il tente de racheter sa trahison en 1814), "Le mémoires de la marquise de La Tour du Pin" sont très intéressantes également (surtout sur la période révolutionnaire).

"Le mémorial de Sainte Hélène" de Las Cases est incontournable, c'est le testament politique de Napoléon (attention c'est un ouvrage de propagande bonapartiste, mais malgré cela, Napoléon est assez réaliste sur certains de ses actes).


... et oui j'ai un buste de Napoléon sur mon bureau.

Toi qui m'a l'air d'un spécialiste, qu'est ce que tu penses des mémoires de Fouché ?

Je n'ai pas lu les mémoires de Fouché mais c'est un personnage fascinant dont l'importance a trop souvent été occultée.
Après comme toujours avec ce genre de source, il faut prendre beaucoup de recul.

Pour rebondir sur ce qu'a dit Akhela, les ouvrages de J.Tulard sont vraiment remarquables et sa bio demeure la référence encore aujourd'hui.
Une belle alternative est celle de l'Italien Luigi Macilli Migiolorini qui souligne l'importance de l'espace méditerranéen dans la vie et les décisions et la vie de Napoléon.

Pour les questions militaires de la Révolution et de l'Empire, Jean Paul Bertaud est un grand spécialiste, tout comme Jacques Garnier si ma mémoire est bonne. On pourrait en rajouter beaucoup sur la période comme Thierry Lentz directeur de la Fondation Napoléon ou Jacques Jourquin sur le Maréchalat etc.
Dans la série incontournable le dictionnaire Napoléon sous la direction de Jean Tulard notamment est un trésor d'informations.

Pour terminer je ne peux qu'appuyer les remarques sur Max Gallo qui est un véritable imposteur, très bon vulgarisateur mais qui ne racont qe des conneries et qui se fait passer pour un spécialiste qu'il n'est pas. J'ai assisté à son éloge funéraire du dernier poilu aux Invalides qui était proprement scandaleuse.

sten dit:Je n'ai pas lu les mémoires de Fouché mais c'est un personnage fascinant dont l'importance a trop souvent été occultée.
Après comme toujours avec ce genre de source, il faut prendre beaucoup de recul.

Pour rebondir sur ce qu'a dit Akhela, les ouvrages de J.Tulard sont vraiment remarquables et sa bio demeure la référence encore aujourd'hui.
Une belle alternative est celle de l'Italien Luigi Macilli Migiolorini qui souligne l'importance de l'espace méditerranéen dans la vie et les décisions de Napoléon.

Pour les questions militaires de la Révolution et de l'Empire, Jean Paul Bertaud est un grand spécialiste, tout comme Jacques Garnier si ma mémoire est bonne. On pourrait en rajouter beaucoup sur la période comme Thierry Lentz directeur de la Fondation Napoléon ou Jacques Jourquin sur le Maréchalat etc.
Dans la série incontournable le dictionnaire Napoléon sous la direction de Jean Tulard notamment est un trésor d'informations.

Pour terminer je ne peux qu'appuyer les remarques sur Max Gallo qui est un véritable imposteur, très bon vulgarisateur mais qui ne raconte que des conneries et qui se fait passer pour un spécialiste qu'il n'est pas. J'ai assisté à son éloge funéraire du dernier poilu aux Invalides qui était proprement scandaleuse.

Je n'ai pas lu les Mémoires de Fouché, toutefois, je trouve le personnage intéressant, en particulier la période de sa vie sous la Révolution jusqu'au Consulat. Je reste assez admiratif des politiques qui ont sus passer la Révolution tout en y étant actif. Après, son activité en tant que chef de la Police, je la désapprouve (mais c'est une déformation professionnel, je suis avocat), quoique je suis stupéfait de son efficacité (enfin ça confirme que les français ont toujours adorés espionner et dénoncer leurs voisins).

Dans l'absolu, j'aime beaucoup lire les mémoires des gens (célèbres ou non) car elles sont souvent plus vivantes qu'un ouvrage purement historique. Toutefois, les mémoires sont toujours à prendre avec du recul car elles sont très subjectives et les auteurs cherchent souvent à excuser ou à se disculper de leurs fautes (par exemple Constant n'arrête pas de chercher à se trouver une excuse pour avoir quitté Napoléon, la marquise de La Tour du Pin garde constamment cette conscience de classe d'ancien régime, Marbot déclare ouvertement sa haine des sans-culottes).

L'Empire est une période de l'Histoire peu étudié à l'école en France. C'est un tort immense, car on lui doit la plupart de nos institutions actuelles (certes démocratisées) et les fondement de notre système juridique (le Mémorial nous montre le fonctionnement du Conseil d'Etat sous Napoléon - Las Cases était conseillé d'Etat). L'Empire n'était évidement pas une démocratie, mais certains actes de Napoléon sont simplement stupéfiant de génie, et sans être d'accord avec toutes ses décisions, son projet global (au moins à l'échel de la France actuelle) était tout simplement grandiose.