Lexomil
est
aérienne
pleinitude
Cresus Lydien de naissance fils d'Alyattes, estoit Souverain des Nations situées au-deçà du fleuve d'Halis, qui venant du Midy passe entre la Syrie & la Paphlagonie vers le Septentrion, & se vient décharger sur le Pont-Euxin. Cresus, dis-je, fut le premier des Barbares dont nous ayons connoissance, qui se rendit tributaire une partie de la Grece, & qui reçût l'autre pour alliée. Il subjugua les Ioniens, les Eoliens, & les Doriens qui sont en Asie, & fit alliance avec les Lacedemoniens. Tous les Grecs estoient libres, & Maîtres d'eux-mesmes devant sa domination: car encore que l'entreprise que firent les Cymeriens contre l'Ionie, soit plus ancienne que la guerre de Cresus, toutefois ils ne prirent aucunes villes, & firent seulement des courses dans le païs, d'où ils emporterent quelque butin. Mais avant que de passer outre, il faut faire voir comment la Couronne, qui appartenoit autrefois aux Heraclides, est tombee en la Maison de Cresus, qui fut appellée les Mermnades. Candaules, que les Grecs nomment Myrfil, & qui estoit sorti d'Alcée fils d'Hercule, fut Roy de Sardis: Et comme Argon, qui eut pour pere Ninus, pour ayeul Belus, & Alcée pour bisayeul, fut le premier des Heraclides qui eut la domination des Sardiens, tout de mesme Candaules fils de Myrfus fut le dernier des Heraclides qui regna parmi ce peuple. Ceux qui avoient esté Rois de cette contrée devant Argon, estoient descendus de Lydus fils d'Arys, qui a donné le nom aux Lydiens: car ils estoient auparavant appellez Meoniens. Enfin les Heraclides, qui avoient esté nourris en la maison des Rois de Lydie, & qui estoient sortis d'Hercule & d'une Esclave, monterent sur le Trône par le moyen d'un Oracle, & y demeurerent cinq cens cinq ans pendant vingt-deux Generations, le fils succedant toujours au pere jusqu'à Candaules fils de Myrfus. or ce Candaules aimoit la femme si passionnément, que son amour luy faisoit croire qu'elle estoit la plus belle de toutes les femmes. Persuadé de cette opinion, il loüoit ordinairement la beauté de cette Princesse en la presence d'un soldat de ses Gardes nommé Gyges fils de Dascyles, qu'il aimoit sur tous les autres, & dont il se servoit dans ses plus importantes affaires. Mais il ne se contenta pas de cela: car un jour ce Prince, qui estoit destiné à quelque étrange infortune, mandat Gyges & luy parla en ces termes: "Gyges, comme les oreilles sont plus incredules que les yeux, il me semble que tu ne crois pas ce que tu m'as oüi dire de la beauté de ma femme; mais pour t'en persuader plus puissamment, je veux que tu la voies toute nüe. Ha Sire, s'écria Gyges: Quel discours me faites-vous? Vous ne pensez pas à ce que vous me dites de me vouloir faire voir la Reine nüe. Toute femme qui se dépoüille de ses habits pour estre vûë, se dépoüille en mesme-temps de la pudeur. Les Anciens nous ont laissé beaucoup de beaux enseignemens, d'où nous pouvons apprendre ce qui est honnête & vertueux: Et celuy -cy me semble bien considérable; Que chacun ne doit regarder que ce qui est à luy. Pour moy, Sire, je ne doute point que la Reine ne soit la plus belle de toutes les femmes; Mais je vous supplie très-humblement de ne me commander que les choses licites & permises". Gyges, qui craignoit qu'il ne luy arrivât quelque malheur de la passion extravagante de son Maistre, lui faisoit par ce paroles toute la resistance qui lui estoit possible. Mais le Roy luy répondit: "Rassure-toy, Gyges, & ne crains pas que je te veüille éprouver par ce discours, ni que la Reine s'en tienne offensée. Je conduiray la chose de telle sorte qu'elle ne sçaura jamais que tu l'auras vûë. Tu te cacheras derriere la porte de la chambre où nous couchons. La Reine ne manquera pas de s'y rendre, aussi-tost que je seray couché, & comme elle se deshabille sur une table qui est à l'entrée de cette chambre, & qu'elle est même assez long-temps à se deshabiller, elle te donnera le loisir de la considerer attentivement. Prens ton temps après cela pour t'échaper quand elle se mettra au lit. Gyges voyant qu'il ne pouvoit resister à la volonté du Roy, se resolut de luy obéïr: De sorte que quand l'heure de se coucher fut venuë, Candaules le fit cacher dans la chambre où la Reine arriva en mesme-temps. Mais Gyges après l'avoir vûë déshabillee ne put se derober si adroitement de la chambre, que cette Princesse ne l'apperçût en sortant. Lorsqu'elle eut appris du Roy son mari ce qu'il avoit dit à Gyges, & le commandement qu'il luy avoit fait, elle ne luy répondit rien de honte & de dépit qu'elle en eut, & feignit de n'avoir pas apperçû Gyges, mais elle se proposa de se venger de ce Prince. Car parmi les Lydiens, & presque parmi tous les Barbares, c'est une chose honteuse à un homme mesme, que d'estre regardé nû. Cette Princesse cacha donc son ressentiment & sa douleur tout le reste de la nuit; & quand le jour fut venu, & qu'elle eut commandé à ses domestiques qu'elle estimoit les plus fidelles, de se tenir prêts pour executer ses ordres, elle fit appeller Gyges. Comme il ne s'imaginoit pas qu'elle sçût ce qui s'estoit passé, & qu'il avoit auparavant accoûtumé de se rendre auprès de la Reine toutes les fois qu'elle le mandoit, il ne manqua pas de la venir trouver & luy parla en ces termes: "Gyges, je vay te montrer deux chemins, & je te donne le choix de l'un ou l'autre. Ou il faut que tu fasse mourir Candaules, & que tu me possedes avec la Couronne des Lydiens quand tu l'auras tué; ou il faut que tu meures maintenant, afin que tu sçaches en mourant qu'il y a des choses que tu n'as pas dû sçavoir même en obéïssant à ton Maître. Il faut donc répandre le sang de celuy qui t'a contraint de faillir, ou il faut répandre le tien, puisqu'en me regardant nuë tu as fait chose illicite & criminelle". Gyges s'étonna d'abord de ce discours, & ensuite il pria la Reine de ne le point reduire à la necessité de ce choix. Mais quand il vit qu'il ne la pouvoit persuader, & qu'il falloit qu'il mourut ou qu'il tuât luy-mesme son Maistre, il préfera son salut à la conservation de ce Prince. "Puisque vous me contraignez, dit-il, de tuer mon Roy, je vous supplie de me dire comment vous voulez que j'execute vostre dessein". Tu te mettras, dit-elle, au mesme endroit d'où il m'a exposée nuë à tes yeux, & quand il sera endormi tu luy porteras le poignard dans le sein". Après qu'on eut pris cette resolution & que la nuit fut venuë, Gyges obéït à la Reine sans resister davantage, parce qu'il ne pouvoit éviter de perir, qu'en tuant Candaules. Il le suivit donc jusques dans la chambre de cette Princesse, qui luy donna elle-mesme le poignard, & le fit cacher derriere la mesme porte ou Candaules l'avoit fait mettre. Quelque temps après il sortit de son embuscade, tua le Roy qui estoit endormi, il épousa ensuite la femme de ce Prince & s'empara de la Couronne. Le Poëte Archiloque qui vivoit en ce temps-là, a fait mention de cette Histoire, dans un Poëme qu'il a composé en vers iambiques. Ainsi Gyges monta sur le Trône, où il fut confirmé par l'Oracle de Delphes. Car comme les Lydiens estoient irritez de la mort de Candaules, & que les armes à la main ils estoient prêts à la vanger, il fut arrêté entrêux & la faction de Gyges, qu'il demeureroit sur le Trône si l'Oracle le nommoit Roy, & qu'autrement il rendroit le Sceptre aux Heraclides. L'Oracle répondit en faveur de Gyges, qui se conserva le Royaume par ce moyen; & toutefois la Pythie pour adoucir le chagrin des Heraclides, ajoûta qu'ils seroient vangez sur le cinquiéme Roy qui descendroit du Sang de Gyges. Mais les Lydiens, & leur Rois ne firent pas beaucoup d'attention sur cet article, que l'évenement justifia depuis. C'est ainsi que les Mermnades usurperent la Couronne, & en éloignerent les Heraclides.
Gyges ayant pris possession du Royaume envoya à Delphes de grands presens; & y donna non seulement la plûpart de tout ce qu'on y voit d'argent, mais il y fit des offrandes d'une prodigieuse quantité d'or. Et ce qui est digne particulierement que l'Histoire en parle, il y consacra outre les autres choses, six grandes coupes d'or du poids de trente talens, qui furent mises dans le tresor des Corinthiens.
Si toutefois nous voulons dire la verité, ce tresor n'appartient pas au peuple de Corinthe, mais à Cypseles fils d'Erion. Ainsi Gyges a esté le premier des Barbares dont nous ayons connoissance, qui depuis Midas fils de Gordius Roy de Phrygie, a fait des offrandes à Delphes: car Mydas y presenta le Trône d'où il avoit accoûtumé de rendre justice, qui est certes une chose digne d'estre vûë. Ce Trône est placé au mesme lieu où sont les coupes de Gyges; & l'or & l'argent qui furent employez dans ses offrandes, par ceux de Delphes, sont appellez Gygiens du nom de Gyges qu les presenta. Lorsqu'il se fut rendu Maistre du Royaume il declara la guerre à Milet, & à Smyrne; il prit de force la ville Colophon; & ne fit point d'autre action signalée durant l'espace de trente-huit ans qu'il regna. Nous ne parlerons pas davantage de ce Prince, & nous passerons au regne d'Ardis son fils & son successeur. Il subjugua ceux de Priene, il fit la guerre aux Milesiens, & durant son regne les Cymeriens ayant esté chassez de leur païs par les Scythes Nomades, passèrent en Asie, & prirent Sardis, excepté la forteresse Ardis. Après avoir regné quarante-neuf ans, Sadyattes son fils lui succeda, & regna douze ans. A Sadyattes succeda Alyartes, qui fit la guerre aux Medes, & à Cyaxare petits-fils de Dejoces. Il chassa les Cymeriens de l'Asie, il prit Smyrne qui avoit esté bâtie par Colophon, & assiegea Clasomene; mais il fut obligé d'en lever le siege.Son regne est celebre par beaucoup d'autres entreprises qui meritent place dans l'Histoire. Il continua contre les Milesiens la guerre que son pere lui avoit laissée comme par succession, & il la faisoit d'une maniere assez singuliere. Aussi-tost qu'on estoit prêt de faire les moissons & de recüeillir les fruits, il mettoit son armée en campagne, & la faisoit marcher au son des flutes, des harpes & de toutes sortes d'instruments de Musique; Et quand il estoit arrivé dans les terres des Milesiens, il n'abatoit point leurs maisons de campagne, il n'en rompoit point les portes, il n'y mettoit point le feu, il faisoit seulement le dégast dans le païs, coupoit les arbres, enlevoit les bleds, & puis s'en retournoit. Car comme les Milesiens estoient Maistres de la mer, il lui eût esté inutile de séjourner dans leur païs, & de s'attacher à leurs murailles. Il ne démolissoit point les maisons, afin que les Milesiens ayant toujours des lieux pour y habiter, pussent cultiver & ensemencer la terre, & qu'il trouvât de quoi piller, quand il lui prendroit envie d'entrer dans leur païs avec son armée. Ainsi il fit onze ans la guerre aux Milesiens, durant lesquels ils reçûrent deux grandes playes, l'une en la bataille qu'ils donneront dans leur païs auprès de Limenie, & l'autre dans la campagne qui est le long de la riviere de Meandre. Pendant les six premieres années des onze que je viens de dire, Sadyattes qui estoit entré avec une armée dans les terres des Milesiens, & qui dès son avenement à la Couronne leur avoit declaré la guerre, regnoit encore dans la Lydie: Mais durant les cinq dernieres années, Alyattes conduisit avec plus de force & de chaleur cette guerre que son pere avoit commencée, comme nous avons déja dit. Les Milesiens n'y reçûrent aucune assistance des Ioniens, si on excepte ceux de Chio, qui seuls, prirent les armes en leur faveur, par reconnaissance d'un pareil secours qu'ils en avoient tiré, lorsque ceux d'Erithrée leur faisoient la guerre. Enfin la douziéme année, l'armée d'Alyattes ayant mis le feu dans les bleds, voici ce qui en arriva. Le feu ayant pris aux moissons, le vent le porta jusqu'au Temple de Minerve, surnommée Assesiene, qui fut entierement consumé; mais cet accident ne fut pas autrement consideré en ce temps-là. Depuis Alyattes estant retourné à Sardis avec son armée, tomba malade d'une longue maladie, sont il lui estoit impossible de guerir, quelque remede qu'il fît; de sorte qu'il envoya à Delphes pour en consulter l'Oracle, soit qu'il s'y fût resolu de lui-mesme, ou par les persuasions de quelque autre. Mais quand les Ambassadeurs furent arrivez, la Pythie leur dit qu'elle ne leur rendroit point de réponse qu'ils n'eussent rebâti le Temple de Minerve, qu'ils avoient brûlé auprès d'Assese dans le païs des Milesiens. Pour moi, j'ai oüi dire à Delphes, que la chose se passa ainsi: Mais les Milesiens ayant appris la réponse qui fut renduë à Alyattes, dépêcha un Courier à Trasibule, qui estoit Roy des Milesiens & son meilleur ami, pour l'avertir de profiter de cette occasion. Cependant aussi-tost qu'on eut rapporté à Alyattes la réponse de la Pythie, il envoya un Ambassadeur à Milet, afin de traiter d'une tréve avec Trasibule & les Milesiens, pendant qu'il feroit rebâtir ce Temple. Comme l'Ambassadeur alloit à Milet, Trasibule qui avoit eut avis du dessein d'Alyattes, donna ordre qu'on apportât dans le marché, tout le bled qui estoit tant dans ses greniers que dans ceux des habitants, & il commanda qu'ils se missent tous ensemble à boire, & à faire débauche au signal qu'il en donneroit. Trasibule avoit donné ces ordres, afin que l'Ambassadeur de Sardis voyant cette quantité de bled, & les Milesiens faire bonne chere, en fît le rapport à Alyattes, & la chose arriva comme il l'avoit prémeditée. Car lorsque l'Ambassadeur eut vû cette abondance, & qu'il eut exposé à Trasibule le sujet de son Ambassade, il s'en retourna à Sardis, & le rapport qu'il fit à son Maître de l'abondance qu'il avoit vûë dans Milet, fut cause que ces deux Princes firent la paix. En effet, Alyattes avoit crû jusqu'alors que le peuple estoit reduit à la derniere extrêmité; mais quand son Ambassadeur fut de retour, & qu'il en eut appris le contraire, ce Prince & Trasibule s'accorderent ensemble, & devinrent alliez & bons amis. Au lieu d'un Temple, Alyattes en fit edifier deux autres près d'Assese; & ce fut là le remede qu lui fit recouvrer la santé. Voila ce qui concerne les guerres d'Alyattes contre les Milesiens & Trasibule. Quant à Periandre fils de Cypsele, qui fit sçavoir à Trasibule la réponse de l'Oracle, il estoit Roy de Corinthe; & les Corinthiens disent, comme le confirment les Lesbiens, qu'il arriva sous son regne une chose memorable & merveilleuse;Qu'Arion de la ville de Methymne, le premier Musicien de son temps, & le premier aussi qui inventa le Dithyrambe, qui le nomma de ce nom, & qui l'enseigna à Corinthe, fut porté sur le dos d'un Dauphin jusqu'à Tenare Promontoire de Laconie. Ils disent donc qu'Arion ayant passé quelque temps chez Periandre, voulut voir ensuite l'Italie & la Sicile, & qu'après y avoir gagné de grandes sommes d'argent, il fit dessein de revenir à Corinthe; Qu'étant prêt de partir de Tarente, il loüa de quelques Corinthiens un vaisseau, parce qu'il avoit plus de confiance à ceux de cette Nation qu'à toute autre; mais que quand il fut en haute mer les Matelots resolurent de le jetter dans l'eau, dans la vûë de s'emparer de ses richesses. Arion ayant penetré leurs mauvais desseins, leur offrit lui-mesme ce qu'ils desiroient, & demanda seulement qu'on lui sauvât la vie; mais il ne put rien gagner sur l'esprit de ces Barbares, qui lui commanderent ou de se jetter dans la mer, ou de se tuer lui-mesme, s'il vouloit avoir en terre une sepulture. Arion se voyant reduit à cette necessité, les pria de lui permettre de se vêtir de ses plus beaux ornemens, & de chanter sur le Tillac, & leur promit de se tuer aussi-tost qu'il auroit chanté: Et comme il leur avoit pris envie d'entendre chanter le meilleur Musicien qu'il y eût parmi les hommes, ils se retirerent de la Pouppe au milieu du Vaisseau afin de le mieux entendre. Cependant Arion s'étant paré de ses plus beaux habits, & ayant pris en main la Harpe, commença à en joüer, & quand il eut achevé il se jetta dans la mer avec les ornemens dont il s'estoit revêtu. Les autres continuerent leur course vers Corinthe, & l'on dit qu'Arion fut reçû en tombant sur le dos d'un Dauphin, qui le porta jusqu'à Tenare; Que lorsqu'il fut à terre il s'en alla à Corinthe avec le mesme équipage qu'il prit pour chanter, & qu'y estant arrivé il conta son histoire aux Corinthiens, Que Periandre ne le croyant pas, donna ordre, qu'il fût gardé, & qu'il ne pût s'échaper; Qu'ensuite il fit chercher les matelots qui l'avoient si maltraité; Que quand on les eut trouvez, & qu'on les eut amenez devant lui. Ce Prince leur demanda s'ils ne lui pouvoient rien apprendre d'Arion; Que lui ayant répondu qu'il estoit en Italie; & qu'ils l'avoient laissé à Tarente dans la splendeur et joüissant de grands biens; Arion se presenta aussitôt devant eux avec le mesme habit qu'il avoit quand il se jetta dans la mer; & que l'étonnement qu'ils eurent de le voir, les convainquit de leur crime, qu'ils ne le purent plus dissimuler. Voila ce que disent les Corinthiens & les Lesbiens; & mesme on voit dans Tenare une offrande qui y fut faite par Arion, d'une Statuë d'airain, qui represente un homme sur un Dauphin.
Au reste Alyattes Roy de Lydie, regna cinquante-cinq ans, & mourut après avoir terminé la guerre avec les Milesiens. Il fut le second Prince de la Maison, qui fit à Delphes des offrandes pour le recouvrement de sa santé. Il y envoya une grande coupe d'argent, & outre cela une de fer, & une plus petite, faites de petites lames battuës, & jointes ensemble par un si merveilleux artifice, qu'elle est digne d'estre considerée par dessus tout les presens qu'on a faits à Delphes. C'estoit un ouvrage de Glaucus de l'Isle de Chio, qui trouva l'invention de joindre le fer avec le fer. Après la moirt d'Alyattes, Cresus succeda au Royaume âgé de trente-cinq ans; & les Ephesiens furent les premiers des Grecs à qui il declara la guerre. Cela fut cause que ceux d'Ephese, que ce Prince tenoit assiegez, consacrerent leur Ville à Diane; & pour tenir en quelque façon à cette Déesse, ils attacherent leurs murailles à son Temple avec une corde, bien qu'il y ait près de neuf cents pas entre le Temple et la Vieille Ville qui estoit alors assiegée.
Après avoir surmonté premierement les Ephesiens, il se rendit maître sucessivement de Ioniens & des Eoliens, se servant de divers prétextes, & mesme des moindres choses, pour avoir sujet de faire la guerre. Enfin après avoir contraint tous les Grecs, qui estoient dans l'Asie de lui payer un tribut, il resolut d'équiper des vaisseaux pour attaquer les Insulaires. On dit que comme toutes choses estoient prêtes pour cette expedition, Bias de Priene, ou selon d'autres, Pittacus de Mitylene vient à Sardis; que Cresus lui demanda s'il n'y avoit rien de nouveau dans la Grece, & que ce Philosophe lui fit une réponse, qui lui fit perdre le dessein de lever une armée navale. "Prince, dit-il, les Insulaires ont acheté dix mille chevaux, & ont resolu de vous faire la guerre, & de venir attaquer Sardis". Cresus ayant entendu cette réponse, & s'imaginant qu'elle fut vraye. "Plût aux Dieux, dit-il, d'inspirer aux Insulaires d'attaquer les Lydiens avec de la Cavalerie". A quoy le Philosophe lui repliqua: "Il semble, dit-il, que vous souhaittiez de voir les Insulaires à cheval & en terre ferme, & certes vous le souhaittez avec raison. Mais quen pensez-vous que les Insulaires souhaitteront, quand on leur dira que vous avez resolu de mener une armée navale contre eux, sinon de rencontrer vôtre flotte, pour vanger l'infortune des Grecs que vous avez mis en servitude?" On dit que Cresus prit plaisir à ce discours, & qu'ayant crû que celui qui lui avoit parlé, estoit bien instruit des forces de ces Insulaires, il se désista du dessein de faire équiper des Vaisseaux, & fit alliance avec les Ioniens qui habitoient dans les Isles. Quelque temps après il subjugua tous les peuples qui sont au deçà de la riviere d'Halis: car excepté les Ciliciens & les Liciens, il réduisit sous son obéïssance tous les autres, comme les Lydiens, les Phrygiens, les Misiens, les Mariandins, les Chalibes (la partie IV, livre 1, page 2141 liste ces trois peuples dans cet ordre), les Paphlagoniens, les Thraces, les Thyniens, les Bythiniens, les Cariens, les Ioniens, les Doriens, & les Pamphyliens. Enfin, après avoir surmonté tous ces peuples, que la puissance des Lydiens se fut augmentée par le courage de Cresus, les plus sçavans hommes de ce temps-là, conduits chacun par son interêt, vinrent de la Grece à Sardis, qui florissoit alors en honneur & en richesse. Le troisiéme ou le quatriéme jour après qu'il fut arrivé; ce Prince commanda qu'on montrât à Solon tous ses tresors et ses richesses. De sorte qu'on lui fit voir tous les tresors du Roy, & tout ce qu'il y avoit de plus rare, & qui pouvoit mieux representer la grandeur & la prosperité d'un Prince. Lorsqu'il eut vû toutes choses, & qu'il les eut considerées à loisir, Cresus lui parla en ces termes: "Mon Hôte, lui dit-il, comme nous connoissons par réputation vôtre sagesse, & que nous sçavons que vous avez beaucoup voyagé en Philosophe, qui veut voir, & qui veut apprendre, il faut que je vous demande si vous avez vû des hommes dont la felicité soit comparable à la mienne". Il lui faisoit cette question, parce qu'il croyoit estre le plus heureux de tous les hommes, mais Solon qui ne le flatta point, & qui vouloit dire la verité. "Oüi, dit-il, j'ay vû Tellus Athenien qui est plus heureux que vous." Cresus étonné de cette réponse, lui demanda pourquoi il estimoit Tellus si heureux. "Parce, dit-il, que Tellus a vécu dans une republique bien policée; qu'il a eu des enfants vertueux qui en ont tous eu qui leur ressembloient, & qui leur font bien que l'on peut vivre sur la terre il est mort glorieusement. Car après qu'il fut venu au secours des Atheniens dans la bataille qui fut donnée auprès de la ville d'Eleusine contre les peuples voisins, & qu'il eut mis l'ennemi en fuite, il mourut entre les bras de la victoire d'une mort souhaitable & glorieuse: Et enfin les Atheniens lui dresserent un Tombeau aux dépens du public, à l'endroit où il étoit mort, & lui rendirent de grands honneurs". Comme Solon eut ajoûté à son discours beaucoup de choses de la felicité de Tellus, Cresus lui demanda s'il avoit vû un plus heureux homme que lui après Tellus, s'imaginant au moins qu'il devoit estre mis au second degré de la felicité humaine, puisque Tellus estoit au premier. "Oüy, lui répondit encore Solon: j'ai vu Cleobis & Bitons. Et certes, outre qu'ils estoient Argiens & qu'ils avoient assez de bien pour vivre honnêtement, ils estoient si forts & si robustes, qu'ils sont toûjours sortis victorieux de toutes sortes de combats. Davantage, voici ce que l'on rapporte d'eux. Un jour de Feste de Junon, qu'il falloit necesairement que la Prestresse leur mere fût portée aux Temple dans un chariot tiré par une couple de boeufs; ces des jeunes hommes voyant qu'on n'amenoit pas ces boeufs à l'heure qu'ils devoient venir, se mirent eux-mesmes au joug, traisnerent le chariot où estoit leur mere, l'espace de quarante-cinq stades, & la conduisirent ainsi dans le Temple: Après qu'ils eurent fait cette action, & que toute l'assemblée les eut contemplez dans un travail si pieux, ils eurent une heureuse fin de leur vie pour recompense de leur pieté; & Dieu voulut montrer par cet évenement que la mort est plus avantageuse à l'homme que la vie. Car comme les hommes qui estoient auprès du Temple loüoient hautement le dessein de ces deux freres, & que les femmes felicitoient la mere qui avoit mis au monde de si vertueux enfans, cette mere ravie d'aise, & par l'action de ses fils, & par la gloire qu'on leur en donnoit, pria la Déesse de leur envoyer ce qui pouvait arriver de plus avantageux à l'homme. Quand elle eut fait cette priere, & que ces enfans eurent sacrifié & mangé avec leur mere, ils s'endormirent dans le Temple, & moururent pendant ce sommeil. Cela fut cause que les Argiens leur firent faire des Statuës comme à des hommes illustres, & les mirent au Temple de Delphes." Ainsi Solon parla de ces deux freres, à qui il donna le second lieu de la felicité: de sorte que Cresus presque en colere de ce discours? "He quoi, dit-il, mon hoste, faites-vous si peu d'estat de nostre felicité, que vous ne nous croyez pas dignes d'estre comparez seulement aux hommes privez & de basse condition?" "Vous m'interrogez, lui repondit Solon, sur la condition des choses humaines; mais comment voulez-vous que je vous en réponde, puisqu'il semble que les Dieux les portent eux-mesmes de l'envie, & qu'ils les renversent si souvent? On voit beaucoup de choses durant un long espace de temps que personne ne voudroit voir, & l'on en souffre beaucoup que personne aussi ne voudroit souffrir. Donnons à l'homme pour le terme & pour la longueur de sa vie soixante & dix ans, qui sont composez de vingt-cinq mille deux cens jours, sans y ajouter le mois intercalaire. Que si vous voulez que les autres années soient plus longues d'un mois que celles où il n'y en aura point à ajoûter, vous trouverez trente-cinq mois de plus dans les soixante & dix années, qui feront mille cinquante jours. Cependant en vingt-six mille deux cens cinquante jours qui se rencontrent dans l'espace de soixante & dix années, & dans leurs mois intercalaires vous n'en remarquerez pas un qui soit semblable & qui produise les mesmes effets. Il faut donc confesser que l'homme est miserable, & que sa vie n'est qu'une calamité perpetuelle. Au reste je connois bien que vous possedez de grandes richesses, & que vous estes Roy de plusieurs peuples, mais je ne sçaurois répondre à la demande que vous m'avez faite, que je ne sache auparavant si vous estes mort glorieusement, & en homme de bien. Car celui qui possede de grands tresors n'est pas plus heureux que celui qui n'a pour vivre que ce qui suffit pour chaque jour, si ayant vécu dans les biens, il ne meurt enfin dans l'honneur. Et certes, il y a beaucoup d'hommes riches qui neanmoins ne sont pas heureux, & il y en a beaucoup qui sont heureux avec un petit patrimoine. Celui qui abonde en richesses & qui pourtant n'est pas heureux, a sans doute deux choses par dessus celui qui est heureux; mais celui qui est heureux en a une infinité par dessus l'autre. Veritablement l'homme riche a plus le moyen d'assouvir sa convoitise, & de supporter de grandes pertes; mais bien que l'autre lui soit inferieur en ces deux choses, il le surpasse neanmoins en ce qu'il ne peut recevoir de grandes pertes ni assouvir ses convoitises; & cette impuissance même qui semble estre une disgrace de la Fortune, est pour lui un avantage & une faveur. Il joüit de la santé, il a des enfans vertueux, il a bonne mine, il a la prestance du corps. Que si outre cela il est mort glorieusement & en homme de bien, c'est l'homme que vous cherchez, & qui merite d'estre appellé heureux, car devant qu'il ait achevé sa vie, il ne faut pas l'appeller heureux, mais seulement fortuné. Or il est impossible que l'homme possede ensemble toutes ces choses, comme il ne se peut faire qu'une seule Region puisse trouver dans son sein, & se donner elle-mesme tout ce qui est propre pour son usage. Elle abonde en une chose, mais elle manque d'une autre: Et celle qui en a davantage est estimée la meilleure. Ainsi tout ne se trouve pas en l'homme, s'il a quelques avantages, il manque aussi de quelques-uns, mais enfin celui qu en a un plus grand nombre, à qui la bonne fortune s'est plus constamment attachée, & qui après tout cela sort de la vie par une belle porte, c'est celui-là, à mon avis, qui doit estre appelé heureux. Il faut donc mesurer toutes choses par leur fin: car Dieu en a abaissé beaucoup qu'il avoit élevez bien haut." Solon ayant ainsi parlé sans flatez & sans en faire beaucoup d'estime, Cresus le congedia & ne le considera que comme un incivil & un insensé, qui sans avoir égard au bien present, vouloit qu'on ne regardât que la fin des choses.Après le départ de Solon, la colere des Dieux tomba visiblement sur Cresus, peut-estre à cause qu'il s'estoit estimé lui-mesme le plus heureux de tous les hommes; & une nuit qu'il dormoit, il eut un songe qui lui representa le malheur qui devoit arriver à l'un de ses fils. Car il avoit deux enfans, dont l'un estoit muet & inutile à toutes choses, & l'autre nommé Atys qui surpassoit de beaucoup tous les jeunes hommes de son âge. Ce songe apprit donc à Cresus, qu'Atys devoit estre tué d'un dard qui lui passeroit au travers du corps. De sorte que quand il fut éveillé, qu'il eut consideré les présages funestes de ce songe, il se resolut aussi-tost de marier son fils, il ne voulut plus permettre qu'il allât à la guerre, où il avoit accoûtumé de conduire les Lydiens; fit oster toutes les armes dont on se sert ordinairement dans les armées, des Galeries où elles estoient, & les fit enfermer dans des chambres, de peur qu'il ne tombât quelque chose sur son fils. Or comme il estoit prest de le marier, il arriva à Sardis un homme, Phrygien de nation, & descendu du Sang Royal, qui estoit dans la misere & dans le crime; & lorsqu'il fut dans la Cour de Cresus, il demanda que suivant la coûtume du païs on lui permit de se faire absoudre & de se purger. Cresus lui accorda cette faveur, la façon de se purger estant presque la mesme chez les Lydiens que parmi les Grecs; Et après que le Roi eut fait cette ceremonie selon les coûtumes, il lui demanda d'où il estoit, quel il estoit, & lui parla en ces termes: "Je voudrois bien sçavoir qui vous estes; de quel lieu de la Phrygie vous estes venu en ma Cour; & quel homme ou quelle femme vous avez tué.""Je suis, lui répondit l'autre, fils de Gordius, qui eut pour pere Midas, & je m'appelle Adraste. J'ai tué mon frere, mais par imprudence. Cela est cause que mon pere m'a chassé, qu'il m'a déppoüillé de biens, & que je suis en vostre Cour". "Ainsi, lui répliqua Cresus, vous estes sorti de nos amis, & vous estes venu chez vos amis. Si vous voulez demeurer en ma Cour, vous n'y manquerez d'aucune chose, & vous gagnerez beaucoup si vous supportez constamment votre malheur". Ainsi Cresus le reçut, & lui fit un bon traitement.Cependant on vit en Mysie aux environs du Mont Olympe, un Sanglier d'une prodigieuse grandeur, qui gâtoit les bleds des Mysiens. Ils l'avoient souvent attaqué, mais leurs efforts n'avoient servi qu'à reveiller sa fureur; ils ne lui faisoient point de mal, mais ils en recevoient beaucoup. Enfin ils envoyerent des deputez à Cresus, qui lui tinrent ce discours. "Sire, il y a dans nostre païs un effroyable Sanglier, qui gâte & qui ruine nos moissons, nous avons fait nos efforts pour le prendre, mais nous n'en avons sceu venir à bout. c'est pourquoi nous vous supplions tres-humblement d'envoyer à notre secours le Prince vostre fils avec de jeunes gens d'élite, & vostre équipage de chasse, pour délivrer nostre païs de cette beste qui ravage nos campagnes". Le Roi se souvenant du songe qu'il avoit fait, leur répondit:"Ne me parlez point de mon fils, je ne sçaurois vous l'envoyer, aussi bien étant nouveau marié, il pense à autre chose qu'à la chasse. Je ne laisseray pas toutefois d'envoyer avec vous des personnes de consideration, mes Chasseurs & mes chiens; & je leur commanderay de joindre leurs efforts aux vostres, pour délivrer promptement vostre païs de cette beste". Les Mysiens ne furent pas satisfaits de cette réponse; mais en mesme temps le fils de Cresus arriva, & ayant sceu ce que demandoient les Mysiens, & que son pere refusoit de l'envoyer avec eux, il lui parla de la sorte. "Il m'estoit autrefois permis de chercher de la gloire, & dans la guerre & dans la chasse, & maintenant, sans m'en estre rendu indigne, ou par quelque crainte, ou par quelque lascheté, vous me voulez deffendre l'un & l'autre. De quel oeil me regardera-t'on desormais, soit que j'aille dans les assemblées, soit que j'en revienne? Que penseront de moi vos sujets? quelle opinion en aura la femme que vous venez de me donner; & quel homme croira-t'elle avoir épousé? Permettez-moi d'aller à la chasse de ce Sanglier, ou daignez m'instruire des motifs qui vous engagent à m'interdire un si loüable exercice". "Mon fils, lui répondit Cresus, je ne vous le deffends point pour avoir reconnu en vous quelque défaut de courage, ou remarqué quelqu'autre chose qui me déplaise, mais pour avoir fait un songe qui m'a trop clairement appris que vous ne vivrez pas long-temps, & que vous mourrez par un dard qui vous traversera le corps. Ce songe a esté cause que j'ai pressé vostre mariage, & que c'est l'unique raison qui m'empêche de consentir que vous alliez à cette chasse; & trandis que je vivrai, je ferai au moins des efforts pour détourner le malheur qui vous menace. Vous sçavez que vous estes mon fils unique, puisque les incommoditez avec lesquelles vostre frere est né ne me permettent pas de l'envisager comme une ressource pour ma postérité avec les défauts qui sont en lui". "Après ce songe, répondit ce jeune Prince, je ne dois point trouver étrange le soin que vous prenez de me garder; mais il me semble que vous ne l'expliquez pas comme l'on doit; & puisque le sens vous en est caché, il est juste que je vous l'interprete, & que je vous en dise mon sentiment. Vous dites que vous avez appris que je dois mourir d'un coup de dard, mais quelles mains & quel dard pouvez-vous craindre dans cette chasse? Si cette vision vous avoit appris que je dois mourir par une dent ou par quelqu'autre chose semblable, vous devriez faire sans doute ce que vous faites; mais elle vous a fait voir que c'est d'un coup de dard que je dois mourir". "Je vous cede mon fils, lui dit Cresus, vaincu par votre discours, & je consens que vous alliez à la chasse". Après que Cresus eut parlé de la sorte, il manda Adraste, & lorsqu'il fut arrivé, il lui parla en cette manière. "Vous sçavez, Adraste, que je vous ai été favorable dans vostre malheur, que je vous ai purgé de vostre crime, & que vous ne manquez de rien dans ma Cour. Je ne dis pas cela pour vous accuser d'ingratitude; mais comme je vous ai fait plaisir le premier, je demande que vous m'obligiez à votre tour. Je vous pris donc d'avoir l'oeil sur mon fils dans cette chasse, & de prendre garde que quelques ennemis cachez ne vous attaquent sur les chemins, & ne soient cause de quelque malheur. Au reste, il est de vostre interest de courir aux occasions où l'on peut acquerir de la gloire; & vous devez imiter en cela vostre pere, puisque la force ne vous manque pas". "Sire, répondit Adraste, sans vos ordres je n'irois pas en cette assemblée: Car je croirois faire un autre crime, dans le déplorable estat où je suis, que de paroistre avec ceux de mon âge qui sont heureux & innocens. Aussi m'en fuis-je toûjours privé de mon propre mouvement: Mais maintenant que vous le souhaitez, comme je vous dois tout, je suis prest de vous obéïr, & soyez persuadé que je vous ramenerai le Prince que vous me confiez en parfaite santé. Attendez donc le Prince."
Tricheur !
Shouper dit:pleinitude
c'est comme bravitude ?
vocabulaire
texte
traitement
euh…
Piiiiiitiiiééééééé!
xiroténigcreV
Arthas!
Poster
Retour
bienvenue
Copain!
letahcuen
avec une dyslexie sur Vercingétorix... mais il fallait la voir.
Torg.
Arf!
(et le pire c'est que j'ai bien pris 10 bonnes secondes de réflexions pour le placer ce g à la c.. que j'avais oublié de mettre)